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Autos de Resistência

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 138-149)

339 Tableau avec le nombre de cas d’« autos de resistência » de l’État de Rio de Janeiro entier. Les cas relatifs à la ville, à la région métropolitaine et les autres régions de l’État ne commencent à être comptabilisés séparément qu’à partir de l’année 1999. Nous verrons les cas relatifs de l’année 2000 jusqu’à nos jours lors de la deuxième partie de la thèse.

340 Nous allons adopter les critères définis par la « Fundação para o Desenvolvimento da Região Metropolitana do Rio de Janeiro » (FUNDREM) pour établir les limites de la « Baixada Fluminense », à savoir le degré d'urbanisation et la densité de population. Cette définition est la plus couramment utilisée, ne couvrant que les municipalités situées au nord de la municipalité de Rio de Janeiro, dans la région anciennement connue sous le nom de Baixada da Guanabara. Cela correspondrait donc aux municipalités de Duque de Caxias, São João do Meriti, Nilópolis, Nova Iguaçu, Belford Roxo, Queimados e Japeri. Voir : RIO DE JANEIRO. Fundação para o Desenvolvimento da Região Metropolitana. Unidades Urbanas Integradas de Oeste. Plano Diretor, vol. II – Duque de Caxias. Rio de Janeiro : FUNDREM, 1979.

341 Les évêques de Duque de Caxias et Volta Redonda, respectivement, D. Mauro Morelli et D. Valdir Calheiros, se sont rendus en Italie, emportant avec eux un rapport, où ils dénonçaient devant plusieurs organisations internationales, le meurtre de 1175 personnes par des groupes d'extermination dans la Baixada, dont 184 mineurs, seulement pendant les 6 premiers mois de 1989. Voir : SOUZA ALVES, José Cláudio. Dos barões ao extermínio : Uma história da violência na Baixada Fluminense. Rio de Janeiro : APPH, CLIO, 2003. p. 160.

342 « Um aumento de 38% no número de homícidios na Baixada em comparação ao mesmo periodo do ano anterior (1986) confirmava as declarações dos policiais, veiculadas nos jornais de que havia chegado a « hora da forra », na

Bien que Leonel Brizola, lors de ses premier (1983-1986) et second gouvernements (1991-1994), ait mis en place des politiques sécuritaires plus

« progressistes »343, essayant de réduire le nombre d’homicides en même temps qu’il envisageait de désarticuler le pouvoir des « groupes d’extermination » au sein de la police carioca, l’héritage du gouvernement antérieur s’est néanmoins imposé. Les

« chacinas » se sont donc enchainées les unes après les autres. Les plus meurtrières des années 90 ont été les suivantes : la « chacina » de Belford Roxo et la « chacina » de Acari en 1990, la « chacina » de Vigário Geral et Candelária en 1993 et la

« chacina » de Nova Brasília en 1994344.  

Il existe très peu des données sur la « chacina » de Belford Roxo. La couverture du « Jornal do Brasil » du 14 février 1990 n’affiche qu’une petite note : 

345

       

qual bandido não vai mais ser chamado de cidadão, sendo seu destino a ‘vala’ » (tda.). Voir Souza Alves, op. cit., p.

159.

343Par exemple, dans les premiers mois de l'année 1991, le « Departement générale de la police de la Baixada », sous le commandement du Délégué Helio Luz, a été créé. Hélio était un personnage reconnu par son parcours au sein de la Police Civile et, également, par l'opinion publique pour son intégrité et son efficacité. (...) Conscient, donc, de la dépendance des autres délégués vis-à-vis des structures du pouvoir local de cette région, puisqu'ils étaient normalement nommés directement par leurs parrains politiques, Hélio Luz a demandé et a eu carte blanche pour procéder aux changements qu'il estimait nécessaires. Il a commencé le remplacement des 16 délégués de la Baixada, faisant une modification totale du cadre existant. Conformément à ce changement, Hélio coordonnera la création du Service d’Homicide de la Baixada et le placera à côté du 54ème DP de Belford Roxo. Toujours au début de l’année 1991, le « Centre de dénonciation des Groupes d'extermination de la Baixada » a également été créé. Voir : Ibid., p.162-163.

344À São Paulo, dans le contexte violent et arbitraire du système carcéral, la « chacina » de Carandiru en 1992 est aussi emblématique.

345 « Dix personnes, dont 2 femmes, ont été assassinées à Belford Roxo, circonscription de la municipalité de Nova Iguaçu (Baixada Fluminense) par des tirs dans la tête par un groupe de 10 à 15 hommes, tous vêtus de noir.

