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Blephen Stoom

Dans le document ULYSSE de James Joyce (Page 42-50)

Ulysse raconte une initiation : un jeune artiste se révèle à lui-même par l'intermédiaire d'un modeste bourgeois avec qui il communie. Le pur esprit que voulait être Stephen, dans sa révolte toute intellectuelle contre ce monde, réintègre finalement sa chair par la communion avec Bloom, lui-même réalisant en tant qu'avatar du Christ le mystère de l'Incarnation du Verbe. La première leçon que reçoit Stephen consiste à prendre conscience qu'il est une chair vivante et pensante, et non une âme éthérée tombée dans une enveloppe corporelle. De ce souci pour son incarnation découlent une nouvelle tolérance, charnelle, pour le corps de l'autre et une écoute renouvelée des phénomènes du monde sensible. C'est la plus importante des leçons que l'artiste recevra du bourgeois, toutes les autres en étant les conséquences directes. Que ce soit l'intersubjectivité dans la construction de soi opposée à l'illusion d'un ego autarcique ; ou l'approche rationnelle d'un univers ouvert opposée à la représentation aristotélicienne d'un cosmos fermé ; ou bien l'inutilité de la rivalité mimétique avec les autres hommes ; ou l'écoute d'une féminité tenue jusque là à distance avec dédain ; ou enfin le retour de la parole à son origine charnelle refoulée dans le langage social.

De l'ego auto-suffisant à l'intersubjectivité

Héritier de la conception monothéiste d'une âme personnelle reliée à la divinité, Stephen conçoit son ego comme pure transcendance, miroir du Père ineffable au plus intime de lui-même. Retournant une phrase du prologue de l'Evangile de Jean, pour dire la même chose sur un mode plus romantique, voire gnostique, Stephen définit son ego comme "ténèbres luisant dans la lumière et que la lumière n'a pas comprise". Il assoit ainsi son être sur l'Infini, lui donnant une illimitation intérieure, une toute-puissance fantasmatique et une transcendance qui le délivre de toute dépendance aux autres. Dans sa conférence improvisée sur Shakespeare auquel il s'identifie, Stephen énonce que celui-ci devient le père de lui-même et par extension le père de toute sa lignée, et aussi que "dans l'économie du ciel [...] il n'y a plus de mariage, l'homme glorifié, ange androgyne, étant à lui-même son épouse". L'ego de l'auteur serait donc créateur de lui-même, son propre père, un soi androgyne et auto-suffisant. Stephen apparaît là prisonnier de son fantasme de complétude et de puissance illimitée : cause de lui-même, il existerait sans aucune médiation d'autrui, de la société ou du monde sensible. Il rejette radicalement l'idée d'être né d'une femme, cette mère dont le souvenir le hante pourtant, et il refuse toute dette vis-à-vis des autres dans la constitution de sa personnalité.

Nous touchons là une conception imaginaire récurrente dans la littérature occidentale influencée par le christianisme : celle d'un ego auto-suffisant, illimité, appuyé sur l'absolu, pourvu d'une personnalité originale antérieure à toute relation avec autrui, à toute influence de son milieu. Si le christianisme maintenait encore le sujet dans la dépendance de Dieu, la modernité l'affranchira pour le poser "comme maître et possesseur de la nature" (Descartes), seul face à l'immensité mais dominateur de cette immensité par son esprit puis par la science et par le prométhéisme de la technique. Rousseau puis les romantiques exalteront cet ego par le refus de penser la genèse de soi dans les relations avec la mère, la famille, la société. Nietzsche gonflera cette baudruche d'un soi créateur de lui-même jusqu'au Surhomme et jusqu'à la folie. Stephen hérite de cette illusion jouissive d'une complétude originelle : son moi divinisé peut ainsi se croire autonome de tout, transcendant, en relation intime avec l'absolu, et donc dominant par l'esprit la totalité du monde. Au début de l'épisode Protée, il pose son ego face à l'immensité qui lui apparaît dans "l'inéluctable modalité du visible" et qu'il prétend faire disparaître simplement en fermant les yeux.

