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MEUNIER NOIR

présente 10 à 13 °C Avril à juin EN RÉSUMÉ

Habitats et écologie des jeunes stades de vie

L’incubation des œufs du meunier noir dure entre 5 et 15 jours (Goodyear et al. 1982; Richardson et al. 2001; Childress et al. 2015). Notamment, à une température de 10- 15 °C, les œufs éclosent après 8 à 10 jours (Scott et Crossman 1974), après 17 à 19 jours à une température de 10 °C (Long et Ballard 1976); ou après 8 jours à 11 °C (Geen et al. 1966), 7 jours à 15,6 °C et 4 jours à 21,1 °C (Raney et Webster 1942). Les larves vitellées (figure 7) restent 1 à 2 semaines dans les interstices du substrat, jusqu’à ce que leur sac vitellin soit résorbé (Geen 1958; Geen et al. 1966; Corbett et Powles 1983; Childress et al. 2015). Elles dévalent ensuite hors du tributaire, vers les endroits protégés des lacs tels que le littoral et les baies, essentiellement la nuit (Geen 1958; Geen et al. 1966; Clifford 1972; Goodyear et al. 1982; Corbett et Powles 1983; Johnston 1997; Childress et al. 2015). Elles peuvent occasionnellement rester dans les secteurs calmes des cours d’eau et y passer une bonne partie de l’été (Goodyear et al. 1982; Childress et

al. 2015). Les jeunes commencent à se nourrir à la surface lorsqu’ils atteignent une

longueur de 12 mm et ils deviennent benthiques vers 16 à 18 mm (Scott et Crossman 1974; Corbett et Powles 1983). Lors de leur arrivée en lac, les larves occupent une profondeur de 0 à 5 m, mais demeurent habituellement en eau très peu profonde (Goodyear et al. 1982; Lane et al. 1996b). Elles occupent principalement des fonds de sable, mais aussi des fonds de gravier, de pierres et de vase (Lane et al. 1996b). D’autre part, une autre étude a relevé un maximum de larves associées à un substrat de sable et de gravier, mais aucune larve associée à un substrat de vase et de rochers (Krieger 1980, cité dans Twomey 1984). Les jeunes meuniers noirs se trouvent communément en présence de végétation (Goodyear et al. 1982; Lane et al. 1996b; Cudmore-Vokey et Minns 2002). Vers l’âge de deux mois, les jeunes quittent la zone littorale et les endroits protégés, peut- être pour aller plus au large (Corbett et Powles 1983). Les jeunes meuniers vivent couramment en association avec des jeunes d’autres espèces, notamment la perchaude et le méné à tache noire (Scott et Crossman 1974).

Figure 7 : Meunier noir au stade larvaire. Tiré de Auer (1982).

Le meunier noir au lac Saint-Jean

Le meunier noir est relativement abondant au lac Saint-Jean. Lors d’une pêche commerciale expérimentale, le meunier noir composait 4 % de la biomasse de poissons récoltés (Gravel 1970). Seulement le doré jaune, le grand corégone et le meunier rouge étaient plus abondants. Talbot et Lapointe (1978) indiquent que le meunier noir du lac Saint-Jean occupe particulièrement les profondeurs de moins de 10 m, et qu’il est entre 3 et 16 fois moins abondant que le meunier rouge. Il occupe la zone littorale, les baies, les marais et, dans une moindre mesure, les habitats au large (p. ex. Talbot et Lapointe 1978; Boivin et Harvey 1988; Lefebvre 1988; 1989; Valentine 1989; 1990; 1991; Larose et al. 1997).

En fonction de la revue de littérature effectuée, on suppose que le meunier noir exploite principalement les tributaires comme sites de reproduction. Un ancien rapport anonyme portant sur les poissons du lac Saint-Jean fait mention du meunier noir, qui se reproduirait notamment dans les rivières Belle-Rivière, Métabetchouane et Ouiatchouane. Ces deux dernières, de même que le ruisseau du lac Mendel, présentent des caractéristiques intéressantes (substrat grossier, fort débit) pour la reproduction du meunier noir (Bouchard et Royer 1997). Selon la même étude, les autres petits tributaires du lac Saint-Jean semblent peu propices à la reproduction du meunier noir. Il est possible qu’il utilise également les grands tributaires (Ashuapmushuan, Mistassini et Péribonka). Une frayère productive à catostomes a été identifiée par Coulombe et Francoeur (1985) près de la rive nord de la rivière Grande-Décharge, face à l’île Beemer. De façon

8 mm

générale, très peu d’adultes sont récoltés lors des échantillonnages à la seine sur les plages (Aquagénie 1987; Lefebvre 1988; 1989; Valentine 1989; 1990; 1991; Bouchard et Plourde 1995; Lefebvre 2005). On suppose que ces habitats sont peu utilisés, ou qu’ils le sont de façon très marginale pour la reproduction. Selon la littérature, la zone littorale à substrat grossier du lac Saint-Jean pourrait également être utilisées comme sites de fraie par le meunier noir, mais de façon moins importante par rapport aux tributaires. On retrouve ce type d'habitat principalement entre Desbiens et la pointe de Chambord, dans certains secteurs près de Roberval et Mashteuiatsh et près des deux émissaires (annexe 2; Bouchard et Royer 1997). La reproduction a de même été supposée ou confirmée dans le marais Le Rigolet de Métabetchouan (Larose et al. 1997; Royer et al. 1997), l’Étang des Îles (St-Gelais et al. 1988), le marais du Golf de Saint-Prime (Groupegénie 1989), le Petit Marais de Saint-Gédéon (Larose et Bouchard 1998) et la Belle-Rivière (Vaillancourt 1982). Cependant, vu le peu de meuniers retrouvés dans les marais (moins de 10 dans la majorité des cas), on suppose que ces milieux ne sont que peu utilisés.

Peu après l’éclosion, les jeunes dévalent les rivières pour venir occuper la zone littorale du lac Saint-Jean : les larves de meuniers (noir et rouge) sont parmi les espèces les plus abondantes retrouvées près du rivage. En fonction des échantillonnages, les jeunes meuniers se classent entre la troisième et la neuvième position en matière d’abondance (Lefebvre 2005). Les larves apparaissent près des rives au début du mois de juin, mais deviennent plus abondantes vers la fin du mois de juin et de juillet (Valentine 1989; 1990; 1991). Malgré cela, Lefebvre (1988) a capturé des larves près des plages vers la fin-mai. Considérant un temps d’éclosion de près de deux semaines et que les larves restent en rivière un autre deux semaines, on suppose que la reproduction a lieu lors du départ des glaces.