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60 récepteurs. Ils ont donc une fonction hautement expressive. L’importance de l’action est exprimée par les formes verbales, par une recherche des termes descriptifs et des comparaisons, par l’emploi des onomatopées, par des exclamations ou encore des idéophones. Les idéophones sont des sortes d’adverbes expressifs fréquents dans toutes les langues africaines. Ils sont remarquables par leur phonétisme particulier et par leur répétition (au moins deux ou trois fois). Certains d’entre eux portent sur les couleurs dont ils modifient les nuances et l’intensité. Par exemple, La Daba magique, un conte faisant partie de notre corpus86, le conteur, pour marquer le moment

du retour à la maison de Sanhwi-L’Hyène aux derniers rayons du soleil dit : A i zora mi zun a woso-nyu li hè hababababa

// et/ partit/ rentré/ sa/ maison/ moment/ soleil-tête/ dessous/ poussé/ rouge// Il rentra chez lui au moment où le soleil était tout rouge-rouge-rouge87

Les procédés de style permettent au conteur de préciser des particularités de sonorité, de forme, de position, de mouvement, d’attitude, etc. Dans le conte Qui sont les Diarra ? ces éléments sont nombreux88 :

lo hayirezo ma wè fin-fin-fin-fin

//le/enfant-petit/ en train/pleurer/ fin-fin-fin-fin// L’enfant se mit à pleurer, pleurer, pleurer, pleurer

ou

Lobe nyunbwo’o nè titi yè

//que lui/tête/que voici/ buissonneux/ démonstr.// Ta tête est une vraie tignasse (broussaille)

Sur le plan strictement syntaxique, le style oral utilise le discours rapporté, indirect. Il se caractérise également par la manière dont le narrateur se sert des ressources de son corps et de sa voix pour donner vie au texte (gestes, mimiques, expressions du visage, variation des intonations et imitation des voix des personnages, rapidité des dialogues, etc.). Nous

86 Cf.ANNEXES, 87 Cf. ANNEXES, 88 Cf. ANNEXES,

61 étudierons dans le chapitre III en nous basant un enregistrement vidéo89, la

gestuelle du conte intitulé Les Sept célibataires. Le contexte d’énonciation comprend les échanges avec l’auditoire, les réactions, les rires, les acquiescements, les questions et invitations du conteur à son public. Tout sert à créer l’ambiance, à soutenir l’attention, en définitive, à « composer » le récit du conte.

Un peu partout dans le monde, les contes sont encadrés par des formules fixes qui dégagent la responsabilité du narrateur en prévenant l’auditoire qu’il s’engage dans le monde de l’imaginaire (formule de début) puis qu’il revient à la réalité (formule de fin). Ces formules soulignent un changement de niveau de langage (passage à l’expression littéraire) et de contexte (du réel au symbolique).

2.3. Quels intérêts pour la radio ?

Comme la variété de genres et la diversité du style le laissent percevoir, la littérature orale revêt un intérêt particulier. En ce qui concerne le conte, toutes les sociétés conviennent de sa fonction évidente de divertissement. Tant pour Propp, pour André Jolles que pour les africanistes Geneviève Calame-Griaule ou Christiane Seydou, le conte « joue un rôle essentiel dans la pédagogie et dans la transmission des modèles culturels et de la vision du monde »90. On considère qu’il développe l’intelligence dans la

mesure où il fait appel à des pratiques capables de développer la mémoire. Le conte apprend aux enfants les règles de la vie en société et les instruit du monde naturel. Au-delà de ces bienfaits, il faut souligner que cette forme du récit constitue une sorte de miroir dans lequel la société se regarde, s’observe afin de mesurer sa propre stabilité, si ce ne sont ses propres égarements. Au travers des contes sont exprimés des idées, des sentiments, des fantasmes qui, comme le dit encore Geneviève Calame-Griaule, « ne

89 Nous y reviendrons plus loin dans le chapitre III 90 CALAME-GRIAULE, Genviève, 2006 : 22

62 peuvent apparaître clairement dans la parole courante »91. Ils permettent de

dénouer certaines tensions sociales, d’atténuer des conflits entre générations et classes d’âges, d’aborder avec moins de passions les problèmes dans les relations familiales. Une des forces majeures des contes réside en ce pouvoir de parler le langage de l’universel, de la transversalité, sans limites dans le temps et dans l’espace. En effet, beaucoup de thèmes communs provenant de cultures très différentes et très éloignées les unes des autres apparaissent dans les contes. Pourquoi ? Sans doute parce que les problèmes qu’ils soulèvent sont partagés par la plupart des sociétés humaines.

