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Le besoin en fonds de roulement

Dans le document Cours de comptabilité générale (Page 88-93)

Chapitre IV. Valeur et analyse financière de l'entreprise

3. Le besoin en fonds de roulement

3.1. besoin en fonds de roulement et bilan "fonctionnel"

besoin en fonds de roulement (BFDR)

Une notion, voisine de ce que nous avons appelé le besoin de financement du cycle d'exploitation, tend à s'imposer de plus en plus dans le langage de l'analyse financière : celle de besoin en fonds de roulement (BFDR) concept permettant entre autres de donner une norme autre que zéro au fonds de roulement. La définition de ce concept est plus rigoureuse si on la présente à partir d'un bilan dit "fonctionnel", où l'on met face à face les ressources financières diverses et leurs emplois bruts[ Mais la présentation qui suit existe aussi sur la base d'un bilan patrimonial.]. C'est la différence entre d'une part la somme des montants des stocks, des créances clients et des divers réalisables (débiteurs divers) et d'autre part la somme des dettes fournisseurs, des effets à payer, des taxes à payer (dont TVA), des dettes vis-à-vis du personnel. On ne prend donc pas en compte ici l'encaisse de transaction.

Si l'on appelle trésorerie l'excédent algébrique du disponible (valeurs à l'encaissement, caisse et banque) sur les concours bancaires courants (sous-entendus à court terme) et les découverts éventuels, on a évidemment l'égalité suivante que l'on pourra vérifier sur la Figure ci-après, où le bilan est décomposé en trois parties liées entre elles par l'égalité :

Fonds de roulement = besoin en fonds de roulement + trésorerie

IMG. 23 : FONDS DE ROULEMENT,BESOIN NET EN FONDS DE ROULEMENT ET TRÉSORERIE

On remarquera que dans ce bilan fonctionnel, ici décomposé en FDR, BFDR et trésorerie, les immobilisations sont brutes, de même que les actifs circulants, les créances clients, les stocks et les VMP, les amortissements et les provisions pour dépréciations étant réintégrés aux capitaux propres. Les emprunts à L&MT, y compris les annuités à rembourser à CT, sont regroupés, mais les concours bancaires courants et soldes créditeurs de banques (CBC), qui font partie dans le bilan modèle du PCG des emprunts et dettes auprès des établissements de crédit, et ne sont signalés que par une petite note en bas de page ("dont CBC et soldes créditeurs de banques : ……"), sont quant à eux isolés dans la partie trésorerie[Comme pour le bilan patrimonial, les non valeurs sont par ailleurs éliminées. Par ailleurs, l'effet du crédit-bail ("leasing") peut être éliminé par un retraitement ad hoc : le montant des actifs détenus en crédit bail (valeur indiquée au contrat) est alors ajouté aux immobilisations brutes, les amortissements qui auraient été pratiqués en cas d'achat sont ajoutés aux capitaux propres et le solde de l'emprunt qui aurait été fait pour financer l'achat en dettes à

L&MT.].

A noter que le bilan fonctionnel, de conception récente, se présente comme un ensemble de stocks d'emplois et de ressources, tout à fait cohérent avec le souci d'élaborer des comptes de flux tels que ceux que nous présenterons au chapitre "Les comptes de flux - L'autofinancement - le tableau de financement" et destinés à décrire et comprendre la politique financière de l'entreprise dans le cadre d'une analyse dynamique (et non plus statique comme celle que nous présentons dans le présent chapitre, puisque fondée sur les simples photos que sont les bilans).

Explication

Le BFDR obtenu ci-dessus est "net" parce qu'il est calculé après escompte de certains effets de commerce. Si l'on veut évaluer ce que serait le BFDR "brut"

avant escompte, il faut y réintégrer les effets escomptés non échus, comme l'indique la Figure suivante.

