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b Assassinat de Raspoutine

Empire Russe : le cyanure a également était utilisé contre les ennemis politiques de l'intérieur comme dans l'assassinat de Raspoutine (21 janvier 1869 – 17 décembre 1916) Paysan sibérien, Raspoutine n'était ni un moine, ni un pratiquant de l'église orthodoxe. Il se considérait cependant comme un homme de Dieu (64). Grâce à ses talents de persuasion et de guérisseur, il se fit une place dans la société russe jusqu'à ce qu'il parvienne à soulager le petit Alexis Romanov, hémophile, qui suite à une chute dans un jardin, présentait un œdème et des douleurs insupportables de la jambe que les médecins étaient incapables de soulager.

On ne dispose de cet épisode que le témoignage de la grande-duchesse Olga, sœur de Nicolas II, qui n'assista pas à la visite de Raspoutine mais constata le lendemain que l'enfant, moribond la veille, était assis dans son lit avec une jambe redevenue normale. La tsarine expliqua à Olga que Raspoutine n'avait pas touché l'enfant et qu'il était resté auprès du lit, en prière.

Portrait de Raspontine (65)

Il devint alors peu à peu un proche de la Tsarine, le soulagement qu'il apportait à Alexis était le fondement de son crédit, mais le couple impérial avait aussi confiance en son jugement.

Le meurtre de Raspoutine fut perpétré par 5 conjurés (dont le grand-duc Dimitri) sous la direction du prince Ioussoupov qui était persuadé que Raspoutine était la cause des malheurs de la Russie et qu'il envoutait les souverains.

Le prince avait simulé une amitié avec Raspoutine pendant trois mois pour confirmer sa culpabilité. Puis il envisagea de l'attirer chez lui un soir sous le prétexte de rencontrer sa femme, une célèbre beauté. Le docteur Lazovert procura le cyanure réduit en poussière qu'il disposa dans des gâteaux de crème et dans deux verres. Pendant deux heures, Raspoutine consomma les gâteaux et du madère empoisonné sans manifester d'autres symptômes qu'une légère striction pharyngée. Les autres conjurés attendaient à l'étage où était supposée être la femme d'Ioussoupov (en réalité celle-ci était en Crimée).

Au bout des deux heures, Ioussoupov s'impatienta et monta à l'étage sous le prétexte de voir ce que faisait sa femme. Après discussion avec les autres conjurés, il redescendit avec un revolver et tira dans la région du cœur de Raspoutine, deux fois, à bout portant. Les autres descendirent, Raspoutine gisait sur le dos. Une partie des conjurés quitta le palais en se déguisant en Raspoutine pour détromper une éventuelle surveillance policière. Ioussoupov

retourna voir le cadavre et celui-ci ouvrit les yeux puis lui sauta à la gorge. Le prince parvint à se libérer et Raspoutine s'enfuit à travers la cour dans la neige. Un des conjurés le poursuivit, tira deux fois et le manqua, puis tira à nouveau et l'atteint dans le dos. Raspoutine s'arrêta, il lui tira alors dans la tête. Raspoutine tomba en avant, essaya de se trainer, reçut un coup à la tempe puis ne bougea plus. Les soldats du palais ramenèrent le corps dans le hall. Le prince alla chercher sa matraque puis martela son visage. Les autres conjurés revinrent, chargèrent le cadavre dans la voiture et l'emmenèrent dans la Néva où ils avaient repéré un trou dans la glace pour l'y jeter.

C'est quatre jours plus tard que le professeur Kossorotov pratiquera l'autopsie. Il constata alors que le crane était défoncé, l'œil droit presque détaché de son orbite et le visage déformé par des ecchymoses. Il constata trois blessures par balle, la première était entrée par le thorax et avait traversé l'estomac et le foie, la deuxième était entrée dans le dos et avait traversé un rein, la troisième était entrée par la tempe et avait pénétré dans le cerveau et aurait été responsable de sa mort. Dans l'estomac on trouva un liquide brunâtre sentant l'alcool, il ne fut pas découvert de trace de poison (66).

Suivant les sources, de l'eau aurait était retrouvée dans les poumons au moment de l'autopsie, ce qui signifierait que Raspoutine respirait encore au moment de l'immersion, il serait donc mort noyé après avoir résisté au poison et aux balles (67). Cependant comme le rapport d'autopsie n'a pas été publié, la vérité ne sera jamais établie (66). Enfin, l'eau présente dans les poumons peut faire suite à un œdème pulmonaire consécutif à ce type d'empoisonnement.

Plusieurs hypothèses ont alors été soulevées pour expliquer l'inefficacité du poison (67) : – L'erreur de substance a été envisagée, cependant celle-ci ayant été fournie par un

médecin, nous pouvons penser que cette théorie peut être rejetée.

– Le produit pouvait être éventé. En effet, l'action du cyanure diminue avec le temps. Cette fois encore les sources diffèrent. Selon certains le poison avait été testé sur un animal qui mourut peu de temps après l'ingestion (67) ; selon d'autres il n'aurait pas été testé, cette hypothèse devient alors valable (66).

– L'action antidote du glucose contenu dans les gâteaux et le madère sur l'acide cyanhydrique, produisant un nitrite glucohéptonique non toxique pour l'organisme, est la dernière hypothèse. Cependant le professeur Kohn-Abrest (1880-1969), toxicologue, note en 1934 que la réaction nécessaire à la neutralisation de l'acide cyanhydrique serait trop lente, in vitro un fort excès de glucose ou de saccharose

détruit en quelques heures l'acide cyanhydrique (68).

Aujourd'hui la réalité aurait été révélée par le Dr Stanislas Lazovert, peu avant sa mort dans une lettre manuscrite où il révèlerait que quelques heures avant l'arrivée du starets au palais, alors qu'il broyait le poison, il eut l'impression de voir dans les flammes de la cheminée le visage de son défunt père, signe qu'il irait droit en enfer s'il se rendait complice d'un assassinat. Il décida donc de trahir ses comparses et ne mit de cyanure ni dans les gâteaux ni dans l'alcool. (69)

II.2. Première guerre mondiale