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La « bientraitance », nécessairement au cœur de toute relation d’accompagnement

Dans le document Note d’orientation (Page 86-89)

D Faire de chaque événement un levier d’amélioration des pratiques

A. La « bientraitance », nécessairement au cœur de toute relation d’accompagnement

352. La lutte contre la maltraitance ne se conçoit pas sans ce qu’on pourrait appeler sa face

« positive », ou « préventive », qu’est la promotion de la « bientraitance ».

353. De même que, réciproquement, la visée de « bientraitance » ne se conçoit pas sans prise de conscience et lutte contre sa carence, ou sa face « négative » qu’est la maltraitance.

354. Encore faut-il s’entendre sur cette notion de « bientraitance ». Car on pourrait sans peine transposer, à propos de la définition de la bientraitance, la remarque célèbre de Saint Augustin à propos du temps : « si personne ne m’interroge, je le sais. Si je veux répondre à qui me le demande, je l’ignore ».

Un terme objet de controverses …

355. Le terme de bientraitance est récent dans le champ de l’accompagnement et du soin.

Issu de la protection de l’enfance, il s’est étendu aux adultes vulnérables, notamment à l’occasion de la publication d’une recommandation de bonnes pratiques professionnelles de l’ANESM en 200879.

356. Dans son usage le plus courant, il renvoie à l’attitude positive, proactive, réfléchie, qui doit viser à faire davantage que la simple « non-maltraitance ». Un peu comme la « bonne alimentation » est plus exigeante que la « non-malnutrition » ou que le soin de qualité signifie plus que la seule absence d’erreur médicale.

357. La bientraitance est donc, en général, comprise comme étant la manière de traduire, au-delà du seul évitement de « mal faire », la volonté de « bien faire » ou de « faire le mieux ». Par la qualité, d’abord, du geste technique. Mais également en y associant des qualités relationnelles de bienveillance (chaleur humaine, écoute, sens du contact et de l’échange …).

358. Le terme, et certaines de ses traductions affichées, ont néanmoins fait l’objet de critiques.

359. Ainsi, la bientraitance a pu apparaître parfois comme une pure et simple mise en place d’actions conformes à des référentiels de qualité de pratique. Traduisant ainsi des préconisations rigides et véhiculant une logique de « travail prescrit », ignorante des réalités quotidiennes des professionnels de première ligne.

360. On a pu alors lui reprocher d’aboutir, de façon paradoxale, à éloigner du sens profond de la bientraitance, c'est-à-dire de l’attitude « bienveillante », le respect étroit des normes se faisant au détriment de l’authenticité de la relation ou de l’écoute des vraies attentes des personnes accompagnées. En somme, l’excès de normes (mêmes réputées « bientraitantes ») et peut-être surtout leur application trop mécanique, peut devenir une source de maltraitance.

… dont la Commission veut retenir une approche fonctionnelle :

361. Consciente de ces controverses, la Commission entend d’abord rappeler que, certes, le respect de normes et de référentiels de qualité est le socle indispensable de la lutte contre la maltraitance - et donc le premier pas d’une concrétisation de la bientraitance.

362. Mais qu’il ne s’agit que d’un socle, qui ne peut pas être confondu avec l’aboutissement d’un projet d’accompagnement.

79« La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre », juin 2008.

https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2018-03/reco_bientraitance.pdf

La « bientraitance » suppose d’abord une pratique nourrie par une démarche de réflexion éthique :

363. En premier lieu, on l’a déjà dit, il est indispensable d’assortir toute mise en place de normes (ou de référentiels de pratique) d’une démarche de questionnement éthique sur les pratiques et postures individuelles et collectives80. Afin, précisément, de rester toujours en vigilance sur les risques qui peuvent naître d’une confiance abusive dans la seule mise en pratique de standards professionnels.

364. La bientraitance s’appuie donc non seulement sur des outils de bonne pratique, mais aussi sur des méthodes d’analyse du travail collectif permettant de faire face aux conflits de valeurs (lorsque, par exemple, l’application d’une norme technique semble rendre impossible la réalisation d’une attente très forte de la personne accompagnée) ou aux conflits de moyens (lorsque, comme c’est fréquent, la stricte application de la norme se heurte à des contraintes de ressources, ou oblige à des arbitrages difficiles).

365. On renvoie sur ce point aux recommandations qui ont déjà été faites sur « l’Axe 2 ».

Mais cette exigence éthique permet de comprendre que la « bientraitance » est davantage qu’une qualité particulière de l’accompagnement :

366. Car il faut ajouter – ce sera l’objet de ce troisième « axe » de la note d’orientation–

que la nature même d’un projet d’accompagnement est de pointer vers davantage que la pure exécution de gestes de qualité, même régulés par des questionnements éthiques. Et que ce « davantage » constitue précisément ce que le mot de bientraitance a vocation à traduire.

367. La bientraitance n’est pas une qualité ou un point de perfectionnement à ajouter à l’accompagnement de la perte d’autonomie. Elle en est tout simplement la première finalité.

368. Accompagner la perte d’autonomie et construire, autour de chaque personne vulnérable, un environnement lui permettant de « bien vivre », constituent une seule et même chose.

369. Qu’est-ce, en effet, que l’accompagnement à l’autonomie, sinon de faire en sorte que la citoyenneté et l’exercice des droits soient effectifs, sans distinction d’âge ou de répression à l’égard des situations maltraitantes, mais allant au-delà, n’est pas autre chose que ce qu’on peut attendre d’un projet de solidarité sur l’accompagnement à l’autonomie.

371. Partant de là, la Commission estime que, sous-jacents à ce qui a été dit précédemment sur la qualité des actes techniques et le nécessaire « recul » sur leur pratique, deux éléments fondamentaux structurent ce que doit être une relation d’accompagnement « bientraitante » :

80 1er colloque Ethique et bientraitance : comment la réflexion éthique peut servir la bientraitance ? » Pôle St Hélier- EHESP- EREB 4 octobre 2018, Rennes

le respect des droits fondamentaux des personnes accompagnées et la reconnaissance de leurs capacités, c’est-à-dire leur donner pouvoir de choisir et d’agir (en étant le cas échéant, au risque de l’oxymore, « aidées pour leur autonomie de décision »)

Et « l’accompagnement des accompagnants », qu’ils soient aidants professionnels ou proches aidants. En effet, la bientraitance concerne bien les deux partenaires de la relation d’accompagnement.

B. Changer le regard porté sur les personnes accompagnées, en leur

Dans le document Note d’orientation (Page 86-89)