• Aucun résultat trouvé

10 Annexes

10.1 Retranscription des entretiens avec les enseignantes spécialisées

10.1.3 B., enseignante spécialisée en classe terminale

V. : Alors aujourd’hui je rencontre B., qui est enseignante à l’Arsenal, avec des élèves en fin de scolarité obligatoire. Alors je vais en fait… le but de notre rencontre aujourd’hui c’est que je recueille ton témoignage sur tes stratégies d’enseignement dans une classe d’enseignement spécialisé, avec un groupe hétérogène. Alors est-ce que tu peux me dire quel âge ont tes élèves et quelles sont les problématiques de ces derniers ? Par exemple est-ce qu’ils ont des troubles du langage, des apprentissages, du spectre de l’autisme, ou un retard mental ?

B. : Alors mes élèves ils ont entre 13 et 16 et puis je crois qu’ils ont un peu tout ce que tu as dit ! On a principalement un retard mental, on a aussi des troubles du langage… Il y a pas forcément un diagnostic posé. On a eu quelques élèves autistes mais ils sont très rares, heu voilà, des troubles du comportement aussi, c’est sûr.

V. : D’accord, et puis comment est-ce que tu peux définir l’hétérogénéité présente dans ta classe, si tu en constates une ?

B. Evidemment qu’il y en a une, comment est-ce que je peux la définir, heu, déjà ne serait-ce que par le niveau scolaire, malgré les groupes à niveau que nous organisons à l’Arsenal, il peut quand même y avoir des sacrées différences entre un élève et l’autre, voilà, …

V. Est-ce que l’hétérogénéité apparaît au niveau du rythme d’apprentissage ou des niveaux maths français, ou aussi du comportement ?

B. : Oui, une grosse hétérogénéité vraiment, au niveau des maths et du français et au niveau du comportement, il peut y avoir une très très grosse différence.

V. . Et puis aussi au niveau de la façon d’apprendre, du rythme d’apprentissage, vraiment de l’acquisition des notions ?

B. Oui.

V. D’accord. Est-ce que tu es au clair sur la notion de zone proximale de développement ?

B. Oui.

V. Super, est-ce que tu peux définir si tes élèves sont au niveau de cette zone lorsqu’ils sont en situation d’apprentissage et si oui comment ?

B. : Je dirai que la plupart du temps évidemment on fait des projets pédagogiques basés sur ça, après y a certains élèves où t’es obligé de commencer un poil en dessous de la

zone proximale de développement parce qu’il faut les mettre en défi, ou la notion d’échec est très mal acceptée…

V. Par eux mêmes donc…

B. : Oui. Ça m’est arrivé une fois où j’avais un élève, j’avais fait les évaluations initiales, et je me suis rendue compte que j’étais à côté de la plaque comme c’était pas permis. V. Mais sinon tu es dans le tir.

B. : oui.

V. : Et puis justement, s’ils ne sont pas dans cette zone proximale, est-ce que tu peux interpréter certains signes, comme étant liés au fait qu’ils sont éloignés de cette zone ? Par exemple est-ce qu’ils montrent de l’ennui ?

B. : Je dirai peut être, ça travaille trop vite. De l’ennui, pas tellement, pour qu’il y ait de l’ennui, il faut vraiment être très loin de la zone proximale de développement, j’ai envie de dire. C’est plus rare. De la démotivation peut être… Mais que tu sois dans la zone ou pas… C’est toujours un sujet. Mais autrement oui, on remarque quelques signes, mais c’est pas flagrant je dirai.

V. : Et puis est-ce que tu peux me parler de tes stratégies d’enseignement pour l’apprentissage de nouvelles notions, en maths et en français par exemple, si tu commences vraiment quelque chose de nouveau qu’ils n’ont jamais vu ?

B. : J’essaie de les mettre en premier en situation, la question se pose, et j’essaie dans la limite du possible de lancer le défi pour qu’ils découvrent un minimum par eux-même ce qu’il se passe et comment arriver à résoudre le problème…

V. : ça sera individuel ? B : : ça c’est impossible !

V. : Non, mais tu vas commencer par un petit moment tous ensemble et ensuite ils seront lancés dans des activités en fonction de leur niveau par exemple ?

B. : ça dépend vraiment de la notion à introduire. Y en a déjà qui maîtrisent et ça va super bien, ils ont peut être déjà quelques fiches d’entrainement justement pour changer l’eau, moi je dis, pour répéter, et puis les autres je les lance, des fois je peux utiliser ces élèves qui maîtrisent déjà pour donner un coup de main aux autres, voilà.

V. : Ok, alors voilà ça c’est intéressant ! Donc par exemple, si tu les lances dans une activité, tu peux avoir un petit groupe hétérogène, t’en aurais un qui serait plus en difficulté mais qui profitera des acquis d’un autre ?

B. Oui. Et qui font pas forcément la même chose en même temps.

V. : Y en a un qui fera une fiche, un autre qui fera autre chose, mais il peut demander de l’aide à quelqu’un de la classe. Donc ça ça fait partie de la façon dont vous travaillez dans vos classes ?

B. : en tous cas moi, je travaille comme ça.

V. : Et puis par rapport à la répétition des notions, comment est-ce que tu t’y prends, quand tu veux répéter quelque chose qui est déjà connu ?

