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Auteur, ouvrages et méthode

Chapitre 2 : L’expérience optimale

1. Auteur, ouvrages et méthode

D’origine hongroise, Csikszentmihalyi est un psychologue qui s’inscrit dans le courant de la psychologie positive. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont deux que nous retiendrons plus particulièrement aux fins de cette recherche, soit Vivre. La psychologie du bonheur (2004b) et Mieux vivre en maîtrisant votre énergie psychique (2005). Ces deux ouvrages ont comme dénominateur commun de traiter essentiellement de l’expérience optimale. L’expérience optimale, aussi connue sous le nom d’expérience de «flow», est sans contredit reliée à la notion même du bonheur. En effet, c’est grâce à ses nombreuses recherches sur le bonheur que Csikszentmihalyi a réussi à faire une telle découverte et a par le fait même contribué significativement à la psychologie positive.

Innovateur dans l’âme, Csikszentmihalyi utilise une toute nouvelle méthode de recherche qui repose sur une approche scientifique expérimentale. Cette méthode qu’il a mise au point est appelée l’ESM pour Experience Sampling Method (Csikszentmihalyi, 2004b), ou encore pour «échantillonnage de l’expérience vécue» en français. Cette dernière permet l’objectivité dans des phénomènes qui sont subjectifs. C’est-à-dire, que

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l’objectivité est possible malgré le sens personnel des expériences vécues. Chaque personne a sa propre façon d’interpréter, de concevoir ce qu’elle vit et d’y donner la signification qu’elle désire. Par conséquent, cette méthode collecte des données sur les pensées, les émotions et les activités de l’individu dans la vie de tous les jours. Pour mieux saisir ce qu’est l’ESM, nous allons d’abord en faire la description pour ensuite analyser l’exemple de Sarah.

À différents moments de la journée et ce, de façon complètement aléatoire, un téléavertisseur émet une sonnerie de cinq à huit fois par jour. Quand le participant entend la sonnerie du téléavertisseur, il doit prendre en note les informations qui lui sont demandées, comme évaluer son niveau de bonheur sur une échelle 1 à 7 : - 1 étant très triste et 7 étant très heureux. Le participant doit également écrire ce qu’il est en train de faire, ses pensées au moment de l’action, s’il est seul ou non et le lieu où il se trouve. Tout dépendamment des besoins de la recherche et des participants, la recherche peut être étalée sur quelques jours, voire des semaines. Cela permet donc une meilleure représentation du vécu de la personne, puisqu’il est possible de voir son humeur fluctuer tout en mettant en relation ses émotions et ses pensées avec les événements de sa vie. Effectivement, après une semaine, le participant aura rempli pas moins de cinquante-six pages de son carnet, de sorte qu’il sera plus aisé d’avoir une bonne idée de l’emploi du temps de celui-ci et de constater les moments où il semble le plus heureux.

Nous verrons plus en détail ce qu’est l’ESM dans l’exemple concret de Sarah (Csikszentmihalyi, 2004b, p.27). À 9h10, un samedi matin, la sonnerie se fait entendre. Sarah qui est en train de prendre son petit déjeuner tout en lisant le journal note son bonheur à 5. La seconde sonnerie se fait entendre à 11h30, pendant que Sarah fume sa cigarette et qu’elle est perdue dans ses pensées. En fait, elle est attristée par l’annonce de son fils qui doit déménager dans une ville éloignée. À ce moment, son bonheur est descendu à 3. À 13h, elle passe l’aspirateur, seule en attendant sa visite, le bonheur est à 1. À 14h30, son bonheur est parfait, c’est-à-dire 7, puisqu’elle s’amuse dans la piscine avec ses petits-enfants. Mais, pas moins d’une heure plus tard, son bonheur descend à 2, car elle aimerait bien lire tranquillement sans se faire éclabousser par les enfants. De plus, elle note dans son rapport que sa belle-fille pourrait bien s’occuper plus de ses enfants.

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Or, c’est de cette façon que l’ESM est en mesure de suivre les humeurs, les pensées et les événements du participant dans sa vie quotidienne (Csikszentmihalyi, 2004b).

L’ESM a permis à Csikszentmihalyi de cumuler dans son laboratoire de Chicago, auprès de deux mille trois cents personnes, une documentation dépassant les soixante-dix mille pages, et ce chiffre a plus que triplé grâce aux nombreuses enquêtes effectuées dans les universités et dans plusieurs régions du monde (Csikszentmihalyi, 2005, p.27). Le fait que cette dernière puisse être utilisée auprès d’une multitude de gens, permet de comparer entre elles différentes cultures comme les Américains, les Européens, ou encore les Asiatiques. La méthode de recherche préconisée par Csikszentmihalyi répond non seulement au cadre empirique de la psychologie, mais se veut également plus précise que les autres méthodes utilisées, telles que l’étude des sondages, les enquêtes et les emplois du temps. Ces dernières méthodes sont plus simples, quoique moins rigoureuses, et demandent au participant de remplir un journal en fin de journée ou pendant la fin de semaine. Les données recueillies sont donc plus approximatives, car elles reposent sur les souvenirs du participant. L’ESM gagne en objectivité et est plus pointilleuse puisqu’elle arrive à étudier en détail le profil et la vie quotidienne des gens. Par exemple, il est possible de connaître le nombre de repas que prend une personne dans une journée, de même que son état d’esprit quand elle mange. De manière plus pointue encore, il est possible de remarquer si les adolescents, les adultes et les personnes âgées apprécient leur repas de la même façon, et pareillement, si le fait de manger seul ou non influence la qualité de l’expérience vécue.

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