• Aucun résultat trouvé

Assemblage et cycle de traduction

1.3 Adaptation à l’environnement

2.1.2 Ribosomes

2.1.2.3 Assemblage et cycle de traduction

La formation des ribosomes actifs, capables de traduire un ARN messager, est un procédé

complexe dont les étapes sont fortement coordonnées. On peut les résumer en 5 grandes

phases : la transcription et modification des ARN ribosomaux, la traduction et

modifica-tion des protéines ribosomales, la maturamodifica-tion et le repliement des ARNr et des protéines

ribosomales, leur assemblage et la fixation de co-facteurs ainsi que leur libération.

Plu-sieurs de ces étapes sont couplées et se déroulent de façon simultanée avec la transcription

Carence en acides aminés Carence en acides gras Carence en

phosphate et fer

RelA

ARNt chargé ARNt non-chargé

(GTP)GDP

+ ATP

(p)ppGpp (p)ppGpp

(GTP)GDP + ATP

ARNm

Chaîne

polypetidique

SpoT

?

?

ACP ACP

Figure2.6 : Métabolisme du (p)ppGpp chezEscherichia coli (d’après

Srivat-san & Wang, 2008). L’alarmone (p)ppGpp est synthétisée par deux enzymes RelA et

SpoT, chacune d’elle répondant à des signaux environnementaux différents. Lors d’une

carence en acide aminées, les ARN de transfert non-chargés s’accumulent. En se fixant

au ribosome, un ARNt non chargé induit la synthèse de (p)ppGpp par l’intermédiaire

de RelA. SpoT quant à lui répond à une carence en acides gras, et potentiellement à

une carence en glucose, par l’intermédiaire de la protéine ACP (Acyl Carrier Protein)

qui s’y fixe et induit la synthèse de (p)ppGpp. SpoT semble également répondre à une

carence en phosphate et en fer mais les mécanismes restent encore méconnus.

des ARN ribosomaux. L’assemblage de tous ces éléments, pour former un ribosome 70S

mature et fonctionnel, semble alterner entre des changements conformationnels des ARN

et la fixation de protéines ribosomales, ces dernières permettant de stabiliser les

replie-ments des ARN. Une fois le ribosome assemblé, il est alors capable de traduire un ARNm.

Ce processus est décomposé en plusieurs étapes : l’initiation, l’élongation, la terminaison

et le recyclage des sous-unités.

L’initiation de la traduction chez les bactéries fait intervenir principalement la

pe-tite sous-unité 30S du ribosome, plus particulièrement une région de l’ARN 16S, avec la

séquence Shine-Dalgarno, en amont du codon initiateur de l’ARNm. Ceci permet donc

2.1. Régulation globale

sa reconnaissance et le recrutement du premier ARNt chargé par une méthionine et fait

intervenir des facteurs d’initiation appelés IF1, IF2 et IF3. S’en suit alors la phase

d’élon-gation, au cours de laquelle le ribosome catalyse la liaison de l’acide aminé chargé sur

l’ARNt, correspondant au codon lu, avec la chaîne peptidique. Une fois que l’ARNt n’a

plus d’acide aminé, il est dé-acétylé, le ribosome se transloque alors vers le codon suivant

et l’ARNt est libéré. Lorsque le ribosome arrive sur le codon stop de l’ARNm, celui-ci

ne correspond à aucun ARNt mais à différentes protéines appelées : facteur de libération

RF1, RF2 et RF3 (pour Release Factor). Ces facteurs permettent la libération de la

pro-téine nouvellement synthétisée et la fin de la traduction. Les deux sous-unités 30S et 50S

sont alors dissociées par différents facteurs tels que RRF (Ribosome Recycling Factor) et

EF-G (Elongation factor G). Le facteur IF3 se fixe alors sur la sous unité 30S, empêchant

ainsi la reformation du ribosome 70S, jusqu’à l’initiation du prochain cycle de traduction

(Hirokawa et al., 2005).

2.1.2.4 Hibernation des ribosomes en phase stationnaire

Les ribosomes peuvent représenter jusqu’à 45% de la masse totale d’une bactérie, comme

E. coli lors de la phase exponentielle de croissance. Pendant la phase stationnaire, la

biosynthèse des ribosomes est réprimée et la synthèse protéique est également fortement

diminuée. Leur biosynthèse représentant un coût non négligeable pour la cellule, la

ré-pression de la traduction ne passe pas par une dégradation des ribosomes mais par leur

« hibernation ». Ce stade correspond à la dimérisation des ribosomes 70S, en une

parti-cule 100S, inapte à la traduction et protégeant les ribosomes de la dégradation (Wada

et al., 1995). Cette dimérisation étant réversible, il est alors plus facile pour la cellule de

re-mobiliser les ribosomes en cas de reprise de croissance, plutôt que de les synthétiser de

novo.

La particule 100S est formée par la fixation sur les ribosomes de plusieurs facteurs

(Fig. 2.7) : RMF (Ribosome Modulation Factor) et HPF (Hibernation Promoting Factor).