La police enquête sur deux hypothèses : l’implication des victimes dans le trafic de drogues et l’action des groupes d’extermination ».

346 Les victimes étaient pauvres et habitants d’une région – la Baixada Fluminense – connue d’un côté par la violence du trafic de drogues et d’un autre côté par l’action des « groupes d’extermination ». Le modus operandi de la police dans cette région lors du gouvernement Moreira Franco fut très répressif avec des incursions arbitraires qui laissaient faisaient toujours des morts et qui se justifiaient par le biais du discours gouvernemental de combat musclé contre les trafiquants347. Cela renforçait l’impunité des « groupes d’extermination » de la région, eux-mêmes composés de policiers. Il s’est donc répandu l’idée que les victimes étaient impliquées dans le crime et, par conséquent, les responsables de la « chacina » de Belford Roxo n’ont jamais été arrêtés et les enquêtes ont été classées. 

La première « chacina » qui a connu une visibilité internationale fut celle d’ « Acari ». Et ce, grâce à la lutte des mères des victimes qui ont mené un vrai combat pour déconstruire l’image qui faisait de leurs enfants des « bandits », raison       

346Source : Jornal do Brasil, « Chacina na Baixada Fluminense ». Rio de Janeiro : 14/02/1990. Disponible sur : http://memoria.bn.br/DocReader/docreader.aspx?bib=030015_11&pasta=ano%20199&pesq=Belford%20Roxo (consulté le 21 mars 2016).

347Le lieutenant-colonel Nilson Madureira a synthétisé dans plusieurs passages de son étude « La PM et les tensions sociales à travers une vision de la communauté du Rebu » les résultats de la politique répressive du gouvernement Moreira Franco: « Les favelas ont été envahies, les taudis détruits, provoquant la résistance des deux côtés: les habitants des communautés pauvres ne collaboraient pas avec la PM, et la PM de son côté renforce l’image que les habitants des favelas étaient des criminels potentiels. Cependant, la criminalité n'a pas diminué et la peur du crime a totalement envahi la population, qui exigeait de plus en plus le renforcement des politiques de sécurité ». Voir : NOBRE, Carlos. Mães de Acari : Uma história de luta contra a impunidade. Rio de Janeiro : Relume-Dumará, 1994. p. 74-75.

pour laquelle « ils auraient fini par disparaître »348. La « chacina d’Acari » est emblématique car il s’agit du premier cas de disparition forcée collective mise en place en démocratie par les membres des forces policières. Le « cas d’Acari » a débuté en juillet 1990 avec la disparition de onze personnes, trois filles et huit garçons349. Parmi ces onze personnes, huit étaient des mineurs. Ces jeunes ont disparu dans la municipalité de Magé, dans une maison rurale qui appartenait à la grand-mère de l'un des jeunes. La plupart d’entre eux vivaient dans la communauté pauvre de

« Acari », la zone nord de Rio de Janeiro. La version la plus répandue sur la « chacina d’Acari », construite à partir des témoignages des habitants de la communauté et des mères des disparus, affirme que le groupe a voyagé afin d’échapper à la police qui tentait d'extorquer de l'argent à certains d'entre eux impliqués dans des « affaires » de vols de marchandises350

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Les policiers impliqués dans les disparitions des jeunes sont liés à un « groupe d’extermination » appelé « Cavalos Corredores »352. Ce groupe a également été mêlé en 1993 aux « chacinas » de la Candelária et de Vigário Geral. Ils appartenaient au 9ème bataillon de la police militaire (« BPM de Rocha Miranda) qui contrôlait       

348 Voir Nobre, op. cit., p. 77 e 78.

349 Ils étaient : Rosana Sousa Santos, 17 ans , Cristiane Souza Leite, 17 ans, Luiz Henrique da Silva Eusébio, 16 ans ; Hudson de Oliveira Silva, 16 ans ; Edson Souza Costa, 16 ans ; Antônio Carlos da Silva, 17 ans, Viviane Rocha da Silva, 13 ans ; Wallace Oliveira do Nascimento, 17 ans ; Hédio Oliveira do Nascimento, 30 ans ; Moisés Santos Cruz, 26 ans e Luiz Carlos Vasconcelos de Deus, 32 ans.

350 Voir le livre-témoignage « As mães de Acari » de Carlos Nobre, ibid.

351 Source : Jornal do Brasil, « Mães em desespero na terra da impunidade », Rio de Janeiro : 2/05/93. Disponible sur : http://memoria.bn.br/DocReader/DocReader.aspx?bib=030015_11&PagFis=17334&Pesq= (consulté le 21 mars 2016).

