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2.2 Propriétés électriques

2.2.2 Caractéristiques électriques

Maintenant que nous avons une expression qui décrit la densité de charges à l’équilibre

thermodyna-mique, il faudrait pouvoir les relier à des valeurs macroscopiques, telles que la conductivité ou le courant

électrique. Le mouvement des charges dans le matériau peut être causé soit par l’agitation thermique,

soit par un champ électrique. Dans le premier cas, dès que la température excède0K les électrons libres

se déplacent dans le cristal de façon aléatoire.

Figure 2.11 – Solution de F

1{2

pη

F

q en fonction deη

F

(extrait de la thèse de Vijarnwannaluk [58]).

pour donner un ordre de grandeur, elle est dea

3k

B

T{m

˚

e

„3,5.10

5

m.s

´1

pour le CdSe. Ce mouvement

désorganisé de charges ne crée pas de courant, hormis dans le cas de l’effet thermoélectrique où c’est le

gradient de température qui favorise la diffusion des porteurs du chaud vers le froid.

Lorsque les électrons sont mis en mouvement par un champ électrique, ils se déplacent dans la même

direction avec une vitesse moyenne proportionnelle à l’intensité du champ électrique, que l’on nomme

vitesse de dérivev

d

:

v

d

´eEτ

m

˚

e

“ ´µE

Avec E le champ électrique, e la charge de l’électron , m

˚

e

la masse effective des électrons et τ le

temps de libre parcours moyen (c’est à dire le temps qui sépare deux interactions entre l’électron et son

environnement) etµla mobilité du porteur. Ce temps de libre parcours moyen est fortement dépendant

de la présence de défauts dans la maille périodique (comme des impuretés, des dislocations, des lacunes,

etc.), ou de la présence de phonons (ce qui explique en partie pourquoi la résistance des métaux augmente

avec la température).

En multipliant la densité de charges par leur vitesse moyenne et sa charge élémentaire, nous obtenons

la densité de courant J “nqv

d

. Habituellement, l’équation est réécrite enJ “σE pour faire intervenir

la conductivitéσ qui est donc égale à

σ “ ne

2

τ

m

˚

e

“nµe

L’expression de J (s’exprime en A.m

´2

) correspond bien à la loi d’Ohm.

Pour expliquer le comportement électrique des semiconducteurs nous pouvons utiliser les équations

de continuité (2.1). Elles permettent de décrire le comportement des semiconducteurs lorsqu’ils sont

dans un état hors équilibre. Pour cela elles font intervenir la mobilité des chargesµ

n

et la diffusivité des

charges D

n

(len en indice indique que l’on fait référence aux électrons, mais la même chose s’applique

aux trousp).

$

&

%

Bn

Bt

1

ediv ~J

n

`g

n

´r

n

Bp

Bt

1

ediv ~J

p

`g

p

´r

p

~

J

n

neµ

n

E~ `eD

n

grad~ n

~

J

p

peµ

p

E~ ´eD

p

grad~ p

4V “ ´e

`

N

` d

´n´N

´ a

`p˘

Avec D

n

“ µ

n

k

B

T

e (2.1)

À cela il faut ajouter le facteur de génération de porteurs g

n

(causé par l’absorption d’un photon

par exemple) et le facteur de recombinaison r

n

, qui comprend tous les mécanismes qui vont enlever un

électron libre au système.N

`

d

etN

`

a

font respectivement référence à la densité de dopantsn etpionisés

dans le semiconducteur. Il faut noter qu’à basse température N

`

d

et N

`

a

ne sont pas toujours égales

à la densité de dopants présents car l’ionisation des espèces chimiques nécessite une certaine quantité

d’énergie.

Au vu de ces équations nous constatons que la connaissance de la densité de porteurs libres est

primordiale pour décrire les propriétés électriques. Ce n’est pourtant pas toujours simple d’obtenir

expérimentalement cette valeur pour des objets nanométriques. Nous sommes dans ce cas avec les

nanofils de ZnO. Les méthodes de fabrication actuelles ne permettent pas un contrôle de ce paramètre. Et

les méthodes expérimentales pour le déterminer sont difficiles à mettre en place, ce qui rend ce paramètre

peu accessible. Certaines méthodes sont destructives comme la sonde atomique tomographique [30].

