• Aucun résultat trouvé

4. Analyse et interprétation des données!

4.1.2 Capter l'attention des élèves!

Afin d’avoir l’attention de toute la classe, les enseignants demandaient aux élèves de lâcher tout ce qu’ils tenaient dans leurs mains et de les regarder. Si certains élèves persistaient, les enseignants demandaient alors à toute la classe de bien vouloir mettre les mains dans le dos. Ceci reprend la notion de « torsions corporelles » évoquées par Frédérique Nardin : si les élèves ne sont plus symétriques face à l’enseignant, celui-ci ressent cette distraction et va tenter de recentrer ses élèves (voir le compte-rendu de l’entretien annexé).

Si cette position (mains dans le dos) était demandée systématiquement lors de chaque moment d’écoute, les élèves en arriveraient sans doute à trouver des échappatoires pour contrer cette immobilité forcée.

Le fait de capter l’attention de la classe relèverait donc de la part de l’enseignant d’imaginer diverses stratégies de mouvements. Les propositions d’apprentissages en mouvements évoquées par Stéphane Sugnaux, formateur à la haute école pédagogique de Fribourg, rejoignent cette idée de la mobilisation du corps lors des leçons pour favoriser la concentration.

4.2 Le corps de l’enseignant face à la classe

D’une manière globale, les enseignants du deuxième cycle que j’ai observés avaient une attitude non verbale face à la classe qui imposait le respect aux élèves. Les élèves s’adaptaient aux habitudes des enseignants (serrer la main ou non, avoir le regard vers l’enseignant ou non etc.).

Mes FEE adoptaient de manière inconsciente ou non les attitudes de bases préconisées par Rey (2009) :

• Un regard présent vers les élèves • De fréquents sourires

• Une bonne occupation de l’espace

Les enseignants que j’ai interrogés étaient également sensibles aux signaux non verbaux qu’ils pouvaient émettre à la classe. L’effet de mimétisme cité par l’enseignant de 6FR et par Monsieur Léchot démontre bien l’influence du langage non verbal de l’enseignant sur sa classe et de la classe sur l’enseignant.

Suite à mes observations et à mes lectures, je constate que, d’une manière générale, l’enseignant laisse transparaître beaucoup d’informations avec son corps et le timbre de sa voix. Sa fatigue et son impatience peuvent, par un simple regard, se faire comprendre par la classe. Je pense que les élèves sont très sensibles à cela et que cela peut suffire à les recentrer.

4.3 Les observations des quatre élèves de ma classe de stage

Ces quatre élèves, choisis au hasard, ont des personnalités bien différentes. Leurs langages corporels ne se présentent pas de la même manière.

L’élève 1 a un langage non verbal très prononcé, qui marque fortement son besoin de mouvement. Cette nécessité de bouger se fait également sentir chez l’élève 4. Ces deux élèves ont plusieurs attitudes non verbales similaires dans le cadre des mouvements généraux du corps sur la chaise. L’élève 4 a l’habitude de se retourner, de regarder ce qui se passe derrière elle. L’élève 1 se balance et se met régulièrement à genoux sur sa chaise lors des travaux en duo avec sa voisine. Il est intéressant de constater que les élèves 1 et 4 sont toutes les deux de sexe féminin. L'observation globale de ces attitudes non verbales m’a incitée à pratiquer diverses petites activités permettant à toute la classe de bouger quelques minutes afin que les élèves se recentrent mieux pour la suite du travail à fournir. Mes FEE procédaient également à ce genre de pratiques.

Les deux garçons (élèves 2 et 3) ont tendance à toucher les petits objets qui se trouvent sur leur table. Leur corps reste généralement stable, contrairement aux filles.

Les mouvements de l’élève 3 sont souvent en relation avec la bouche : lécher ses doigts et son équerre, placer ses lèvres sur une règle pour faire « ventouse », souffler sur sa camarade etc. Je n’ai pas rencontré cette caractéristique « buccale » chez les autres élèves de mon recueil de données.

L’élève 2, quant à lui, est un élève plutôt calme, mais qui a tendance à toucher les objets de sa table de manière récurrente afin d’en faire un rythme (taper la gomme sur sa table, ouvrir puis fermer sa boîte de crayons…).

4.4 Les réactions des enseignants

Les observations sur le terrain m’ont permis de constater que mes FEE réceptionnent différemment les signaux non verbaux émis par leurs élèves. En effet, un de mes FEE demandait régulièrement aux élèves de ne pas toucher ce qui se trouvait sur leur table. Il y ajoutait une touche d’humour en leur demandant de « lâcher leur hochet ». Ceci sous-entendait que ce type de petits gestes sont très puérils et qu’ils étaient trop grands pour s'y adonner. Les élèves semblaient sensibles à cela puisqu’ils respectaient la règle sans s’y opposer. Cet enseignant rendait également les élèves attentifs à ce que dégageait leur langage corporel.

Par exemple, lorsqu’il a donné les consignes pour la création d’exposés oraux, il a précisé qu’il souhaitait que les élèves se tiennent droits, sans se « coller au tableau noir » et en parlant d’une voix claire. L’attitude de l’élève 1 a justifié cette mise en garde en restant très proche du tableau noir lors de son exposé. Elle le touchait comme s’il était un objet stable et rassurant, qui l’éloignait le plus possible du regard de ses camarades. Elle avait peut-être besoin du tableau noir pour s’appuyer moralement lorsqu’elle était face à la classe. Ceci rejoint Bruno et Adamczyck (2009) qui déconseillent de s’agripper au mobilier lorsqu’on se trouve face à l’auditoire.

Le second enseignant n’a pas fait de remarque particulière concernant l’attitude non verbale des élèves.

Il était cependant sensible aux bruits qu’ils émettaient en touchant les objets de leur table. Ses réactions étaient parfois vives, non fonction du moment de la journée, comme je l'imaginais en hypothèse, mais sans doute fonction de son propre état émotionnel.

Durant mon stage je n’ai pu observer qu’une seule fois l’impact d’un geste non verbal d’un de ces quatre élèves sur toute la classe (élève 2). En effet, son attitude, ajoutée à celle des autres, a poussé l’enseignant à arrêter toute la classe en leur demandant de mettre les mains dans le dos. Cette technique était utilisée par mes deux FEE afin de capter l’attention de toute la classe.

Il est intéressant de constater que le moment durant lequel mon FEE a demandé à toute la classe de s’arrêter était quelques minutes avant la sonnerie. Les élèves s’agitaient de manière générale. Certains avaient déjà rangé leurs affaires sans le consentement de l’enseignant. Ainsi, je ne pense pas que le geste de l’élève 2 soit le seul responsable de la réaction de l’enseignant. Au contraire, celui-ci a senti une impatience générale et a souhaité recentrer toute la classe pour terminer sa leçon.

Les enseignants ne sont pas tous égaux face aux messages non verbaux émis par leurs élèves. Les réactions sont diverses face à un même geste en fonction de l’humeur de l’enseignant, de l’élève qui fait ce geste ou encore de la période de la journée, de la semaine ou de l’année. Je pense ainsi qu’il est difficile de mettre en place une liste exhaustive de réactions des enseignants face aux messages non verbaux des élèves.

Documents relatifs