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Caractéristiques des groupes domestiques enquêtés

1. Aperçus sur la démographie et les conditions de vie des groupes domestiques

Les groupes domestiques sont composés en moyenne de moins de 4 personnes. C’est une récurrence d’avoir des foyers de taille plutôt réduite, même si l’organisation autour de la résidence et de la consommation des repas s’accompagne de formes de solidarité qui engagent dans des collectifs plus larges (familiaux, claniques, villageois, etc.).

Graphique 2. Répartition par âge des membres des GD de l’échantillon en 2018 (n=182)

Source : auteurs

Les structures démographiques diffèrent selon la taille - les GD sont plus grands (4 personnes contre 2,8) en tribus – mais surtout selon les âges. Ainsi les jeunes de moins de 15 ans sont plus fortement représentés en tribus, mais du fait de la présence plus importante de personnes de plus de 65 ans hors tribu, le taux de dépendance, assimilé au ratio des inactifs théoriques (jeunes et vieux) sur la population totale, est plus élevé hors tribu (41% contre 32%). La proportion de femmes est quant à elle très légèrement supérieure en tribu (51% contre 49%).

Tableau 5. Structure démographique des GD en 2018 (n=182)

Variable Moyenne Ecart-type Minimum Maximum

Moins de 15 ans 0,76 1,08 0 4

De 15 à 64 ans 2,45 1,68 0 10

65 ans et plus 0,52 0,70 0 3

Nombre d'hommes 1,84 1,19 0 6

Nombre de femmes 1,90 1,38 0 8

Nombre total de personnes 3,74 2,08 1 13

Les chefs de groupe domestique sont très majoritairement des hommes et ont plus de 65 ans pour plus d’un tiers. Le choix de revisiter des groupes déjà enquêtés en 2010 peut expliquer cette répartition. La part des cheffes de ménages dans les tribus est légèrement supérieure à celle des GD hors tribu (29% contre 25%).

Tableau 6. Classe d’âge des chefs de GD en 2018 (n=182)

Féminin Masculin Total

Moins de 35 ans 0 6 6 De 35 à 44 ans 5 20 25 De 45 à 54 ans 12 35 47 De 55 à 64 ans 12 26 38 65 ans et plus 21 45 66 Total 50 132 182 Source : auteurs

En 2018, les groupes domestiques vivant en tribu (n=119) occupent des logements dont les surfaces sont souvent comprises entre 40 et 80 m² mais disposent de plusieurs habitations, réparties entre des maisons en dur, en tôle et des cases. Selon les tribus, les habitations peuvent se situer assez loin des parcelles agricoles, plus d’un tiers nécessitent un trajet de plus de 30 mn en voiture.

Tableau 7. Caractéristiques de l’habitat des GD en 2028 (n=182)

Hors tribu Tribu

Nombre moyen de maison 1,28 2 ,08

dont maison en dur 0,85 0,85

dont maison en tôle 0,19 0,59

dont Case 0,04 0,36

dont Autre 0,19 0,27

Temps d’accès au village

Moins de 15 mn à pied 10 2 de 15 à 30 mn à pied 1 1 Plus de 30 mn à pied 0 1 Moins de 30 mn en voiture 46 72 Plus de 30 mn en voiture 6 43 Source : auteurs

Du coté des groupes domestiques hors tribu (n=63), les logements sont généralement plus grands mais moins nombreux et se rapprochent des standards européens (maison en dur, toilette et salle de bains dans les logements, etc.). Les GD hors tribu possèdent plus de 2 voitures par ménage et accèdent majoritairement à leurs parcelles par ce mode de transport, quand les GD résidant en tribu n’ont qu’une voiture en moyenne.

Hors tribu les cuisines extérieures et les blocs sanitaires sont les plus répandus, avec un accès à l’eau courante pour la plupart des groupes domestiques. Mais peu disposent d’équipement pour stocker l’eau chaude. En matière d’équipement de communication, les téléphones portables sont très utilisés (près de 3 par foyer) et compensent ainsi un accès très réduit à Internet.

Il est enfin intéressant de noter sur si tous les GD ont des téléphones portables, ceux résidant en tribus en possèdent près de 3 par ménage (contre 2 hors tribu). Le développement de la téléphonie mobile, comme dans beaucoup d’endroits dans le monde où les populations vivent dans des zones enclavées et difficiles d’accès, a permis de combler une partie des inégalités communicationnelles. Alors que plus des 2/3 des ménages résidant hors tribu ont encore la téléphonie fixe contre seulement 8% en tribu témoigne de ces inégalités anciennes, que l’équipement en portable et que l’amélioration de la couverture réseau contribuent à résorber. En revanche, l’accès à Internet, reste bien meilleur pour les GD ne résidant pas en tribu, mais il n’est pas pleinement généralisé. C’est sur ce point que la fracture reste la plus significative.

Graphique 3. Biens d’équipement des GD en 2018 (n=182)

Source : auteurs

Au final, les modes d’habiter en et hors tribus demeurent différents et les niveaux d’équipement s’expliquent pour beaucoup par ces choix de résidence. Il n’en reste pas moins que les inégalités en termes de condition de vie sont patentes, en particulier concernant l’enclavement et l’accès aux communications.

