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Figure 20 : Comparaison des coûts d'engrais des deux systèmes

1. Bouquets de services régionau

a) Indicateurs des services rendus par l’élevage

Le GIS Elevage Demain définit un service rendu par un système comme les bénéfices et les maux que le système apporte à la société sans intentionnalité de rendre service. Ils ont montré qu’il fallait une étude qualitative approfondie dans un territoire ciblé pour appréhender les attentes des bénéficiaires des services et ensuite analyser les déterminants économiques, sociaux et politiques explicatifs de la localisation de services57. C’est le travail que j’ai réalisé pour Interbev à travers l’Atlas des services rendus par l’élevage herbivore. Le GIS définit les bouquets de services comme étant un ensemble de services produits simultanément sur un même lieu. Cette approche permet d’identifier les synergies et les antagonismes entre les types de services. J’ai constitué un jeu de données regroupant les indicateurs les plus pertinents à mes yeux pour identifier et quantifier les services rendus par l’élevage herbivore sur le territoire champardennais. Un des problèmes décrit dans la littérature concerne le manque de données pour les indicateurs choisis théoriquement. C’est pourquoi j’ai réalisé un travail de synthèse des indicateurs existants pour le territoire étudié. Cependant, la mise en relation de ces indicateurs avec la présence d’élevage n’est pas toujours évidente. La difficulté réside dans le sens de la causalité : les valeurs de ces indicateurs indiquent-elles des services rendus par l’élevage herbivore ou est-ce la présence d’élevage herbivore qui donne de hautes valeurs aux indicateurs? Par exemple, en considérant la surface fertilisée et la surface non traitée, la part de ces surfaces va augmenter avec le nombre d’herbivores, car plus il y a d’herbivores, plus il faut d’herbe pour les pâtures, qui sont moins traitées et davantage fertilisées par les effluents que les cultures. La présence d’herbivores peut donc expliquer la forte part de surfaces non traitées et fertilisées et met en évidence un service rendu par l’élevage herbivore. Mais l’inverse est vrai : une part d’herbe plus importante sur l’exploitation, caractérisée par moins de traitements et plus de fertilisation, imposera la présence d’herbivores dans des zones où il n’y a pas d’alternative. C’est le cas dans les Ardennes ou en Haute-Marne, où le relief ou la composition du sol a contribué à maintenir l’élevage. Ces zones bénéficient ainsi des services rendus par l’élevage herbivore.

Les services sont reconnus par le monde scientifique, mais dresser un lien de cause à effet entre services et présence de l’élevage ne peut se faire sans rencontrer des problèmes d’endogénéité. Cela pourrait être envisageable sur une zone très ciblée, comme un canton, défini par des caractéristiques précises. Par exemple, le canton de Rumigny, dans la zone herbagère de la Thiérache des Ardennes, présente des surfaces vallonnées, une part de STH importante et une prédominance des systèmes herbagers. Dans ce cas, l’hypothèse serait que la présence de ces caractéristiques paysagères (ou indicateurs) influence la présence de l’élevage.

b) Cas de l’élevage champardennais

Le jeu de données a été construit à partir de données du SRISE, notamment du recensement agricole de 2010. Interbev a également fourni une partie de ces données. Le jeu de données balaye les 4 départements, soit 146 cantons. Les statistiques descriptives

33 Figure 21 : Statistiques descriptives du jeu de données d'indicateurs de services

permettent de dresser un portrait des services rendus par l’agriculture champardennaise dans chaque département.

Caractéristiques Ardennes Aube Haute-

Marne Marne

Surface

SAU (ha/canton) 7 744.7 11 352.7 9 253.8 13 529.4

STH (ha/canton) 2 269.7 0 1 833.8 0

Part STH dans la SAU 43% 0% 19% 0%

Part de terres

labourables dans la SAU 40% 90% 68% 87%

Part de culture

permanente dans la SAU 2.8% 3.4% 0.05% 8.5%

Troupeau

UGB total (UGB/canton) 6 751.5 2 264.8 6 079.1 2 614.5 UGB herbivore

(UGB/canton) 4 744.2 1 602.5 3 735.4 1 585.1 UGB herbivore par ha de

SAU (UGB/ha) 0.46 0.12 0.34 0.09

Traitement

Part de SAU avec épandage et moins de 8

UGB

9.6% 4.7% 6.5% 4.3%

Part de SAU avec épandage et 8 UGB ou

plus

31% 19% 34% 19%

Part de SAU sans traitement minéral et

moins de 8 UGB

28% 13% 17% 10%

Part de SAU sans traitement minéral et 8

UGB ou plus

31% 13% 23% 9.6%

Part de SAU sans traitement phyto et au

moins un UGB

56% 18% 38% 15%

Part de SAU sans traitement phyto aucun

ou 1 UGB

30% 8.3% 14% 5.7%

Activité

UTA par ha de SAU 0.05 0.5 0.01 0.07

Part exploitation herbivore avec

diversification

16% 15% 14% 18%

Part des exploitations herbivores pratiquant le

circuit court

9.3% 13% 6.7% 5.5%

Quelques conclusions sur la présence de l’élevage en Champagne-Ardenne :

 Le nombre d’UGB herbivore par hectare de SAU est bien supérieur dans les départements des Ardennes et de la Haute-Marne.

 En lien avec le nombre d’UGB herbivore, la surface toujours en herbe de la Marne et de l’Aube est négligeable, on trouve cependant des prairies temporaires inclues dans la rotation. La part de surface toujours en herbe en Champagne-Ardenne est cantonnée aux départements des Ardennes et de la Haute-Marne.

34  L’utilisation de traitements phytosanitaires diminue avec un élevage même petit : la part de SAU sans traitement phytosanitaire avec au moins un UGB est quasiment le double de la part de SAU sans traitement phytosanitaire et sans UGB.

 La surface bénéficiant d’un épandage augmente avec le nombre d’animaux présents. L’épandage de fumier est favorisé par rapport à l’engrais minéral sur les exploitations à partir de 8 UGB.

 La diversification est un levier de compétitivité pour 15% des élevages herbivores en moyenne dans les 4 départements.

L’élevage champardennais contribue au maintien des STH, à la qualité du sol et de l’eau, et assure plusieurs débouchés pour sa production (Annexe 15, 16). La bibliographie du GIS Elevage Demain apporte d’autres indicateurs des services rendus par l’élevage herbivore en termes de vitalité économique, de biodiversité et d’identité des terroirs (Annexe 17)58. Des limites apparaissent pour l’estimation de ces indicateurs : la disponibilité des données (protection par le secret statistique, manque de données dans les zones où il y a peu d’élevage), les services qualitatifs, comme l’apport au patrimoine, sont plus durs à quantifier, le niveau départemental ou régional n’est pas toujours satisfaisant et une pondération des services serait nécessaire.

Le GIS Elevage Demain conclut que la Champagne-Ardenne est une zone à faible niveau relatif de tous les services, particulièrement dans les zones de plaine où l’élevage tend à disparaître. L’échelle régionale ne montre pas toutes les nuances du territoire mais met en évidence le manque de valorisation des zones agricoles champardennaises pour ses habitants. Certains systèmes seraient à favoriser pour accentuer les retombées des services fournis par l’élevage, c’est le cas des systèmes de polyculture-élevage.

2. Systèmes de polyculture-élevage : un modèle de production pour un