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Depuis 1990, les travaux sur les transformations sociopolitiques que connaît la RDC se sont multipliés de manière exponentielle49. Les tendances qui se dessinent dans cette littérature manifestent cependant peu d’intérêt sur les effets réels ou attendus des dynamiques religieuses sur le politique. Les rares travaux qui thématisent cette question, l’ouvrage de Jean Bruno Mukanya Kanyinda Muana excepté, s’enlisent dans des élaborations spéculatives, des généralisations théoriques ou dans un parcours historique, voire descriptif. La contribution spécifique de notre recherche est de combler ce déficit en mobilisant les sciences des religions autour de deux formes de participation politique canalisées par l’Église catholique (marche des chrétiens et élections), approchées comme des « faits heuristiques ». Quatre ouvrages suggestifs dont les enjeux ne sont pas éloignés de notre recherche sont accessibles sur le thème50.

J.-B. Mukanya51est un historien et laïc catholique. Au nom de ses deux compétences, il met au jour les relations entre l’Église catholique et l’État congolais. Le sous-titre précise l’angle d’approche de son ouvrage à savoir l’étude des enjeux, options et négociations du changement social à Kinshasa. On notera au passage que son ouvrage dont le site empirique est le même que le nôtre se signale par son apport à l’intelligence de la modernité sociale et politique à Kinshasa. Sa démarche historique va de la fin de la Deuxième Guerre mondiale (1945) jusqu’au déclin de la deuxième République (1997). L’A. puise à de nombreuses sources disponibles et accessibles. Son attention est d’abord

49 Les Éditions L’Harmattan (France) ont ouvert une collection « Congo/Zaïre Histoire & Société » qui publie

bon nombre de travaux sur le rôle de la religion dans l’éveil puis l’accompagnement démocratique au Congo Kinshasa.

50 La présente revue de la littérature rend compte de quatre ouvrages issus des dissertations doctorales présentées

entre 2004 et 2007 par quatre étudiants congolais (un laïc et trois prêtres) dans des Universités européennes. Le premier ouvrage que nous analysons, celui de l’étudiant-laïc, est en histoire, les trois autres en théologie. Par- delà les différences de disciplines, de présupposés méthodologiques et de perspectives théoriques, ces ouvrages ont pour point commun l’étude de l’engagement sociopolitique de l’Église catholique en RDC. On tentera ci- après de les examiner de plus près de manière à relever leur fécondité heuristique et les perspectives qu’ils offrent à notre recherche.

51 MUKANYA KANYINDA MUANA, J.-B., Église catholique et pouvoir au Congo/Zaïre. Enjeux, options et

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sollicitée par les projets de société portés, d’une part, par le Cardinal Joseph Albert Malula, archevêque de Kinshasa (société chrétienne) et de l’autre, par le Président Joseph Désiré Mobutu (société marquée par l’authenticité)52. Il déroule le fil d’une histoire marquée par des fluctuations des relations de l’Église avec le pouvoir politique, et des redistributions et redéfinitions du pouvoir au sein de l’Église. Il éclaire ensuite leurs retombées sur le changement social à Kinshasa. L’intérêt de l’ouvrage réside essentiellement dans sa cohérence panoramique et son souci de « mettre en lumière les influences réciproques des mutations de l’environnement sociopolitique sur l’évolution de l’Église et de celle-ci sur la modernité sociale dans la capitale congolaise »53.

L’A. structure son ouvrage en deux parties fort développées. La première est consacrée aux débats de société tels qu’appréhendés par l’Église locale kinoise. La deuxième partie est articulée autour des mutations du lien social et l’inventivité de l’Église locale. La perspective que l’A. adopte est celle de « l’Église d’en bas ». Elle vise à saisir davantage la répercussion du discours officiel parmi les gens ordinaires et leur apport spécifique au changement. L’ouvrage s’achève par une conclusion générale. Il explore plus nettement les dynamiques sociales mises en œuvre par l’Église de Kinshasa pour s’adapter aux défis de la modernité. Dans le prolongement de son analyse, J.-B. Mukanya rend compte de l’implication de l’Église catholique dans le processus de changement social. Il établit que l’Église n’a pas assumé la fonction historique de régulation d’une société en quête de démocratisation.

