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Aucun ou plusieurs déclassements : quels profils ?

L'emploi des docteurs normands : déclassement et déqualification ?

2. Déclassement et déqualification

2.5. Aucun ou plusieurs déclassements : quels profils ?

Un score de cumul des déclassements a été calculé de la manière suivante. Si le docteur ne subit aucun des 3 déclassements présentés précédemment : salarial, normatif et subjectif, son score sera de 0. Si il subit un déclassement mais pas les deux autres, son score sera de 1, si il en subit 2 mais pas le dernier son score sera de 2, si il est concerné par les 3 types de déclassement, son score sera de 3.

Graphique 1 • Score de cumul des types de déclassement

Lecture : 56 % des docteurs ne subissent aucun des types de déclassement étudiés

56 % des docteurs en emploi à temps plein sur le territoire français ne subissent aucun des 3 déclassements étudiés. 28% sont touchés par un des 3 déclassements, 12 % par deux d’entre eux, et 5 % par les trois cumulés (soit 14 docteurs sur 303).

Les analyses suivantes étudient les docteurs au score supérieur ou égal à 2 c’est-à-dire concernés par au moins 2 des 3 déclassements considérés. Ils représentent 16 % des docteurs de l’étude (49 concernés).

Ainsi qu’à l’inverse, les docteurs étant doté d’un score 0 : 56 % de concernés.

56%

28%

12%

5%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Score 3 Score 2 Score 1 Score 0

Tableau 8 • Cumul de déclassements selon différentes caractéristiques

Champ : 303 docteurs de Normandie Université 2009, 2010, 2011 issus de la formation initiale, en emploi à temps plein sur le territoire français à la date de l’enquête, ayant renseigné leur salaire net mensuel.

Lecture : Parmi les 112 femmes, 23 % cumulent au moins 2 déclassements. Dans la situation de référence (Cf. point méthodologique), une femme aura toutes choses égales par ailleurs 2,4 fois plus de risque qu’un homme de subir ce cumul de déclassement.

Les femmes sont davantage concernées par ce phénomène de cumul des déclassements : 23 % entrent dans cette catégorie contre 12 % des hommes. Elles ont à caractéristiques semblables 2,4 fois plus de risque de cumuler les déclassements. En parallèle, elles sont également significativement moins nombreuses à bénéficier d’une absence de ces trois déclassements.

La nationalité du docteur n’a toujours aucun impact, que ce soit sur le score ou sur chacun des déclassements pris séparément. À ce niveau d’études, la nationalité étrangère ne semble pas desservir la qualité de l’emploi au regard des paramètres pris en compte dans cette analyse.

L’âge à l’obtention de la thèse est en lien avec ce cumul de déclassements puisque 7 % des docteurs âgés de 27 ans à l’obtention de la thèse ont un score supérieur ou égal à 2 contre 26 % des docteurs

de 29 ans ou plus. Toutes choses égales par ailleurs ces derniers ont près de 5 fois plus de risques de se retrouver dans cette situation.

De même que 67 % des docteurs âgés de 27 ans à l’obtention de la thèse ne subissent aucun déclassement (12 points de plus que pour l’ensemble des docteurs).

Le domaine ALL se distingue des autres domaines, ces docteurs sont nettement plus touchés par le cumul des déclassements : 50 % d’entre eux subissent au moins 2 types de déclassement (contre 16 % pour l’ensemble).

Les docteurs du domaine DEG sont à l’inverse plus concernés par l’absence de déclassement : 74 % obtiennent un score de 0 contre 56 % pour l’ensemble. À mêmes caractéristiques, ils ont près de 5 fois plus de probabilité de ne subir aucun déclassement qu’un docteur du domaine STS.

Le fait d’avoir suivi ou non des formations pendant le doctorat qui semblait en lien avec le déclassement salarial ne présente ici aucun résultat significatif.

En revanche, la durée du doctorat s’avère de nouveau être un élément important dans l’analyse du déclassement. Le fait de soutenir sa thèse dans le temps normalement imparti des 3 ans semble protéger du déclassement, 11 % des docteurs de cette catégorie ont un score supérieur ou égal à 2, contre 25 % des docteurs ayant effectué leur thèse en plus de 4 ans.

Il est à noter qu’une courte durée de thèse (moins de 3 ans) semble nettement favoriser le non-déclassement global puisque 72 % des docteurs ayant réalisé leur doctorat en moins de 3 ans ne subissent aucun déclassement (contre 56 % pour l’ensemble) et ce lien se maintient toutes choses égales par ailleurs.

