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III. Que reste-t-il du temps des saligues ?

3.3 Des projets pour réintégrer la saligue dans les processus culturels et de développement local

3.3.1 Le canal des 7 moulins

Le canal n’est pas à proprement parler la saligue mais il s’inscrit dans l’espace de mobilité du Gave. C’est un ancien ouvrage long de 11 kms environ qui prend la forme d’un chenal creusé, plus ou moins parallèle au Gave sur une partie du tronçon depuis Lescar jusqu’au canal de restitution à Denguin. Le canal alimentait une succession de 7 moulins dont la plupart ont aujourd’hui disparu (Cf. Annexe 19).

La réhabilitation d’un tel ouvrage n’est pas aisée et tout un ensemble de questions se posent, elles vont de la plus élémentaire, s’agissant d’un canal, la remise en eau, à la plus complexe, celle de l’adhésion des propriétaires. Un groupe de travail s’est formé pour aborder ces questions et à chaque question des réponses émergent sans pour autant aboutir. Il est vrai que le travail est conséquent et de notre point de vue, le canal mérite une étude spécifique.

Ms. JLM de Lescar et AM de Siros abordent ces points avec nous, ce faisant ils deviennent les portes paroles de ce projet qui connaît une bonne popularité auprès de nos interlocuteurs qui le décrivent comme une référence d’aménagement. Avant de se poser des questions d’ordre technique, nous avons voulu connaître les objectifs. Ils sont de deux ordres :

- L’histoire des moulins dans leur contexte social et historique est retenu comme étant un élément positif « qu’il faut montrer ». Cette histoire met en jeu tous les acteurs jusqu’au début du XXéme s. Meuniers, paysans, ancienne noblesse locale, « braconniers » se côtoient autour des moulins. Ils deviennent de ce fait les miroirs du fonctionnement d’une société rurale aujourd’hui mise à mal. Le moulin en tant qu’objet bâti fait partie d’un patrimoine visible alliant architecture et technicité, il est dans les deux cas facilement « patrimonialisable ».

136 Ibid page 1. Note 2

« le Gave était encadré par deux canaux. Rive droite, c’était le Canal des 7 moulins ou « « Baniou » ». La prise d’eau s’est faite successivement en 1634 à Lescar, en 1795 à Laroin et en 1811 à Lons pour alimenter en eau les moulins Roussille, Pébacqué, de Batan et d’Eslayou, situés sur la Commune de Lescar, les moulins de Poey, de Siros et de Denguin ». (www.poeydelescar.fr. 2014)

- Le canal en lui-même est considéré comme un « plus » paysager au niveau de la plaine et un élément d’amélioration du cadre de vie pour les communes traversées. « un canal, on peut s’y promener le long, sans effort… ». Dans ce même ordre d’idée « c’était aussi de permettre d’avoir une zone humide pour agrémenter le paysage … le fait que pour la nappe phréatique c’est quelque chose de très important. ». La remise en eau du canal élargit l’hydrosystème du Gave, la nappe d’accompagnement* se recharge plus facilement et le niveau d’eau souterraine se relève par simple effet de capillarité.

Bien que les objectifs soient clairs, des questions restent en suspend. M JLM en retient trois qu’il organise dans l’ordre qui suit avant d’évoquer les pistes à creuser pour y répondre :

- « est ce qu’il est possible techniquement de remettre en eau le canal des moulins ? » - « est ce que juridiquement on peut le faire ? »

- « est ce qu’on aura le budget pour le faire ? »

A l’heure actuelle, la solution technique est apportée partiellement par l’entreprise d’extraction de granulat Daniel implantée à Lescar qui soutient le projet par son expertise en ingénierie de l’eau et transports de matières. L’entreprise Daniel serait prête à s’engager financièrement dans ce projet (Entretien M. AM 2013). La solution retenue serait de connecter un lac d’extraction Daniel au canal ce qui permettrait de contrôler et de réguler les débits et d’empêcher par la même les débordements. L’argumentaire pour l’eau du lac se forge aussi sur le critère de qualité : « si on prélève l’eau dans le lac, on aurait une eau d’excellente qualité puisque c’est une eau d’infiltration, alors que les eaux du Lescourre137 [à l’origine du canal] elles sont de moins bonne qualité »

La question juridique, c'est-à-dire la relation avec les propriétaires privés des parcelles traversées et des moulins et aussi les différents classements des sites traversés qui sont en PPRI138, en projet de PNU139 et ZNIEFF140, n’est pas tranchée. Un classement prévisible en Espace

137

Affluent du gave qui traverse la ville de Billère.

138 Plan de Prévention du Risque d’Inondation.

139 Projet de Parc Naturel Urbain. Depuis 2011 les communautés d’agglomérations de Pau, Agen, Mt de Marsan réunies en association cherchent une labellisation des PNU au

même titre que les Parc Naturels Régionaux.

Naturel Sensible par le Conseil Général et une possible intégration au réseau Natura 2000* des saligues141 demandent qu’une concertation avec la totalité des acteurs et citoyens ait lieu pour rendre possible la traversée des Saligues par le canal.

Enfin, le SCOT142 du Grand Pau englobe la commune de Lescar riveraine elle aussi du canal et qui met d’avantage l’accent sur le développement commercial de la plaine. La ville de Lescar est déjà investie par ailleurs en temps qu’adhérente à la communauté d’agglomération dans le projet de Parc Naturel du Gave143 alors que la communauté de communes du Miey ne fait pas encore parti de cette communauté.

C’est en 2009 que la commission environnement du Miey de Béarn après une présentation des saligues définit ses objectifs comme suit : · Mettre en place les éléments de connaissance permettant de protéger, de gérer et de valoriser les milieux naturels et la biodiversité : espaces remarquables, corridors et réservoirs écologiques….

· Analyser, à l’échelle des paysages, le lien entre structures spatiales et processus écologiques.

· Veiller à l’évaluation environnementale de ces milieux en fonction des orientations d’aménagement qui seront prises. · Contribuer à l’objectif de bonne qualité des eaux en 2015 ainsi qu’à la préservation des ressources.

· Contribuer à une bonne gestion intégrée des cours d’eau et des rivières du Grand-Pau et du Gave de Pau.

L’ensemble des contraintes territoriales sont difficiles à gérer sans une volonté politique forte, ne serait ce que pour réunir et accorder les acteurs afin de finaliser un budget qui de surcroît s’applique à des espaces privés et publics soumis à des enjeux environnementaux portés par les collectivités locales, nationales et la commission Européenne à l’environnement.