Ce fantasme va être écorné par la communion avec Bloom, puisqu'il s'agit bien qu'une communion, c'est-à-dire de la reconnaissance d'une communauté avec l'autre, d'une fraternité vitale, d'une intersubjectivité nécessaire à la construction de soi. Quand j'explique plus haut sur ces pages que Bloom est négativité absolue, j'entends qu'il ne rabat pas sa conscience d'exister sur un ego particulier et substantiel, une transcendance extra-mondaine et reliée à Dieu. Bloom représente l'épreuve de la vie, en-deça de toute détermination identitaire, sur fond de néant. Mais cette négativité ne signifie pas qu'il pré-existe à toute relation avec autrui. Au contraire : Bloom ne se définit pas par une personnalité particulière donnée une fois pour toute, il sait qu'il existe socialement uniquement par ses relations avec autrui, qu'il est ce qu'il est par la médiation des autres (ses parents d'abord, ses amis, ses ennemis, la société, etc, que ce soit dans des relations d'affection, de mimétisme, d'opposition).

L'épisode Ithaque montre clairement une métamorphose dans la sensibilité de Stephen. Alors que jusque dans l'épisode précédent, il se montrait hautain et cassant, désireux d'afficher l'excellence de son âme ténébreuse par des réflexions incongrues dont la subtilité échappait au profane, il change en acceptant la proximité humaine avec son hôte. Si dans l'épisode Protée, il urinait seul en confrontant l'illimitation de son ego à la totalité du

monde sensible qu'il concevait comme dépendant de son regard - ce regard dont la source serait donc plus haute que le monde, transcendante par rapport au monde -, dans Ithaque il urine à côté de son frère humain en acceptant la dépendance qui nous unit tous les uns aux autres. Vous me direz que pisser sous les étoiles ne constitue peut-être pas une révolution psychique bouleversante ! Sauf que dans les deux grands romans de Joyce, la miction est l'un des motifs les plus récurrents et sert d'allégorie au flux de la vie et de la création, un flux verbal, c'est-à-dire l'ordre symbolique et intersubjectif du langage, dans lequel je suis parlé avant de parler.

Stephen ne trouve pas en Bloom un alter ego, un autre soi transcendant semblable au sien dans sa solitude existentielle. En Bloom, il trouve d'abord un modèle d'humanité à imiter pour retrouver ce rapport à la simple vie quotidienne qu'il méprisait jusque là. Or imiter un autre homme, c'est reconnaître explicitement la nécessité d'en passer par autrui pour se construire soi-même (à commencer par le corps d'une femme pour naître ; ce qu'indique Joyce en terminant son roman avec Molly pour, en quelque sorte, naître à nouveau, alors que jusque là Stephen haïssait l'idée d'être né d'une femme). C'est reconnaître sa dépendance vis-à-vis des autres et de cette sociabilité dans laquelle chacun existe et sans laquelle il n'est rien (sociabilité du quotidien, à bien distinguer évidemment de l'ordre social institutionnalisé). C'est reconnaître une dette originelle dans cette transmission intergénérationnelle, dette que rien ne pourra effacer, et donc un manque, une incomplétude fondamentale à l'origine de soi. Et par conséquent reconnaître que son ego n'est pas posé antérieurement aux relations avec autrui, qu'il n'est pas une âme substantielle autonome par rapport à son environnement familial, social et culturel. Le mot Je ne renvoie pas à la positivité substantielle d'un ego, mais à lui-même, et le sentiment d'exister (pour reprendre le titre de l'essai passionnant de François Flahaut dont je m'inspire ici) se tisse essentiellement par les relations avec les autres, aimés ou détestés, et par le langage que nous partageons avec eux.

De la scolastique à la science moderne

Selon Umberto Eco, l'épisode Protée, qui clôt la Télémachie, "révèle le passage d'un cosmos ordonné à un cosmos fluide." Ces deux conceptions sont respectivement celle de Stephen le thomiste et celle de Bloom le

"Galiléen".

