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Le Comité Français d’Éducation pour la Santé (CFES) est une association française

créée en 1972 et mandatée par le ministère de la Santé pour concevoir et mettre en œuvre

les grandes actions de promotion de la santé. Elle a été dissoute en 2002 et remplacée par

l’Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé qui est un établissement public

administratif de l’État avec des missions plus larges.

ENTRE 1976 ET 1991

La prévention contre le tabac a commencé en 1976, à cette époque, un Français sur

deux fume ainsi que 46% des 12-18 ans. Une campagne est élaborée avec le slogan « sans

tabac prenons la vie à plein poumons », l’objectif est de jouer sur le registre affectif et de

faire réfléchir sur les conséquences de l’usage du tabac pour les fumeurs et leur entourage.

En 1977, elle est suivie d’une campagne visant spécifiquement la protection des

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fumeurs avec des slogans comme « ne fumez pas, n’enfumez plus ». Dans le même temps, le

ministre de la Santé de l’époque, Jacques Barrot, met en place une campagne nationale

intitulée « l’éducation pour la santé à l’école » dans le but de sensibiliser les enfants de

11-12 ans aux méfaits du tabac afin de tenter d’obtenir une génération de non-fumeurs. Entre

1978 et 1988 la communication a également été centrée sur le tabagisme chez les jeunes en

s’appuyant sur deux de leurs valeurs essentielles : la liberté et la séduction. L’objectif étant

de faire passer le message que la cigarette n’est pas obligatoire pour s’amuser et séduire.

Ces premières campagnes se sont accompagnées de mesures législatives comme la

formation des professionnels de santé et d’avancées sanitaires avec l’apparition des

substituts nicotiniques. (60), (61)

Figure 28: Différentes affiches créées par le CFES entre 1976 et 1991 – www.ihm.nlm.nih.gov

ENTRE 1991 ET 1993

En 1991, la loi Evin est promulguée. Elle interdit la publicité pour les produits liés au

tabac, interdit de fumer dans les lieux publics et met en place une politique de hausse des

prix. La communication s’attaque à l’imagerie positive liée au tabac et démythifie le fumeur

en détournant les visuels publicitaires avec l’emblématique cowboy de Marlboro associé au

slogan « fumer c’est pas ma nature ». Pour la première fois l’industrie du tabac est

explicitement visée. Par ailleurs l’avertissement « fumer nuit gravement à votre santé et à

celle de votre entourage » apparaît sur les paquets de cigarettes et fait prendre conscience

au fumeur que le tabac n’est pas sans conséquence pour les autres. Fumer n’est plus une

affaire strictement privée, un risque individuel n’engageant la responsabilité du fumeur que

vis-à-vis de sa propre santé. La nuisance pour la santé des non-fumeurs est reconnue

officiellement et le tabagisme passif est pris en compte dans les politiques de santé

publique. (60), (61)

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Figure 29: Différentes affiches reprenant les codes de l’industrie du tabac créées par le CFES en 1991 - www.ihm.nlm.nih.gov

ENTRE 1993 ET 1996

Avec l’évolution de l’environnement législatif, des représentations sociales du fumeur

et le changement d’attitude vis-à-vis du tabagisme, le CFES décide à partir de 1993 de faire,

non plus de la communication négative basée sur la dévalorisation de l’image du fumeur et

les méfaits du tabagisme, mais de la communication positive basée sur la valorisation de

l’image du non-fumeur et les bienfaits de l’arrêt du tabac. C’est ainsi que naît la campagne

« l’énergie c’est pas fait pour partir en fumée ». (60), (61)

Figure 30: Différentes affiches de la campagne « l'énergie c'est pas fait pour partir en fumée » du CFES - www.ihm.nlm.nih.gov

ENTRE 1997 ET 2001

Entre 1997 et 2001 la communication se recentre sur le fumeur avec pour objectif de

valoriser l’arrêt du tabac et d’informer sur les aides à l’arrêt. Plutôt que de dissuader les

Français de goûter à la cigarette, le CFES s’adresse à ceux qui regrettent d’avoir commencé.

Cette stratégie découle de deux éléments : le constat que la publicité est impuissante pour

valoriser les gens qui n’ont jamais fumé, car leur image est associée au rabat-joie ; et la

consolidation scientifique des méthodes d’aide à l’arrêt. De 1997 à 1999 la campagne « la vie

sans tabac vous commencez quand ? » cherche à interpeler le fumeur sur son tabagisme.

Entre 2000 et 2001, la campagne « chaque jour passé sans fumer est une victoire sur le

tabac » valorise l’arrêt du tabac. La ligne Tabac Info Service créée en 1998 pour fournir des

informations et conseiller sur les démarches d’arrêt par l’intermédiaire de tabacologues fera

du nom de cette campagne son slogan. Durant la même période des guides sur la prévention

de la consommation de substances psychoactives et sur l’aide à l’arrêt du tabac sont édités.

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Une charte de bonne conduite signée en 2000 par les principaux acteurs de la presse

féminine est mise en place pour tenter d’enrayer l’augmentation du tabagisme féminin.

L’objectif est double : éviter la valorisation du tabac par l’image glamour de la femme

fumeuse dans les magazines et profiter de ces supports d’information pour sensibiliser les

lectrices sur les risques liés au tabagisme. (60), (61)

Figure 31: Différentes affiches de la campagne « la vie sans tabac vous commencez quand » du CFES - www.ihm.nlm.nih.gov

À partir de 2001, les limites des messages encourageant l’arrêt du tabac se font

sentir. En effet, la diminution progressive de la consommation tabagique amorcée à partir

des années 70, s’arrête. Par ailleurs fumer est toujours considéré comme acceptable

socialement ce qui conduit à une application mal suivie de la loi Evin interdisant de fumer

dans les lieux publics. Un tiers de la population fume et le tabac reste toujours aussi attractif

pour les jeunes : ils sont plus de 50% des 15-19 ans à l’avoir déjà expérimenté. Plusieurs

raisons peuvent expliquer ce phénomène. En premier lieu le marketing des industriels du

tabac fonctionne toujours aussi bien, associant, de façon séduisante, le tabac avec la liberté

et le glamour. Ensuite l’apparition de nouvelles menaces comme l’amiante ou

l’encéphalopathie spongiforme bovine, très médiatisées, font perdre au tabac sa première

place en termes de risque pour la santé. Enfin, l’orientation des campagnes sur les messages

d’aide à l’arrêt plutôt que sur les méfaits du tabac ne permettent pas de présenter l’usage

du tabac comme une priorité de santé publique. Dans ce contexte, les risques liés au tabac

sont vite mis de côté par la population. L’Institut National de Prévention et d’Éducation pour

la Santé qui vient remplacer le Comité Français d’Éducation pour la Santé en 2002 doit

frapper fort pour remobiliser la population sur ce thème. (61)