352 Ils s’appelaient « chevaux coureurs » (« Cavalos corredores ») dû à leur façon de rentrer dans les communautés pauvres en courant et en tirant de tous côtés.

administrativement les régions où se situaient les communautés d’« Acari » et de

« Vigário Geral ». Les corps des jeunes disparus n’ont jamais été retrouvés et l'enquête sur la « chacina » a été classée pour manque de preuves en 2010.

353

La « chacina » de la Candelária fait référence à une autre pratique très répandue au sein des forces policières : elle démontre de façon éclairée la fonction de

« nettoyage social » mis en place par les « groupes d’extermination » qui en échange recevaient de l’argent des commerçants locaux préoccupés par la montée de la criminalité. Cet événement met également en lumière le phénomène d’extermination des « mineurs de rue »354 qui s’est renforcé dans les grandes villes latino-américaines à partir des années 90355. Dans la nuit du 23 juillet 1993, aux alentours de l’Église de la Candelária dans le centre-ville de Rio de Janeiro, six mineurs et deux jeunes, tous

« sans domicile fixe » ont été exécutés par le groupe « cavalos corredores ». Ces enfants SDF étaient, entre 1988 et 1993, (voir le graphique « l’évolution des crimes contre des mineurs) la cible préférentielle des « groupes d’extermination » car certains d’entre eux commettaient des petits vols et dégradaient l’ « image » de certaines régions. Cela se révélait très mauvais pour les « affaires » des commerçants locaux qui embauchaient des policiers pour les « chasser » ou tout simplement les « exécuter ».

La « chacina » de la Candelária fut l’évènement emblématique de cette logique perverse, notamment du fait que cela s’est produit en plein centre-ville de Rio de       

353 Source : Jornal do Brasil, « Novo inquérito vai apurar os grupos de extermínio », Rio de Janeiro : 6/09/93.

Disponible sur : http://memoria.bn.br/DocReader/DocReader.aspx?bib=030015_11&PagFis=17334&Pesq=

(consulté le 21 mars 2016).

354 Voir : CHIERA, Renato. Les enfants de la rue : dans les favelas contre les escadrons de la mort. Paris : Saint Augustin, 1998.

355 Selon le concept adopté par les Nations Unies, « le terme désigne chaque enfant (garçon ou fille) pour qui la rue (au sens le plus large du terme, qui comprend les terrains vagues et non habités, par exemple) devient son logement et/ou leur source de survie, en n’étant pas protégé ou correctement supervisé par un adulte responsable. Ce terme désigne les enfants qui sont privés de ressources et qui vivent ou passent la plupart de leur temps dans la rue, sans nécessairement être en infraction. De tels crimes correspondent aux « exterminations des enfants », que la Commission nationale de lutte contre la violence, formée par des organisations non-gouvernementales pour contrôler la violence contre les enfants, définis comme la « présomption d'homicide volontaire contre ceux qui ont moins de 18 ans, pour des raisons extra-familiales, ayant pour but d’imposer un ordre extra-juridique ». HUMAN RIGHTS WATCH/AMERICAS. Final Justice. Police and Death Squad Homicides of Adolescents in Brazil. New York, 1994. p. 11.

Janeiro et qu’il a par conséquent connu une répercussion internationale. Cependant, d’innombrables cas d’exécutions de mineurs dans des régions plus éloignées du centre-ville – comme la « baixada fluminense » et la région métropolitaine zone ouest de Rio de Janeiro - n’ont pas suscité le même intérêt.  

356

La « chacina » de Vigário Geral357 fut également emblématique par le nombre de victimes, le modus operandi, et les motivations qui ont poussé les policiers à la mettre en place. Suite à une razzia du groupe les « cavalos corredores » réalisée une nuit d’août 1993 par 36 policiers cagoulés, 21 innocents ont été exécutés. Selon les témoignages des familles des victimes, la « chacina » fut une réponse à l’assassinat de quatre policiers militaires par les trafiquants de la région.  

      

356 Source : Jornal do Brasil, « Extermínio na Candelária », Caderno Cidade, Rio de Janeiro : 24/07/1993. p. 1-6.

Disponible sur : http://memoria.bn.br/DocReader/DocReader.aspx?bib=030015_11&PagFis=94332 (consulté le 21 mars 2016).

