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L'AVENIR VACCINAL : FREINS A L'APPLICATION ET A L'EXTENSION DE LA POLITIQUE VACCINALE VS ADAPTATIONS ET PISTES D'AMELIORATION

les représentations vaccinales des patients

IX) L'AVENIR VACCINAL : FREINS A L'APPLICATION ET A L'EXTENSION DE LA POLITIQUE VACCINALE VS ADAPTATIONS ET PISTES D'AMELIORATION

1) Médecins enclins à l'extension de l'obligation vaccinale

A la question évoquant l’éventualité d’extension à d’autres obligations vaccinales à l’avenir, beaucoup de médecins se sont montrés favorables, pour plusieurs raisons différentes :

- Parce qu’ils jugent les vaccins bénéfiques ; - Par leur confiance en les autorités de santé ;

- En faisant référence aux pratiques d'autres pays en matière de vaccination obligatoire. Un médecin disait attendre de futures obligations si nécessaire et s’y conformer le cas échéant.

D’autres médecins se disaient favorables en cas de preuves établies par la balance bénéfices- risques.

E5 : "tu sais qu’en Allemagne ils vaccinent contre le papillomavirus" E17 : "Je pense que oui ça pourrait être utile"

E5 : "Moi je fais confiance aux autorités de santé"

E9 : "si on établit que toujours la balance bénéfices-risques est favorable ben oui"

Ensuite, à cette même question d’extension de l’obligation vaccinale à d’autres vaccins qui ne le sont pas actuellement, certains médecins ont détaillé vaccin par vaccin.

Certains étaient favorables à la généralisation de l'obligation vaccinale contre le méningo B, beaucoup à la généralisation de l'obligation vaccinale anti-HPV, les deux pour certains. E2 : "à mon avis, le méningo B je serais plus partisan de le généraliser"

E1 : "Y’en a un qui serait bien s’il était obligatoire, c’est le HPV !!! (…) Filles et garçons" E3 : "Le méningo B et le Gardasil oui"

2) Évaluation totalement indépendante de la balance bénéfices-risques des vaccins

Dans cette période où la vaccination est devenue un sujet extrêmement délicat, et où les médecins doivent justifier auprès des parents pourquoi les onze vaccins sont obligatoires, plusieurs médecins ont revendiqué leur indépendance.

E10 : "je suis lecteur de la revue Prescrire"

E5 : "je ne reçois pas la visite médicale depuis 20 ans"

3) Extension vaccinale guidée par la balance bénéfices-risques

Une seule et unique règle claire : quand il a été question de se prononcer sur l’éventualité d’extension des obligations vaccinales, quasiment tous les médecins m’ont expliqué se référer systématiquement à la balance bénéfices-risques.

E5 : "Le jour où on me sort une étude qui montre que de vacciner contre le méningo B a un

4) Difficultés d'évaluation de la balance bénéfices-risques des vaccins

Quand le sujet d’extension de l’obligation à d’autres vaccins a été abordé, le principal obstacle pointé par les médecins était l’évaluation difficile de la balance bénéfices-risques de certains vaccins.

Et en l’absence de preuve formellement établie du service médical rendu, pas d’obligation vaccinale possible.

Pour établir ces preuves et rendre un vaccin obligatoire, il faut du recul.

Justement, les médecins considèrent qu’en France est tout particulièrement appliqué un principe de précaution.

E4 : "avant de parler d’obligation je pense qu’il faut qu’on attende 10 ou 20 ans"

E2 : "Mais bon, nous on applique toujours le principe de précaution et tout ça mais après ce

n’est pas plus mal"

L’exemple revenu le plus de fois était celui de la vaccination anti-HPV.

A ce jour, les médecins sont dans l’attente car nous manquons de données scientifiques apportant la preuve d'efficacité du vaccin anti-HPV sur les cancers du col.

E2 : "Et HPV, on n’a pas encore prouvé que les cancers aient diminué"

5) Incertitudes sur l'intérêt de l'extension des obligations vaccinales

Quelques médecins se sont montrés plus sur la réserve à l’idée d’étendre les obligations vaccinales, pour deux raisons principalement :

- car il y a déjà beaucoup de vaccinations sur la période 0-2 ans ;

- parce que les médecins n’ont pas toujours une idée du service rendu d’un vaccin à ce jour non obligatoire.

E6 : "Alors déjà je trouve qu’en 2 ans pour les petits nourrissons, ils ont déjà 11 vaccins, c’est

déjà pas mal (…) Donc si on multiplie les vaccins, je pense que ça nous mettra en difficulté parce que du coup on n’arrivera pas à les faire"

E4 : "Méningo B, ben je ne sais pas, je n’ai pas d’idée"

6) Augmentation de la couverture vaccinale par la multivalence

La grande majorité des médecins a constaté une meilleure vaccination ces dernières années contre l'hépatite B, même avant l’obligation vaccinale légale.

Quand il ne s’agissait pas pour eux d’une conséquence positive de l’apaisement des polémiques vaccinales, excluant le lien de causalité SEP et vaccination HB, les médecins l’ont attribué au conditionnement du vaccin hexavalent.

7) Acceptation de certains vaccins non obligatoires par les parents

Il est à noter que les médecins ont pu constater en pratique une adhésion des parents à certains vaccins non obligatoires, au premier rang desquels était cité le vaccin contre le HPV : adhésion importante après explications et temps de réflexion accordé aux parents et à l’adolescente.

E15 : "souvent on fait la prescription, les gens disent « à réfléchir » et en fin de compte ils

reviennent"

8) Inégalités d'accès aux vaccins non obligatoires

Pour autant, à la question de rendre d’autres vaccins obligatoires, plusieurs médecins ont jugé impossible d'étendre l'obligation à des vaccins non remboursés.

Les médecins constatent des difficultés d'accès à certains vaccins de par la précarité financière justement chez les patients cibles.

E8 : "on ne peut pas obliger les gens à acheter quelque chose si ce n’est pas remboursé donc

ça s’arrête là"

E8 : "Ceux qui en auraient le plus besoin du vaccin contre le rotavirus, c’est toujours pareil, ce

sont ceux qui ne pourront pas le payer"

9) Vaccination à intégrer dans une démarche globale de prévention

Pour beaucoup de médecins interrogés, puisqu’elle est essentielle et fait partie de la prévention de la santé, la vaccination doit être totalement intégrée au sein d'une consultation pour n’importe quel autre motif.

E16 : "C’est un des chapitres très important de la prévention"

Certains médecins seraient favorables à l'instauration de consultations dédiées à la prévention. L’exemple typique donné a été celui d’une consultation globale dédiée à la santé sexuelle, pour filles et garçons, qui permettrait entre autres d’aborder la vaccination anti-HPV. E16 : "mais ce vaccin je le vois plus dans une prise en charge globale de consultation de

prévention des MST, première contraception, risque sexuel, toutes ces choses-là" 10) Utilisation du carnet de vaccination électronique (mesvaccins.net)

Plusieurs médecins m’ont expliqué qu’ils utilisent déjà comme support le carnet de vaccination électronique mesvaccins.net.

Ils sont convaincus de la grande utilité de cet outil qui a tout pour faire partie intégrante de l’avenir de la vaccination : centralisation des informations, pas de perte d’informations, plus de sécurité, il permettrait de pallier au manque de traçabilité, avec un accès possible des différents intervenants.

E15 : "le carnet de vaccination électronique, c’est l’outil indispensable (…) mes vaccins.net

devrait être obligatoire"

Figure 14 : L’avenir vaccinal : freins à l’application et à l’extension de la politique vaccinale versus adaptations et pistes d’amélioration

L’avenir