RMF inactive les ribosomes en se fixant sur leur centre actif, la peptidyl-transférase

(Yoshida et al., 2002 ; 2004). Ce processus assure une meilleure survie de la cellule lors

de la phase stationnaire. En effet, une souche mutée pour le gène rmf ne forme pas de

Phase exponentielle

Transition vers

la phase stationnaire

Phase stationnaire

70S actif 70S fixé avec YfiA 90S 100S YfiA HPF RMF YfiA RMF YfiA HPF RMF

Figure 2.7 : Cycle d’hibernation des ribosomes au cours de la croissance

(adaptée de Ueta et al., 2005). Lors de la phase exponentielle de croissance, les

ri-bosomes sont sous leur forme 70S et capables de traduire. La petite sous-unité 30S

est schématisée par une petite ellipse et la grande sous-unité 50S par une ellipse plus

large. Lors de la phase stationnaire, les ribosomes sont dimérisés sous forme de

par-ticule 100S, dans lesquelles on retrouve 2 ribosomes 70S. Les protéines RMF et HPF

sont des facteurs permettant l’hibernation des ribosomes. On observe une phase

in-termédiaire où les ribosomes n’ont pas de protéine HPF et se présentent alors sous

une taille de 90S. Que ce soit sous leur forme 90S ou 100S, les ribosomes sont alors

inaptes à traduire. Lorsque l’on passe de la phase stationnaire vers une reprise de

croissance, en ajoutant du milieu frais, les facteurs RMF et HPF sont alors relâchés

et les ribosomes retrouvent à nouveau leur forme 70S. La protéine RMF se fixe sur la

sous-unité 50S, la protéine HPF sur la petite sous unité 30S. C’est également le cas

pour YfiA qui entre en compétition avec HPF et favorise le maintien des ribosomes

sous leur forme 70S.

2.1. Régulation globale

à une souche sauvage (Yamagishiet al., 1993). Plus récemment les rôles de ces facteurs ont

été éclaircis. Ainsi RMF, lorsqu’il est seul, permet seulement la formation de particules

90S et c’est seulement lorsque HPF vient s’y fixer que l’on passe à un dimère de ribosomes

inactifs de 100S (Uetaet al., 2005). Une autre protéine, YfiA, partageant 40% d’homologie

avec le facteur HPF, interagit avec les ribosomes. Elle est principalement localisée sur les

particules 70S, contrairement à HPF, et préviens la fixation de RMF : un mutant yfiA

permet une fixation plus importante de RMF (Ueta et al., 2005). De plus, en se fixant à

la sous unité 30S, elle préviend la dissociation des ribosomes 70S et par là même, réduit

le taux d’erreur lors de la traduction (Agafonov et al., 1999 ; Agafonov & Spirin, 2004).

L’hibernation des ribosomes est un phénomène réversible. Ainsi, lorsque l’on place

des cellules en phase stationnaire, dans du milieu frais, on observe une libération des

facteurs et des ribosomes 70S réapparaissent. La libération de RMF, HPF et YfiA est

extrêmement rapide, inférieure à la minute (Aiso et al., 2005), et permet d’avoir des

ribosomes actifs sans avoir besoin de les synthétiser. Ce mécanisme d’hibernation n’est

toutefois pas complètement compris et de nombreuses études de Wada et al. (1995) ont

été faites uniquement in vitro. Néanmoins, ils ont pu dresser un modèle expliquant les

différents changements conformationnels des ribosomes au cours des grandes phases de

croissance, présenté dans la figure 2.7.

2.1.3 Distribution de l’ARN polymérase et des ribosomes

La régulation des ARN ribosomaux repose en partie sur la compétition de l’ARN

polymé-rase pour sa fixation entre les rrn et les autres gènes, selon les conditions de croissance.

En outre, cette compétition indique que l’ARN polymérase est limitante dans la cellule.

Chez E. coli, on estime la quantité d’ARN polymérase entre 2000 et 5000 molécules par

génome (Ishihama, 2000 ; Grigorova et al., 2006 ; Piper et al., 2009).

Le taux de synthèse des ARN stables influence fortement la localisation de l’ARN

polymérase entre les opérons rrn et les autres gènes du génome. Cette titration par les

opérons rrn entraîne de profondes variations sur la régulation globale des gènes et sur

la structure du nucléoide en réponse aux conditions de cultures (Cabrera & Jin, 2006 ;

Fig. 2.5). Ainsi, durant une croissance rapide et optimale, l’expression des opérons rrn

transcrire les autres gènes. A l’inverse, lors de la réponse stringente il y a beaucoup plus

d’ARN polymérase libres et disponibles pour transcrire les gènes autres que ceux codant

les ARN stables.

Plusieurs modèles expliquant l’effet du ppGpp sur l’ARN polymérase ont été

propo-sés. Selon le premier modèle, l’ARN polymérase est partitionnée en deux formes : une

forme interagissant avec ppGpp qui est incapable d’initier la transcription des

promo-teursrrn mais celles des autres promoteurs, et une forme sans ppGpp capable d’initier la

transcription de l’ensemble des promoteurs, opérons rrn compris (Baracchini & Bremer,

1988). Le deuxième modèle considère que l’ARN polymérase, en présence de ppGpp, va

faire des pauses lors de l’élongation. Ceci entraîne une diminution de sa disponibilité pour

l’expression globale des gènes (Jensen & Pedersen, 1990).

Documents relatifs