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Les retours de cette étude confirment globalement le chemin déjà pris jusqu'ici. L'attente vis-à-vis du contenu de l'observatoire (des questions qu'il doit aborder) se situe sur quatre plans complémentaires :

➔ être capable de montrer l'évolution de la biodiversité (diagnostic sur un territoire donné) ➔ lorsqu'elle se détériore, être en mesure de faire comprendre pourquoi c'est grave (faire le lien

avec les services rendus, le bien-être humain)

➔ lorsqu'elle se détériore, être capable d'expliquer pourquoi (montrer les causes, si possible leur impact)

➔ évaluer la réponse de la société à ces détériorations (montrer les efforts mis en œuvre, évaluer leur efficacité)

VI.3.1 Montrer l'état et l'évolution des composantes de la biodiversité

Les retours de l'enquête montrent que la plupart des composantes de la biodiversité sont jugées dignes d'intérêt. Cependant, il a souvent été mis l'accent sur l'importance d'une approche par l'intermédiaire des habitats, qui a l'avantage d'être intégratrice. Les priorités à donner vont donc comme suit :

1. habitats / écosystèmes : évolution des surfaces, état de conservation, aussi bien pour les habitats patrimoniaux que pour les habitats ordinaires

12 cette question sera reprise et complétée dans le Rapport II Bases de réflexion pour la constitution d'un jeu d'indicateurs CemOA : archive ouverte d'Irstea / Cemagref

2. espèces : évolution des abondances, pour les espèces remarquables et pour les espèces ordinaires

3. évolution du patrimoine génétique sauvage et domestique

Noter que le fait de doter l'observatoire d'un volet uniquement descriptif ne fait pas l'unanimité. Un certain nombre d'acteurs considèrent ce volet inutile, s'il n'est pas possible de traduire ces changements en préconisations de gestion. Autrement dit, une position est que tout changement

relaté par l'observatoire doit être explicable et expliqué.

Pourtant, la plupart des indicateurs de biodiversité existants à l'heure actuelle au niveau national et international sont des descripteurs généraux de l'état de la biodiversité. Sans être désagrégés, il est généralement impossible d'interpréter précisément les causes de leur évolution, étant donné qu'ils intègrent les effets d'une multiplicité de facteurs.

Pourquoi produire de tels indicateurs ? Ces indicateurs globaux ont un rôle qu'on ne peut ignorer : ils permettent d'effectuer un diagnostic global à l'échelle d'un territoire, et permettent donc d'évaluer l'effet global de la politique menée sur un territoire (pas uniquement telle ou telle mesure). De plus, ils sont indispensables pour prouver la réalité de la perte de biodiversité face à un public non convaincu (qui ne sera pas convaincu par des focus sur quelques espèces choisies). Or il est indéniable que la production de tels indicateurs repose sur la constitution d'un socle important de données de suivi.

Une seconde justification au rassemblement d'un socle de données descriptives est que ce stock d'information constitue un pool de données au sein duquel il sera possible de piocher au fur et à mesure de l'évolution de l'observatoire et de l'évolution des questions auxquelles il devra répondre (les questions changent, les données restent). Cependant, il semble aujourd'hui que cette fonction relèverait plus du SINP que d'un ORB.

VI.3.2 Traduire l'importance de ces changements en termes de bien-être humain

Cette question semble largement prématurée pour la plupart des personnes interrogées. Néanmoins, un gros effort doit être fait en ce sens. Des expériences ont déjà eu lieu ponctuellement et devraient être rassemblées. Cette question des services rendus par les écosystèmes / la biodiversité devrait faire l'objet d'une étude à part entière.

VI.3.3 Montrer les causes des changements observés

Une demande essentielle est que l'observatoire ne se limite pas à observer des changements de la biodiversité mais permette de les interpréter. Il s'agit donc d'un triple besoin :

➔ diagnostiquer l'ensemble des pressions à l'œuvre pour chaque entité géographique considérée (par exemple, les cours d'eau)

➔ chiffrer l'ampleur des phénomènes (par exemple, le taux de nitrates)

➔ si possible, mesurer leur impact sur la biodiversité (difficile en cas d'interactions)

Il a été observé qu'il conviendrait également de ne pas négliger les forces motrices qui peuvent être à l'origine de certaines pressions (comme la démographie, les gaz à effet de serre, la déprise rurale), et qui sont des causes "ultimes" sur lesquelles les choix politiques peuvent également avoir un effet.

CemOA

: archive

ouverte

d'Irstea

Une question complémentaire qu'il conviendra de se poser pour chaque pression est de répertorier les politiques environnementales mises en œuvre pour y répondre (ou qui contribuent à une partie de la réponse). Ce diagnostic permettra de faire le lien avec l'évaluation des politiques environnementales (lien qui sera rarement direct).

VI.3.4 L'évaluation des politiques environnementales

Une demande générale est celle que l'ORB fournisse des éléments permettant d'évaluer les politiques environnementales. Cependant, cette fonction n'a pas le même sens selon l'échelle considérée (microlocale ou macrolocale). L'ORB fournira des indicateurs à l'échelle macrolocale, et pourra proposer des conseils méthodologiques pour l'échelle microlocale.

Pour chaque politique identifiée, il convient de se poser deux questions : ➔ quel est l'effort fourni ?

quel est l'impact obtenu sur la biodiversité ?

Comme pour les pressions, dans la majorité des cas il sera difficile de mesurer l'effet propre d'une politique sur la biodiversité, si les interactions sont nombreuses et/ou mal mesurées.

Il ne s'agit pas pour l'ORB d'émettre des jugements de valeurs mais seulement de fournir les éléments nécessaires, laissant à tout un chacun le soin d'établir ses propres conclusions (neutralité). Les politiques environnementales qui ont été identifiées pour l'instant sont les suivantes :

• Aires protégées (dont Natura 2000, ENS, RNR, PNR, PNC, etc) • Programmes de conservation (LIFE etc)

• Usages durables (gestion forestière, gestion agricole : MAE, gestion de la pêche, gestion de l'eau...)

• Gestion des espèces envahissantes (effort / résultat)

• Lutte contre le réchauffement (politique énergétique, de transports...) • Sensibilisation, communication

• Aménagement durable (Trame Verte et Bleue, mesures compensatoires) • évaluation de l'usage environnemental de la TDENS

L'échelle considérée devrait correspondre à l'échelle d'application de la politique en question. Cependant, lorsqu'il existe une superposition de politiques allant dans le même sens, il sera difficile voire impossible de séparer les effets de telle ou telle politique. Il peut alors être nécessaire de prendre plus de recul, afin de mesurer le résultat global d'un ensemble d'actions obtenu à l'échelle d'un territoire.

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