Stephen Dedalus, comme James Joyce lors de son premier séjour en France en 1902, a dévoré Saint Thomas d'Aquin et Aristote pendant ses longues séances de lecture dans les bibliothèques parisiennes. Si ces auteurs passionnent le jeune homme, c'est qu'ils comblent son besoin de définitions, de classifications et de systèmes.

Les théories artistiques qu'il développe dans Stephen le Héros ou Portrait de l'artiste en jeune homme portent la marque de son goût pour l'aristotélisme. Chaque élément doit trouver sa juste place à l'intérieur d'un système global et clos, à la façon du système d'Aristote ou, mieux encore, de la connaissance scolastique. Pour cette dernière, dont la Somme théologique de Saint Thomas constitue la plus formidable synthèse, le savoir fournit la juste représentation de la Création : une terre fixe occupe le centre d'un ensemble de sphères imbriquées dont la plus lointaine n'est autre que Dieu lui-même. Confirmant les intuitions d'Aristote par les Ecritures, le Moyen Age se représente ainsi un monde plein, fermé et justifié, à l'intérieur duquel tous les éléments correspondent les uns aux autres sur le mode de l'analogie.

Cette représentation subit une première secousse au 16ème siècle. Le Polonais Copernic dénonce l'illusion du géocentrisme et place le soleil au centre de l'univers. Mais c'est surtout avec le génial touche-à-tout Giordano Bruno que les sphères imbriquées d'Aristote volent en éclats. Bruno avance que notre soleil est le centre d'un système comme il en existe des millions d'autres dans un univers qu'il affirme infini. Aucune primauté ne saurait lui être concédée et il dérive dans un espace foisonnant d'une multitude de mondes. La confirmation des intuitions de Bruno sera fournie par les travaux de Galilée. Débarrassée des vérités révélées et des correspondances analogiques, la science moderne s'imposera désormais en s'appuyant sur l'observation, l'expérimentation et les mathématiques.

Bloom est une fois surnommé le "Galiléen", autant en référence à Galilée qu'à Jésus. Car Bloom partage la représentation du monde de la science moderne. Il reste sceptique devant les croyances religieuses, aime expliquer à ses amis ou sa femme les phénomènes naturels et lit des ouvrages de vulgarisation scientifique.

C'est donc la relativité que Stephen va apprendre de Bloom, une relativité des points de vue qui remet en cause toute représentation fixe ; mais également le sens de l'observation quand le jeune homme préférait faire rentrer la réalité dans des catégories intellectuelles prédéfinies.

Le mimétisme du désir

Une autre leçon que reçoit Stephen de Bloom est la conscience du mimétisme du désir. Je fais évidemment allusion ici aux travaux de l'anthropologue René Girard. Pour résumer la thèse de Girard, disons que : "tout groupe d'hommes est travaillé par des mécanismes de mimétisme, d'imitation et de jalousie réciproques, qui sont inéluctablement générateurs de violence. Chacun désire ce que désire l'autre, puis imite les manières de l'autre de désirer, etc. A l'occasion ou sur un rythme plus ou moins cyclique, la fièvre de cette compétition sans issue culmine dans une crise qui menace la cohésion du groupe. […] Les premières sociétés ont résolu ces crises mimétiques toujours renaissantes en chargeant une victime - un bouc émissaire - de tous les péchés du groupe et en la sacrifiant. Puis, progressivement, des simulacres ont remplacé ces meurtres réels : ainsi sont nés les rites des religions primitives païennes et les mythes chargés de les légitimer en les reliant à l'horreur sacrée des origines. […] Jésus, le premier et le seul, dit des mythes et des rites : ce sont des mensonges, les victimes étaient innocentes. Cessez de vous jalouser et de vous opposer, car de là vient tout le mal. Aimez-vous les uns les autres." (Michel Treguer, Quand ces choses commenceront, entretiens avec René Girard, Seuil).