63 3. DEFINIR LE CONTE EN AFRIQUE

Comment faire du conte de tradition orale un objet d’étude des sciences de l’information et de la communication ? Pour répondre à cette interrogation, nous voulons d’abord situer le conte dans l’ensemble des genres oraux (mythes, légende, fables) avant d’esquisser des propositions de définitions ; ensuite nous proposerons des définitions en tenant compte du contexte propre aux sociétés de l’oralité.

3.1. Le conte, un langage et des représentations

Le conte représente un fait de civilisation. Il reflète des valeurs idéologiques. C’est un mode d’expression de la pensée, un art et une littérature situés dans un contexte donné. Récit éducatif, le conte, en ce qui nous concerne, permet « de mieux comprendre le monde africain, sa vision de l’univers, de Dieu, de l’homme, des êtres et des choses, de mieux apprécier sa culture et sa littérature »92. Cependant, mis à part ces variables

liées à l’environnement, à l’histoire et aux traditions de chaque peuple, tous les contes présentent les mêmes caractéristiques générales, développent plus ou moins les mêmes thèmes. Si les mêmes récits circulent93, les personnages

diffèrent d’une zone à l’autre.

Pour les Bwa du Mali auprès desquels nos enquêtes ont été menées, l’origine des contes s’explique de deux manières. Une première hypothèse se réfère aux Ancêtres qui les auraient donnés en héritage aux humains. L’argument avancé par un de nos informateurs94 demande de prendre en

92 N’DA, Pierre, 1984 : 11-13.

93 Par exemple, La Fille Difficile (2005) est une étude pluridisciplinaire. Il s’agit d’un conte

dont les versions ont été recueillies dans une dizaine d’ethnies de l’Afrique de l’ouest à l’Afrique de l’Est. Selon les sociétés, les réponses apportées aux questions de l’exogamie, de la contestation de la coutume ou encore de la féminité diffèrent. Elles reflètent une vision du monde et un type d’organisation. Les auteurs proposent une méthodologie de l’étude des contes dont peuvent s’inspirer ethnologues, sociologues, psychologues.

94 Panworo Sanou, du village de Lakuy (commune de Yaso), 68 ans. Enquête terrain,

64 compte la formule d’introduction de la plupart des contes. Elle s’énonce comme suit :

Han, han, han. Maa dana

//écoutez/ écouez/ écoutez/ pères/ anciens// Ecoutez, écoutez, écoutez. Ce que disent les ancêtres.

Ainsi, les contes seraient la voix des aïeux qui continuent d’enseigner, d’éduquer, de prévenir. La deuxième hypothèse sur l’origine du conte voit dans ce genre de récit une « parole codée ». Alexandre Coulibaly, conteur, en est persuadé. Et pour donner illustrer cette « conviction » nous, il raconte L’Histoire d’un père et son fils qui ne se dépassent pas en paroles95. La parole

codée telle entendue ici est un langage créé pour se comprendre entre gens avertis. Le conte serait alors accessible à ceux qui sont capables d’en déceler les personnages, de comprendre les situations évoquées, de tirer parti des leçons proposées. L’abus de la parole codée, dans la philosophie bo, s’apparente parfois au mensonge. Les conteurs le savent bien. Eux qui terminent leurs récits en disant :

U yu ba sabia feni nè, an bo han si bini

//J’ai/ trouvé/ leurs/ mensonges/ endroit/ quelconque/ je/ pose/ eux/voici/ là// Je vous restitue les mensonges que j’ai appris.

