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constitué de novices qui devaient méditer vingt minutes par jour, la semaine précédant l’évaluation. Les participants étaient équipés d’un casque mesurant les potentiels évoqués (EEG) pendant le déroulement du test. Cette disposition permettait de mesurer l’onde cérébrale P3 suscitée par la détection de la première cible et de déterminer l’ampleur de l’allocation attentionnelle. Après leur participation à la retraite intensive, les participants montraient une diminution du clignement attentionnel associé à une diminution de l’allocation attentionnelle sur la première cible. Plus l’allocation était diminuée sur T1 et plus la réduction du clignement attentionnel était importante, sans altération de la détection de T1. Les auteurs concluent que l’entrainement à la méditation a permis d’augmenter le contrôle sur les ressources limitées du cerveau.

1.2.1.4 Attention et vieillissement

Les déficits cognitifs liés au vieillissement normal sont principalement expliqués par deux champs théoriques (Graham, & Burke, 2011) exposés dans: (1) Le modèle des capacités attentionnelles ou ressources attentionnelles limitées (Kahneman, 1973) et (2) le modèle du déficit d’inhibition (Hasher & Zacks, 1988). Le premier champ (Craik, & McDowd, 1987) considère que l’attention est une ressource finie et partagée entre les différents processus cognitifs en cours, et que ces différents processus nécessitent chacun une certaine allocation attentionnelle pour pouvoir être réalisés. Le déclin cognitif lié au vieillissement serait alors dû à une diminution de cette ressource attentionnelle globale. Le second champ (Hasher, & Zacks, 1988) considère que ce déclin serait déterminé par une diminution de l’efficacité des processus d’inhibition. Ces derniers empêchent normalement les informations non pertinentes avec une tâche ou un objectif en cours de réalisation, de pénétrer jusqu’à

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la perception consciente et la mémoire de travail, afin d’éviter qu’elles ne perturbent la tâche. Les déficits liés au vieillissement seraient alors dus à une diminution de la capacité à contrôler l’attention (et donc empêcher sa capture automatique) par inhibition.

Pour tenter de départager ces deux pistes théoriques, Graham et Burke (2011) ont utilisé le paradigme de la cécité d’inattention (Mack & Rock, 1988). La cécité d’inattention est le fait de ne pas remarquer consciemment un stimulus imprévu et parfaitement visible si l’on est déjà engagé dans une tâche nécessitant l’attention. Le protocole expérimental reprenait celui de Simons et Chabris (1999) : Les participants étaient devant une vidéo montrant trois personnes en T-shirt blanc et trois en T-shirt noir, se passer une balle entre les membres de l’équipe de la même couleur. Il était demandé aux participants de compter et rapporter le nombre de passes soit de l’équipe blanche, soit de l’équipe noire. A un moment du jeu, un septième personnage complètement recouvert d’un costume de gorille traversait la scène et était visible 10 secondes. A la fin du décompte, lorsqu’il leur était demandé s’ils avaient remarqué quelque chose, un certain nombre des participants n’avaient pas vu le gorille. Graham et Burke ont donc reproduit la même expérience mais avec deux groupes de participants : un groupe d’adultes âgés (AA) et un groupes d’adultes jeunes (AJ). Leur postulat de départ s’appuyait sur le modèle des cycles perceptifs (Neisser, 1976) tel que décrit par Most et al. (Most, Scholl, Clifford, & Simons, 2005; Most, Simons, Scholl, Jimenez, Clifford, & Chabris, 2001). Selon eux, la perception visuelle se réalise par des cycles de processus dont le premier est l’orientation automatique de l’attention vers les stimuli sensoriels, y compris ceux qui ne sont ni utiles ni attendus pour la tâche en cours. Puis cette orientation attentionnelle est suivie d’un contrôle attentionnel top-down, guidé par le set attentionnel en cours. Le set attentionnel

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définit ce qui est pertinent pour la tâche et ce qui ne l’est pas (Lachaux, 2011, p 231).

Un stimulus non pertinent peut donc capturer l’attention de façon automatique et transitoire (pré-attention), mais ce stimulus n’atteindra pas la perception consciente s’il n’est pas congruent avec le set attentionnel top-down qui détermine l’allocation attentionnelle supplémentaire. Le paradigme de la cécité attentionnelle permet ainsi de tester si les informations non pertinentes avec le set attentionnel parviennent à accaparer l’attention et à entrer dans la mémoire de travail (défaut d’inhibition). Si les AA avaient un déficit d’inhibition, ils rapporteraient plus de détections conscientes du gorille que les AJ. Par contre, si leurs ressources attentionnelles globales étaient diminuées, les AA alloueraient moins d’attention aux stimuli hors du set attentionnel en cours, et remarqueraient moins le gorille que les AJ. Les auteurs rapportent que ce sont les AJ qui remarquent significativement plus souvent le gorille, et parmi les AA, ceux qui remarquent le gorille sont en moyenne plus jeunes (tendance non significative) que ceux qui ne remarquent rien. Les auteurs en concluent que les résultats sont compatibles avec les hypothèses de diminution des capacités attentionnelles lié au vieillissement mais pas avec le modèle du déficit d’inhibition. Cette étude est la première à mesurer directement et explicitement la perception consciente d’un distracteur chez les personnes âgées, sans l’inférer de la performance à une autre tâche. Et si, selon la littérature récente, l’orientation attentionnelle précoce semble être identique entre les AJ et les AA, l’allocation de l’attention top-down et de la perception consciente semble moindre chez les AA, ce qui les rend plus vulnérables aux évènements impromptus qu’ils ne vont pas forcément remarquer consciemment lorsqu’ils seront déjà impliqués dans un set attentionnel (Ibid., p 165).

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1.2.2 De moment en moment : le temps présent, l’instant*

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