Le titre de l’ouvrage d’Anicet Mutonkole Muyombi54, cerne son thème essentiel. Son propos d’ensemble vise à examiner le rôle de l’Église catholique dans le processus de démocratisation du Congo. L’ouvrage se ressource dans les documents épiscopaux publiés entre 1990 et 2006. L’A. les analyse dans le troisième chapitre qu’il fait

52 L’idéologie politique prônée par le Président J.-D. Mobutu définissait l’identité des Congolais à partir d’un

retour à l’essence du « génie » des valeurs de la tradition ancestrale. Sur les différents sens de l’authenticité, lire MUSSIA KAKAMA, « Authenticité, un système lexical dans le discours politique au Zaïre », Mots, 6, mars 1983, pp. 31-58.

53 MUKANYA KANYINDA MUANA, J.-B., Église catholique et pouvoir au Congo/Zaïre, op. cit., p. 7. 54 MUTONKOLE MUYOMBI, A., L’engagement de l’Église catholique dans le processus de démocratisation

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précéder de deux chapitres consacrés respectivement à la compréhension de la notion de démocratie puis à la réception de la démocratie par le magistère pontifical. Le quatrième chapitre s’attache à une évaluation critique de l’engagement de l’Église dans le processus de démocratisation.

D’entrée de jeu, A. Mutonkole familiarise le lecteur avec la notion de démocratie. Il la définit en attirant l’attention sur la diversité d’approches à laquelle elle donne lieu. On retiendra le choix de l’A. de l’appréhender comme « un processus, un long processus »55. Le chapitre deux a pour objet l’Église catholique dont la compréhension du système démocratique est interrogée. A. Mutonkole s’intéresse à la période de 1960 à 1990. Trente ans lui laissent assez de perspectives pour statuer sur l’engagement démocratique de l’Église. Sur ce point précis, l’A. croit déceler un silence coupable de la hiérarchie résultant de la collusion entre l’épiscopat et le régime totalitaire56. Si cette remarque est exacte, elle n’en est pas moins injuste. Il nuance néanmoins son analyse en reconnaissant que le document L’appel au redressement de la Nation publié en juillet 1978 constitue « un vrai document démocratique par excellence et préfigure pour ainsi dire, le Mémorandum que les évêques remettront au Président de la République lors des consultations populaires en 1990 »57. C’est à ses yeux un acte de reconnaissance de la démocratie qu’il ne se prive pas de critiquer, en relevant au passage les limites de l’argumentation des évêques. Il n’a pas de peine à établir que ces derniers situent le mal zaïrois dans le registre moral plutôt que structurel.

Son analyse des discours épiscopaux ouvre sur une question importante : la perception de la démocratie par les évêques congolais. Au terme d’une analyse qui reste attenante à l’histoire de la démocratisation du Congo de 1990 à 2006, l’A. conclut que l’investissement de l’Église en faveur du processus de démocratisation s’est cantonné dans des dénonciations, des orientations et des généralités de principe. Cette conclusion

55 Idem, p. 20.

56 Idem, p. 111. La qualification du régime du Président Mobutu de totalitaire est excessive, et appelle des

nuances.

57 MUTONKOLE MUYOMBI, A., L’engagement de l’Église catholique, op. cit., p. 109. En réponse à la

consultation populaire initiée du 30 janvier au 2 avril 1990 par le Président Mobutu, l’épiscopat avait adressé à ce dernier un Mémorandum reprenant sa critique du système Mobutu et sa vision de l’avenir du pays.

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ne manque pas de poser le problème de la production des normes et de l’attestation des pratiques par la rhétorique épiscopale. Dans notre perspective, nous élargissons le problème qu’elle affleure à la question de l’identité discursive de l’épiscopat.

L’interrogation sur l’impact de l’investissement de l’Église dans le processus démocratique l’amène à relever l’efficacité limitée de l’action de l’Église. Elle s’explique par le peu d’audience accordée aux documents qui, du reste, produits en français, sont donc peu connus à la base. Ils ne bénéficient pas non plus d’experts en matière politique, économique, ni de conseillers compétents.