Sans être uniquement des spéculations, à travers ces hypothèses dont le but est de nous dire le pourquoi du conte, nous constatons qu’il est de la nature de l’homme de remonter à l’origine des choses. En fait, partout et depuis toujours, les hommes disent des récits, racontent des histoires. Cette pratique s’adapte au milieu et à la situation particulière. Si l’on trouve au conte des provenances diverses, cela dénote des « possibilités identiques de création du génie de l’homme de toute origine, et aussi des contacts historiques entre peuples »96. Une telle variété générique expliquerait les

nombreuses « déclinaisons du conte » que sont le mythe, la légende ou encore la fable. A présent, voyons comment le conte se situe par rapport à

95 Cf. ANNEXES, L’histoire du père et du fils qui se comprenaient si bien. 96 N’DA, Pierre, 1984 : 13.

65 chacune de ces formes littéraires se positionne par rapport au conte et pourquoi ?

3.2. Des genres proches du conte : mythe, légende, fable

Il existe une parenté entre le conte et le mythe. Récits « fondateur de culture », les mythes mettent en scène des dieux et des hommes. Ils fournissent « un ensemble de représentations des rapports du monde et de l’humanité avec les êtres invisibles »97. Sociologiquement, le mythe est

considéré comme un « idéal type »98 qui justifie la portée d’une tradition.

C’est du moins ainsi que l’envisage par Max Weber (1864-1920), un des fondateurs de la sociologie. Pour lui, on ne peut comprendre les phénomènes sociaux en dehors de leur système de valeurs et de croyances. Max Weber montre que les mythes constituent des argumentaires par lesquels la société légitime telle ou telle situation. Ainsi, ils contribuent à idéologiser c’est-à-dire à transposer sur le plan de l’imaginaire certaines contradictions ou problèmes que les hommes ne veulent pas regarder en face. Ces instruments servent à masquer la domination ou du moins à l’atténuer. Ils cachent tout en révélant les désirs des individus. Une pareille conception n’est pas celle de Pierre Smith, pour qui, le mythe est « reconnu pour vrai par les sociétés qui le racontent même s’il n’y a rien de vraisemblable pour l’observateur99».

Le mythe se présente comme une explication avancée par la société elle- même sur l’origine ou le sens des choses ; ses personnages viennent des mondes surnaturel et cosmique. Dans Anthropologie structurale, Claude Lévi- Strauss donne quelques indications sur le temps du mythe :

97 LABURTHE-TOLRA Philippe et WARNIER Jean-Pierre, 1993 : 168.

98 Le concept de « idéal type » proposé par Weber se définit comme un travail de

grossissement et d’idéalisation des traits fondamentaux par lequel le chercheur construit, définit de manière cohérente les traits d’un objet d’étude. Sorte d’idéal, il constitue un instrument d’intelligibilité fondamentale. Il permet de lire le réel, d’analyser les écarts entre ce qui est supposé et ce qui est effectif. La notion d’idéal type permet de baser toute analyse en science sociale sur un travail de schématisation du réel.

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Un mythe se rapporte toujours à des événements passés avant la création du monde […] ou […] pendant les premiers âges […] en tous cas […] [i]l y a longtemps. Mais la valeur intrinsèque attribuée au mythe provient de ce que les événements, censés se dérouler à un moment du temps, forment aussi une structure permanente. Celle-ci se rapporte simultanément au passé, au présent et au futur100.

Nous devons relever une constante : les mythes expriment une certaine vision du monde, traitent des problèmes fondamentaux de l’existence et s’adressent à toute la communauté si ce n’est à l’ensemble des êtres. C’est en cela qu’en référence à des populations voisines des Bwa, nous pouvons qualifier le mythe de « parole profonde », de « parole grave ». Par exemple avec Marcel Griaule, dont les travaux portent sur la cosmogonie des Dogon101, le sage Ogotemmêli, compare cette parole au métier à tisser : « La

parole est le bruit de la poulie et de la navette. Le nom de la poulie signifie « grincement de la parole ». Tout le monde entend la parole ; elle s’intercale dans les fils, remplit les vides de l’étoffe »102. Ni ésotérisme, ni « spéculation

individuelle d’intérêt secondaire »103, la parole sous la forme du mythe

exprime la profondeur et la gravité des choses selon la pensée des Dogon. A côté, le conte apparaît parfois comme superficiel et partiel. Pourquoi ? Tout simplement parce le conte n’aborde que certains aspects des choses de la vie, ne concerne que des individus ou des êtres isolés ; il n’engage pas forcément toute l’humanité. D’aucuns concluent que « le conte se présente bien comme un mythe dégradé »104. L’analyse structurale a montré d’ailleurs