2. Conditions de production agricole des groupes domestiques

i. Des systèmes de production typés et diversifiés entre les populations

La dichotomie entre les deux populations en et hors tribu est particulièrement marquée quand il s’agit d’observer les caractéristiques de leur exploitation agricole. Sur les systèmes de production, la spécialisation apparait seulement sur terres privées alors que la majorité des exploitations en tribu pratique une agriculture très diversifiée. Les exploitants sur terres privées sont des arboriculteurs, des maraichers, et des éleveurs spécialisés, mais aussi des exploitations en polyculture (combinant parfois

petit élevage). A l’inverse, la majorité des groupes domestiques en tribu s’adonnent à la culture de leurs jardins kanaks, avec des stratégies parfois différentes, mais des pratiques plutôt proches. Dans leur cas, maraîchage et arboriculture sont moins spécialisés. Dans l’échantillon, 3 groupes domestiques ont été considérés comme non-agriculteur, eu égard à la faible contribution de l’activité dans leur revenu (marchand et non-marchand).

La classification choisie, décrite dans le graphique ci-dessous, s’appuie sur le poids respectif de chaque type de production dans les revenus marchands et non marchands des agriculteurs, mais aussi dans la composition déclarée de leurs moyens de production et de leur cheptel. Ainsi, une personne résidant hors tribu ayant un troupeau de bovin mais ne vendant pas d’animaux pourra être classée comme éleveur, ou comme polyculteur/éleveur selon ses déclarations de vente, d’autoconsommation ou de don. La classification n’est donc pas une typologie appuyée sur des données quantitatives, mais plus une grille de différenciation permettant d’éclairer et de mettre en perspective certaines statistiques descriptives à suivre.

Cette classification sera surtout utilisée pour l’analyse des revenus, afin d’interpréter les dynamiques agricoles au regard du rôle de l’agriculture dans les systèmes d’activité complexes des groupes domestiques.

Graphique 4. Répartition des GD selon leur résidence et leur système agricole et d’élevage (n=182)

Source : auteurs

ii. Des systèmes de culture et d’élevage contrastés illustrant la dualité de l’agriculture

En descendant au niveau du système de culture, et comme déjà observé en 2010, la composition des champs est relativement homogène en tribus. On note une grande quantité de cultures à l’intérieur des champs, mais aussi la part très dominante des tubercules tropicaux (igname, manioc, taro) ; ils représentent à eux seuls près de la moitié (47%) des quantités produites, et sont cultivés par 97% des groupes domestiques en tribu. Les variétés de ces tubercules peuvent être très diverses, mais la permanence du « champ kanak » intégrant fruits et légumes avec des taros et des maniocs, souvent proches de champs d’igname bénéficiant des soins les plus attentifs, reste la norme. Les quantités moyennes produites par exploitation sur terre coutumière sont faibles, en rapport avec des surfaces réduites et la faible vocation marchande des productions.

Tableau 8. Productions agricoles et d’élevage des groupes domestiques en tribu en 2018 (n=119)

Production végétale Production en Tonnes Nombre de GD

Igname 63,3 113 Manioc 44,7 107 Banane 38,4 100 Citrouille 16,3 53 Mangue 8,4 66 Mandarine 8,2 75 Taro d'eau 7,3 44 Letchi 7,1 43

Production animale Nombre d’animaux Nombre de GD

Volailles 471 33

Bovin 112 3

Porcs 62 23

Source : auteurs

L’agriculture sur terres privées jouit d’une grande diversité de produits, mais dans des systèmes plus spécialisés. La production de maïs, principalement destinée à l’alimentation animale, la pomme de terre pour le marché encadré de l’OCEF et les produits maraîchers sont en général, sauf jardins proches des maisons, conduits de façon intensive, avec des logiques marchandes clairement établies.

Les systèmes sur terres privées sont bien plus concentrés qu’en tribu, et dégagent des productions bien plus importantes par exploitations. Même pour l’igname, bien moins présent dans les systèmes et pourtant cultivé dans une logique bien moins marchande que le maïs ou la pomme de terre, les productions, la production moyenne est de 800 kg par exploitation sur terre privée contre 600 kg sur terre coutumière.

Tableau 9. Productions agricoles et d’élevage des groupes domestiques hors tribu en 2018 (n=63)

Production végétale Production en Tonnes Nombre de producteurs

Maïs 245,6 7 Pomme de terre 111,5 6 Concombre 52,8 10 Banane 33,3 31 Salade 30,6 10 Pastèque 30,1 8 Carotte 24,7 16 Patate douce 16,0 8 Igname 13,9 18

Production animale Nombre d’animaux Nombre d’éleveurs

Volailles 1766 32

Bovin 2308 29

Porcs 459 22

Source : auteurs

La différenciation est également très marquée pour l’élevage. L’élevage sur terre privée est souvent pratiqué de manière extensive (c’est particulièrement le cas de l’élevage bovin), mais sur des surfaces et avec des effectifs d’animaux très largement supérieurs à ce que l’on rencontre sur terre coutumière.

Il semble du reste que les écarts se creusent avec le recul progressif des élevages des GIE sur terre coutumière. Quelques éleveurs porcins, la filière s’étant structurée ces dernières années sur l’île, ont des pratiques plus intensives ; là encore les élevages sont plus grands sur terre privée.

II- Actifs, capitaux et ressources des groupes