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Chapitre II : Hydrologie générale et qualité de l’eau dans la région de Bangu

II- 7.2 Caractéristiques des eaux de l’Oubangui et de l’affluent Mpoko, en

Nous avons effectué trois campagnes de prélèvements l’une en hautes eaux le 17 novembre 2008 ; la seconde en mars 2009 basses eaux ; et la troisième en août 2009. Des débits intermédiaires ont été enregistrés dans 6 sites :

- Ouango Saô : où se trouve la ligne fluviale Bangui – Zongo (République Démocratique du Congo), et se déroulent de fortes activités commerciales entre les deux pays. On peut estimer une traversée d’une vingtaine de petits bateaux par jour, pour le tourisme et les marchandises. Cette région est très peu peuplée.

- Captage : La Sodéca prélève environ 1200 m3 /h. On note la présence d’un bac utilisé pour la traversée des deux pays. Deux grands hôtels sont à proximité de ce site.

- Amont abattoir : Il existe un centre d’activités commerciales, notamment pour les légumes, les fruits, et la viande. Une partie des détritus relative à cette activité est rejetée dans le fleuve à partir d’un ruisseau (Sapeke). Un abattage sauvage est aussi improvisé parfois sur la rive, avec lavage des abats.

- Aval Abattoir : le seul abattoir officiel de Bangui. Le sang, les abats et les contenus intestinaux sont rejetés dans l’Oubangui par l’intermédiaire d’un canal construit à cet effet. La population dans cette région est très dense. La pollution est principalement d’origine humaine et animale.

- Mpoko : second fleuve en taille après l’Oubangui. Les prélèvements ont été réalisés à 2 km environ avant la confluence avec l’Oubangui. Cette région (sortie sud de Bangui) est très peuplée, avec absence de sanitaire.

- Confluence Oubangui/Mpoko : Le prélèvement a été effectué en pirogue à 2 km environ après le mélange des eaux de l’Oubangui et la Mpoko à une distance voisine d’une cinquantaine de mètres de la berge.

Cette région est très peu peuplée. La pollution par le Mpoko devrait être plus importante durant les grandes eaux.

Sur les échantillons prélevés, nous avons réalisé diverses analyses bactériologiques et physico-chimiques. Les résultats sont représentés sur les figures II.16, II.17 et II.18.

On peut remarquer une similitude entre les eaux du Mpoko et celles prélevées à 2km de la confluence, montrant que le mélange des eaux n’a pas encore eu lieu au point de prélèvement et que ce site de prélèvement situé à 50 m de la rive droite après la confluence est donc peu affecté par l’Oubangui.

Figure II. 16 Variation de la température, de la conductivité et du pH dans les

différents sites étudiés.

La température de l’eau, comprise entre 25 et 29°C , varie peu avec la saison pour les zones de Ouango Saö et du captage par la Sté Sodéca.

Pour les sites au voisinage de l’abattoir, la température est plus élevée durant les hautes eaux en raison d’apports plus importants des ruisseaux ou petits rejets. Le Mpoko traverse une zone à forte couverture végétale avant Bangui, ce qui est responsable de températures plus basses pour les eaux du Mpoko et de la confluence Mpoko/Oubangui.

- La conductivité électrique est très faible et donc caractéristique d’une eau très faiblement minéralisée. Elle est généralement plus faible pendant la saison sèche car l’apport des eaux de ruissellement diminue.

La directive des Communautés européennes relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine, indique pour la conductivité, un niveau guide de 400 µS.cm-1. La minéralisation des eaux nécessiterait donc d’être augmentée lors du traitement de l’eau, si l’on veut diminuer son agressivité.

Le pouvoir tampon de ces eaux faiblement minéralisées est faible, ce qui entraîne donc des pH relativement faibles .Les valeurs de pH les plus faibles (5<pH<5.4) se trouvent au voisinage de l’abattoir, en raison de l’oxydation des matières organiques par les bactéries qui libère des protons. La zone de pH comprise ici entre 5 et 9 (valeurs recommandées pour la vie des poissons), convient donc à la vie aquatique.

Figure II. 17 Evolution de la turbidité et de la teneur en matières en suspension dans

les différents sites

On remarque que les eaux sont plus turbides durant les hautes eaux en raison d’un taux de matières en suspension plus élevé dû à des eaux de ruissellement importantes.