100 LEVI-STRAUSS, Claude, 1958 :231.

101 Marcel Griaule écrit Dieu d’eau après une mission chez les Dogon du Mali en 1946.

L’ouvrage relate trente-trois journées d’entretiens avec un vieux sage du nom de Ogotemmêli. Celui-ci, un vieux chasseur devenu aveugle, expose plusieurs aspects de la culture dogon. Notamment une cosmogonie de ce peuple marquée par sa vision symbolique de l’univers, sa conception organisée de la personne et du verbe. Le livre influencera les travaux de nombreux ethnologues s’intéressant aux problématiques de communication et de transmission en Afrique.

102 GRIAULE, Marcel, 1966 : 78. 103 GRIAULE, Marcel, 1966 : 12. 104 N’DA, Pierre, 1984 : 14.

67 que le mythe et le conte ne sont pas des genres fondamentalement distincts à l’origine. On se souvient que Propp considère par exemple qu’il n’y a qu’une différence historique. Pour lui, « le conte procède du mythe qui est le récit premier »105. Nous observons ici que, dans le répertoire africain, bon

nombre de contes proviennent des mythes qui ont perdu leur sens premier. Cependant, comme le fait remarquer Mamoussé Diagne, dans Critique de la raison orale106, on peut noter quelques différences sur le plan littéraire.

Ainsi, au niveau de la narration, le conte se présente comme une allégorie qui « démonte », « théâtralise » et « joue la société». Il procède du déguisement et de la symbolisation comme le soutient Mamoussé Diagne :

Ces différents procédés peuvent fréquemment s’effectuer selon la modalité du « comme si… » : on ne dit pas seulement comment joue une configuration sociale, mais comment elle pourrait jouer si, et seulement si… La capacité à convoquer des alternatives est ce qui permet justement au conte d’assumer, dans certains contextes historiques, une fonction critique remarquable consistant à récuser l’être au nom du devoir. Il faut dire […] que la société n’est pas seulement « jouée en même temps qu’imaginée » mais qu’elle est « jouée parce qu’imaginée »107.

Ajoutons par ailleurs que l’analyse permet, au-delà de la manifestation immédiate du conte, de mettre en évidence les structures narratives et discursives, éléments révélateurs de son sens profond. Avec le mythe, nous sommes placés au niveau des valeurs existentielles et des problèmes métaphysiques : la création, Dieu, l’homme, la vie et la mort, le sexe et la fécondité, l’âme et le corps, le bien et le mal, l’amour et la haine, la santé et la maladie, le destin, l’au-delà, etc. De ce point de vue, sa structure narrative diffère parfois de celle du conte. Le mythe vise essentiellement à exposer et à transmettre des « paroles profondes ». Ainsi, dans Kaïdara, un récit initiatique108 recueilli par Amadou Hampate Bâ, cette injonction finale du

105 Idem.

106 DIAGNE, Mamoussé, 2005 : 123-166. 107 DIAGNE, Mamoussé, 2005 : 127.

108 Kaïdara narre le voyage initiatique de trois jeunes dans un pays lointain. Ils font

68 héros au vainqueur des épreuves endurées le laisse entendre la portée du mythe :

Retiens bien ce que tu viens d’apprendre et transmets-le De bouche à oreille jusqu’à tes petits-enfants

Fais-en un conte pour les héritiers de ton pouvoir Enseigne-le à ceux dont les oreilles bienheureuses Se fixent sur une tête agréable109 et chanceuse110.

