I. INTRODUCTION GÉNÉRALE
1.4 Pericopsis elata (Harms) Van Meeuwen, une espèce « emblématique »
1.4.4 Biologie et écologie
I.4.4.1 Tempérament et croissance diamétrique
P. elata est une espèce héliophile (Swaine & Whitmore, 1988 ; Kyereh et al, 1999 ;
Louppe et al., 2008), c’est-à-dire exigente en lumière à tous les stades de son
développement, et dont la germination des graines est stimulée par des trouées dans la
canopée. Sa régénération et sa croissance ne dépendent pas de la structure globale du
peuplement mais plutôt de l’occurrence d’ouvertures de la canopée. Elle est présente, sous
forme d’arbre dominant, dans les forêts semi-décidues où les précipitations annuelles
atteignent 1000 à 2000 mm (classification sur les principales phytochories de White (1976)
couplée avec celle de Kôppen (1936) sur les climats). Dans les conditions naturelles non
perturbées, donc caractérisées par une faible extension spatiale des ouvertures, P. elata
présente une structure diamétrique en « cloche » avec un plus grand nombre d’individus
dans les classes de diamètre médianes et très peu dans les classes de diamètre inférieures,
indiquant un faible niveau de régénération. Les individus jeunes grandissent donc
rapidement si les conditions de luminosité sont bonnes, et ils meurent dans le cas contraire.
Les exploitants forestiers estiment (comm. pers.) que sa croissance en diamètre peut être
rapide, jusqu’à 1 cm de diamètre par an dans des conditions de luminosité suffisante pour
des individus < 10 cm de diamètre. Par contre, la valeur moyenne trouvée par Dickson et
al. (2005) pour les individus > 10 cm de diamètre, semble nettement inférieure, soit 0,45
cm de diamètre par an.
La lumière est essentielle au développement d’une plante et la compétition pour cette
ressource est permanente au cours de sa vie. Oldeman & Van Dijk (1991) proposent une
classification des espèces suivant leurs stratégies de croissance et de développement en
fonction de la lumière (figure 1.5). Certaines espèces - les « combattantes » (strugglers) -
réalisent leurs premiers stades de développement à l’ombre mais peuvent croître en hauteur
dans le sous-bois à la faveur de petites ouvertures. Elles ne pourront devenir matures que si
elles atteignent les strates supérieures de la canopée. A l’inverse, les «joueuses»
(gamblers) ont besoin d’une lumière importante pour germer et croître dans les jeunes
stades mais peuvent réaliser leur développement complet même si elles sont dominées. Ces
espèces subissent moins l’effet de la compétition interspécifique mais sont inféodées aux
chablis. Aux deux extrêmes, on trouve les « hard strugglers » qui peuvent réaliser leur
développement complet en sous-bois et les espèces pionnières (hard gamblers), qui ont
/. Introduction générale
besoin de beaucoup de lumière durant tout leur cycle de vie (i.e. P. elatd). Dans un
peuplement forestier, la distribution diamétrique de ce dernier groupe a l’allure d’une
courbe en cloche (Rollet, 1978).
hard strugglers
gambling strugglers
gamblers
A
hard gamblers
struggling gamblers
strugglers
i
Adult
stage
Juvénile
stage
Low High
radiation radiation
Figure 1.5 Différentes stratégies de croissance et de développement en fonction de la
lumière (Oldeman & Van Dijk, 1991).
I.4.4.2 Phénologie
Chez P. elata, les périodes de défoliation, de refeuillaison, de floraison et de fructification
varient d’une année à l’autre (Louis & Fouarge, 1947 ; Louppe et al., 2008) et d’un arbre à
l’autre. Elles dépendent du climat et suivent un rythme saisonnier comme chez la plupart
des espèces d’arbres tropicaux (Alexandre, 1980; White, 1994a; Sun et al., 1996). La
pluviométrie et la température semblent être les facteurs qui induisent cette saisonnalité
(Tutin & Fernandez, 1993 ; Debroux, 1998). Dans la région de Kisangani, la défoliation a
lieu entre janvier et février, période correspondant à la grande saison sèche de l’année. La
floraison, qui accompagne directement la refeuillaison, survient entre mars et mai ou juin
I. Introduction générale
couvrant ainsi la période de transition entre saison sèche et saison des pluies et toute la
période de la petite saison des pluies. P. elata produit des gousses, qui peuvent être
dispersées à partir du mois de juin jusqu’au mois de novembre ou décembre (Hawthome,
1995). La maturation des gousses prend 2 à 3 mois, soit de juin à août (période de la petite
saison sèche). La fructification et la germination sont, dans la plupart des cas et suivant les
années, massives dans la région de Kisangani en général. Les gousses étant indéhiscentes,
les graines, entourées d’un tégument dur, germent pendant la période des grandes pluies,
soit de fin septembre à début décembre. Nous constatons à la suite de nos observations
qu’il existe quand même une disparité entre le nombre de gousses tombées et le nombre de
graines germées. Ces observations corroborent celles de Louis & Fouarge (1947). Selon
ces auteurs, les graines des années de fmctification abondante ont généralement un faible
pouvoir germinatif, soit par suite du parasitisme, soit à cause de l’abondance des graines
stériles ou incomplètement formées. Ils ajoutent que, chez P. elata, ce sont surtout des
graines du début de la maturation (les graines de juin - juillet) qui sont vaines (avortées et
donc ne germent pas).
