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Banque Vontobel

5. Interview de gestionnaires de fortune

5.3 Banque Vontobel

Figure 8 : Logo de la banque Vontobel

www.vontobel.com, 2017

J’ai eu le plaisir de faire la rencontre de Monsieur Christian Meury, Director Senior Relationship Manager à la banque Vontobel à Genève. Monsieur Meury est un pur produit genevois : après avoir fait ses études universitaires dans le département des Sciences économiques à l‘université de Genève, il a débuté son parcours professionnel à la Société de Banque Suisse en tant qu’analyste crédits, puis a intégré le domaine de la gestion de fortune depuis environ 20 ans, dont 11 ans chez Vontobel.

1. Quelles sont vos impressions pour la période 2016/2017 pour la place financière suisse et plus particulièrement pour votre banque ?

Je pense que nous sommes désormais dans un trend positif et que le pire est derrière nous. Nous avons été habitués, depuis 2008, à vivre en supportant des chocs économiques, nous y sommes, de ce fait, préparés. En ce qui concerne la banque Vontobel, la période 2016/2017 fut une période de redémarrage, nous avons beaucoup œuvré pour la régularisation de nos clients étrangers et nous sommes fiers que tous nos clients étrangers aient été régularisés avec succès et que cela ne représente plus un problème. Il est vrai que nous avons perdu beaucoup d’actifs sous gestion, mais nous nous reconstruisons, afin de ramener des actifs dans notre banque.

2. Quelle est votre vision de la banque du futur ?

J’estime que nous sommes déjà entrés dans la banque du futur avec l’informatisation qui a commencé il y a déjà un certain temps. Deux points essentiels caractérisent, selon moi, la banque du futur :

1. L’avancée technologique, la plupart des banques qui commencent à muter vers des systèmes informatiques performants. Chez Vontobel, par exemple, nous avons créé un e-banking que les clients adorent et qui leur permet de visualiser

l’état de leurs dépôts titres ainsi que de recevoir des analyses réalisées par nos soins et en temps réel.

2. Le fait que les gestionnaires doivent sans cesse être en formation continue. Dans le futur proche, un gestionnaire de fortune devra être non seulement un conseiller financier, mais aussi un conseiller successoral et fiscal pour ses clients.

3. Qu’est-ce qui a fondamentalement changé dans votre métier ?

L’informatique a énormément changé mon métier. A l’époque nous perdions beaucoup de temps lors des transmissions d’information. Aujourd’hui, grâce à l’informatique, nous gagnons un temps considérable. De nombreuses personnes au sein des banques n’ont pas survécu à ce changement. C’est pour cette raison qu’il faut toujours privilégier la formation continue et être curieux, c’est la clé de la réussite.

4. Pensez-vous que les diverses réglementations mises en place freinent la croissance des banques en Suisse ?

Il est évident que cela a freiné quelque peu la croissance des banques en Suisse. Malgré cela, nous ne sommes pas les seuls à supporter ce type de réglementations, il faut donc s’y faire. Bien que ces réglementations aient généré un poids administratif supplémentaire, je constate que depuis 2011, de nombreux résidents étrangers viennent en Suisse pour sa stabilité politique. On peut ainsi dresser un parallèle avec les années 30. A l’époque, les grandes fortunes venaient en Suisse pour sa stabilité, car elles avaient peur de la guerre. Aujourd’hui, les gens ont toujours peur de l’instabilité dans leurs pays, ils viennent donc dans notre pays.

5. A combien se chiffre en pourcentage votre clientèle étrangère ? Comment la gérez-vous, quelles sont les directives en vigueur et enfin rencontrez-vous des problèmes ?

Nous avons un peu moins de 50% de clientèle étrangère, le reste étant constitué de résidents suisses. Nous la gérons avec qualité comme nous le faisons avec tous nos clients, indépendamment de leurs pays de résidence. La banque Vontobel se concentre essentiellement sur la clientèle européenne, en s’appuyant sur une présence marquée sur le continent. Un des desks qui marche très bien depuis 2010, est le desk « USA », avec une grosse croissance des actifs sous gestion. Nous n’y rencontrons pas de problèmes majeurs, puisque tous nos clients sont régularisés.

6. Comment faites-vous de la croissance avec la clientèle étrangère, quels arguments mettez-vous en avant pour la conserver ?

Comme je l’ai précédemment évoqué, grâce à notre qualité de conseil et notre savoir-faire. Nous faisons également valoir l’excellence de nos performances et un secteur de recherche et de développement de haut niveau, ce qui consolide la réputation de notre banque pour les clients étrangers.

7. En quoi l’avancée technologique peut-elle aider le domaine de la gestion de fortune ?

L’avancée technologique nous fait bénéficier d’un gain de temps énorme, accroît la satisfaction de nos clients et augmente la productivité de nos gestionnaires. A Vontobel nous avons à disposition des outils informatiques performants, notamment une application, qui nous permet de simuler l’état du portefeuille d’un client avant et après l’allocation de ses actifs. C’est une plus-value particulièrement intéressante pour nos clients.

8. Est-ce que votre entreprise investit dans les fintechs ? Si oui, lesquelles ?

Non, nous n’investissons pas dans les fintechs, car nous ne faisons pas du capital risque.

9. Est-ce que votre banque détient un produit technologique de type robot-advisor ?

Non, la stratégie de notre banque n’est pas favorable aux robots-advisors, car le relationnel est l’un des piliers sur lequel repose notre confiance. Cependant, nous possédons un système informatique dédié au marketing, qui permet d’envoyer la bonne documentation aux clients instantanément. Ainsi, nous n’avons plus besoin d’écrire de lettres clients, ce qui représente un gain de temps important. Mais nous n’envisageons pas d’étendre ce type d’outil au niveau du conseil.

10. Que pensez-vous des robots-advisors, est-ce une menace pour les gestionnaires de fortune ou au contraire une opportunité ?

Je ne pense pas que les robots-avisos soient une menace pour le gestionnaire de fortune, car le relationnel avec le client est déterminant. Nos clients aiment venir nous parler et nous font confiance. Un robot ne pourra jamais remplacer l’humain car il n’a pas d’émotion, il n’est pas capable d’analyser si le client nous dit toute la vérité sur ses avoirs, par exemple, alors que l’humain avec son intuition peut le détecter. En revanche

pour la clientèle qui ne dépasse pas les 50'000 CHF d’actifs à sa disposition, il me semble intéressant qu’un robot puisse gérer sa fortune et je suis persuadé que cela sera le cas.

11. Quels sont les défis majeurs à venir pour la gestion de fortune en Suisse et comment envisagez-vous l’avenir ?

Je vois l’avenir de la gestion de fortune suisse de manière positive, car nous jouissons d’une qualité de formation de tout premier ordre et nous réalisons un travail de grande qualité qui résulte de très bonnes performances. De plus, nous vivons dans un pays profitant d’une stabilité politique et monétaire, ce qui attire et attirera toujours des clients du monde entier. J’estime toutefois qu’à l’avenir, le problème de rentabilité des banques nous forcera à revoir la politique salariale des banques à la baisse. Il faudra réaliser qu’il ne sera plus envisageable, pour la jeune génération, de bénéficier de salaires aussi élevés. Pour finir, je pense que nous devons aussi revoir la tarification de nos frais pour les clients, qui est beaucoup trop élevée par rapport à nos pays concurrents.

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