Pour comprendre le discours du mythe, il faut se placer dans le contexte du vécu des gens, des croyances populaires, de la philosophie et de l’éthique des peuples qui l’ont produit. Les personnages y sont décrits comme des héros, des entités supérieures, des forces de la nature alors que ceux des contes sont généralement des êtres humains, des animaux, des êtres anthropomorphisés et parfois des êtres supranaturels. Sans allégorie, peu imagés, ces personnages renvoient directement à la société réelle alors que, dans les mythes, les personnages ne renvoient à la société humaine qu’en dénotation seconde. Comme le fait remarquer un de nos informateurs, « dans le conte, si on parle de la bêtise de l’hyène, ne va pas croire qu’il s’agit de l’animal qui est en brousse. Il s’agit de stigmatiser surtout un travers chez nous les humains 111». Dans le conte, il y a un certain équilibre entre le

réel et le surréel, alors que, dans le mythe, le surnaturel semble prendre une place prépondérante. Nous reviendrons un peu plus tard sur les impacts attendus et observés du conte, genre oral qui nous préoccupe dans ce travail.

En définitive, que retenir de la proximité de forme et de sens du conte face au mythe ? Pour Christiane Seydou, « les contes sont comme l’avatar

dieu de l’or et de la connaissance. Seul, un compagnon franchira en vainqueur toutes les étapes.

109 « Têtes chanceuses » : dans la mentalité et la compréhension peule l’expression signifie

des têtes qui à la fois attirent la chance et portent la chance.

110 BA, Amadou Hampâte, 1993 : 330. 111 Cf. ANNEXES, Entretiens collectifs.

69 populaire – et pédagogique – des mythes »112. Quant à Denise Paulme, après

avoir fait remarquer que « le mythe et le conte ne sont pas des genres distincts du point de vue génétique » elle introduit un critère discriminant relatif au manque initial qui déclenche la quête :

« Si le manque initial qu’il s’agit de combler (famine, pauvreté, absence d’épouse) ne concerne que l’individu isolé, le récit est vraisemblablement un conte ; s’il concerne la communauté, voire l’ensemble des êtres vivants, il s’agit d’un mythe113.

Dans l’hypothèse que les mythes en se dégradant se transforment en contes et en légendes, on ne peut déduire automatiquement que tous les contes proviennent des légendes. C’est pourquoi certains récits considérés comme des contes sont en réalité des légendes. Dans les toutes premières productions de la littérature africaine francophone dans le domaine, force est de constater chez les auteurs une certaine confusion entre le conte et la légende. Bon nombre d’écrivains emploient indifféremment les deux termes. Ainsi, chez l’Ivoirien Bernard Dadié114 dans Légendes africaines, il y a,

confondus, de véritables légendes (la légende baoulé, par exemple) et de véritables contes (la bataille des oiseaux et des animaux). Il en est de même dans Contes et légendes d’Afrique noire du Sénégalais Ousmane Socé115 mais

aussi dans Contes et légendes du Niger de Boubou Hama116. Dans toutes ces

productions, nous ne remarquons guère de différence faite entre les textes : qu’est-ce qui est conte ? Qu’est-ce qui est légende ? Aucune précision. Dans la littérature orale africaine, on peut noter que les différences entre conte et légende ne sont pas toujours nettes. Cependant, il n’existe aucune confusion possible dans la manière dont les locuteurs eux-mêmes nomment ces deux genres. Par exemple chez les Bwa, le conte (o’otin) relève de paroles divertissantes. Tandis que la légende (wara, masara), elle, fait référence à

112 SEYDOU, Christiane, 1972 : 158.

113 PAULME, Denise, 1972, « Morphologie du conte africain », Cahiers d’études africaines,

n°1, p. 130-163

114 DADIE, Bernard,1956. 115 SOCE, Ousmane, 1962. 116 HAMA, Boubou, 1962

70 des faits passés, réels ou supposés. La frontière entre les deux récits n’est pas infranchissable et l’on glisse insensiblement de la légende au conte. Si, dans la pratique, la distinction entre légende et conte n’est pas facile à faire, on peut cependant proposer quelques considérations au regard d’observations.

Avec la légende, des faits historiques peuvent être déformés, arrangés, grossis. L’imagination populaire ou celle de l’artiste s’active dans une fertilité poétique singulière. Récit, la légende relate ou exalte les hauts faits de

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