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Le recours aux technologies avec les personnes avec TSA n’est pas nouveau. La Charte pour les personnes autistes de 1996 (article 6) et la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (articles 9 et 26) promouvaient déjà l’utilisation des outils numériques afin de faciliter l’accès à l’information et à la communication :

« Les Etats Parties favorisent l’offre, la connaissance et l’utilisation d’appareils et de technologies d’aide, conçus pour les personnes handicapées, qui facilitent l’adaptation et la réadaptation » (article 26, Adaptation et réadaptation).

Les « nouvelles technologies » sont principalement utilisées en soutien des apprentissages ainsi qu’en soutien des habiletés sociales et de communication.

La partie pratique se réalisant sur une interface tactile nous aborderons la place des tablettes dans l’autisme.

1. L’autisme et le numérique

Les publications portant sur la relation qu’entretiennent les personnes avec TSA avec le monde informatique ne sont pas nouvelles. Les premiers articles montrant leur intérêt pour l’usage de l’ordinateur sont ceux de Colby en 1973. Depuis, d’autres tels que Panyan en 1984, Konstantinidis et al. en 2009 ou encore Renaud en 2012, ont montré comment l’ordinateur pouvait s’avérer un outil particulièrement intéressant et adapté à leurs capacités et comment il pouvait stimuler l’attention et les interactions.

« Le numérique permet de proposer à chaque personne des méthodes d’apprentissage adaptées à ses besoins et favorise son autonomie. » (Ministère de l’éducation nationale, mars 2016)

Les ordinateurs et les tablettes sont des outils immuables, structurants. Ils répondent systématiquement de la même manière aux stimuli : « les outils technologiques et des logiciels informatiques peuvent fournir une prédictibilité et une structure ». (Link Autism- Europe n°56, 2011, p.11).

L’interaction avec ces outils s’en retrouve simplifiée, plus abordable et compréhensible pour les personnes avec TSA car il n’est plus nécessaire de savoir décoder les mimiques, les attitudes, les émotions de la personne « réelle ».

L’outil numérique offre un monde virtuel émotionnellement neutre et particulièrement réceptif. De plus, la voix informatisée reste identique, il n’y a pas de variations des caractéristiques vocales telles que l’intonation, la mélodie, le volume…

L’outil informatique « est un répétiteur inlassable, on peut l’arrêter sans le vexer, sans se préoccuper de ses réactions … il est régulier, précis et exact ». (l’écolepourtous.education.fr, 2008, para.1).

Les outils informatiques permettent aussi de pallier le déficit en attention divisée.

La personne avec TSA ne focalise son attention que sur l’écran et la tâche à accomplir en particulier. Elle ne se retrouve plus en situation de double tâche, dans laquelle il devrait prendre en compte à la fois les paroles et comportements de l’interlocuteur et les modalités de l’activité à réaliser. Face au numérique, l’adulte accompagnant reste en retrait même s’il est toujours prêt à répondre aux demandes d’aide et aux sollicitations en cas de difficultés. Certains dispositifs et logiciels font partis de ce que l’on appelle les CAI : Computer Aided Instruction où les ordinateurs sont utilisés comme aide pour faciliter les apprentissages. Cependant, il convient de rester prudent quant à la place que l’on confère à ces outils. Ils ne constituent pas un « remède miracle » :

« Tous les élèves avec autisme ne réussissent pas forcément mieux avec l’outil informatique … L’ordinateur n’est pas un élément nécessaire et suffisant … tout est affaire d’objectifs, de moyens et de stratégies bien mesurés ». (INSHEA, 2016, para.4-5).

2. Les terminaux tactiles

« Depuis plusieurs années, les chercheurs ont observé que les personnes autistes entretenaient une relation positive avec les ordinateurs. Depuis la montée en puissance des terminaux tactiles, de nombreux témoignages ont confirmé que leur interface intuitive favorisait leur utilisation. » (La lettre d’Autisme France n°54, 2013, p.14).

A partir de ces constatations, et avec la démocratisation des terminaux tactiles, les Centres Ressources Autisme, les associations de personnes avec TSA ainsi que les professionnels de santé… se sont intéressés à la place de cet outil dans les diverses prises en charge. Une étude préliminaire menée par Wolff M., Pilar Gattegno M., Adrien J-L., Gabeau C. & Isnard P. (2014) tend à montrer que « les enfants avec autisme semblent plus réceptifs à l’apprentissage avec un support de type tactile » (p.1). En effet, elle est plus facile à manipuler qu’un ordinateur et permet une interactivité plus riche avec un lien direct avec le doigt.

En appuyant directement sur l’écran, l’enfant est un agent actif, il agit directement sur son environnement. Ce feed-back immédiat aide à mieux comprendre les liens de cause à effet. (Williams, Wright, Callaghan & Coughlan, 2002).

L’écran tactile ne demande pas un apprentissage aussi important que celui de la souris d’un ordinateur et il supprime les allers-retours visuels entre le clavier et l’écran. La personne avec TSA peut alors maintenir son attention et sa concentration uniquement sur l’écran. De plus, l’écran de la tablette permet une perception visuelle rapide de l’ensemble des éléments évitant une longue exploration oculaire et donc une dépense d’énergie.

« L’espace écran d’une tablette est adapté à la taille du spot attentionnel et évite une surcharge en mémoire de travail séquentiel ». (Virole B., 2014, p.2).

La tablette réunit les atouts de l’ordinateur, dans un format plus ergonomique et intuitif. On retrouve également les mêmes réglages des différents paramètres afin de réduire les agressions sensorielles, notamment en agissant sur la luminosité et le volume sonore.

3. Les applications

Afin d’assurer une continuité dans le travail thérapeutique, il est possible de télécharger des applications et des logiciels ludo-éducatifs adaptés aux spécificités cognitives et relationnelles que l’on trouve chez les personnes avec TSA. Ces programmes sont conçus de manière à attirer l’attention en proposant des effets visuels et sonores tels que des couleurs vives, des mouvements, des musiques rythmées ou calmes…

Parmi les nombreux sites référencés qui recensent des applications nous pouvons citer : - Applications-Autisme développé par Auticiel, la Fondation Orange et l’Unapei. Le

site classe par domaines, différentes applications destinées aux personnes avec TSA.

« C’est une plateforme collaborative, lieu d’échanges et de partage, qui permet aux accompagnants et parents de personnes avec autisme de trouver les applications adaptées et ainsi favoriser les apprentissages » (applications-autisme.com, 2014, para 1).

- le CRA du Languedoc-Roussillon a également mis en ligne un document répertoriant les sites et applications qu’il est possible d’installer sur la tablette. - autisme.fr, soutenu par la Fondation Orange conseille des applications selon les

domaines (communication, interactions, autonomie…) ainsi que des fiches pratiques et des conseils.

- learn Enjoy commercialisent des supports pédagogiques adaptés sur tablette, pour les enfants à besoins éducatifs particuliers.

- ortho-n-co - app-enfants.fr

- hop’N Book (en lien avec HopToys) - …

En marge du marché des applications, il existe d’autres protocoles développés par les médecins, validés scientifiquement et reconnus par les autorités de santé. Il s’agit des serious games.