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Un temps de parole est pris à la fin de chaque séance et la vidéo est visionnée. Cela permet de remplir une grille d'évaluation qui a été élaborée par l'ergothérapeute et la psychologue. Cette grille est composée de trois grands items :

- Danser, gestuelle et technique

- Danser avec, présence et participation - Danser avec plaisir, créativité.

13.1 - Bilan de la première année

Un bilan global de cet atelier est effectué chaque année afin de réajuster le projet. Ce bilan reprend notamment les trois items donnés précédemment. Suite à la première année, les professionnels remarquent :

- Au niveau de la gestuelle et technique une progression. En effet, les patients plus

sont variées et à différents niveaux: segmentation, coordination, amplitude. L’accompagnement par la voix reste embryonnaire.

- Au niveau de la présence et de la participation : suite à cette année, un « groupe

danse » s’est créé. Les difficultés de présentation de soi se sont estompées. Dans l’ensemble, on observe une participation active avec une relative prise en compte des autres, même si le fait de « danser avec » n’est pas encore acquis. Ce travail en groupe permet d’apprécier et de gérer la place que prend chaque patient dans une œuvre collective.

- Au niveau plaisir et créativité : certains patients ont réussi à intégrer des

mouvements qu’ils reprennent par la suite. Malgré cela, l’improvisation et le détachement du modèle restent difficiles. Le plaisir est en général présent. Les difficultés sont mieux surmontées et affrontées. Il y a, en effet, moins d’arrêts et de refus.

De plus cette activité danse s’articule à d’autres activités (mise en scène, élaboration de décors et de costumes, …) grâce à un projet de représentation autour du thème du Moyen-âge.

Ainsi, suite à cette première année, le bilan semble positif dans l’ensemble et ceci a permis à l’équipe de réélaborer partiellement le projet initial afin de le préciser et de le compléter. A partir des observations effectuées, les professionnels ont donc voulu reprendre et insister sur certains points afin d’améliorer l’activité en fonction des expériences acquises :

- Nécessité de repères : l’activité est plus bénéfique lorsqu’elle est structurée, c’est-à-

dire maintenue dans un plan constant dans le déroulement (échauffement, travail sur un mouvement, intégration dans un enchaînement, improvisation), et pratiquée en continuité, c’est-à-dire maintenir dans une même séance et d’une séance à l’autre des éléments communs qui seront repris avant d’en intégrer d’autres.

- Explicitation des exercices et des buts : en effet, les patients semblent éprouver le besoin de comprendre ce qu’ils font. De plus, il semble important de toujours reprendre en fin de séance ce qui s’est passé pour dédramatiser les difficultés et énoncer les progrès.

- Difficultés techniques : les patients, notamment psychotiques, ont des difficultés à

vivre le rythme ainsi qu’à intégrer les consignes. Il est donc nécessaire d’insister sur le rythme, d’incorporer d’abord le mouvement sur le rythme avant d’augmenter la difficulté.

- Aspect ludique : tout en gardant un niveau d’exigences et de difficultés, il semble

important de conserver un aspect ludique. Le moment d’improvisation reste nécessaire pour cela car il permet de se mettre en acte et à la fois de se libérer des acquis. De plus, les scènes pourront être développées par la suite, ce qui donnerait aussi but et substance à la danse.

En ce qui concerne les patients psychotiques, trois difficultés majeures ont été relevées : - La compréhension et l’intégration des consignes ainsi que leur rapport avec le

professeur de danse. Ils oscillent entre deux rapports : l’adhérence au modèle, l’imitation servile des gestes montrés, l’imitation à minima et une production autistique, négligeant les consignes.

- Danser avec les autres : la plupart d’entre eux ne tiennent pas compte des autres. Ils ne considèrent pas l’autre comme un partenaire dans une élaboration mutuelle mais comme un repère ou comme un obstacle.

- Danser avec eux-mêmes, avec leur corps : la principale difficulté dans la danse est d’habiter son corps. Celui-ci n’est pas approprié et vécu comme sien. Il est aussi pour certains vécu en décalage (problème de coordination).

13.2 - Bilan de la deuxième année

Au cours du déroulement des séances lors de cette deuxième année, les soignants observent chez les patients, lors des discussions de fin de séance, une critique relativement plus adaptée de leur réalisation et une capacité nouvelle à apprécier les performances d’autrui.

Le bilan reprend la grille d’observation mise en place par l’équipe l’année précédente :

- Au niveau de la gestuelle et technique : les soignants observent une disparité au

niveau de l’aisance corporelle, qui est travaillée dans le groupe par l’intermédiaire d’exercices communs où chaque personne semble chercher à surmonter ses propres difficultés. L’utilisation de l’espace est mieux intégrée mais des efforts restent à poursuivre en ce qui concerne l’utilisation de la voix, du regard et du rythme en tant qu’outils aidant et accompagnant le mouvement dansé.

- Au niveau présence et participation : de manière générale, l’attention aux consignes

et au groupe semble avoir évoluée. Les patients sont plus concentrés et portent un intérêt aux autres et à leurs productions. La danse individuelle est plus naturelle mais « danser avec » reste plus difficile.

- Au niveau plaisir et créativité : des représentations publiques ont permis de montrer

un investissement croissant dans cette activité et une prise de plaisir malgré les difficultés et les contraintes rencontrées. De plus, la variété des séances et des enchaînements proposés a apporté un dynamisme et une implication plus importants. Le travail de valorisation est à poursuivre.

13.3 - Bilan de la troisième année

Les items de la grille d’observation sont encore une fois repris. Les remarques effectuées par les soignants restent les mêmes que l’année précédente. Malgré cela, des progrès ont été observés pour l’ensemble du groupe.

La structure de l’activité ayant été conservée, la continuité dans le travail, la permanence du lieu et des encadrants constituent des éléments rassurants pour les patients. Pour la plupart d’entre eux, un sens a été donné à cette activité. De plus, l’investissement et l’assiduité des patients sont à mettre en relation avec l’intervention du professionnel extérieur. La reconnaissance de sa compétence est régulièrement verbalisée et instaure une relation de confiance. Il crée un autre rapport que le rapport soignant / soigné, ce qui enlève la dimension de la maladie. Il faut aussi ajouter que grâce à lui, l’institution s’ouvre sur le monde extérieur. Enfin, il est important de souligner que le comportement des patients au cours de l’atelier de danse est différent de celui observé pendant d’autres ateliers. Cela contribue à mieux cerner leurs difficultés et ressources propres et ainsi à mieux préciser les objectifs thérapeutiques pour chacun d’entre eux.

Synthèse

Par cette analyse d’activité, j’ai souhaité montrer que les ergothérapeutes peuvent avoir recours à la danse dans un but thérapeutique en psychiatrie. Pour cela, un protocole précis est nécessaire au bon fonctionnement de l’atelier. Des objectifs de groupes et des objectifs spécifiques à chaque patient sont au préalable établis. De plus un cadre fixe est instauré ainsi qu’un déroulement précis, afin d’obtenir une cohésion dans la prise en charge et une continuité logique entre chaque atelier et au cours de chaque séance. Une grille d’évaluation et de suivi est mise en place. Ce protocole a été régulièrement revu en fonction des observations et des conclusions faites à la fin de chaque année, ce qui a permis de le réajuster à chaque fois pour l’année suivante. Ainsi la mise en place de ce type d’atelier est possible en

ergothérapie à condition de faire preuve de rigueur dans la démarche, comme pour toute activité ergothérapique.

CAS CLINIQUES OBSERVES LORS D’UN STAGE EN

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