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Chapitre II. Contrôle & Evaluation par courants de Foucault

II.7 Capteurs magnétiques

Pour surmonter les limitations de CND-CF par capteurs inductifs en basse fréquence, les capteurs magnétiques sont appropriés. Il existe une large disponibilité de capteurs magnétiques sur le marché. Toutefois, les applications de ces capteurs sont très variables non seulement en fonction de leur coût mais dépendant aussi de plusieurs facteurs tels que la sensibilité, la résolution et la plage de mesure. Nous ne présentons pas ici une liste exhaustive de capteurs magnétiques, mais quelques exemples afin de comparer entre eux les principales caractéristiques.

II.7.1 Dispositif supraconducteur à interférence quantique (SQUD)

Les dispositifs supraconducteurs d'interférence quantique (SQUID) fonctionnent généralement à des températures cryogéniques, où du liquide de refroidissement est nécessaire. Au-dessous d'une certaine température, les supraconducteurs auront une résistance nulle en conduisant un courant continu, en autre un anneau supraconducteur ne contiendra que des niveaux spécifiques de flux magnétique liés à la théorie quantique. Les SQUID sont devenus disponibles sur le marché il y a environ 40 ans et ont commencé à être utilisés dans les essais non destructifs dans les années 1980, grâce à leur excellente sensibilité. Le SQUID est le détecteur de flux magnétique le plus sensible, l’application de ce capteur est décrite de manière approfondie par Jenks et al [139].

Les SQUID ont une très grande sensibilité au champ magnétique, presque indépendante de la fréquence [140]. Les avantages du SQUID sont particulièrement évidents lorsqu'une faible fréquence d'excitation est requise. Une comparaison entre les systèmes à courants de Foucault conventionnels (à capteur inductif) et le système basé sur SQUID montre une amélioration du rapport signal sur bruit jusqu'à trois ordres de grandeur pour les fissures d'une profondeur supérieure à 13 mm. Il permet de détecter de faibles changements de champ en présence de grands champs de fond, produits par exemple par des effets de bord ou des inhomogénéités de conductivité. Les autres avantages de SQUID comprennent une large plage dynamique (> 80 dB) et leur nature intrinsèquement quantitative [139].

Des SQUID fonctionnant à la température ambiante ont également été développés.

Un instrument basé sur le SQUID à température de transition élevée (Tc élevé), capable de contrôler les fissures et la corrosion à travers des couches d'aluminium d'épaisseur combinée de 50 mm, a été construit avec succès [141].

Bien que les CND à courants de Foucault basés sur SQUID aient des capacités prometteuses tels que la haute sensibilité de mesurant dans la gamme de champ jusqu’à 10-15 T, ses applications en CND sont encore limitées en raison de son aspect pratique et de son coût est encore très élevé [138].

II.7.2 Le fluxgate

Le capteur de type « fluxgate » a été initialement développés pour la fabrication de compas des systèmes de navigation [142]. Il est constitué d’un noyau ferromagnétique avec deux bobinages montés sur ce noyau [143]. L’idée de base est d’exploiter la saturation du cycle d’hystérésis du noyau [103], de ce fait, le premier bobinage est alimenté par un courant alternatif permettant de saturer périodiquement le matériau. Lorsqu’un champ magnétique externe s’ajoute à ce champ d’excitation, la saturation d’aimantation n’est plus symétrique et la tension induite est déformée et mesurée par le deuxième bobinage [106].

