• Aucun résultat trouvé

6.4 POSITIONNEMENT PERSONNEL

En choisissant le thème de la ludocréativité pour mon travail de Bachelor, je souhaitais identifier les possibilités de l’insérer dans ma pratique en tant que future éducatrice sociale. Je précise à nouveau que je ne connaissais pas cette pédagogie et que je ne l’avais jamais expérimentée auparavant. Il s’agissait donc d’un défi pour moi car je n’étais pas convaincue que ce soit un réel outil pour l’éducation sociale. Lorsque j’ai commencé à découvrir les écrits scientifiques à propos de la pédagogie, j’ai eu l’impression qu’elle était destinée uniquement aux enseignant·e·s. Elle me paraissait difficilement abordable pour les éducateurs et les éducatrices. J’ai alors approfondi mes recherches afin d’en savoir davantage, jusqu’à lire en référence à Dinello (2006), qu’elle s’adressait bien à différentes professions dont l’éducation sociale. Toutefois, c’est essentiellement lors de l’enquête empirique et des rencontres effectuées que j’ai pu percevoir l’utilité et la place que la pédagogie pouvait avoir au sein de l’éducation sociale. Comme il l’a été démontré dans ce travail, la ludocréativité a de multiples apports sur le développement global de l’enfant. Elle permet notamment de lui offrir un espace d’apprentissages cognitifs, comportementaux et relationnels qui, si l’enfant les intègre, seront des outils précieux pour son devenir et son intégration dans la société. La ludocréativité est un outil d’intervention qui poursuit certaines finalités et valeurs similaires à celles de l’éducation sociale. Par conséquent, j’entrevois des possibilités d’intégrer la ludocréativité dans ma pratique et j’en éprouve l’envie, car cela semble prometteur. Néanmoins, actuellement, je ne peux pas dire que je sois entièrement convaincue de cet outil. Il me manque encore certaines données, telles que de plus amples connaissances, des observations en situation et de la pratique avec la ludocréativité. De plus, je n’ai pas eu l’occasion de m’entretenir avec au moins une personne défavorable à la ludocréativité afin de mieux cerner ses limites, ce qui m’aurait permis d’avoir des avis différents et de pouvoir mieux me positionner par rapport à cette approche en prenant un certain recul. Des aspects organisationnels et temporels en sont principalement la cause, je pense. Par ailleurs, les différentes limites évoquées précédemment suscitent encore différentes interrogations quant à l’insertion de la ludocréativité dans l’éducation sociale. Pour mon avenir professionnel, je pense que dans un premier, il est primordial de me familiariser avec le monde professionnel et les techniques « courantes » d’intervention dans l’éducation sociale. Ensuite, en toute connaissance de cause, je pourrais alors me former en pédagogie d’expression ludocréative si tel est mon souhait. Enfin, je serai en mesure d’identifier les situations les plus propices pour intégrer cet outil dans ma pratique à bon escient.

6.5 BILAN DES APPRENTISSAGES PROFESSIONNELS ET PERSONNELS

Ce Travail de Bachelor a été une expérience unique et très enrichissante d’un point de vue tant professionnel que personnel. Au-travers de cette démarche, j’ai réalisé de nombreux apprentissages et j’ai pu développer certaines de mes compétences.

Tout d’abord, j’ai eu l’opportunité d’expérimenter une démarche de recherche scientifique dans son ensemble. À ce titre, j’ai dû me familiariser avec la méthodologie qui s’y rapporte. Cela n’a pas tout de suite été évident mais, avec l’aide de ressources méthodologiques, j’y suis parvenue. Pour mener à termes ce travail, il a fallu m’organiser dans le temps, planifier chaque étape du processus et essayer de respecter certains délais. Comme il l’a été mentionné précédemment, au cours de cette démarche, la planification qui avait été établie lors du projet de Travail de Bachelor a été soumise à des réajustements. Toutefois, j’ai su faire preuve de persévérance et de rigueur afin de respecter les délais impartis par la HETS. La démarche empirique m’a confronté à la réalité du terrain et aux écarts qu’il pouvait y avoir entre la pratique et la théorie. Lors des entretiens, j’ai aussi eu la chance de rencontrer plusieurs professionnel·le·s provenant de divers domaines. Cela a contribué à élargir mon champ de vision, à découvrir d’autres professions et d’autres méthodes de travail. Ceci est un atout pour ma pratique car dans le domaine l’éducation sociale, nous sommes régulièrement amené·e·s à collaborer au sein d’équipes pluridisciplinaires. C’était aussi la première fois que je menais des entretiens individuels. J’appréhendais cette étape mais finalement, ce fût