I.4.4.3 Mode de dispersion
P. elata est une espèce anémochore (Hawthome, 1995). Les gousses, légèrement ailées,
peuvent être dispersées par de forts vents. Ce mode de dispersion est le second en ordre
d’importance, après la zoochorie qui concerne environ 83 % des espèces en forêt tropicale
primaire guyanaise (Sabatier, 1983). Les espèces anémochores représentent 8 % des
ligneux (arbres et lianes) d’après Loubry (1993). Les arbres atteignent le plus souvent des
hauteurs élevées et la morphologie des diaspores leur assure une bonne portance dans l’air
(Nathan et a/., 1999).
En forêt tropicale dense humide, l’efficacité de l’anémochorie est assez variable. La
distance de dispersion est fortement dépendante de la force du vent, de la morphologie et
de la position des fmits dans la canopée (Nathan et ai, 2001). En forêt tropicale guyanaise,
les distances de dispersion varient de 20 à 100 m, voire 150 m du semencier (Rléra et al,
1990; Durrieu de Madron, 1993). Selon Collinet (1997), l’anémochorie conduit à une
dispersion des diaspores de façon isolée, avec un gradient de densité des diaspores depuis
la base du semencier jusqu’aux limites de la zone de dispersion. Loubry (1993) termine en
disant que la surface de dispersion des diaspores n’est pas sphérique mais plutôt ellipsoïde
et déportée dans le sens des vents dominants.
/. Introduction générale
1.4.5 Répartition spatiale et principaux facteurs déterminants
La répartition spatiale de P. data est localement agrégée (Louis & Fouarge, 1947 ;
Ampofo, 1972 ; Louppe et al., 2008), comme chez beaucoup d’espèces d’arbres
stmcturantes des forêts tropicales (Hubbel, 1979 ; Collinet, 1997 ; Condit et al., 2000). La
caractérisation de la répartition spatiale d’une espèce d’arbre au sein d’une forêt dépend de
l’échelle d’observation à laquelle on se place (Ribbens et al., 1994 ; Goreaud, 2000). Pour
notre étude, nous nous plaçons à une échelle locale de l’ordre de plusieurs centaines
d’hectares.
La lumière est considérée par nombre d’auteurs comme un des principaux facteurs
d’agrégation des espèces d’arbres tropicaux. Selon Traissac (2003), l’influence de la
répartition des chablis sur la dynamique spatiale d’une espèce dépend de sa tolérance à
l’ombre. Pour des espèces ayant besoin de lumière pour germer et ne pouvant pas croître
sous de faibles intensités lumineuses (c’est le cas de P. elata), l’effet de taches de lumière
peut entraîner une survie massive des individus. Ce processus a été observé pour différents
stades de développement : la germination (Canham, 1989), les plantules (Gavin & Peart,
1997), les jeunes plants < 10 cm de diamètre (Leemans, 1991), les arbres > 10 cm de
diamètre (Traissac, 2003).
La lumière ne semble cependant pas être le seul facteur qui détermine ce type de
répartition. Plusieurs auteurs ont démontré l’influence d’autres facteurs, comme le mode de
dispersion de l’espèce (Nathan & Muller-Landau, 2000 ; Muller-Landau, 2002), le sol
(texture, phosphore assimilable, capacité d’échange cationique, pH du sol) et la
topographie (Harms et ai, 2001 ; Potts et al., 2002 ; Hall et al., 2004), dans la mise en
place de l’agrégation spatiale.