René Girard n'a pas consacré d'étude à James Joyce, qu'il a cité quelquefois. Il s'appuie plutôt sur la lecture de Cervantes, Shakespeare, Stendhal ou Dostoïevski. C'est justement dans L'homme du Sous-Sol de ce dernier qu'il reconnaît l'homme moderne, vous et moi, livré à une folle rivalité mimétique avec une multitude de modèles, meurtri dans son amour propre par chaque nouvelle blessure narcissique et animé d'un désir de toute-puissance qui pourrait lui assurer une victoire sur ses modèles/rivaux.

Par bien des aspects, Stephen Dedalus est cet homme du sous-sol. Pauvre, physiquement faible, sans charisme, sans compagne, il envie la jovialité et l'assurance de Buck Mulligan. Il est remarquable que le roman s'ouvre sur une description flatteuse de Mulligan : le principal modèle/rival de Stephen apparaît en majesté.

L'élévation de son modèle (d'ailleurs placé au sommet de la tour Martello, alors que Stephen est en bas de l'escalier), génère chez lui un surcroît de ressentiment. Par un retournement bien connu, l'orgueil déçu se transforme en dégoût de soi. Et quand l'objet du désir mimétique est inaccessible, le désir prétend mépriser ce qu'il ne peut obtenir et préférer l'exact contraire de ce qui apparaît désirable aux autres. C'est la révolte luciférienne de Stephen contre les valeurs d'un monde qu'il n'a ni l'argent ni la puissance de posséder. Il se convainc alors d'avoir une âme ténébreuse, de désirer une excellence spirituelle inconnue du vulgaire. Mais cela n'est que la pose d'un jeune homme ambitieux et doué, défait par les échecs successifs, la misère et la proximité d'individus plus aptes que lui à la réussite mondaine.

Léopold Bloom, quant à lui, tente plutôt de désamorcer la rivalité mimétique. Semblable sur ce point aussi à Jésus, il comprend que l'imitation est souvent la source du désir et qu'elle enclenche l'emballement mimétique avec le modèle/rival inconsciemment adoré puis consciemment détesté. De nombreuses pensées de Bloom révèlent cet état d'esprit :

- Dans l'épisode des Cyclopes, face aux Fénians qui, poussés par la rivalité mimétique vis-à-vis des Anglais, se laissent gagner par la haine nationaliste, Bloom défend l'amour du prochain et la paix entre les hommes :

"Persécution, l'histoire du monde n'est pleine que de ça. On entretient une haine nationale entre les nations."

Quand Bloom parle de l'injustice, John Wyse Nolan lui fait la réponse-type du mimétisme : "Mais alors opposez-y la force, comme des hommes." Et Bloom de répondre : "Mais tout est inutile. La force, la haine, l'histoire, tout. C'est pas une vie pour des hommes et des femmes, l'insulte et la haine. Et tout le monde sait que c'est le contraire qui est la vraie vie. […] L'amour. C'est-à-dire tout l'opposé de la haine."

- Dans l'épisode Nausicaa, Bloom se remémore l'altercation avec le Citoyen, avec une certaine fierté de lui avoir

"rivé son clou" en lui disant que Jésus était Juif. Toutefois, il sent bien la bêtise de la rivalité : "Erreur de rendre coup sur coup. Ou alors ? Non. Devraient avoir honte et aller se coucher." Il finit même par chercher des excuses à son agresseur : "Regardons ça de son point de vue. Ça ne paraît plus aussi vilain. Peut-être qu'il n'avait pas l'intention de blesser."

- A l'enterrement de Paddy Dignam, Bloom croise John Henri Menton. Les deux hommes se serrent la main froidement parce qu'ils sont brouillés depuis une lointaine partie de pétanque. Dans la logique mimétique, les deux hommes devraient maintenir l'adversité voire l'intensifier par des attitudes ou des réflexions provocatrices. Or Bloom, oubliant les brouilles d'hier, fait remarquer à Menton par pure gentillesse que son chapeau a reçu un coup. Menton marque d'ailleurs une certaine déconvenue devant cette attention prévenante qui désamorce leur rivalité.

- La même douceur se retrouve dans son attitude vis-à-vis des amants de Molly auxquels il songe dans Ithaque.