IMG. 24 : FONDS DE ROULEMENT,BESOIN BRUT EN FONDS DE ROULEMENT ET TRÉSORERIE

3.2. Existence d'un BFDR hors exploitation

Les schémas qui précèdent assimilent le BFDR, dans un souci de simplification, à la différence entre les stocks et les créances clients moins les dettes fournisseurs. En réalité, en rentrant plus dans le détail, ce BFDR peut être décomposé en :

un BFDR d'exploitation, où les dettes fiscales et sociales autres que celles relatives à l'impôt sur les sociétés viennent s'ajouter aux dettes fournisseurs,

un BFDR hors exploitation qui est constitué des créances diverses, des charges constatées d'avance hors exploitation, moins les dettes sur immobilisations, les dividendes à verser, les impôts sur les sociétés à payer et les produits hors exploitation constatés d'avance. Ce BFDR est généralement faible par rapport au BFDR d'exploitation, souvent négatif, et non permanent, ce qui fait qu'on le néglige dans les raisonnements normatifs qui suivent.

3.3. Utilisations du BFDR d'exploitation, notamment comme moyen de normalisation du FDR

Dans l'approche fonctionnelle, on a à nouveau un moyen de raisonner sur le FDR de manière normative. On se fixe en effet pour règle que la trésorerie ne doit pas être durablement négative. En négligeant l'effet éphémère du BFDR hors exploitation, on en déduit que l'équilibre financier est atteint si le FDR est au moins égal au BFDR d'exploitation. Ce dernier peut se constater ou se calculer de manière normative, en utilisant les délais de règlement "normaux" (pour l'activité considérée) des dettes et des créances d'exploitation, ou en utilisant des normes sectorielles exprimant le BFDR et ses composantes en mois de chiffre d'affaires (voir plus loin les ratios de rotation). On a donc ainsi un moyen de déterminer un niveau théorique minimum pour le FDR.

A noter qu'en procédant de la sorte, on ne tient évidemment pas compte des éventuelles saisonnalités intra-annuelles évoquées plus haut : le BFDR peut varier fortement au cours de l'année et on peut alors considérer qu'il se compose d'une partie incompressible, à financer de préférence par le FDR, et d'une partie variable dans le temps qui peut quant à elle être financée par l'escompte, par des "concours bancaires courants", c'est à dire des crédits à courts terme, ou des crédits se traduisant par des

"soldes créditeurs de banques", c'est à dire des "facilités de caisse", des "découverts"

ou des "crédits de campagne" (cf. partie "Commentaires financiers et fiscaux sur les postes du bilan", sous-partie "Les postes du passif", chapitre "Dettes financières").

Mais cette décomposition du BFDR en deux parties n'est pas simple à opérer de l'extérieur de l'entreprise.

Dans la pratique, la règle de la trésorerie corrigée non durablement négative est souvent assouplie de manière conventionnelle par les banquiers, par exemple selon l'une des conditions suivantes, qui n'épuisent pas toutes les pratiques :

♦FDR > BFDR d'exploitation net (après escompte, en tenant compte du fait que le crédit d'escompte est "revolving", c'est à dire en fait assez stable)

♦FDR > ½ BFDR d'exploitation

♦trésorerie corrigée négative < 2 mois de chiffre d'affaires.

La comparaison du BFDR d'exploitation constaté avec le BFDR normatif peut également donner un indicateur d'alerte sur le caractère "normal" des stocks, des créances clients et des dettes fournisseurs.

Le calcul du BFDR d'exploitation présente par ailleurs l'intérêt de permettre des prévisions de croissance du besoin de financement correspondant, en cas de croissance anticipée du chiffre d'affaires, notamment en raison de l'inflation quand celle-ci est importante (le besoin en fonds de roulement croît à peu près d'une année sur l'autre comme le chiffre d'affaires).

Fondamentaux

On retiendra donc de l'analyse précédente que si le fonds de roulement est un indicateur classique d'équilibre financier, il s'agit en fait d'un concept insuffisant lorsqu'on cherche à l'utiliser isolément pour juger de la solvabilité d'une entreprise ou faire des choix financiers. La notion de besoin en fonds de roulement d'exploitation permet de mieux prendre en compte les spécificités de l'entreprise.

On notera cependant que le maniement de cette notion n'est pas simple pour un observateur extérieur à l'entreprise[Pour ce qui concerne l'entreprise elle-même, nous verrons à propos des comptes économiques et du tableau de financement comment la notion de besoin de financement peut être intégrée dans un modèle dynamique plus complet (cf. troisième partie).], surtout lorsque intervient une saisonnalité ou une évolution d'activité. L'analyste financier peut dès lors avoir recours à des instruments plus simples qui permettent de suivre des évolutions dans le temps ou de comparer des entreprises entre elles : les ratios financiers.

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