357 Voir le documentaire sur la chacina de Vigário Geral « Lembrar para não esquecer : Vigário Geral » de Milton Alencar Jr., 2011, 51’. Disponible sur : https://vimeo.com/133104213 (consulté le 22 mars 2016).

La meurtre des policiers eut lieu sur la place « Catolé da Rocha » située dans la communauté de « Vigario Geral »358 lors d’une négociation qui a dégénéré entre ces derniers et les trafiquants au sujet du prix du « péage » - « mineira » - payé habituellement aux policiers pour la commercialisation de la drogue359.  

      

358 Communauté créée dans le cadre de la politique d’habitation des « Parques Proletários » (« Parcs proletaires ») de l’État Nouveau de Getulio Vargas. Avec le processus de migration intense à Rio de Janeiro au début des années 1930, le débat sur les modèles de logement, en particulier le thème des favelas, est mis en évidence. Pendant cette période, une réforme urbaine majeure – le Plan Agache et l'édition du Code du Bâtiment de 1937 (Décret n ° 6.000 / 37) - a été proposée dans le but d'éradiquer les favelas. Les favelas étant alors traitées comme de véritables

« épidémies sociales ». Dans le Plan Agache, la favela est considérée comme « la lèpre qui menaçait l'ordre social ».

C’est dans le Code du bâtiment de 1937, publié sous le gouvernement de Getulio Vargas, qui pour la première fois est faite une référence officielle concernant la question de l'émergence et la croissance des favelas, ainsi que l'établissement d'une politique sociale répressive et discriminatoire à leur égard. Sous les auspices de l'idéologie de l'Estado Novo et coordonnés par le médecin Victor Tavares de Moura, les « Parcs Prolétaires » sont créés non seulement dans le but d'établir une politique de logement pour l'éradication des favelas, mais aussi dans le but d'appliquer une nouvelle « pédagogie civilisatrice » par laquelle ceux qui y sont déplacés doivent s'intégrer dans l' « ordre naturel de la société ».

359Nous verrons par la suite ces liens entre la police et la criminalité.

360

Enfin, deux « chacinas » eurent lieu dans la favela de « Nova Brasília », d’abord le 18 octobre 1993 puis le 8 mai 1994 suite à des razzias policières. « Nova Brasília » est l’une des 15 favelas qui forment le « Complexo do Alemão »361, situées dans la zone nord de Rio de Janeiro. Ce « complexe » de favelas est connu pour être le

« siège » du « Comando Vermelho »362 (« Commando Rouge »), l’une des principales organisations criminelles au Brésil. Par conséquent, cette région a été très touchée à plusieurs reprises par des incursions violentes de la police dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogues depuis les années 90. Lors de ces deux razzias, 26 personnes (13 lors de la première razzia et 13 lors de la deuxième) - y compris 6 mineurs - ont été exécutées. De plus, pendant la première razzia, 3 femmes ont été torturées et violées par les policiers. Les faits ont été justifiés comme étant la réponse à des faits de « résistances à l’arrestation » (« autos de resistência »). 

Ces deux « chacinas » sont déterminantes car c’est la première fois que, pour légitimer des exécutions collectives, les responsables ont utilisé cette procédure juridique. L’enquête fut alors stoppée et ils en sont sortis impunis. Par ailleurs, cette

« chacina » est également déterminante car devant l’inertie de la justice brésilienne       

360Source : Jornal do Brasil, « Massacre de 21 pessoas provoca revolta em favela e choca o Rio », Rio de Janeiro : 31/08/1993. p. 1-6. Disponible sur :

http://memoria.bn.br/DocReader/docreader.aspx?bib=030015_11&pasta=ano%20199&pesq=Vigário%20Geral (consulté le 21 mars 2016).

361 Le « Complexo do Alemão » est composé de 15 favelas : Itararé, Joaquim de Queiróz, Mourão Filho, Nova Brasília, Morro das Palmeiras, Parque Alvorada, Relicário, Rua 1 pela Ademas, Vila Matinha, Morro do Piancó, Morro do Adeus, Morro da Baiana, Estrada do Itararé, Morro do Alemão e Armando Sodré avec près de 60 000 habitants, selon les données officielles et environ 120 000, selon les estimations des propres résidents.

