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Chapitre I : Le microbiote intestinal, équilibre et dysbiose

4. Pathologies liées au microbiote intestinal

4.22 Autres pathologies

Microbiote et troubles cardiovasculaires

Le microbiote intestinal serait impliqué dans la survenue de désordres cardiovasculaires. D’une part, une endotoxémie au LPS élevée serait liée à la survenue de problèmes vasculaires (Burcelin et al., 2011). D’autre part, une signature microbienne est observée dans 50% des plaques d’athérosclérose des sujets. Les complications liées aux plaques d’athérosclérose sont fréquemment corrélées à une augmentation de triméthylamine N-oxyde produit par le métabolisme du microbiote. En fait, il s’avère que l’équilibre alimentaire est lié à ces phénomènes car la L-carnitine (présente dans la viande rouge), la choline et la phosphatidylcholine (présente dans les œufs) peuvent être transformées en triméthylamine (TMA) par le microbiote intestinal. Le TMA peut lui-même être oxydé secondairement par le foie en N-oxyde de triméthylamine (TMAO) qui affecterait alors le métabolisme du cholestérol et favoriserait le développement de l’athérosclérose.

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Microbiote et eczéma/asthme

Le microbiote intestinal pourrait aussi participer aux affections de type eczéma et asthme. En effet, le microbiote intestinal des personnes souffrant d’allergie est caractérisé par une baisse des Bacteroidetes, lactobacilles et bifidobacteries, tandis que la proportion de Clostridium

difficile augmente. De plus, la recrudescence de ces problèmes semblent liée à une baisse de

l’exposition aux micro-organismes notamment à des stades précoces de la vie (Ly et al., 2011). En effet, Abrahamsson et al., (2013) ont pu mettre en évidence que la faible diversité du microbiote intestinal dans la petite enfance précédait l’asthme à l’âge scolaire.

Pathologies cérébrales

De manière surprenante et intéressante, des maladies affectant le comportement et donc les fonctions cérébrales ont pu être considérées comme impactées par le microbiote intestinal. La recherche dans ce domaine en est encore aux étapes préliminaires, où des dysbioses ont pu être constatées mais les mécanismes conduisant à celles-ci ainsi qu’à la pathologie elle-même n’ont pas encore été élucidés.

Microbiote et dépression/anxiété/troubles comportementaux

Plusieurs études chez l’animal ont contribué à renforcer le concept d’un axe intestin-cerveau (De Palma et al, 2014) qui permettrait d’établir un lien potentiel entre bactéries intestinales et fonctions cognitives (Figure 4). En effet, au niveau intestinal une myriade des neurotransmetteurs et neuropeptides sont délivrés par le système entéro-endocrinien, le plus grand système endocrinien de l’organisme. Ainsi ces substances sont en contact avec le microbiote intestinal mais leurs effets sur les micro-organismes est peu connu. Des

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expériences ont pu montrer que le transfert du microbiote intestinal de souches de souris « agressives » à des souris dites «pacifistes », engendre chez ces dernières, un comportement agressif.

Figure 4 Relations microbiote-intestins-cerveau (D’après crohn.superforum.fr)

Inversement, le cerveau peut aussi moduler le microbiote intestinal. Park et al., (2013) ont utilisé un modèle de dépression chez la souris par ablation chirurgicale des bulbes olfactifs. Chez ces souris rendues anxieuses et très sensibles au stress, ils ont pu observer une altération du microbiote intestinal de même qu'une augmentation du taux intracérébral de CRF (Corticotropin-releasing factor), un neuromédiateur du stress libéré par l'hypothalamus. Il a été démontré que l’infection de souris axéniques par des bactéries pathogènes entrainait des comportements anxieux des souris et que ces mêmes souris récupéraient un comportement moins anxieux lorsque leur flore est reconstituée. Des études ont également été menées chez l’homme. Des volontaires en bonne santé ont ingéré des probiotiques à la suite de quoi on a pu constater une diminution de leur anxiété et de leur dépression en comparaison avec un

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placebo. Les mécanismes liés à cet effet n’ont pas encore été élucidés mais Bravo et al., (2011) suggèrent que les micro-organismes pourraient avoir un impact sur le comportement via le nerf vague et l’expression du GABA dans le cerveau.

Microbiote et anorexie

L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire essentiellement féminin, qui entraîne une privation alimentaire stricte et volontaire pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, et une perte de poids sévère en conséquence d’un apport énergétique insuffisant (Reyes-Haro et al., 2015). L’anorexie est très souvent associée à des troubles psychologiques. Très peu d’informations sont disponibles concernant la composition du microbiote intestinal des patients anorexiques. Cependant, des éléments mettent en évidence que le microbiote intestinal régule certains points clefs liés à l’anorexie tels que le métabolisme énergétique, la régulation de la masse corporelle comme cité précédemment, ainsi que l’anxiété et la dépression (Kleiman et al., 2015). Armougom et al., (2009) ont réalisé une étude moléculaire sur le microbiote intestinal de patients anorexiques et ont pu montrer que ces personnes présentent un profil similaire au groupe contrôle de patients minces concernant les Firmicutes et les Bacteroidetes mais ils ont constaté une augmentation significative de

Methanobrevibacter smithii chez les patients anorexiques. Une autre étude a permis

d’identifier 11 nouvelles espèces bactériennes chez des patients anorexiques, grâce à la mise au point de façon empirique, de milieux de culture constitués à partir de produits issus des habitudes alimentaires du patient : la banane, le camembert et le yaourt (Pfleiderer et al., 2013).

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Microbiote et autisme

Selon la classification internationale des maladies de l’OMS (CIM 10), l’autisme est un trouble envahissant du développement qui affecte les fonctions cérébrales, il a été décrit pour la première fois par Kamer en 1943. L’autisme affecte le fonctionnement du cerveau, du système immunitaire et altère les capacités de reconnaissance des expressions, des codes sociaux et affectifs et génère hypersensibilité émotionnelle et troubles du comportement. L’autisme est aussi caractérisé par des troubles gastro-intestinaux. En 75 ans la prévalence de ce trouble est passée de 1 sur 5000 individus à 1 sur 68 individus. Bien que la piste des facteurs génétiques ait été étudiée, la cause de cette affection n’est pas encore clairement définie (Buie et al., 2010). Récemment, des études ont mis en évidence l’implication potentielle du microbiote intestinal dans l’autisme. Des anomalies dans la composition du microbiote de personnes autistes ont pu être constatées (Williams et al., 2012; Finegold et al., 2010). Un bilan sur le sujet a été fait par Buie et al., (2010), qui a pu mettre en évidence une augmentation des bactéries du genre Clostridium chez les personnes atteintes par rapport aux personnes non affectées (Ekiel et al., 2010 ; Keşli et al., 2014). Ainsi les altérations du microbiote intestinal pourraient contribuer au développement de l’autisme. Aujourd’hui, il est donc envisagé d’utiliser des antibiotiques pour soigner ces troubles (Sandler et al., 2000).

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