Une conviction traverse l’ouvrage d’A. Mutonkole : la crise de pouvoir qui affecte les diocèses et qui se manifeste par la centralisation du pouvoir et la reconduction de la méthode utilisée jadis par le dictateur Mobutu requiert non seulement l’indépendance de l’Église vis-à-vis de l’État, mais aussi la révision du mode d’exercice du pouvoir et l’intégration des valeurs de la démocratie dans l’Église. Or, il nous paraît important pour le propos d’ensemble de notre recherche de scruter la configuration ecclésiale actuelle en avançant deux ordres d’approche. La première ecclésiologique, consiste à interroger l’auto-compréhension de l’Église de Kinshasa. La seconde approche tirée des sciences sociales examine le modèle organisationnel de cette Église.

Comme son titre l’indique, l’ouvrage de Clément Makiobo58, s’intéresse au rôle joué par l’Église catholique dans l’évolution sociopolitique du Zaïre. C. Makiobo élargit sa perspective historique et remonte à l’histoire des missions du XIXe siècle. En mettant l’emphase sur les prises de position de l’épiscopat zaïrois, il se lance dans l’étude des textes publiés par cet épiscopat entre 1972 et 1997. Il touche au conflit récurrent entre l’Église et l’État. La mise en évidence du levier idéologique du mobutisme (authenticité), de l’imaginaire et de la symbolique déployés par le MPR lui permet d’illustrer la contestation de la dictature par l’Église catholique, particulièrement par sa figure de proue, le Cardinal J.-A. Malula. On ne peut manquer de noter et d’apprécier l’élargissement de son analyse aux Églises kimbanguiste et protestante.

58 MAKIOBO, C., Église catholique et mutations socio-politiques au Congo-Zaïre. La contestation du régime de

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L’ouvrage se déploie en trois parties. La première situe l’Église catholique dans le contexte de la colonie. La deuxième partie présente l’Église catholique sous le régime Mobutu. La troisième partie retrace les préludes au changement et évoque le rôle des mouvements et associations catholiques zaïrois. Une conclusion générale clôture l’ouvrage.

C. Makiobo analyse la mythologie du parti unique et la crise qui oppose la religion séculière à la religion catholique. Cette crise dont les protagonistes sont le général Mobutu et le Cardinal Malula est accentuée par des mesures anticléricales portées par une idéologie politique : l’authenticité entendue comme la quête de « l’identité africaine ». Il ressort de l’analyse des Déclarations et Lettres pastorales de la Conférence épiscopale du Zaïre qu’elles sont une dénonciation des causes de la crise zaïroise et une proposition des pistes pour un changement radical et durable. Quelles incidences ont-elles eues sur le vécu des communautés chrétiennes ? L’A. répond à cette question en proposant « un bref bilan sur l’efficacité et les faiblesses des interventions des évêques du Zaïre »59. Cette pérégrination dans le magistère épiscopal l’amène au constat fait précédemment par A. Mutonkole : l’important travail d’élaboration de textes de l’épiscopat est encore trop peu connu à cause d’un mode de diffusion non adapté aux réalités du pays60. Et de conclure : « Le manque de moyen de vulgarisation des déclarations et lettres pastorales des évêques du Zaïre réduit considérablement leur efficacité sur le vécu des communautés chrétiennes »61. Nous reviendrons sur l’examen de ce problème plus loin. La troisième partie de son ouvrage est axée sur l’apport au changement par les mouvements et associations catholiques zaïrois. C’est en décrivant les activités du groupe Amos qu’il parle de la « Marche de l’espoir » du 16 février 1992 et de la Conférence nationale souveraine. À son avis, « l’Église doit poursuivre avec courage, audace et foi son engagement pour une société zaïroise plus juste »62.

