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BERNARD CHAMBAZ

Dans le document 49 : Leurs bibliothèques (Page 42-44)

Est né à Boulogne-Billancourt en 1943 ; il est l’auteur d’une trentaine de livres dont 7 romans publiés au Seuil – parmi eux La Tristesse du roi, 1997 ; Le Pardon aux oiseaux, 1998 ;

Komsomol, 2000 – et d’une savou-

reuse trilogie autobiographique sur le thème « le communisme, mon père et moi », entamée chez Panama avec Kinopanorama (2005) et Yankee (2008), et qui s’achève avec Ghetto, publié ce mois-ci au Seuil.

Poète, son dernier recueil, Été (Flammarion) a obtenu le prix Apollinaire en 2005. Il est encore l’auteur d’une série d’essais sur la peinture ainsi que d’ouvrages pour la jeunesse (Rue du Monde). Enfin, adepte de la petite reine, il a célébré le centenaire du Tour de France en effectuant le parcours de la Grande Boucle en 2003. Exploit qu’il a réédité avec un Giro en 2006, et un Tour d’Espagne en 2008.

© Hermance

DOSSIER

É. CHEVILLARD, B. CHAMBAZ, A. GAVALDA, E. LOI La bibliothèque en 8 questions… 41

EC : L’atmosphère de travail est parfois stimulante en effet. La concentration plus aisée. La lecture n’en reste pas moins une affaire si solitaire que je préfère me retirer avec mon livre dans un coin sombre…

AG : Je partage tout avec Rilke !

BC : Je me méfie des citations belles comme des sujets de dissertation. Citation pour citation, je vous propose : « Une seule chose est nécessaire, la solitude, la grande solitude inté- rieure, aller en soi-même, et ne rencontrer durant des heures personne, c’est à cela qu’il faut parvenir. » Rilke. Ça fait une moyenne.

Et je préfère ses poèmes : « été – être pour quelques jours /

le contemporain des roses ».

EL : Il est encore plus revigorant d’être entouré d’êtres qui écrivent, se penchent pour scruter non seulement leur for inté- rieur (misère et grandeur de la solitude dans sa majesté plus ou moins maquillée) mais la fissure où une partie du monde s’agrège et par lequel il s’échappe et tolère d’être perçu.

• Un bibliothécaire peut-il quelque chose pour la littérature ?

EC : Certainement. Il peut organiser sa défense et, par ses choix, orienter ceux du public qui fréquente les lieux. Je suis un peu partagé sur la question des bibliothèques de prêt, je vous l’avoue. D’un côté, c’est une magnifique opportunité pour les personnes désargentées de lire et de découvrir leurs contem- porains. D’un autre côté, comme tout écrivain, j’ai entendu

souvent cette phrase : j’aimerais lire tel de vos livres, mais ils ne l’ont pas à la bibliothèque. Phrase qui a le don de m’énerver, car elle prouve que pour ces gens-là dont la situation finan- cière est le plus souvent tout à fait satisfaisante, il n’est plus question d’acheter un livre en librairie. Le livre est gratuit par principe et, dans ce monde où l’argent fonde toute valeur, y compris symbolique, on peut y voir un manque de considé- ration envers l’écrivain : le fruit de son activité ne mérite pas d’être payé. C’est pourquoi j’étais favorable au prêt payant en bibliothèque, une somme modeste que tous les publics aux ressources modestes eussent été dispensés de verser. Néanmoins, le bibliothécaire lui-même n’est pas en cause dans cette affaire et je crois que son importance est d’autant plus grande dans les régions dépourvues de librairies, ou de bonnes librairies, régions nombreuses en France. C’est la seule chance pour certains écrivains d’y être présents malgré tout, d’exister un peu.

AG : Oui. Être heureux de faire ce métier et le faire gaiement.

BC : Oui ! il le peut ! et ce n’est pas une incantation magique comme dans le numéro de Pierre Dac et Francis Blanche.

EL : Un bibliothécaire peut beaucoup dans la mesure où il reste un veilleur, une vigie en ce qui concerne la rédemption des textes ; il peut être amené à défendre et faire connaître des œuvres en gestation, la venue d’écritures différentes ainsi que persévérer à illustrer la fièvre séculaire de textes qui incitent à la lucidité, voire la rébellion, un écart de la méprise.

EMMANUEL LOI

Né en 1950, vit depuis l’âge à Marseille « comptoir, cadre émollient, mais

dont la pauvreté (culturelle) est saine pour un créateur, si il sait l’utiliser ».

Dernier ouvrage paru :

La valeur d’usure. Oppression et aliénation contemporaines, Éd. Anabet,

2009.

À paraître : Jeu de Loi (Seuil, coll. « Fictions »)

« Qui fixe la muselière est souvent le même qui cache les micros. Trop

entendre revient à ne pas écouter. Tout est question de légitimation. Les critères de réactivité définissent la vitalité de l’organisme vivant, que cela soit celui d’une structure, d’un ensemble ou d’une famille. La morne plaine ou le manque de réactions endorment le sujet en le carénant dans le plausible, ce qu’il est possible d’entendre et d’admettre. (…)

Ladite « modernité » s’ajuste sur le nivellement des croyances, la domination enrôlée n’en est pas moins juteuse. Le passé brasse un bouquet d’inégalités qui mettra en balance jugement de valeur décati et actionnariat de promotion ; la sujétion change de nom, la polyvalence est souhaitée.

Ne dîtes pas le crime que vous aimeriez commettre mais le prix du pardon déjà acheté. » (La valeur d’usure) Un entretien à écouter : www.grenouille888.org/dyn/IMG/mp3_02_12_2009A_l__Air_Livre_Emmanuel_Loi.mp3

En bref

Dans le document 49 : Leurs bibliothèques (Page 42-44)