Selon Jesel (2005), la répartition spatiale des individus ne se fait pas au hasard. Lorsqu’une
espèce est agrégée, la probabilité de trouver un autre individu de cette espèce dépend de la
distance à ses congénères (particulièrement aux individus reproducteurs) et est d’autant
plus forte que cette dernière est faible. Une fois la graine arrivée dans un milieu, sa survie
dépend de ses capacités de germination dans ce milieu. La germination chez les espèces
héliophiles par exemple (i.e. P. elata) ne peut se faire que dans des conditions de forte
luminosité (Vasquez-Yantes & Orozco Segovia, 1984). C’est pourquoi ces espèces sont
inféodées aux chablis (Whitmore, 1989).
I. Introduction générale
Les facteurs édaphiques et la topographie semblent également impliqués dans le
phénomène d’agrégation. En forêt tropicale, des études ont montré l’influence de facteurs
liés au sol et/ou à la topographie sur la répartition spatiale des espèces à l’échelle du
paysage (Baillie et al., 1987 ; Swaine, 1996), comme à l’échelle locale (Sabatier & Prévost,
1990b ; Veenendaal & Swaine, 1998 ; Clark et al., 1999 ; Plotkin et al., 2000). Selon
Tilman (1990), une fois que l’individu a dépassé le stade plantule, pour survivre et soutenir
une bonne croissance, il lui faut, avoir accès aux ressources en eau et nutriments de façon
continue. Une espèce susceptible d’atteindre la canopée a donc besoin de rencontrer, au
cours de sa vie, des ouvertures plus ou moins grandes telles que celles créées par les
chablis et un type de sol approprié contenant une réserve en eau et des éléments nutritifs en
quantité suffisante lui permettant de réaliser sa stratégie d’occupation du milieu et atteindre
la canopée. Pour les espèces héliophiles dont l’installation dépend des perturbations
(trouées ou chablis), ces caractéristiques du sol interagissent souvent avec le besoin en
lumière pour conditionner leur installation (Ashton et al., 1995 ; Molino & Sabatier, 2001 ).
Lorsque ces ressources sont insuffisantes, la survie d’un individu peut donc être
compromise (Augspurger, 1984 ; Tilman, 1994 et 2000).
Sollins (1998) fait le bilan des facteurs du sol ayant montré un effet sur la répartition
spatiale des espèces d’arbres en forêt tropicale et liste également d’autres facteurs pour
lesquels cet effet reste à prouver. Selon cet auteur, les principaux facteurs qui devraient
avoir un effet direct sur la répartition spatiale sont : (i) le phosphore assimilable, nutriment
essentiel pour les plantes, souvent limitant en forêt et pouvant ainsi conditionner la
répartition spatiale de certaines espèces d’arbres à l’échelle locale (Hôgberg, 1992 ;
Vitousek, 1984 ; Hall et al., 2004) ; (ii) la toxicité aluminique (Al), responsable de
dysfonctionnements racinaires ; (iii) la profondeur de la nappe phréatique indiquant la
disponibilité en eau ; (iv) la porosité du sol, responsable de la qualité du drainage et de
l’aération du sol ; (v) la disponibilité en cations (Ca^"^, Mg^"^, K^, Na^^), en oligoéléments et
en azote.
Le pH du sol, presque toujours acide en forêt tropicale, a plutôt des effets indirects, au
travers de la toxicité aluminique à laquelle il est très fortement corrélé. En effet, la toxicité
aluminique apparaît en dessous de pH 5,3 et est d’autant plus forte que le pH diminue
(Baize, 2000 ; Momeau, 2007). Pour Sollins (1998), la plupart des facteurs du sol sont
naturellement corrélés entre eux, ce qui complique fortement l’interprétation de l’effet
élémentaire de chacun d’eux.
I. Introduction générale
Dans la majorité des études portant sur l’analyse des effets des caractéristiques du sol sur
la végétation, il apparaît clairement que la disponibilité en eau du sol joue un rôle
important sur la répartition des espèces de forêts tropicales. Ce constat apparaît dans un
grand nombre d’études réalisées sur la topographie, le drainage, l’engorgement (Collinet,
1997 ; Baraloto et al., 2007) et le type de sol (texture). Toutes ces caractéristiques sont
reliées, en effet, à la dynamique de l’eau dans le sol, facteur majeur de l’organisation
spatiale et de la diversité en forêt tropicale, au moins à l’échelle locale (Ashton & Brunig,
1975 ; Johnston, 1992 ; Nebel et al., 2001c).
La topographie en tant que telle n’a pas d’effet direct reconnu sur la répartition spatiale des
espèces arbres. Elle agit au travers des caractéristiques du sol, auxquelles elle est souvent
fortement corrélée (Chen et al., 1997). Ainsi, plusieurs auteurs ont montré que les teneurs
en certains éléments chimiques du sol peuvent être corrélées à la topographie (pente et
altitude) avec un effet significatif sur l’agrégation des espèces (Gartlan et al., 1986 ; Clark
et al., 1998 ; Plotkin et al., 2000 ; Webb & Peart, 2000 ; Plotkin et al., 2002 ; Miyamoto et
al., 2003 ; Hall et al., 2004 ; Jones et al., 2006).