Plutôt que de les massacrer comme Ulysse les prétendants de Pénélope (le seul épisode de l'Odyssée que Joyce n'appréciait pas), Bloom évalue sa situation avec distance et tolérance. En imaginant les représailles possibles, il passe par une série de sentiments qui vont à rebrousse-poil du crescendo de la haine mimétique :

"d'envie, de jalousie, d'abnégation, d'équanimité". Il préfère passer l'éponge : "car deux maux ne font pas un bien". Il pardonne et s'endort.

Si Bloom ne tombe pas dans le panneau de la rivalité mimétique, c'est qu'il ne cherche pas à affirmer une personnalité illusoire face à celle des autres. Au contraire, il déjoue souvent les pièges de l'amour-propre et conserve lucidité et liberté. Plutôt que d'imiter les autres hommes, désirer les surpasser et souffrir les blessures narcissiques de l'échec, Bloom suit le mot de Jésus : "Imitez-moi comme j'imite le Père". Bloom le Fils imite également le Père, moins son propre père Rudolph Virag que le mystère de la paternité, je n'insiste pas…

Peut-être est-ce justement parce qu'il est différent des autres hommes, existant dans l'ouverture d'une humanité universelle et d'un "Je suis" pur de toutes déterminations illusoires, que Bloom comme Jésus se prête à être désigné comme bouc émissaire. Accusé de tous les vices par le Citoyen et ses semblables, c'est sur lui que vont se cristalliser les rancœurs et les haines. Le plus drôle est non seulement qu'il est innocent du forfait dont on l'accuse (avoir parié sur un outsider aux courses et empoché discrètement la récompense), mais qu'il n'est même pas au courant ! Quant à l'accusation d'avarice, elle est d'autant plus injuste qu'elle provient de pingres et vise un homme généreux qui prête facilement. Mais sa culpabilité ne fait aucun doute pour le Citoyen et ses comparses dont la colère monte jusqu'au délire meurtrier. Cependant, comme Jésus par sa Résurrection, l'innocence de ce bouc émissaire (dont le lynchage foire heureusement) est révélée aux yeux de tous par une élévation en gloire sur un char de feu ! Ce double mouvement de honte et de gloire qui caractérise le sacrifice se lit encore dans les deux lynchages subis par Bloom en rêve dans l'épisode Circé (accessoirement, c'est un leitmotiv de chaque chapitre de Finnegans Wake).

Evidemment, comme tout être humain, Bloom imite les autres et leurs désirs, toujours cependant avec recul, ironie et défiance vis-à-vis de toute réaction violente. Ainsi dans Eumée n'est-il pas dupe des racontars du vieux marin, mais il se laisse tout de même gagner par le mimétisme du désir et se prend à rêver de voyages sur les mers lointaines. Quant à Stephen, il réfléchit également au mimétisme du désir dans l'épisode Charybde et Scylla, à l'issue de sa conférence sur la consubstantialité du Père et du Fils en Shakespeare : "Je crois, ô Seigneur, aide mon incroyance. Est-ce à dire aide-moi à croire ou aide-moi à ne pas croire ? Qui vous aide à croire ? Egomen. Qui à ne pas croire ? L'autre type." (ce passage est d'ailleurs cité par René Girard). La croyance, c'est-à-dire une attitude qui risque de passer aux yeux des autres comme une superstition niaise, est barrée par "l'autre type". Stephen comprend que le modèle/rival est cause de l'affirmation d'une personnalité particulière différenciée, alors même que cette différence n'existe que par rapport au modèle/rival. La rupture de la rivalité mimétique intervient par la prise de conscience de l'autre comme alter-ego, "Egomen" désignant les autres hommes qui font la même expérience de l'ego, l'expérience universelle de l'incarnation. Et il n'est pas anodin que Stephen fasse cette analyse après avoir discouru sur la théologie.

La féminité

Joyce a lu Sexe et Caractère de l'écrivain juif viennois Otto Weininger. Avec lui, il s'accorde sur la proximité entre

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Dans le document ULYSSE de James Joyce (Page 42-50)

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