• Aucun résultat trouvé

Caractéristiques générales des cas d’adénome et de cancer :

IV. Etude de la relation entre l’alimentation et la survenue de pathologies colorectales :

1. Caractéristiques générales des cas d’adénome et de cancer :

Pour chaque population d’étude, nous avons décrit les caractéristiques histologiques des tumeurs étudiées. Nous avons réalisé une analyse univariée des facteurs de risque non alimentaires et nous avons retenu les facteurs dont le seuil de significativité était supérieur à 25%.

a) Adénomes :

Notre analyse est réalisée sur les 517 cas d’adénomes que nous avons identifiés. Il s’agissait de 357 petits adénomes (< 1cm ), 66 gros adénomes (≥ 1cm ) et 94 adénomes de taille indéfinie. La population indemne d’adénome est constituée de 4695 sujets.

Le tableau 15 présente les caractéristiques anatomo-pathologiques des adénomes. Les gros adénomes se caractérisaient par une dysplasie modérée plus fréquente (45,5%) que les petits adénomes (26,3%). Les petits adénomes étaient le plus souvent tubuleux (80,1%) et rarement villeux (2,0%) contrairement aux gros adénomes qui étaient des tumeurs villeuses dans 15,2 % des cas ou des tumeurs mixtes dans 47 % des cas.

Le délai moyen de survenue d’un adénome après l’entrée dans l’étude était sensiblement identique quelle que soit la taille de l’adénome : 1,8 ans (écart-type ± 1,1) pour les petits adénomes, 1,9 ans (écart-type ± 1,1) pour les gros adénomes. La durée de suivi était en moyenne de 3,5 ans (écart-type ± 0,7) pour les sujets indemnes.

Le tableau 16 présente les risques relatifs bruts et ajustés de survenue d’adénome associés à différents facteurs de risque non alimentaires (sauf apport énergétique), retenus comme facteurs d’ajustement dans la suite de l’analyse.

L’âge moyen lors du recueil des données alimentaires était de 54,33 ans (± 6,70) dans le groupe de tous les adénomes, de 54,29 ans (± 6,80) dans le groupe des petits adénomes, 54,74 ans (± 6,79), dans le groupe des gros adénomes et de 52,81 ans (± 6,39) dans le groupe des sujets indemnes.

Le risque de petit et de gros adénome augmentait avec l’âge (p de tendance associé à l’âge en continu = 0,0002 et <0,0001 respectivement). Quelle que soit la taille, le risque le plus élevé était observé pour les sujets âgés de 55 à 59 ans lors de l’inclusion.

L’indice de masse corporelle présentait une relation en J sur le risque de petit adénome avec un risque supérieur pour les sujets présentant un IMC supérieur 30 (RR=1,56, IC

95%=0,94-2,59). Concernant les gros adénomes, l’association était peu convaincante en raison du faible nombre de gros adénomes dans les catégories extrêmes.

Un antécédent familial de cancer colorectal (père, mère, frère ou sœur) augmentait significativement le risque de petit adénome (RR=1,33, IC 95% = 1,04-1,70) mais cette relation n’était pas observée dans le sous-groupe des gros adénomes.

A l’opposé, la consommation de tabac n’avait pas d’effet sur la survenue de petit adénome mais elle augmentait le risque de gros adénome avec un RR de 1,34 (IC 95% = 0,72- 2,48) chez les ex-fumeuses et un RR de 1,82 (IC 95% = 0,95-3,51) chez les fumeuses comparées aux non fumeuses.

Le risque d’adénome était plus élevé chez les sujets ayant un niveau d’étude inférieur au bac avec des risques de petit et de gros adénomes respectivement égaux à 1,62 (IC 95% = 1,19-2,20) et 1,91 (IC 95% = 0,98-3,74).

Le risque de petit adénome diminuait avec le niveau de dépense énergétique, avec un risque du 3e tertile comparé au 1er de 0,79 (IC 95% = 0,60-1,03). A l’opposé, le risque de gros adénome tendait à augmenter chez les sujets ayant un niveau de dépense énergétique élevée avec un risque de 1,6 dans les deuxième et troisième tertiles comparés au premier.

b) Cancers :

L’étude sur les cas de cancer porte sur un total (cas et non cas) de 65110 sujets. Au cours du suivi, entre le questionnaire alimentaire et le 6e questionnaire, 173 cas de cancer sont survenus.

Le tableau 17 présente les caractéristiques anatomo-pathologiques des cancers colorectaux développées au cours du suivi.

L’âge moyen des sujets, à l’entrée dans l’étude, était de 57,3 ans (± 6,5 ans) pour les sujets atteints d’un cancer et de 52,7 ans en moyenne (± 6,6 ans) pour les sujets indemnes. La durée moyenne de suivi était de 3,4 ans (± 2,0 ans) pour le groupe des cancers et de 6,4 ans (± 0,8 ans) pour les sujets indemnes.

Le risque de survenue de cancer colorectal était nettement associé à l’âge des sujets. Le risque des sujets de plus de 65 ans comparé à celui des sujets de moins de 50 ans était de 9,19 (IC 95% = 5,30-15,93) avec un p de tendance associé à la variable en continu inférieur à 0,0001. Le risque augmentait significativement de 10% par an.

Le taux d’incidence de cancer colorectal augmentait avec l’âge. Il variait de 10,4 (IC 95% = 4,0-16,9) pour 100 000 chez les sujets de moins 50 ans à 99,9 (IC 95% = 73,0-126,8) pour 100 000 chez les sujets de plus de 65 ans.

Les disparités géographiques de l’incidence du cancer colorectal ont été évaluées en comparant le nombre de cas de cancer observés dans chaque région et le nombre de cas de cancer attendus d’après l’incidence du cancer colorectal au sein de la population E3N.

Le tableau 19 présente les nombres de cas de cancer observés et attendus ainsi que le rapport des deux.

Il existait des disparités du rapport d’incidence à travers les régions. Une sur-incidence était observée en Alsace, en région Centre et en Picardie et une sous-incidence en Auvergne mais les intervalles de confiance étaient très étendus.

Les risques relatifs bruts et ajustés (intervalles de confiance à 95%) de cancer colorectal associés à différents facteurs de risque non alimentaires sont présentés dans le tableau 20.

L’indice de masse corporelle, considéré en catégorie, avait une forme en J, avec un RR de 1,30 (IC 95%=0,66-2,56) chez les femmes dont l’indice de masse corporelle était inférieur à 19 comparées aux femmes de corpulence normale. Une augmentation du risque était observée chez les sujets dont l’indice de masse corporelle était plus élevé avec des RR de 1,50 (IC 95%=0,93-2,43) et 1,33 (IC 95%=0,80-2,22) pour les sujets pré-obèses et obèses ayant respectivement un indice de masse corporelle entre 27 et 30 et supérieur à 30.

Le risque de cancer était significativement supérieur chez les sujets dont un parent du premier degré avait eu un cancer colorectal avec un risque de 1,76 (IC 95% = 1,15-2,69).

Aucune relation significative n’était observée avec la consommation de tabac, le niveau d’étude ou l’activité physique.

Une augmentation significative du risque de cancer colorectal était observée avec l’augmentation de l’apport énergétique total avec des RR de 1,48 (IC 95% = 0,95-2,32), 1,61 (IC 95% = 1,03-2,51), 1,72 (IC 95% = 1,10-2,69) pour les 2e, 3e et 4 quartiles respectivement. Le test de tendance n’était cependant pas significatif (p= 0,10).

2. Moyennes d’apports en nutriments et de consommations

Documents relatifs