362 La « Commando Rouge » a été créé en 1979 dans la prison de Cândido Mendes à Ilha Grande à RJ lors de la dictature militaire brésilienne sur la base des relations entre les prisonniers ordinaires et les militants des groupes armés qui combattaient le régime dictatorial. Il a émergé de la « Phalange Rouge » (« Phalange Vermelha »), qui a été créée par Rogério Lemgruber encore pendant la décennie de 1970 avec la devise « Paix, Justice et Liberté ». La

« Phalange » avait comme mission l'établissement d’une « boîte commune » qui était régulièrement alimentée par le produit des activités criminelles des membres qui étaient en liberté et l'argent collecté servait donc, non seulement à financer des tentatives d'évasion, mais aussi à adoucir les conditions de vie difficiles des prisonniers en renforçant l'autorité et le respect du « commando rouge » au sein de la communauté carcérale. Puis, le commando rouge s’est spécialisé dans le trafic de drogues à Rio de Janeiro et la vente de cocaïne fut responsable de la grande extension de la puissance du CV, au tournant des années 70 à 80. Le Brésil est définitivement entré dans la route de la drogue, comme point de distribution pour l'Europe et comme marché de consommation interne pour le produit de basse qualité. Voir : AMORIM, Carlos. Comando Vermelho : a história do crime organizado. Rio de Janeiro : Record, 1993.

concernant ce cas, mais faisant référence à plusieurs autres, le « Centro pela Justiça e o Direito Internacional (CEJIL) » et le « Human Rights Watch/Americas » ont déposé le 24 juillet 1996 une dénonciation détaillée du modus operandi autoritaire de la police brésilienne auprès de la « Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme » (CIDH)363. C’est aussi la première fois que la CIDH acceptait une dénonciation qui concernait les pratiques arbitraires commises par des forces policières brésiliennes en démocratie.  

Il est intéressant de noter que les principales « chacinas » commises par les policiers sont antérieures aux années où le taux d’« autos de resistência » a augmenté.

L’une des hypothèses soumise est que, suite à plusieurs dénonciations des organisations des Droits de l’Homme et aux pressions internationales pour que les

« chacines » s’arrêtent, les forces policières ont inventé un artifice afin de donner un

« voile légal » à leurs pratiques arbitraires. Cela démontre donc un processus pervers d’ « institutionnalisation » de l’exécution extra-judicaire par le biais d’une procédure juridique. Les « autos de resistência » ont donc introduit une « marge discrétionnaire » assez importante au pouvoir répressif de la police carioca de cette époque.  

Bien que certaines pratiques arbitraires des forces policières, à Buenos Aires et à Rio de Janeiro, soient propres à des périodes autoritaires et demeurent dans les années 90 en pleine ouverture démocratique, la proportion concernant le nombre de victimes dans les deux pays est différente. Tandis que dans la province de Buenos Aires entre 1993 et 1999, 295 cas de « gatillo facil » ont été répertoriés, dans l’État de Rio de Janeiro pendant la même période, le nombre des « autos de resistência » est largement supérieur et atteint 2076 cas364.  

La différence considérable entre le nombre de victimes exécutées par la police à Buenos Aires et à Rio de Janeiro met en évidence des caractéristiques propres à chaque terrain d’analyse. À Buenos Aires les cas des « gatillos facil » ne peuvent pas être caractérisés comme des « massacres », alors qu’à Rio de Janeiro, les

« massacres » y sont récurrents et peuvent atteindre le nombre de 30 personnes tuées lors d’une seule opération. Une autre donnée qui marque la différence de ces deux       

363 Voir COMISSÃO INTERAMERICANA DE DIREITOS HUMANOS. Informe n˚ 36/01. Caso 11.694 Evandro de Oliveira e Outros. Brasil. 22/02/2001. Disponible sur : www.cidh.oas.org/annualrep/2000port/11694.htm (consulté le 21 mars 2016).

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Parmi ces 2076 cas, il est difficile de préciser ceux qui correspondent effectivement à la « résistance à l’arrestation » et ceux qui se réfèrent à des « exécutions extra-judiciaires ». Cependant, la proportion très inégale entre le nombre de « civils suspects » morts et le nombre de policiers morts en confrontation – pendant l’année 1998, 15 policiers ont été exécutés contre 400 personnes tuées qui avaient « théoriquement » résistées à l’arrestation

Parmi ces 2076 cas, il est difficile de préciser ceux qui correspondent effectivement à la « résistance à l’arrestation » et ceux qui se réfèrent à des « exécutions extra-judiciaires ». Cependant, la proportion très inégale entre le nombre de « civils suspects » morts et le nombre de policiers morts en confrontation – pendant l’année 1998, 15 policiers ont été exécutés contre 400 personnes tuées qui avaient « théoriquement » résistées à l’arrestation

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