59 Idem, p. 123.

60 Idem, p. 150. 61 Ibidem. 62 Idem, 223.

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L’ouvrage d’Aurélien Kambale Rukwata63 s’essaie à la formulation d’une éthique politique à partir de l’analyse du discours social de l’épiscopat (1990-1997). Le cadre analytique qu’il élabore pose la question de l’écart entre les déclarations des évêques et ses applications dans la réalité. Son idée directrice est annoncée dans le titre. La thèse qu’A. Kambale défend concerne l’efficience, l’efficacité et l’applicabilité de la «doctrine sociale » de l’Église. Il l’explicite en analysant les catégories ecclésiologiques majeures du discours social et la théologie qui lui est sous-jacente. Ce qui légitime l’herméneutique du discours des évêques qu’il développe et justifie le recours aux sciences du langage.

L’ouvrage est structuré en trois parties qui s’imbriquent parfaitement. Après avoir délimité le cadre du travail et fondé dans la première partie les références ecclésiologiques de la théologie sociale, l’A. se livre dans la deuxième partie à une approche lexicologique et rhétorique du discours sociopolitique de l’épiscopat congolais. Il expose dans la troisième partie les fondements théologiques de l’enseignement social de l’Église.

La première partie s’ouvre avec l’étude des auteurs ayant en commun un rapport à l’histoire considérée comme un « lieu théologique », et leur ouverture au pluralisme et à la particularité (M.-D. Chenu, M. Clément et J.-Y. Calvez). L’A. propose une rétrospective de l’histoire de la théologie africaine et passe en revue les grandes figures de cette théologie et leurs pensées. Il esquisse une prospective qui lie l’invention des sociétés africaines à l’intégration de la culture et de la révélation dans une dynamique de contextualisation, d’interpénétration, de communication réciproque, de rencontre de dialogue, de promotion mutuelle et de nécessaire interrelation. A. Kambale évoque les références ecclésiologiques majeures de la « théologie sociale » en Afrique. Il les scande en trois moments qui correspondent à trois catégories ecclésiologiques. (Corps du Christ, Peuple de Dieu et Église-famille de Dieu) censées influencer la traduction du message de la foi. L’analyse lexicologique et rhétorique du discours sociopolitique des

63 KAMBALE RUKWATA, A., Pour une théologie sociale en Afrique. Étude sur les enjeux du discours

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évêques congolais qu’il amorce conjugue trois approches : une approche conceptuelle (concept majeur), une approche principielle (principe de référence) et une approche pour l’engagement (recommandations pour le témoignage et la mission).

A. Kambale rappelle le contexte social d’émergence du discours sociopolitique des évêques congolais. Il constate une radicalisation du discours social à partir de 1990. En prenant la Conférence nationale souveraine (CNS) comme repère temporel, il distingue un avant, un pendant et un après CNS. Sa lecture des discours des évêques est traversée par la question des mécanismes, stratégies et pratiques que ces discours construisent pour susciter chez leurs destinataires un comportement social conforme à l’idéal de l’Évangile. En ce sens, les références et l’argumentation des évêques l’intéressent au plus haut point. Dans la troisième partie, l’A. développe la « théologie sociale » en Afrique. Il fait ressortir les présupposés de cette théologie ainsi que son fondement. Comme prolégomènes de réponses à son investigation, il brosse avec finesse et nuances l’évolution de la rencontre entre l’Église et la société avant et après Vatican II.

Focalisé autour de l’élaboration de la théologie sociale en Afrique à partir du discours sociopolitique de l’Église catholique du Congo, l’ouvrage d’A. Kambale étudie le discours sociopolitique de l’épiscopat dans sa matérialité purement langagière. Il thématise l’écart entre les déclarations des évêques et la réalité. Comme A. Makiobo, il note le fait que l’important travail d’élaboration de textes de l’épiscopat est encore trop peu connu à cause d’un mode de diffusion non adapté aux réalités du pays et du manque de moyen de vulgarisation64. Cette question d’efficience de la « doctrine sociale » constitue un enjeu d’importance et nous impose l’exigence d’une analyse pragmatique du discours de l’épiscopat. A. Kambale s’adonne à une épistémologie des images ecclésiologiques. Fort éclairante, sa réflexion ouvre à une question importante relative à la fécondité des images ecclésiologiques et à leur inscription dans la réalité.