enrichissant d’entendre les personnes s’exprimer et de pouvoir échanger avec elles. J’ai aussi beaucoup appris sur moi et ma manière d’être dans un contexte comme celui-ci. En effet, à travers les enregistrements des entretiens, j’ai pris connaissance de certaines de mes ressources mais aussi de mes limites, ce qui m’a permis d’améliorer ma posture pour les rencontres suivantes et notamment de me rapprocher le plus possible d’une position Meta ; c’est-à-dire, d’être à la fois consciente de moi, de l’autre et de l’objectif de l’entretien.

Tout au long de ce processus, je me suis beaucoup questionnée quant au sens que je souhaitais donner à ma pratique de l’éducation sociale. La recherche a mis en évidence les fondements éthiques de l’éducation sociale et de la pédagogie d’expression ludocréative ce qui m’a interrogé sur mes valeurs personnelles et professionnelles. Ceci a certainement contribué à clarifier mon identité professionnelle. Aussi, la recherche a fait apparaître différents enjeux pour les professionnel·le·s du social et a démontré la nécessité de considérer certains éléments dans la pratique de l’éducation sociale. Parmi ces éléments, il y a l’importance d’adopter une démarche conscientisante. Ceci se rapporte notamment à être actif ou active, protagoniste et avoir une posture réflexive sur soi, les usagers et usagères ainsi que sur le contexte et les enjeux.

Le protagonisme est un autre élément que je souhaite développer. Nous avons vu qu’il est particulièrement encouragé dans la ludocréativité afin de rendre les personnes actrices de leur vie. À mon avis, il renvoie au pouvoir d’agir des individu·e·s. Cette notion correspond « […] à la capacité concrètes des personnes (individuellement ou collectivement) d’exercer un plus grand contrôle sur ce qui est important pour elles, leurs proches ou la collectivité à laquelle elles s’identifient. » (Le Bossé, 2007, anas.fr) Cette approche est, à mon sens, pertinente. D’une part, dans l’éducation sociale, un risque fréquent est l’instauration d’une relation de pouvoir entre l’accompagnan·te et l’usager ou l’usagère. Ceci peut se traduire par de l’assistanat ou l’élaboration d’un projet individualisé qui ne corresponde pas aux désirs et aux besoins des usagers et des usagères. D’autre part, cette approche considère à la fois l’influence des éléments issus de l’environnement social de la personne et l’influence de ses caractéristiques individuelles, ce qui me semble indispensable pour avoir une vision globale de la situation et être cohérent·e.

D’un point de vue plus personnel, en écrivant ces lignes, je réalise le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui. La réalisation de ce Travail de Bachelor m’a fait grandir. Ceci n’a toutefois pas été sans peine. Je pense avoir expérimenté des passages de doutes, de l’angoisse parfois paralysante, une certaine pression ainsi que de la difficulté à fixer mon attention. Cependant, j’ai réussi à dépasser ces obstacles en mettant à profit mes ressources, mais aussi en développant de nouvelles compétences. Beaucoup d’émotions ont été vécues tout au long de cette expérience et notamment lors des entretiens avec les professionnel·le·s. Leurs témoignages ont provoqué des résonnances en moi et ont questionné mes propres pratiques. Cette démarche a confirmé la valeur du métier d’éducateur et d’éducatrice social·e afin de défendre la dignité de l’être humain·e. Je me suis également rappelée les raisons pour lesquelles j’ai choisi cette voie. Il est peut-être prétentieux mais je souhaite jouer un rôle dans la marche vers un futur meilleur ! La réalisation de ce travail de bachelor m’a donc conforté dans mon choix professionnel.

70

« C’est la surprise, l’étonnement qui nous oblige à évoluer. »

7 BIBLIOGRAPHIE