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La campagne officielle, lancée le 9 avril 2012, marque un tournant dans la campagne présidentielle. Les dix candidats sont maintenant officiels et investis par la validation d’un nombre suffisant de parrainages. Leurs prises de parole médiatiques sont réglementées selon un principe d’équité. Les candidats bénéficiant de plus de moyens ont la possibilité de communiquer via leurs meetings ou encore de faire appel aux personnalités politiques de leur parti politique pour exprimer une idée à leur place. Les candidats PS et UMP ont un double avantage qui éloigne les autres candidats des réelles chances de devenir Président.

Le corpus d’étude est logiquement plus petit que lors de la précampagne du fait d’une temporalité plus restreinte (2 semaines). Nous avons analysé 3 discours pour chacun des candidats. Nous relevons 872 occurrences pour François Hollande et 560 pour Nicolas Sarkozy.

Total PS Total UMP

Jeu 63% 37%

Enjeux 38% 63%

Total 100% 100%

Tableau 8 : Répartition (en%) jeu/enjeux des candidats PS et UMP pour la campagne du premier tour

Il est intéressant de voir que la répartition entre jeu et enjeux a évolué depuis la précampagne. En effet, le candidat socialiste a inversé son investissement des différentes thématiques. Sur ces 3 discours, seulement 38% des citations sont destinées aux enjeux de campagne. Le candidat change de stratégie et va sur le terrain de la personnalisation. Nicolas

Sarkozy, quant à lui, garde toujours la même répartition à 1 point près. Le candidat UMP continue sur la même lancer et met en avant son programme au détriment du jeu.

On peut se demander si ceci marque un tournant stratégique qui a été bénéfique à François Hollande puisqu’il a récolté le plus de voix au premier tour. Le fait de moins parler des enjeux et se mettre en avant personnellement est-il une technique gagnante ?

§1 : L’économie au cœur de la campagne du premier tour

Le score de convergence entre les discours des candidats PS et UMP est de 71.5%, soit un résultat modéré. Ceci peut s’expliquer par la part faible dédiée aux enjeux dans les discours de François Hollande. Cela l’oblige à parler de peu de thèmes, ce qui créé un déséquilibre entre les candidats.

thèmes Total PS Total UMP Total

Affaires européennes 17% 13% 4

Affaires internationales 2% 3% 1

Economie et emploi 26% 23% 3

Education et enseignement 6% 11% 5

Environnement et développement durable 15% 7% 8

Immigration 3% 13% 10 Justice 2% 7% 5 Politique sociétale 12% 10% 2 Retraite 1% 1% 0 Santé 4% 2% 2 Sécurité et délinquance 0% 7% 7

Service public et finances publiques 13% 3% 10

Total 100% 100%

Tableau 9 : Répartition (en %) des enjeux de campagne des candidats PS et UMP durant la campagne du premier tour

Les candidats partagent trois principaux thèmes. L’économie est le premier d’entre eux avec un quart de leurs discours dédiés. François Hollande met en avant la création d’une banque d’investissement et son contrat de génération. Les deux candidats s’engagent dans une joute oratoire sur la perte du Triple A et s’accuse mutuellement d’être à l’origine de cette décision des agences de notations. Nicolas Sarkozy s’engage sur la formation professionnelle pour les chômeurs. Cette mesure leur permettra de trouver du travail dans des domaines où il manque de main d’œuvre. Il fustige aussi les 35 heures instaurées durant les mandats de François Mitterrand et pense que la restriction d’heures coûte trop cher. Nicolas Sarkozy veut

alléger les charges patronales pour encourager les entreprises à s’installer en France tout en diminuant le coût de travail des Français.

La politique sociétale est un sujet vaste investi différemment par les candidats. Nicolas Sarkozy parle des personnes en situation précaire. Il entend mettre en place des mesures pour intégrer les personnes éloignées de la vie économique du pays. Les deux candidats insistent sur la nécessité de faire le maximum pour que tous les Français puissent vivre décemment au dessus du seuil de pauvreté. François Hollande développe une problématique en terme d’égalité homme-femme plutôt qu’en terme d’intégration comme le fait le candidat UMP.

