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Chapitre 3. À la croisée de la vulnérabilité et de la résilience : la capacité d’adaptation

3.1. La capacité d’adaptation

La capacité d’adaptation permet, d’une part, de répondre adéquatement à une perturbation (capacity of response ou coping capacity) et, d’autre part, de s’adapter de manière planifiée et proactive en amont d’une catastrophe (adaptive capacity). D’une part, la capacité de réponse se rapporte à la capacité à court terme de gérer une perturbation de manière à y survivre. Dans le processus de gestion de risques, elle est attribuée à la capacité d’un système à mobiliser rapidement les ressources nécessaires pour se maintenir en fonction lors de la phase d’intervention et de rétablissement (voir section 1.4.4). D’autre part, la capacité d’adaptation (adaptive capacity) se réfère aux ajustements durables basés sur les apprentissages, les décisions prises, les mesures mises en place pour réduire le degré de perturbation et les transformations encourues à des fins d’amélioration du système aux perturbations (Gallopín, 2006; Parsons et al., 2016). Tel que mentionné par Gallopín (2006), « In general terms, adaptive capacity would seem to be broader than capacity of response; specific adaptations may include modifying the sensitivity of the system to perturbations, increasing its resilience […], and reducing the exposure of the system to perturbations (p. 301) ». Dans la gestion des risques, ce type de capacité s’insère dans une optique de prévention, de préparation et de reconstruire en mieux lors de la phase de rétablissement.

Sous la lentille de l’économie politique et de la géographie, la capacité d’adaptation se réfère à l’aptitude d’une collectivité à agir ensemble et est caractérisée par le capital social, la confiance envers les institutions et la capacité organisationnelle. De plus, les motifs associés aux degrés de changements démographiques, le développement et la diffusion des technologies ainsi que la distribution du bien-être économique contribueraient tous à la capacité d’adaptation (Adger, 2003; Adger et Vincent, 2005).

Norris et al. (2008) constatent, sous l’angle de la résilience post-catastrophe de communautés que la capacité d’adaptation est caractérisée par un ensemble de réseaux de ressources possédant des attributs dynamiques d’une communauté qui sont associées au développement économique, au capital social, à l’information et aux communications ainsi qu’aux compétences collectives d’une communauté. Semblablement, le GIEC reconnaît que

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les ressources économiques, les technologies, l’information et les compétences, les infrastructures, les institutions et l’équité contribuent à la capacité d’une communauté, d’un pays ou d’une région à s’adapter (cité dans Adger et Vincent, 2005, p. 401). Ainsi, les ressources associées à la capacité d’adaptation peuvent être de nature sociale, économique, infrastructurelle, informationnelle et institutionnelle (Burton, 2015; Cutter et al., 2010; Parsons et al., 2016; Sherrieb et al., 2010).

Tel qu’il a été mentionné dans les sections précédentes, la capacité d’adaptation constitue un point de convergence entre la vulnérabilité et la résilience qui sont des concepts distincts, mais qui ne sont pas nécessairement mutuellement exclusifs. La Figure 5 permet de comprendre que lorsque l’on veut caractériser le degré de vulnérabilité ou de résilience d’un système, la capacité d’adaptation doit être considérée dans chacun des cas et que c’est ce concept qui peut permettre de tisser les liens existants entre la vulnérabilité et la résilience.

Figure 5. La capacité d’adaptation en tant que lien entre la vulnérabilité et la résilience Source : Engle (2011)

La capacité d’adaptation lors de la caractérisation de la vulnérabilité vient moduler l’exposition et la sensibilité des éléments à risque, le but étant qu’une communauté possède la capacité de s’adapter aux risques en diminuant son exposition et sa sensibilité aux aléas (Engle, 2011) (Figure 6). Les structures et processus sociaux, économiques, politiques et institutionnels possédant une meilleure capacité d’adaptation pourront tirer profit des perturbations à long

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terme à travers leurs expériences et apprentissages, leur permettant ainsi de réduire leur exposition et leur sensibilité aux risques (Adger, 2006; Berkes et Folke, 1998; Dauphiné, 2007; Parsons et al., 2016; Smit et Wandel, 2006).

Dans une optique de résilience, la capacité d’adaptation permet d’augmenter la tolérance et la stabilité du système aux perturbations et de le transformer en un nouvel état plus désirable (Engle, 2011) (Figure 7). La figure 29 illustre qu’un système possédant davantage de capacité d’adaptation pourra maintenir ses fonctions si celui-ci se trouve déjà dans un état désirable ou pourra converger vers un nouvel état plus désirable si son état initial était moins désirable.

Figure 6. L’influence de la capacité d’adaptation sur la vulnérabilité. Source : Engle (2011)

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Figure 7. La capacité d’adaptation dans le contexte de résilience Source : Engle (2011)

En bref, une augmentation de la capacité d’adaptation des individus au sein d’une communauté améliore la possibilité de mieux gérer les risques dans un contexte de changements climatiques en favorisant la flexibilité de retravailler les approches au fil des apprentissages et des expériences, si cela est nécessaire. Tel que mentionné par Engle (2011), « […] the more adaptive capacity accumulated within a system, the greater the chance the system will end up in a ‘desirable’ state » (p. 651). En ce sens, la capacité d’adaptation dépend ainsi largement de l’abondance des ressources disponibles et des réseaux permettant l’accès à ces ressources afin d’identifier, mobiliser et aborder des problèmes sociaux liés aux sinistres et aux changements climatiques. Elle inclut également le contexte culturel et l’utilisation de connaissances, de compétences, de systèmes et de ressources transférables qui affectent les changements collectifs et individuels qui sont cohérents avec les buts et objectifs ciblés par l’ensemble de la collectivité (Bruneau et al., 2003; Goodman et al., 1998; Norris et al., 2008; Sherrieb et al., 2010).

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Dans le cadre de ce mémoire, la capacité d’adaptation correspond à l’ensemble des ressources et attributs disponibles et accessibles que possède une communauté lui permettant de gérer les risques et d’améliorer son état en réduisant sa vulnérabilité et en augmentant sa résilience de manière spontanée ou planifiée. Cette définition permettra de dégager les ressources et les attributs qui pourront servir à la caractérisation de la capacité d’adaptation au sein de la communauté de Saint-Raymond.