1.4.6 Régénération naturelle
Les graines dont la formation et la maturité ont été complètes germent sans difficulté. Si
elles peuvent germer en grand nombre sous les semenciers ou à proximité, il est cependant
difficile de trouver un jeune plant de P. elata s’élevant à 1 m de hauteur sous la canopée.
Nos observations dans le cadre de ce travail montrent que les jeunes plantules disparaissent
entre 1 et 3 mois après leur germination. On observe une nécrose des feuilles qui
commence quelques jours après la chute des cotylédons, soit une quinzaine de jours après
la germination. Aucune étude n’a été menée pour savoir si ce phénomène avait une cause
pathologique ou physiologique. Force est de constater que la plantule n’arrive pas à
survivre après la chute des cotylédons. Un manque de lumière dans le sous-bois semble
constituer la principale hypothèse explicative, étant donné qu’on note la présence de jeunes
plants à feuilles composées-pennées bien développées dans des endroits ouverts où l’action
anthropique s’est manifestement exercée, comme les pistes de débardage ou les trouées
d’abattage fortement perturbées.
I. Introduction générale
1.4.7 Conséquences pour la gestion des populations
Ce problème de faible survie liée aux conditions d’éclairement a déjà été relevé dans les
observations faites par Louis & Fouarge (1947) lors de leurs parcours dans les forêts de
Yangambi. Il se pose donc manifestement un problème de déséquilibre dans le cycle
biologique de P. data. Le constat d’une régénération naturelle très déficitaire se vérifie
dans la région de Kisangani. Cette absence de régénération naturelle est aussi mentionnée
par Hawthome (1995) dans toutes les forêts de son aire de répartition au Ghana. L’étude de
P. elata dans une forêt inexploitée du Sud-Est du Cameroun indique également de faibles
niveaux de recrutement et de régénération sous canopée dense (Fomi, 1997). Ce déficit de
régénération naturelle constitue un sérieux problème pour la gestion durable de l’espèce.
P. elata a fait l’objet de plantations forestières à l’iNERA (Institut National pour l’Etude et
la Recherche Agronomique - Yangambi). Les expérimentations remontent aux années
1938 - 1942 et plusieurs méthodes ont été utilisées ; (i) la méthode du layon, basée sur des
tracés de couloirs rectilignes d’environ 2 m de large dans la forêt existante au sein desquels
les arbres étaient plantés ; (ii) la méthode Martineau, consistant à couper le sous-bois
constitué de tiges jusqu’à 10 cm de diamètre et à détruire chaque année le couvert principal
autour des plants de P. elata repiqués, et cela, jusqu’à la dixième année ; (iii) la méthode
de la coupe à blanc-étoc, consistant à éliminer la forêt initiale avant de repiquer les plants
de P. elata. Un mémoire initié en 2009 par la Faculté des Sciences de l’Université de
Kisangani dans le cadre du projet REAFOR (Relance de la Recherche Agricole et Forestière
en RDC) a fait le point sur ces trois méthodes environ 60 ans après l’installation des
dispositifs. Ces derniers n’ayant pas été entretenus durant les périodes des troubles qu’a
coimu cette région, le potentiel de production de P. elata en plantation n’a pu être évalué
de façon satisfaisante, laissant ainsi en suspend la question de la gestion de telles
plantations.
1.5 Hypothèses de travail
P. elata est une espèce arborée dont la répartition spatiale observée sur le dispositif
permanent de Yoko, est agrégée. Elle forme des agrégats, parfois de grande taille (jusqu’à
1 ha et plus) à l’échelle locale. Compte tenu des caractères héliophile et anémochore de
l’espèce que nous avons présentés dans les précédents points, le type de répartition spatiale
observé nous amène à formuler les hypothèses explicatives suivantes :
I. Introduction générale
Hypothèse 1. P. elata a besoin de trouées de grande taille pour se régénérer. Si cette
hypothèse est vraie, l’effet de ces grandes trouées devrait pouvoir être mis en évidence
dans les peuplements immédiatement voisins de ceux de P. elata, et de manière d’autant
plus marquée que la densité locale de P. elata est élevée.
Hypothèse 2. La taille d’agrégat importante observée est liée à l’historique de la
colonisation du site (occupations humaines par exemple) : la régénération naturelle de P.
elata, absente sous canopée dense, peut être favorisée par de grandes ouvertures de la
canopée qui modifient la structure de sa population.
