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Le travail de proximité est encore centré de façon prédominante sur les usagers des drogues „classiques‟, comme l‟héroïne et la cocaïne. Le travail de proximité auprès des usagers des „nouvelles‟ drogues, comme l‟ecstasy, avec l‟accent porté sur la réduction de la demande, semble plus courant dans les pays nordiques que dans le reste de l‟Europe. Les initiatives de proximité auprès des usagers des „nouvelles‟ drogues et orientées vers la réduction des risques ont pour l‟instant surtout été pratiquées en Autriche, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. Dans l‟ensemble de l‟Union Européenne, quatre objectifs principaux ont été définis au niveau national pour le travail de proximité :

 repérer et entrer en contact avec les populations cachées ;

 diriger ces populations vers les services de soins existants ;

 mettre en place des activités visant la prévention et la réduction de la demande ;

 développer les gestes de sécurité concernant les relations sexuelles et la consommation de drogues.

Un objectif supplémentaire, défini dans quelques pays seulement au niveau national, est d‟identifier les besoins et les représentations des usagers de drogues à l‟égard des services existants de traitement de la toxicomanie, pour transmettre par la suite en retour ces informations à ces services. Ces informations peuvent améliorer considérablement l‟efficacité et la coordination des services de traitement de la toxicomanie.

Des trois méthodes que nous avons distinguées – le travail de rue, en institutions et au domicile des usagers – le travail de rue est le plus courant dans l‟Union Européenne, suivi par le travail en institutions et enfin le travail de proximité au domicile des usagers qui reste peu pratiqué.

En ce qui concerne le travail de proximité auprès des usagers des drogues „classiques‟, le débat tourne autour de deux questions. Est-il plus efficace de contacter les populations cachées pour tenter de faciliter l‟accès aux services de soins et aux centres de traitement existants ? Ou bien vaut-il mieux entrer en contact directement dans l‟environnement social et les lieux fréquentés par les usagers injecteurs, là où ont vraiment lieu les consommations de drogues et les comportements à risque ?

Pour les usagers des „nouvelles‟ drogues, les objectifs des interventions de proximité ne sont pas très différents de ceux qui concernent les usagers des drogues „classiques‟. Mais les caractéristiques du groupe cible et les lieux de consommation diffèrent profondément, nécessitant des méthodes de travail radicalement différentes. Comparé à ce qui a été mis en place pour les usagers des drogues „classiques‟, le travail de proximité auprès des usagers des „nouvelles‟ drogues en est encore à ses débuts.

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L‟un des aspects les plus insolubles, dans les comportements auxquels le travail de proximité doit faire face, quel que soit le type d‟usagers ciblés, est la prévention dans le domaine des relations sexuelles. C‟est en partie parce que les comportements sexuels concernent une population qui dépasse les limites des groupes ciblés. Faire la promotion de gestes de sécurité dans la population générale, ce qui n‟est pas facile non plus, est par conséquent toujours une priorité urgente pour ralentir ou arrêter l‟évolution du sida.

LES STRUCTURES

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La plupart des services de proximité de l‟Union Européenne sont issus de services de toxicomanie ou d‟organisations de jeunesse. Il existe peu d‟organismes de proximité isolés, tout comme sont rares les activités de proximité organisées par des groupes d‟autosupport, par d‟actuels ou anciens usagers de drogues (soit indépendamment, soit faisant partie d‟une organisation d‟autosupport plus vaste). Dans l‟Europe du nord-ouest, les services de proximité font le plus souvent partie de services communautaires.

L‟organisation des services de proximité comprend des structures internes et externes, et ces deux aspects devraient être considérés à la lumière des objectifs principaux du travail de proximité – obtenir une image claire des groupes cibles, les contacter, identifier les besoins des usagers de drogues et y répondre de façon adaptée. Les études et les observations qui concernent la pratique de proximité montrent que la plupart des services manquent encore de ressources financières, juridiques et humaines suffisantes pour mener à bien leur tâche. Il n‟y a pratiquement aucun pays de l‟Union Européenne qui propose une formation adaptée, spécifiquement orientée sur le travail de proximité, et il y a par conséquent un manque de crédibilité professionnelle et de cohérence dans le profil des postes. On pourrait également beaucoup améliorer les conditions d‟emploi et la carrière des intervenants de proximité. L‟expérience montre que lorsque les services sociaux sont menacés, leurs activités de proximité sont souvent les premières à être supprimées.

Les relations externes des services de proximité comprennent les contacts avec les autres services en toxicomanie et plus largement les interactions avec d‟autres organismes. Ces relations sont d‟une grande importance. Les intervenants de proximité peuvent mettre en place beaucoup d‟activités utiles à la promotion de gestes de sécurité dans les modes de consommation de drogues, mais si les usagers de drogues rencontrent alors une foule d‟obstacles pour mettre en pratique les nouvelles techniques (comme le fait d‟être arrêtés par la police à la sortie de l‟échange de seringues), les activités de proximité sont condamnées à l‟échec dès le départ. Le travail en réseau et en coopération avec les autres organismes est important, mais les difficultés pratiques sont multiples. La rareté des ressources, les objectifs différents ou opposés et les passés et cultures professionnels divergents sont autant d‟entraves à un travail en réseau efficace. Il faudrait préciser que ce genre de difficultés dans le travail en réseau ne se produit pas seulement pour le travail de proximité mais également dans l‟ensemble du champ de la toxicomanie.

Les problèmes majeurs d‟organisation que rencontrent les projets de proximité comprennent l‟isolement des intervenants dans leur structure, les relations difficiles avec les organismes de tutelle, un surinvestissement auprès des clients, des désaccords sur les méthodes et les objectifs, le double emploi ou le chevauchement avec d‟autres services et l‟absence d‟une structure adaptée de carrière. A la lumière de ces difficultés, il semble recommandé d‟accorder aux services de proximité suffisamment d‟autonomie pour leur permettre de mettre en place des méthodes de travail qui correspondent aux besoins et aux situations qu‟ils rencontrent. Un objectif fondamental pour le développement de services futurs pour les usagers de drogues serait de les rendre plus accessibles aux clients. Le travail de proximité a là un rôle important à jouer.

On peut distinguer trois types d‟intervenants de proximité :

 les professionnels ;

 les intervenants issus du terrain ou les pairs ;

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Etant donné le processus en cours de professionnalisation dans le travail de proximité, l‟investissement des pairs et des bénévoles est perçu comme extrêmement précieux. Mais la présence des pairs (qui sont d‟anciens ou actuels usagers de drogues) est souvent une source de controverses, pas tant en théorie que dans la pratique. Des désaccords se produisent également à propos de la validité et la légalité des méthodes employées et la position des intervenants dans l‟ensemble de l‟organisation. De tels conflits sont davantage susceptibles de se produire autour des drogues „classiques‟ que pour les „nouvelles‟ drogues, en partie à cause des caractéristiques différentes de ces groupes cibles. La composition des équipes de proximité et le degré d‟investissement des intervenants „issus du terrain‟ et des bénévoles varient d‟un pays à l‟autre selon le statut du travail dans les pays en question ou selon des considérations pragmatiques.

Dans le domaine des „nouvelles‟ drogues, l‟approche par les pairs gagne en popularité. Dans certains pays se développe le point de vue qu‟il peut être plus efficace, pour la prévention en toxicomanie et la réduction de la demande, de former des intervenants pour les jeunes d‟une façon générale, en intégrant ces thèmes dans l‟ensemble de leur travail qui demande par ailleurs de multiples autres compétences.