Enfin, parmi les docteurs s’étant présentés à la qualification CNU et inscrits sur au moins une liste, 9 % cumulent les déclassements contre 54 % chez les non-inscrits (ils ont 12 fois plus de risque d’avoir un score supérieur ou égal à 2).

Le secteur de l’emploi qui était un facteur déterminant pour les déclassements salarial et normatif ne présente pour le cumul des déclassements aucun résultat significatif.

Quels emplois pour ces docteurs cumulant les déclassements ?

L’emploi des docteurs en situation de cumul des déclassements relève davantage du deuxième emploi, ou d’un emploi déjà occupé avant ou pendant la thèse. Globalement, les docteurs ont majoritairement trouvé cet emploi par l’obtention d’un concours ou la réponse à une annonce (60 %). Mais la part des docteurs ayant trouvé leur emploi par relations tissées pendant les études est plus importante chez les non déclassés (17 % contre 2 %). À l’inverse on retrouve davantage de candidatures spontanées parmi les non déclassés (25 % contre 17 %).

Fonctions des emplois occupés par les docteurs selon le nombre de déclassements

Les fonctions occupées dans l’emploi diffèrent de façon très significative puisqu’elles constituent l’un des facteurs de déclassement pris en compte dans le calcul du score de déclassement. Ainsi la recherche et l’enseignement supérieur représentent 81 % des fonctions occupées par les docteurs non déclassés ou touchés par un seul déclassement, contre 8 % chez les docteurs qui cumulent des déclassements. Ces derniers exercent davantage des fonctions d’enseignement secondaire ou primaire (43 %), l’autre part se répartissant dans les diverses fonctions : conseils aux particuliers ou aux entreprises, connexe de la production, administration, etc.

Par ailleurs, le délai d’obtention de l’emploi est significativement plus long parmi les docteurs subissant un cumul de déclassement : 71 % n'ont pas trouvé d'emploi immédiatement (contre 58 % pour les docteurs dont le score est inférieur à 1).

Conclusion

Comme au niveau national les docteurs normands connaissent un taux d'insertion, 3 ans après le diplômé, d'environ 90 %. Bien que les premiers emplois de ces docteurs soient peu stables, ils sont majoritairement exercés dans un cadre professionnel « enseignement supérieur, recherche et développement » qui valorise le doctorat et connaissent une évolution plutôt positive sur 3 ans en termes de condition de travail.

Cependant, certains docteurs se retrouvent à l'issue de ces 3 ans dans une situation de déclassement. 23 % sont confrontés au déclassement salarial, 29 % au déclassement normatif et 12 % au déclassement subjectif. Seuls 56 % de ces docteurs normands en emploi 3 ans après le diplôme ne subissent aucun déclassement.

À l'instar des autres niveaux de diplômes, le doctorat est touché par le phénomène de déclassement ou de déqualification. Ce phénomène peut être expliqué en partie par des raisons structurelles, telles que la non-requalification de certains emplois par les employeurs, et la baisse des recrutements de titulaires dans l'enseignement supérieur et de la recherche accompagnée d'une hausse des emplois précaires (CDD, post-doc dû au financement sur projet).

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Le genre, le domaine du doctorat et la durée de la thèse sont des éléments influant sur les différents types de déclassement et leur cumul. En effet, être une femme, avoir une thèse dans le domaine Arts, lettres et langues ou faire sa thèse en plus de 3 ans sont des facteurs qui augmentent le risque d'être déclassé ou déqualifié.

D'autres facteurs, tels que, se présenter à la qualification CNU, l'âge ou le secteur de l'entreprise de l'emploi impactent dans une moindre mesure sur le déclassement.

Si les docteurs normands connaissent dans l’ensemble une insertion plutôt positive, ces données cachent un déclassement pour un certain nombre d'entre eux. La conséquence possible de ce constat étendu au niveau national est de renforcer l’image déjà négative qu’ont les jeunes de la recherche et des filières scientifiques et technologiques. Cela pourrait augmenter le phénomène de désaffection vers les carrières scientifiques déjà constaté au sein de l'OCDE et impacterait le système de la recherche.

Bibliographie

Calmand J. (2013), « Les docteurs : une longue marche vers l’emploi stable », Céreq, Bref, n° 316.

Lemistre P. (2014), Déclassement et chômage : une dégradation pour les plus diplômés ?, Céreq, Net.Doc, n° 123, mai.

Les effets des conditions de réalisation de la thèse sur