Figure II. 18 Variation de la turbidité en fonction de la teneur en matières en

suspension : (a) tous les points, (b) excepté les valeurs correspondant aux hautes eaux à l’Aval Abattoir ;

La figure II.18 montre qu’il existe une relation linéaire entre la turbidité et les matières en suspension (MES). Si l’on élimine la valeur correspondant aux eaux aval près de l’abattoir, on obtient une droite avec un coefficient de corrélation R²=0.81. Le

a b

principe de la mesure de la turbidité est de mesurer à 860 nm la lumière diffusée (effet Tyndall) latéralement à 90° par des particul es sous l’effet d’une source lumineuse (1 unité de NTU correspond à 0.02% de diffusion de la lumière incidente). La diffusion de la lumière est liée au nombre et à la dimension des particules. L’abattoir rejette dans le fleuve, le sang et les viscères des animaux tués, composés qui donnent des particules plus adsorbantes et donc responsables d’une diminution de la valeur de la turbidité en aval de l’abattoir. On peut donc conclure qu’excepté les eaux près de l’abattoir, les particules de l’Oubangui ont des origines similaires.

Les eaux de l’Oubangui près du site de captage ont la turbidité la plus faible (entre 10 et 30 NTU), ce qui montre que cette zone avait été bien choisie pour alimenter la station de traitement. Ces eaux devraient donc convenir aussi pour alimenter notre pilote.

Figure II. 19 Variation des teneurs en O2, CO2, et DBO5 dans les différents sites ;

a b

Les phénomènes d’auto-épuration dans les eaux superficielles résultent de la dégradation des charges organiques polluantes sous l’action des microorganismes.

Il en résulte une consommation d’oxygène qui s’exprime par la demande biochimique en oxygène ou DBO5. (Rodier,1984 ).

La teneur en oxygène dans l’eau est donc affectée par une augmentation de la DBO5 : le taux d’oxygène dans les eaux augmente si la DBO5 est faible, c’est-à-

dire si la quantité de matière organique à oxyder diminue.

Figure II. 20. Evolution de la teneur en Oxygène (a) et en CO2 (b) avec la DBO5 des

eaux analysées.

Nous remarquons sur la figure II.20b (si l’on élimine les valeurs correspondants aux eaux près du captage où une partie du gaz carbonique est éliminée en raison de l’agitation de l’eau occasionnée par le pompage, et les eaux en aval de l’abattoir lors des hautes eaux,(subissant une pollution très organique)) que les teneurs en CO2 diminuent si la DBO5 augmente. La concentration en CO2 est

supérieure lorsque les espèces organiques facilement réductibles (DBO5 faible) se

sont transformées en gaz carbonique.

Nous représentons dans la figure II.21 la contamination bactériologique (Coliformes et Streptocoques fécaux) dans les eaux des différents sites de prélèvement.

Figure II.21 Teneurs en Coliformes et streptocoques fécaux dans les différentes

eaux.

La pollution par les coliformes est surtout importante au niveau de l’abattoir (amont et aval) et par les streptocoques en aval de l’abattoir. Les coliformes et streptocoques fécaux vivent en abondance dans les matières fécales des hommes et animaux à sang chaud. Certains streptocoques peuvent être rares chez l’homme mais abondant chez l’animal. Les coliformes fécaux sont plus fragiles. Lorsque le rapport coliformes /streptocoques fécaux est supérieur à 4, la pollution a de grandes chances d’être d’origine essentiellement humaine (égouts). Lorsqu’il est inférieur à 0.7, l’origine animale et notamment bétail semble jouer un rôle prédominant dans la contamination de l’eau (Rodier, 1984). Sites /saison Ouango saô captage Sodeca Amont Abattoir Aval Abattoir Mpoko Oubangui- Mpoko hautes eaux 0,50 2,00 0,43 1,12 5,00 4,00 inter 0,33 3,00 0,30 1,00 3,00 0,67 basses eaux 0,38 3,00 0,30 1,00 2,50 1,33

Tableau II.6 Rapport Coliformes fécaux /streptocoques fécaux.

A partir de ces remarques, nous pouvons élaborer les conclusions suivantes : Le rapport coliformes fécaux /streptocoques fécaux est faible à Ouango Saô. Cette région qui est peu peuplée et la pollution bactérienne très faible, serait principalement d’origine animale.

Ce rapport augmente près du captage et serait principalement d’origine humaine (égouts). Il existe en effet deux hôtels dont les égouts sont déversés dans le fleuve, près de la zone de captage.

Le rapport coliformes fécaux /streptocoques fécaux dans les eaux aux environs de l’abattoir (amont aval) est faible et aurait donc une origine animale. Nous n’avons pas d’interprétations pour justifier les valeurs plus faibles observées en amont.

Les valeurs du rapport sont élevées dans les eaux du Mpoko. Cette pollution serait donc d’origine humaine compte tenu d’une urbanisation importante et anarchique.

Le rapport coliformes fécaux /streptocoques fécaux dans les eaux à 2 km de la confluence est élevé durant la période de hautes eaux et diminue ensuite. Ces eaux sont plus particulièrement affectées par le Mpoko durant la période des hautes eaux. Pour les basses eaux, la pollution serait donc plus d’origine animale, la population sur les rives étant faible.