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Chapitre IV : Résultats expérimentaux

I.2. b Chemin de fissuration

Pour chaque essai, le contour des grains déformés est superposé au champ de déformations. Un exemple est donné Tableau IV.3. Certain grains semblent avoir leurs déformations

I Fissuration « propres » : les déformations à l'intérieur de ceux-ci sont du même ordre de grandeur et surtout très différentes de celles de leurs voisins. D'autres au contraire semblent plus hétérogènes et les déformations s'étalent sur plusieurs grains. Il est assez difficile de répertorier statistiquement la tendance des grains. En revanche, on peut repérer les grains traversés et observer l'orientation des grains par rapport à la fissure.

Le champ de déformation équivalent plastique de la dernière image avant rupture pour chaque essai est superposé avec l'image de l'éprouvette rompue (afin d'observer le chemin de fissuration) et le profil des grains (déformé grâce au champ de déplacements obtenu précédemment). Les grains traversés sont ensuite repérés, puis la projection dans le plan de la direction de glissement est affichée (Tableau IV.4 et Tableau IV.5). Au niveau des directions de glissement on ne note pas de différence significative. Cependant on remarque que les directions de glissement projetées forment un angle proche de 90° avec la fissure (aussi bien dans le cas DL que DT), ce qui montre bien l'existence de la striction en « V » juste avant la rupture. On relève entre les deux directions de traction les différences suivantes :

• au niveau de la trajectoire suivi par la fissure : la rupture semble plus rectiligne sur DL que sur DT. La fissure est beaucoup plus déviée pour une traction effectuée suivant DT que suivant DL (Figure IV.6);

• au niveau du nombre de grains traversés : la fissure rencontre un plus grand nombre de grains sur DT (environ 43) que sur DL (environ 33);

Il est bon de rappeler que notre aluminium est laminé et que même s'il est recuit, il subsiste des traces de ce laminage qui font que les grains sont un peu plus allongés suivant DL que suivant DT (voir Figure II.7 p.43) et que le morcellement des grains pendant le laminage conduit à des joints de grain alignés sur DL plus résistants à la fissuration que ceux alignés sur DT. Notons également qu'il est difficile de superposer le chemin de fissuration avec les grains étant donné le niveau des déformations mais qu'au vu de l'allure du chemin de fissuration sur les grains (il suit de très près les joints de grain) et de la Figure II.30 p.65, la rupture en surface est majoritairement inter-granulaire. Notre théorie pour expliquer le premier point est la suivante : dans le cas du clivage (ce qui n'est pas le cas ici), la direction du chemin de fissuration peut être envisagée comme une compétition entre l'émission de dislocations en fond de fissure et la décohésion à l'interface, comme proposé par Armstrong [87] et Kelly, Tyson et Cotrell [88] dans les années 60 et plus récemment modellisé par Rice [89][90]. Dans ce modèle il est montré que le taux d'énergie critique libérée pour l'émission de dislocations en fond de fissure Gdis est très

sensible aux désorientations cristallines. Dans le cas particulier du clivage, l'angle de déviation de la propagation des dislocations θ est défini comme une fonction de l'énergie de surface du grain γ, du module de cisaillement µ et du vecteur de Burgers b : = f

 b

[91]. On peut

supposer que pour une rupture intergranulaire on a = f

j1,j2, , b

avec γj1 l'énergie du

joint de grain 1 et γj2 l'énergie du joint de grain 2. La force motrice de la fissure étant

en suivant les déviations les plus petites possibles, sans oublier que la résistance des joints de grain joue également son rôle. Pour la fissure il y a donc compétition entre suivre le chemin le plus rectiligne possible et franchir des joints de grain les moins résistants possible. En résumé, lors d'une traction suivant DL la déviation doit se faire à un angle proche de 90° sur un joint de grain allongé (donc résistant) ce qui n'est pas aisé, alors que lors d'une traction suivant DT, la déviation se fait par petits tronçons avec des angles nettement inférieurs à 90° sur des joints courts.

La Figure IV.5 illustre ce principe. On imagine assez bien que lors d'une traction suivant DL, l'énergie nécessaire pour dévier sera beaucoup plus importante que lors d'une traction suivant DT puisque l'angle de désorientation est proche de 90°. Dans le cas de DT, nombre de joints de grains sont alignés sur DL, ce qui en fait des chemins privilégiés de la fissure. On comprend mieux pourquoi la force nécessaire pour mener l'éprouvette jusqu'à rupture lors d'une traction est plus faible lorsque celle-ci est effectuée suivant DT que suivant DL et pourquoi la rupture inter- granulaire est plus visible au MEB pour les éprouvettes tractionnées suivant DT que suivant DL (Figure II.30 p.65).La rupture s'initie donc en surface sur les grains fortement strictionnés, de façon inter-granulaire. L'énergie du joint de grain est donc inférieure à l'énergie de surface du grain. Une fois la rupture initiée, l'énergie accumulée par la fissure est suffisamment grande pour qu'elle se propage de façon transgranulaire au cœur de la tôle ( Figure II.30 p.65).

I Fissuration

a)

b)

Figure IV.5: chemin de fissuration intergranulaire possible - a) traction suivant DL – b) traction suivant DT. DT DL

= 500 µm

entaille Direction de traction entaille DL DT

= 500 µm

Joints

« longs »

désorientés de

90° avec la

fissure:

déviation

obliagtoire

Direction de traction

Tableau IV.3: Champs de déformation εequ plat en pointe de fissure pour une traction suivant DT,

dernière image avant rupture, avec supersposition des grains déformés

0,64 0,49 0,35 0,21 0,07 -0,07 Grains se déformant peu en apparence ou en compression apparente Grains avec forte déformation localisée sur un grain

Grains avec forte déformation localisée sur plusieurs grains

Direction de traction = DT

I Fissuration DL

Essai 1 Essai 2

a) b)

c) d)

Tableau IV.4: superposition champs εequ plast / grains / chemin de fissuration(a et b) et grains traversés pas la fissure avec direction de glissement (c et d).

0,45 0,35 0,25 0,15 0,05 -0,05

DT

Essai 1 Essai 2

e) f)

g) h)

Tableau IV.5: superposition champs εequ plast / grains / chemin de fissuration(e et f) et grains

traversés pas la fissure avec direction de glissement (g et h).

0,45 0,35 0,25 0,15 0,05 -0,05

I Fissuration

a) b)

Figure IV.6: déviation de la fissure a) pour une traction suivant DL - b) pour une traction suivant DT

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