B. : Alors ça c’est ce qui arrive la plupart du temps en fait. Pour être honnête. Je répète… je travaille très peu par atelier, très peu par groupes, parce qu’avec les problèmes de comportement, c’est toujours le truc pour faire dégénérer comme il faut la leçon. C’est vrai que j’ai vraiment perdu l’habitude de travailler par groupe. On peut travailler au tableau, pis tu vois avec 8 élèves c’est déjà travailler par groupe, quelque part… On peut travailler tous au tableau, j’ai aussi le tableau rouge, où on peut tous se mettre autour, ou une partie des élèves et l’autre partie à sa place en train de faire autre chose… ça dépend.

V. : Donc tu peux avoir individuel et toi tu t’occupes d’un petit groupe ? Tu peux en avoir quelques uns, par exemple 3, et toi tu t’occupes des autres ?

B : Oui, exactement.

V. : Et puis, comment est-ce que tu t’y prends pour l’évaluation des notions ? ça sera plutôt sur fiche ou alors tu fais des fois des évaluations orales aussi ?

B. : Peu.

V. Plutôt sur fiches ?

B. : Oui plutôt sur fiches ou alors j’ai un logiciel pour les livrets, j’essaie d’utiliser pas mal les ordis, ça change un peu la donne, j’essaie toujours de changer de supports, le tableau blanc, les fiches, le tableau noir… Voilà ….

V. : Mais là tu différencies l’évaluation, ils auront pas tous forcément la même ? En fonction de ce qu’ils ont travaillé ?

B. : Oui exactement.

V. : Et puis est-ce que tu observes des différences de comportement, tu as déjà un petit peu répondu avant, justement entre un travail en groupe frontal, en groupe complet plus ou moins frontal, ou alors en petits ateliers ? Alors oui…

B : Pour moi c’est clair, si je travaille avec un groupe, les autres travaillent en autonome à leur place. Il y a des années, l’année passé c’était faisable qu’ils fassent un jeu de maths à 2 ou à 3, c’était faisable il n’y avait pas trop de confusion dans la classe. J’avais jamais eu une classe comme ça. Les autres années, c’est inimaginable ça…. Mais même faire un mémory à leur place, je dis mémory comme ça ils en font pas, mais non, ça dégénère super vite, si un élève s’agite… Non, moi si je travaille avec un groupe, ils sont à leur place avec une fiche, en individuel.

V. : Parce que du coup, le problème du comportement il est assez important dans ta classe cette année ?

B. Oui. L’année passée, c’était vraiment facile, vraiment calme. Mais les autres années, t’as toujours un élève très perturbateur j’ai envie de dire, très très perturbateur même, et puis un ou deux qui essaient de suivre, voilà… Pour moi ça reste difficile de travailler par atelier. Après, ça dépend ce que tu fais, dans un groupe de maths, c’est presque comme travailler en atelier. Si tu travailles avec un groupe et qu’il y a du bordel à côté, ça va pas le faire. Mais si tu travailles en dessin je m’en fous un peu s’il y a du bruit, enfin du bruit mais que ça reste correct.

V : : Mais si tu veux travailler plutôt des choses plus scolaires, maths français, tu peux pas travailler par groupe, du fait du comportement en fait.

B. : Oui, j’anticipe beaucoup, je veux dire, j’ai presque perdu l’habitude de travailler par groupe. Enfin des fois c’est par deux, mais à nouveau avec 8 élèves, travailler par groupe c’est un peu compliqué.

V. : Mais je pense effectivement que ça dépend de la dynamique de classe et du comportement. Parce que si tu as une classe comme tu dis calme, tu peux tout à fait te dire que tu en mets deux à faire, à travailler une certaine notion, trois à faire quelque chose d’autre,…

B. : Mais c’est vrai que quand ça fait 10 ans que tu travailles plus comme ça, tu perds un peu l’habitude, et puis t’as beaucoup de matériel qui est déjà prêt, faut pas se leurrer…. V. : Mais tu utilises beaucoup de matériel, tu leur apportes un étayage important ? B. : Du matériel, oui et non, parce qu’étant adolescents, je peux pas arriver avec les petits cubes, ou ils acceptent mal…Déjà leur demander de prendre la règle pour lire, c’est déjà humiliant pour eux tu vois… Donc matériel oui et non j’ai envie de dire.

V. : Mais fiches et supports, ordinateurs, tableau blanc ? B. : Oui, tout à fait.

V. : Donc t’es quand même pas dans une leçon frontale où ils sont tous assis en train de t’écouter ?

B. : Non, c’est impossible. Ça peut durer un quart d’heure, mais pas les deux unités du cours de maths ou de français.

V. : Et puis là si tu fais quelque chose comme ça où tu as tout le groupe est-ce que tu observes des élèves vraiment qui s’ennuient ou pour qui c’est vraiment trop difficile pis du coup qui rament et qui vont développer du coup des problèmes de comportement ? B. : Y en a pour lesquels c’est difficile de suivre une leçon frontale, clairement, au niveau de l’attention tout simplement. Alors souvent c’est ceux qui sont devant, et puis moi je suis un peu devant leur pupitre comme ça tu les captives un peu, sans s’acharner. Mais clairement oui, si t’en as que 8, tu vois tout de suite si t’en as un qui part…

V. : Et puis si c’est vraiment trop dur, il suit pas, il s’évade…

B. : ça oui et non, puisqu’on travaille plus ou moins dans la zone proximale de développement, tu vises juste… C’est plus le trouble de l’attention qui pose des problèmes ici.

V. : Et puis est-ce que tu vois quelque chose à ajouter par rapport à ce dont nous avons parlé ?

B. : Je crois pas, non.

10.1.4 Vl., enseignante spécialisée en classe d’enseignement spécialisé