L’Europe est un thème important de cette campagne. Nicolas Sarkozy met en avant ses relations avec l’Allemagne et le désigne comme étant le partenaire historique de la France. L’Union Européenne, c’est avant tout, le couple franco-allemand. Le candidat UMP explique à quel point l’Allemagne est un bon exemple. Pour lui, la France devrait mettre en place les mêmes mesures que l’Allemagne a prises. François Hollande met en avant le soutien qu’il a reçu de la part de Mr Barrosso à la tête de la BCE. Pour lui, ce soutien met en avant sa crédibilité en tant que chef d’Etat européen.

En dehors de ces trois thèmes, Nicolas Sarkozy développe son discours sur l’éducation. Il réitère son programme pour les professeurs de niveau primaire jusqu’au lycée. Il ajoute des mesures concernant l’université et sa gestion pécuniaire. Il considère que les universités françaises devraient être privées et capable de s’autogérer. Nicolas Sarkozy considère que l’excellence universitaire ne pourra être obtenue qu’en privatisant les universités et prend exemple sur le système américain.

François Hollande détaille son programme concernant l’environnement et plus particulièrement concernant le nucléaire et met en avant son intention de diminuer de 50% le parc nucléaire français après la catastrophe de Fukushima. Il souhaite développer les énergies renouvelables pour compenser la perte due à la diminution du nucléaire.

Le candidat socialiste ne parle pas de la délinquance durant la campagne du premier tour alors que le candidat UMP lui dédie 7% de ses allocutions. Une explication possible est d’ordre des a priori attribués aux partis politiques. En effet, les Français auront plutôt tendance à associer la compétence policière et de justice à un parti de droite qui paraît plus ferme face à ses problématiques. Il est donc possible que François Hollande n’ait pas voulu investir le sujet après la tuerie de Toulouse. Cet événement tragique fut à l’avantage du Président de la République bénéficiant d’une stature particulière et des a priori conférés à son parti. Il semblait donc prudent pour François Hollande de ne pas en parler d’autant plus qu’il ne dédie que 38% de des discours du premier tour aux enjeux.

L’immigration est un des thèmes enregistrant la plus grosse différence absolue entre les candidats. 13% des discours de Nicolas Sarkozy durant le premier tour sont dédiés au thème de l’immigration. Il prend l’exemple d’une mère de famille qui a immigré grâce au regroupement familial et qui n’a jamais appris le français. Cette femme n’est pas intégrée et ne peut pas trouver de travail. Il propose plusieurs mesures pour diviser l’immigration par deux en France.

§2 : La vision de la France est un thème primordial pour les candidats

Le score de convergence du jeu pour la campagne du premier tour est de 57%. Ce résultat faible s’explique par des techniques différentes des candidats ; d’une part concernant la répartition des citations au niveau jeu/enjeux ; d’autre part, dans la répartition même des thématiques de jeu.

Thèmes Total PS Total UMP Total

Clivage Gauche-Droite 8% 1% 7

Commentaire sur les personnalités politiques 0% 4% 4

Organisation campagne 0% 0% 0

Petites phrases 11% 1% 10

Présentation de soi 1% 4% 3

Presse - sondage 1% 1% 0

Références campagnes précédentes 12% 19% 7

Stature d'homme d'état 13% 7% 6

Vision de la France 21% 50% 29

Mobilisation 33% 13% 20

Total 100% 100%

Tableau 10 : Répartition (en %) du jeu dans les discours des candidats pour la campagne du premier tour

Nicolas Sarkozy concentre la moitié de ses phrases relevant du jeu à la vision de la France. Le candidat essaie de faire adhérer l’électorat à son propre avis. Il décrit ce qu’est pour lui la France. Ce thème est très politique. En effet, il permet aux candidats de décrire quelle est leur vision de la situation de la France tout en exposant leurs souhaits futurs. Il est facile de dire qu’il souhaite un pays plus équitable, qui ne favorise pas les riches mais toutes les tranches de la population. L’utilisation de ce genre de technique peut être dangereuse pour l’électorat aguerri. Il saura détecter le fait que le candidat n’avance pas d’idée mais juste une

perception globale servant son propos. François Hollande l’utilise aussi dans une moindre mesure.

Le candidat socialiste préfère utiliser les procédés de mobilisation pour convaincre les électeurs de voter pour lui. Il appelle au vote le 22 avril puis le 6 mai tout en rappelant l’échéance imminente, l’importance du choix qui sera fait par les électeurs.