Hypothèse 3. Certains facteurs du milieu comme la topographie et les éléments physico
chimiques du sol (texture et/ou fertilité : phosphore, capacité d’échange cationique), sont
aussi limitant que la lumière pour P. elata, et les individus ne survivent que dans les
endroits riches en nutriments.
Hypothèse 4. Le type de fructification joue aussi un rôle capital dans le type de répartition
spatiale observé : (i) la fructification chez P. elata diffère entre les années, les mois et les
arbres ; (ii) la distance de dispersion des diaspores de P. elata est assez limitée, 20 à 50 m
du tronc du semencier.
Hypothèse 5. Etant une espèce à structure diamétrique en « cloche » montrant un déficit en
petites tiges, P. elata a du mal à reconstituer son effectif exploitable.
Cette dernière hypothèse est en rapport direct avec la vulnérabilité de P. elata face à
l’exploitation. En RDC, le diamètre minimum d’exploitabilité de P. elata est de 60 cm dhp
et, selon la loi forestière en vigueur actuelle dans le pays (Code forestier de 2002), la durée
de rotation (le temps qui sépare deux passages successifs de l’exploitation sur la même
parcelle) est de 30 ans. Nous voulons tester dans le cadre de ce travail, si cette durée de
temps permet à une population de P. elata d’atteindre un taux de reconstitution raisonnable
(> 50 %) de son effectif initial.
1.6 Objectifs du travail
L’étude des populations d’arbres d’intérêt commercial, est indispensable pour orienter
l’exploitation forestière dans le cadre de l’aménagement durable des forêts. Il s’agit de
disposer d’une bonne connaissance de l’autécologie de ces espèces, de déterminer par
exemple dans quelles conditions environnementales elles se développent pour pouvoir
/. Introduction générale
mettre en place des règles appropriées de gestion. Le manque actuel d’informations sur
l’écologie de P. elata en particulier, couplé à l’enjeu commercial de son exploitation,
justifient l’objectif global de ce travail : contribuer à l’amélioration des connaissances sur
son écologie afin de pouvoir proposer un mode de gestion durable de l’espèce dans les
forêts centro-guinéo-congolaises de son aire de répartition.
Dans ce cadre, nos objectifs spécifiques sont les suivants :
(i) Caractériser et comparer dans une même forêt tropicale humide de plaine, les
peuplements de trois zones présentant des densités contrastées en P. elata.
(ii) Mettre en évidence l’influence des ouvertures de la canopée sur la régénération et la
répartition spatiale de P. elata.
(iii) Mettre en évidence l’influence des conditions édaphiques sur la répartition spatiale de
P. elata.
(iv) Déterminer le diamètre de floraison et de fructification de P. elata, la variabilité
reproductive entre les individus et les saisons au sein de la population et la distance de
dispersion de diaspores.
(v) Déterminer le laps de temps nécessaire pour que P. elata reconstitue au moins la moitié
de l’effectif de sa population après exploitation.
1.7 Structure de la thèse
Après l’introduction générale (I) et la présentation du milieu d’étude et des généralités à
propos des matériels et des méthodes (II), nous développons la partie résultats (III) de nos
recherches en cinq chapitres de façon à répondre aux différentes questions soulevées ci-
dessus. Les cinq chapitres constituent des articles soumis ou des projets d’articles. Notons
que dans la deuxième partie consacrée au mileu d’étude, nous décrivons succinctement le
cadre physique et biologique dans lequel nous avons travaillé, afin d’éviter les redites dans
les chapitres de résultats.
Le chapitre 1 traite d’une étude comparative de peuplements issus de trois zones présentant
des densités contrastées en P. elata dans la forêt semi-décidue de Yoko. Ce chapitre pennet
de tester la première hypothèse de ce travail. Il est basé sur une comparaison directe des
caractéristiques structurales et floristiques entre les peuplements à P. elata et leurs voisins
1. Introduction générale
sans P. elata. La comparaison porte également sur le tempérament des espèces
caractéristiques ou indicatrices des peuplements en question.
Le chapitre 2 a pour objectif de tester l’hypothèse 2. Ce chapitre met en évidence
l’influence des ouvertures de la canopée sur la régénération et la structure de P. elata. Il
traite de l’analyse comparative des paramètres structuraux entre deux populations de P.
elata issues de deux parcelles différentes : la parcelle de Yoko, représentant les conditions
naturelles de son installation et la parcelle de Yangambi, soumise à des traitements
sylvicoles dans le but de favoriser sa régénération.
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