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FACTEURS FAVORISANTS DES CANDIDOSES BUCCALES

2) Les candidoses chroniques :

a)Candidose hyperplasique chronique :

Ce type de candidose est chronique. Il se distingue par des lésions saillantes et distinctes qui se caractérisent par de petites zones, palpables, translucides et blanchâtres ou bien encore par des zones larges, denses, opaques, dures et rugueuses à la palpation. La candidose hyperplasique peut également se présenter sous forme de lésions homogènes ou tachetées, appelées lésions nodulaires, qui ne peuvent être ôtées. La candidose hyperplasique est localisée généralement à l'intérieur des joues, au niveau des commissures des lèvres et moins fréquemment sur la langue .[107]

Histologie : une importante hyperplasie épithéliale est notée avec

acanthose et papillomatose endophytique. En surface, il existe une hyperkératose ortho et parakératosique avec de nombreux micro-abcès renfermant des spores et des filamentsmycéniensPASpositifs.

La découverte de cette lésion, considérée comme précancéreuse, impose la recherche d’une dysplasie associée.[108]

b) La glossite losangique médiane :

La glossite losangique médiane est une anomalie congénitale de la langue qui est attribuée à la persistance du tuberculum impar .[109]

Elle se distingue par une atrophie papillaire de la langue. Cette lésion se situe au centre de la langue .C’est une plage érythémateuse grossièrement losangique du dos de la langue , en avant du V lingual, tranchant par sa coloration rouge sur le reste de la langue. Elle est lisse, plane ou mamelonnée.

En regard de cette plage losangique médiane, on trouve une lésion palatine, en « miroir », faite de petites macules érythémateuses. Cette forme est généralement asymptomatique et de découverte fortuite lors d’un examen clinique de routine.[110]

L’histologie révèle des hyphes envahissant les couches superficielles de l’épithélium parakératotique avec des vallées de Rete hyperplasiques s’étendant dans le chorion, un infiltrat de PMN dans l’épithélium et un infiltrat lymphocytaire dans le tissu conjonctif .[111]

Figure 25 : Image palatine en « miroir »

c)La perlèche ou chéilite angulaire :

La perlèche est une irritation du coin des lèvres. En effet, lorsque l’on souffre de perlèche, la commissure des lèvres devient très rouge et sèche. Parfois, elle prend une teinte blanchâtre. On peut souvent remarquer l’apparition de fissures ou de croûtes qui s’accompagnent parfois de saignement.

On retrouve habituellement la perlèche des deux côtés, mais il est aussi possible qu’un seul soit touché. Elle peut parfois s’étendre vers la joue ou l’intérieur de la bouche.[112]

La perlèche est souvent entretenue par un tic de léchage ou par la macération favorisée par l’accentuation du pli commissural résultant d’une perte de dimension verticale de l’occlusion dentaire.

Exceptionnellement, cette perlèche peut prendre un aspect hyperplasique .[113]

Elle peut être isolée ou associée aux autres formes de candidoses chroniques. En général, elle est bilatérale, tenace et récidivante. Parfois très importante, elle peut prendre un aspect verruqueux jusqu’à réaliser une véritable papillomatose simulant un épithélioma. Le diagnostic repose alors sur la biopsie. Parfois unilatérale, il peut s’agir d’une infection à streptocoques, à staphylocoques.

Figure 27 : Perlèche ( David Bême)

d) Stomatite dentaire associée à Candida ou candidose prothétique :

La stomatite prothétique est un état inflammatoire des gencives chronique qu’on retrouve chez les porteurs de prothèses amovibles. C’est une lésion buccale plus fréquente chez l’édenté. Elle touche un tiers des porteurs de prothèses.

Les signes cliniques sont une inflammation localisée ou généralisée, qui peut être accompagnée d’hyperplasie papillaire (inflammation des papilles au palais). La région des tissus atteints peut être plus ou moins rouge.[111] Cette inflammation est causée par une présence fongique de champignons microscopiques de l'espèce Candida albicans. [114]

L’histologie des tissus sous les prothèses révèle une réponse proliférative ou dégénérative, alors que peu de colonisation des tissus par Candida est observée, contrairement aux autres types de candidoses . La majorité de la

colonisation est notée sur les prothèses. L’adhésion de C. albicans aux prothèses dentaires serait due à l’hydrophobicité de ce microorganisme .[115-116]

Figure 28 : Stomatite sous prothétique caractéristique

e)La langue noire villeuse :

La langue noire villeuse est caractérisée par un allongement et une coloration noire ou brunâtre des prolongements kératinisés des papilles filiformes. [117]

La coloration noire de cette glossite est due à la kératinisation augmentée après hypertrophie de la gaine cornée des papilles. Les papilles peuvent ainsi atteindre jusqu’à 1 cm de longueur.[118]

Cet état est étendu à tout le dos de la langue, ou reste localisé à la région médiane postérieure . L’affection se manifeste principalement chez l’adulte, mais de très jeunes enfants, y compris des nourrissons peuvent en être atteints . Il ne s’agit pas d’une mycose, mais d’un état particulier de la langue avec mul-tiplication considérable de bactéries et de levures saprophytes du genre Candida spp. [119]

Le prélèvement mycologique est exceptionnellement positif, retrouvant parfois du candida geotrichum dont le rôle est inconnu. Les traitements anti antifongiques

sont inefficaces, il faut préférer un décapage mécanique à la brosse à dents éventuellement associé à l’application topique d’une solution de rétinoïdes (Locacid®).

3) Syndrome d’hypersensibilité au candida:

Le syndrome d'hypersensibilité au Candida pourrait être dû à une allergie à Candida , révélée par l'augmentation des anticorps IgE des patients.

Sur un total d'environ 1 500 enfants allergiques, une sélection rigoureuse montre que l'allergie à Candida albicans intéresse 11 p. cent des 822 cas où elle a été recherchée activement, et le 1/5e des cas où le test à cette levure a été trouvé positif. Cette allergie est bien moins fréquente, et sensiblement plus tardive dans l'enfance, que l'allergie à la poussière de maison.

Les syndromes observés diffèrent peu des manifestations les plus courantes de l'allergie infantile. La séquence habituelle eczéma-asthme n'est pas observée dans le même ordre et dans les mêmes délais que chez les enfants atteints d'autres sensibilisations.

En fait, le caractère clinique le plus spécifique de l'allergie infantile à Candida albicans est l'absence de facteur géographique ou saisonnier, ou même l'existence d'un maximum entre la fin de l'hiver et la fin de l'été. Le diagnostic sera surtout posé en fonction de la cohérence des réponses aux injections d'essai. Les tests cutanés ne sont presque d'aucun secours : ils n'orientent guère le diagnostic et ne fournissent aucune information sûre pour le calcul des doses allergéniques efficaces. Les schémas de désensibilisation sont variables, tantôt fixes, tantôt progressifs. Les modalités de ces traitements, qui sont souvent difficiles, sont analysées et discutées.[120]

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