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Les bases théoriques du béhaviorisme

CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE

II.2. CADRE THÉORIQUE GÉNÉRAL

II.2.1. Justification du cadre théorique général

II.2.2.1. Les bases théoriques du béhaviorisme

Le béhaviorisme est une théorie psychologique héritière d’une vieille doctrine philosophique axée sur la vie mentale : l’associationnisme. Fondé par Aristote, l’associationnisme a été ensuite réactualisé par John Locke et David Hume au 17ème siècle, puis par Stuart Mill au 19ème siècle (Raynal et Rieuner, 1997). Pour ces philosophes, la vie mentale est constituée de deux éléments premiers issus des sensations : les idées et les images. La doctrine de l’associationnisme considère que la vie mentale est régie par les lois de l’association de ces deux éléments, d’où son nom.

L’étude des rapports de ressemblance, de contiguïté ou d’opposition entre les idées et les images constitue l’objet de l’associationnisme, que l’on désigne aussi sous le nom d’atomisme. Le principal moyen d’investigation de la psychologie conçue comme l’étude de la vie mentale est l’introspection.

Mais au début du 20ème siècle, un nouveau courant a repris la notion d’association, en la séparant de celle d’idée, élément non observable, pour établir le schéma S/R (association stimulus/réponse) : c’est le béhaviorisme.

Le courant béhavioriste doit beaucoup aux travaux de Fechner (1860), physicien et philosophe allemand, qui entreprit dans les années 1860-1880, des expériences de psychophysique pour étudier les sensations.

Pour contourner les difficultés liées à la mesure des sensations, Fechner se contente de fixer l’intensité de l’excitant et de noter le moment d’apparition de la sensation.

Fechner venait ainsi de mettre au point une démarche expérimentale permettant d’étudier des comportements sans faire appel à l’introspection. Il s’est contenté de proposer différents stimuli et d’observer les réponses.

Fechner considère alors l’individu comme une boîte noire, dont il ignore le fonctionnement. Mais constatant qu’en proposant des stimuli particuliers à l’entrée, il obtient toujours les mêmes résultats à la sortie, il conclue qu’il peut parfaitement prévoir certains comportements.

Les expériences de Fechner sont connues et bientôt des psychologues (Thorndike et Watson ) proposent de faire du comportement observable l’objet unique de la psychologie.

Watson ( 1924) est généralement présenté comme le « père » du béhaviorisme. Son article publié en 1913 est en effet considéré comme le manifeste de cette nouvelle école psychologique.

Watson s’insurge contre les pratiques de l’introspection et affirme que la psychologie ne doit pas être la science de la vie mentale, mais la science du comportement.

(« behaviour » en anglais). L’objet de la psychologie devient alors le comportement observable des individus et non l’étude des idées, des motivations, des états de conscience, des sensations et éléments internes que le psychologue devrait, selon Watson s’interdire, désormais, d’étudier.

Par ailleurs, le béhaviorisme n’étudie pas le comportement comme une entité isolée.

Par essence associationniste, le béhaviorisme s’intéresse au comportement dans sa relation avec l’environnement, c’est-à-dire un ensemble de faits qui peuvent influencer ou déterminer la conduite du sujet observé. L’environnement étant comme le comportement, une réalité complexe, l’observateur s’attachera à y discerner certaines composantes. Les composantes de l’environnement que le psychologue s’efforce d’isoler pour en déterminer les effets sont appelés stimuli (Houziaux, 1972).

Du point de vue méthodologique et afin de quantifier les données de l’observation expérimentale, on choisira des stimuli mesurables (en intensité, en fréquence), donnant lieu eux-mêmes à des réponses mesurables (par leur intensité, leur latence ou temps de réponse, leur fréquence, leur durée, leur résistance à l’extinction (persistance du comportement après la disparition du stimulus).

La psychologie conquiert enfin un statut de discipline « scientifique ».

Malheureusement elle allait ignorer, pendant un quart de siècle, deux caractéristiques importantes du comportement humain : l’orientation vers un but, et l’intentionnalité.

Dans ce courant du béhaviorisme radical de Watson, l’individu n’est qu’une boîte noire et les concepts de stimulus, réponse, renforcement deviennent les éléments clés de l’explication du comportement humain.

Watson (1924) argumente sur un ton sarcastique en faveur du béhaviorisme en s’attaquant avec vigueur aux tenants de la psychanalyse :

« La conscience, oui, tout le monde doit savoir ce qu’est la conscience !…Quand nous voulons faire quelque chose, quand nous avons l’intention de faire quelque chose, ou quand nous désirons faire quelque chose, nous sommes conscients. Tous les chercheurs en psychologie introspective sont illogiques. En d’autres termes, ils ne disent pas ce qu’est la conscience, mais commencent par mettre des choses dedans à l’aide de suppositions ; ensuite, lorsqu’ils entreprennent d’analyser la conscience, ils y trouvent naturellement ce qu’ils y ont mis » ( p.191).

Cependant, même si Watson est considéré comme le « père » du béhaviorisme, Thorndike avant lui, avait déjà préconisé que la psychologie se limitât à l’étude du comportement observable, faisant abstraction de toute hypothèse sur le comportement mental, considéré comme inaccessible.

Les travaux de Thorndike entamés en 1898 sur l’intelligence animale (travaux sur les chats), lui ont permis de formuler en 1908 la loi qui le rendit célèbre : la loi de l’effet.

La première version de cette loi s’énonce ainsi (Lutrin, 1971) :

« Tout comportement qui conduit à un état satisfaisant de l’organisme à tendance à se reproduire ; tout comportement qui conduit à un état insatisfaisant de l’organisme a tendance à s’éteindre » (pp.242-239).

Mais sous l’épreuve des faits, dans certains cas, des comportements renforcés négativement peuvent réapparaître, Thorndike se voit obligé de reformuler cette loi. La loi de l’effet s’énonce alors comme suit (Lutrin, 1971): « tout comportement qui conduit à un état satisfaisant de l’organisme a tendance à se reproduire »(pp.242-239).

Malgré l’importance des contributions de Thorndike et Watson, Skinner ( 1938) fut le représentant le plus célèbre et le plus important du courant béhavioriste aux Etats Unis et dans le monde, par son influence sur l’éducation.

S’inspirant des travaux de Thorndike sur les chats, Skinner conduit dans la période 1930-1940 plusieurs séries d’expériences sur les rats. Utilisant comme tout béhavioriste la chaîne « stimulus/réponse/renforcement », il met au point expérimentalement le concept de conditionnement opérant, qui se distingue ainsi du conditionnement répondant de Pavlov (ou conditionnement pavlovien). Conditionner au sens psychologique, c’est établir un comportement nouveau chez l’homme ou chez l’animal.

Skinner conditionne un comportement volontaire (appuyer sur un levier pour obtenir de la nourriture) alors que Pavlov conditionne un réflexe (la salivation).

L’utilisation du conditionnement opérant, a permis à Skinner d’obtenir des animaux des comportements étonnants, comme par exemple les pigeons qui jouent au ping-pong…

Skinner retrouve avec le conditionnement opérant les mêmes phénomènes qu’avec le conditionnement répondant de Pavlov : discrimination, extinction, généralisation.

Fort de ce succès avec les animaux, Skinner passe ensuite à l’expérimentation sur l’homme. Il postule que les lois valables pour l’animal sont également valables pour l’homme. Skinner imagine alors pour l’être humain, une méthode d’enseignement qui appliquerait les mêmes principes : c’est la création de l’enseignement programmé (Houziaux, 1972).

Le béhaviorisme allait par la suite exercer une grande influence sur les systèmes éducatifs.