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La Matapédia MRC

5 Enjeux du territoire

5.1 Critère 1 : La conservation de la diversité biologique

5.1.3 Bois mort

Qu’est-ce que cet enjeu?

Bien que l’aménagement forestier s’inspire désormais de la dynamique naturelle afin de conserver les attributs de la forêt naturelle, le bois mort demeure un enjeu particulier. En effet, les perturbations naturelles laissent sur place les arbres morts ou mourants, alors que l’aménagement forestier n’en laisse que très peu. Or, qu’il soit sur pied (chicot) ou au sol (débris ligneux), le bois mort représente un élément essentiel au bon fonctionnement des écosystèmes forestiers. Il constitue un habitat nécessaire à la survie d’une multitude d’organismes qui sont à la base de la chaîne alimentaire et qui ont parfois une capacité de dispersion limitée (insectes, champignons et plantes). Le bois mort joue aussi un rôle clé dans le processus de régénération de certaines espèces d’arbres (Weaver et autres, 2009).

Toutes les formes de bois morts contribuent aux processus écologiques, mais certaines constituent des éléments clés et devraient se voir accorder une importance particulière dans une perspective d’aménagement écosystémique :

• les chicots et les débris ligneux de gros calibre;

• les feuillus qui sont susceptibles de développer des cavités naturelles et d’atteindre de forts diamètres (en forêt mixte et boréale);

• les débris ligneux au sol et les chicots en état avancé de décomposition;

• les petits débris ligneux que constituent les branches et les houppiers qui participent à la nutrition des sols.

En forêt aménagée, plusieurs facteurs concourent à la raréfaction du bois mort et à la modification de sa dynamique naturelle. D’une part, les activités forestières limitent le recrutement et éliminent en partie le bois mort déjà présent. D’autre part, la longueur des rotations ou des révolutions ne permet pas aux peuplements de développer des attributs de bois mort propres à ceux des vieilles forêts.

Illustration des stades de détérioration chez l’épinette noire (extrait d’Imbeault et Desrochers, 2002) :

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MRN – Sommaire du plan d’aménagement forestier intégré tactique – Région du Bas-Saint-Laurent – 012-54

L’objectif est donc de maintenir, à long terme, un minimum de tiges représentatives du peuplement lors des opérations de récolte. Elles joueront différents rôles, dont celui de générer du bois mort. Ces tiges (ou bouquets) sont nommés « legs biologiques ». Cette rétention permet un recrutement continu des différentes formes de bois mort. Comme les régimes de coupes totales et de coupes partielles présentent des défis qui leurs sont propres, deux indicateurs sont utilisés.

Dans le cas des coupes totales, la rétention de legs biologiques constitue un compromis pour conserver du bois mort sur les parterres de coupes. Puisque les structures laissées lors de la récolte demeureront en place durant toute la durée de vie du prochain peuplement, elles joueront plusieurs rôles à moyen et à long terme. Elles permettront, notamment, de générer du bois mort dans le temps et de créer des peuplements plus diversifiés, ce qui facilitera l’atteinte de conditions plus proches de celles de la forêt naturelle. En fonction des réalités du terrain, la rétention peut être réalisée en conservant des tiges éparses, des bouquets ou encore des îlots (Bauhus et autres, 2009). Il doit toutefois y avoir un minimum de 5 % du volume conservé pour que la rétention soit considérée efficace. Au Bas-Saint-Laurent, la cible est de retouver une rétention efficace dans 20 % des superficies récoltées en coupe totale.

Pour sa part, le régime des coupes partielles s’inspire des perturbations naturelles de petites superficies, à l’échelle de l’arbre, typiques des peuplements irréguliers ou inéquiennes. En forêt naturelle se côtoient des tiges de très forte dimension, de même que plusieurs stades de régénération, ce qui confère une hétérogénéité à l'étagement du feuillage. Or, dans la forêt aménagée, les tiges défectueuses et les plus grosses tiges sont priorisées lors de la récolte. La rétention visera donc une proportion de tiges défectueuses qui devraient normalement être récoltées. La région s’est fixé la cible de conserver une surface terrière d’un mètre carré par hectare en rétention de tiges défectueuses ou moribondes, et ce, dans les coupes partielles effectuées dans les peuplements irréguliers et inéquiennes. Les érablières aménagées à des fins d’exploitation acéricole ne sont pas touchées par cet indicateur.

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En résumé, les solutions régionales pour répondre à cet enjeu sont décrites ci-dessous.

Valeur Bois mort.

État actuel de l’enjeu pour l’UA

Une raréfaction de certaines formes de bois mort est observée dans les forêts aménagées.

Objectif

Réduire les écarts de disponibilité de certaines formes de bois mort qui existent entre la forêt actuelle et la forêt naturelle.

Indicateurs

1. Pourcentage des superficies de récolte totale comprenant une rétention de legs biologiques représentatifs du peuplement traité.

2. Pourcentage des superficies de coupes partielles irrégulières comprenant une rétention de legs biologiques représentatifs du peuplement traité.

Cibles 1. 20 % des superficies.

2. 100 % des superficies.

Stratégies

1. Maintenir un minimum de 5 % du volume à l’intérieur des assiettes de récolte pour 20 % de la superficie des coupes totales.

2. Maintenir 1 mètre carré par hectare de bois mort ou moribond à l’intérieur des coupes partielles irrégulières pour l’ensemble des superficies traitées.

3. Laisser debout et intacts tous les chicots ou arbres vivants sans valeur commerciale tant que les objectifs d'aménagement et la sécurité des travailleurs ne sont pas compromis.

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