II.7.3 Effet Hall

Les capteurs à effet Hall, basés sur des phénomènes magnétiques, sont l'une des technologies de détection les plus couramment utilisées aujourd'hui [144], l’effet Hall consiste à apparaitre d’une différence de potentiel aux bornes d’un matériau conducteur ou semi-conducteur souvent une piste d’épaisseur comprise entre 0.4 et 100 µm, lorsqu’un courant traverse ce matériau et soumis à une induction magnétique appliquée perpendiculairement. En conséquence, due à la force de Lorentz il apparait une différence de potentiel dans la direction perpendiculaire à celle de l’induction et à celle du courant, cette tension est dite de Hall [103]. A cet effet, le capteur à effet de Hall permet de détecter le champ magnétique en mesurant la tension créée dans le matériau [145]

II.7.4 Magnétorésistance anisotrope (AMR)

Le phénomène de la magnétorésistance anisotrope a été découvert en 1857 par William Thomson. Le capteur à magnétorésistance anisotrope est caractérisé par un film ferromagnétique mono-domaine et anisotropie uni-axiale très mince, déposé sur un matériau conducteur. Cela permet de détecter un champ magnétique orienté dans le plan grâce à la variation de la résistance du matériau avec l’angle entre l’aimantation et le champ appliqué [146].

II.7.5 Magnétorésistance géante (GMR)

À la fin des années 80, le phénomène de la magnétorésistance géante (GMR) a été découvert indépendamment par Albert Fert et Peter Grünberg [147-148] (Fert a travaillé à la température de l'hélium liquide (4,2 K) et Grünberg à température ambiante où l'effet était beaucoup plus faible.). En 2007, ces deux physiciens ont reçu conjointement le prix Nobel de physique pour leur découverte de la GMR et la contribution au développement de l’électronique du spin qui a été apportée.

Couramment, le capteur GMR est constitué par un empilement de couches, une couche conductrice est disposée entre deux couches ferromagnétiques à magnétisation parallèle ou antiparallèle, une couche piégée dont l’aimantation a une direction fixe et une couche libre dont l’aimantation peut fluctuer. Cet effet présente une forte variation de la résistance lorsque la configuration des deux aimantations est modifiée (les aimantations dans les deux couches ferromagnétiques s’alignent) par l’application d’un champ magnétique. Les capteurs à GMR sont largement utilisés dans le domaine de l’enregistrement magnétique (ex. tête de lecture de disque dur) [106].

II.7.6 Magnéto-impédance géante (GMI)

Depuis la découverte de l'effet de magnéto-impédance géant (GMI) dans les fils amorphes à base de FeCoSiB [149], les capteurs GMI ont été largement étudiés en raison de leur sensibilité élevée, réponse rapide et capacité d'intégration électronique. En raison de ces avantages, ils ont été adoptés dans des applications de CND-CF [150].

Le capteur GMI permet de mesurer des champs magnétiques faibles sur une large bande passante. Il a pour origine d’une variation de l’épaisseur de peau dans le matériau avec un champ magnétique appliqué, tandis que le matériau est excité par un courant alternatif à haute fréquence, ce qui entraine une variation de l’impédance du capteur [106].

II.8 Conclusion

Dans ce chapitre, la discussion a été porté principalement sur un bref historique sur le CND-CF, ainsi que leur principe de fonctionnement. Alors, par la génération des courants de Foucault au sein du spécimen conducteur mis sous inspection à l’aide d’un capteur inductif placé à proximité de celui-ci, l’état de santé et les propriétés du spécimen peuvent être distingué à travers de l’interaction du champ magnétique. Par ailleurs, la fiabilité de CND-CF dépend de plusieurs paramètres, tels que la densité et la profondeur de pénétration des courants de Foucault, les indicateurs à exploiter pour l’analyse, les propriétés des capteurs de mesures, les signaux d’excitation et la gamme de fréquence qui permet de choisir les capteurs adéquats. Dans certaines applications industrielles, les capteurs inductifs sont appropriés dont la fréquence d’excitation est élevée. En revanche, dans le régime basse fréquence ou le champ magnétique est faible, les capteurs magnétiques sont plus adaptés.

Dans le Chapitre suivant, nous évoquerons la modélisation de CND-CF des matériaux composites anisotropes par la méthode des volumes finis en 3D.

Chapitre III. Modélisation et formulation

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