D’autres ne sont possibles que dans le cas de fort dopage, comme la mesure s-SNOM [59]. Il y a la

possibilité de déterminer le dopage via plusieurs mesures du courant en fonction du diamètre des fils

[60].

Pour obtenir le dopage de nos fils nous avons utilisé la mesure de la résistance électrique. La résistance

électriqueR (en Ω) est reliée à la conductivité du matériau par la formule :

R“ 1

σ

L

ds

S

ø

AvecL

ds

la distance entre les deux électrodes et S

ø

l’aire de la section (en m

´2

). Suite à des mesures de

résistance de nos nanofils sous atmosphère d’argon nous avons déterminé que le dopagenétait de l’ordre

de 2.10

17

cm

´3

(nous détaillerons cette mesure dans un prochain chapitre). Il faut prendre en compte

que la valeur obtenue n’est qu’une moyenne et que les donneurs ne sont pas répartis homogènement dans

le nanofil [59] (généralement les défauts sont localisés à la surface et sont beaucoup moins abondants au

centre) Pour effectuer le calcul nous avons considéré les paramètres suivants : L

ds

“2.5µm, un rayon

de nanofil der

nw

125nm et une mobilité de µ200cm

2

.V

´1

.s

´1

.

Les photodétecteurs que nous avons étudié peuvent s’apparenter à la structure d’un transistor (voir

Figure 2.12). Dans le schéma de ce composant, nous retrouvons les trois éléments typiques d’un

transis-tor : Les électrodes (en jaune), une électrode de source et une électrode de drain, avec un semiconducteur

(en bleu) entre les deux (ici un nanofil de semiconducteur), et une grille que l’on va polariser de telle

sorte de laisser passer le courant ou non. Par convention on appelle "la source" l’électrode qui est

po-larisée à 0V. La grille est séparée du reste du circuit par un isolant, qui est ici une couche de SiO

2

. De

nombreux types de transistors existent, il y a notamment parmi les plus utilisés les transistors à effet

de champ (JFET, accronyme anglais de junction field transistor) et les transistor à effet de champ à

grille isolée (MOSFET, accronyme anglais de metal oxide semiconductor field effect transistor). Mais

Figure2.12 – Schéma d’un photodétecteur à base de nanofil. Le courant circule du drain vers la source.

La tension de grilleV

g

attire les porteurs de charges (électrons ou trous selon la polarisation) à l’interface

isolant semiconducteur, ce qui influe sur la conductivité du système.

Figure 2.13 – Schéma d’un transistor JFET (Junction Field Effect Transistor) et d’un transistor

MOSFET (Metal Oxide Semiconductor Field Effect Transistor) (image reproduite de [46])

quelles que soient leurs géométries, elles remplissent toutes le même rôle de contrôler le passage du

courant dans le canal (voir Figure2.13). Le premier schéma représente un transistor JFET, où la grille

est directement en contact avec le canal de conduction. En augmentant la tension de grille appliquée,

on réduit la zone de conduction jusqu’au pincement de celle ci au delà d’une certaine tension. Sur le

second schéma nous retrouvons un transistor MOS-FET où la tension de grille contrôle la conductivité

du canal de conduction entre les deux semiconducteurs dopésn

`

et séparés par un semiconducteur dopé

p.

Les transistors sont un des éléments de base de l’électronique moderne et leur principe de

fonc-tionnement a peu évolué depuis leur création il y a 70ans. Cependant depuis cette date, des progrès

considérables ont été réalisés en matière de miniaturisation, de performance et de réduction de

consom-mation d’énergie. Sur la figure2.14nous pouvons retrouver deux photos qui comparent la taille du tout

premier transitor avec ceux des derniers en date créés par IBM.

Figure2.14 –a. Photo du tout premier transistor créé par Bardeen, Shockley et Brattain en 1947.b.

Chercheur d’IBM présentant un wafer de silicium avec des transistor de 5nm. (juin 2017)