À tout bien considéré, les interrogations principales qui traversent les quatre ouvrages ici analysés sont relativement proches et s’inscrivent dans un contexte particulier

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marqué par divers événements sociopolitiques et religieux spécifiques à la démocratisation de la RDC. Chacun à leur manière, avec des tonalités différentes et des nuances variées, ces ouvrages touchent au rapport entre religion et politique, Église et État. Leur questionnement mobilise la réflexion autour du changement social. D’une manière apparentée, les ouvrages de J.-B. Mukanya, A. Muntokole et C. Makiobo s’édifient dans les sentiers balisés par l’histoire avec comme événements majeurs la colonisation, la dictature de Mobutu, l’africanisation de l’Église par Malula et le pluralisme politique. Ils se structurent entièrement autour de l’engagement sociopolitique de l’Église et présentent à plusieurs endroits des données communes ainsi que des approches complémentaires. Mais à la différence de deux autres ouvrages ici considérés, J.-B. Mukanya met en évidence, de manière claire et pertinente, comment, dans le contexte de la modernité de la société kinoise, la religion devient un vecteur de changement social et politique. Il centre ses analyses autour des mouvements ayant une visibilité importante au niveau ecclésiastique et qui, dans le contexte de la modernité, mettent en œuvre des stratégies variées, lesquelles, selon ses termes, relèvent des « prophétismes catholiques ».

L’ouvrage d’A. Kambale tranche certes avec les trois autres, mais la question du changement social croise également sur sa route celle de l’efficience sociale et politique de la doctrine sociale de l’Église. C’est ce qui ressort de son étude lexicologique et rhétorique du discours sociopolitique de l’épiscopat. Indiscutablement, il y a de fortes convergences entre les quatre auteurs sur la portée heuristique de l’analyse du discours des évêques. Ils posent le problème de langue, du mode de diffusion et des moyens de vulgarisation, de l’écart entre les discours des évêques et ses applications dans la réalité. En écho de leur interrogation sur les résultats concrets de la production discursive des évêques congolais, nous entendons vérifier, pour notre part, la plausibilité sociale et politique du discours épiscopal sous l’angle de « l’agentivité ». À cet égard, nous inscrivons notre analyse dans la ligne de la nouvelle rhétorique de Chaïm Perelman. En prenant le « parti-pris » méthodologique de nous attacher à la démarche persuasive de la

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parole épiscopale65, nous construisons une pragmatique de la communication se ressourçant dans l’analyse argumentative du discours (R. Amossy) et celle du discours politique (P. Charaudeau).

Au titre d’une reprise réflexive, en mettant en relation les changements sociaux avec les recompositions et diversifications religieuses caractéristiques de la ville de Kinshasa, la thèse centrale de notre recherche s’organise autour de la régulation religieuse du politique dans un contexte d’autoritarisme tributaire tant de l’État que de l’Église. Comparée à l’approche des auteurs analysés, notre perspective couvre une période postérieure à leurs travaux (2006-2015) et fait place plus nettement à des questionnements sur des objets et des sites d’études, des disciplines, des propositions théoriques et des approches méthodologiques spécifiques.

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Première partie : Cadre général d’intelligence du contexte de la

République démocratique du Congo : construction du concept

d’autoritarisme

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La longue Transition à la démocratie en RDC66 conjugue de manière complexe des facteurs locaux, régionaux et internationaux. Considéré du point de vue de la culture et du leadership politique, du rôle de l’armée et du niveau de développement, de la mobilisation, de la nature du système économique et de la légitimation du pouvoir, le Congo est un pays des dictatures dont les systèmes d’emprise, les stratégies et les modalités d’action se rattachent à l’autoritarisme. Les autoritarismes congolais67 ne sont pas réductibles les uns aux autres, chacun ayant son histoire, sa structuration, ses acteurs et son cheminement. Nous les abordons donc dans leur singularité du point de vue de leur relation avec les ancrages religieux.

À l’évidence cette première partie résolument tournée vers une approche événementielle et thématique de l’histoire sociopolitique de la RDC est une analyse in situ des faits et phénomènes, événements et situations concrètes qui concourent à la construction du concept d’autoritarisme. Elle s’articule essentiellement autour des stratégies, des actions et des projets des acteurs politiques et religieux, tant individuels (Présidents, évêques)

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