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SUR LES ASPECTS NEUFS ET ANCIENS DE L'ECOLE EN ANGLETERRE

Traduction de l'article de P. LEONE paru dans

Scuola Secondaria,

n° 1, oct. ·1954

Le Centre Didactique National por l'Ecole Secondaire avait envoyé une délégation de di.recteurs en Angleterre avec l'accord du British Council. Ce sont les impressions d'un paJ;Licipant à ce voyage d'éiudes que nous allons essayer de résumer.

L'école secondaire anglaise est partagée en plusieurs bronches : la Public School qui est l'école la plus privée qui soit : le but suprême de la bourgeo~le

anglaise est d'avoir ses enfants dans celle école ; Ja Griunmar School : l'école qui forme l'homme anglais tel qu'on l'entend : on y entre à 11 nns, signalé par le directeur de l'école prima\re, après un examen t'?cril (assez rigoureux par

~11ile du nombre de candidat.a) comprenant une épreuve d'anglais, un problème d'arithmétic1ue el un ou plusieurs tests ; la Technlcal Schqol à laquelle on accède i1 13 ans, fréquentée par environ 100.000 enfants, qui visn une préporntion spécifique dans une bronche commerciale ou industrielle, navale ou agronomique, Il niveau de ces deux t'?coles est très élevé, puis la Modern ,School qur groupe 'e reste de.s enfants, 80 % environ, on 'y trouve ceux qui ne veulent plus aller à l'Université et qui doivent satisfaire à l'obligation scolaire jusqu'à 15 ans.

On passe, théoriquement, très facilement d'une école à l'autre, le passage de an Modern à. la Grammar se (f1it après cinq ans de scolarité ; l'enfant. qui. veut continuer peut entrer dans la dernière nnnée de la Grnmmar ou en dernière année de Io Technical s'il a 1a uns. En fait, le problème n'est pas aussi simple.

I.e nombre de Grammar et de Technical est restreint si bien que tes examens deviennent des concours. D'au.Ire part, I'enseigucment, saur ln première année, se différencie tellement, qu'il est difficile à un enfant de se réadapter dans une école autre que celle qu'il avait choisie. C'est pour pall\er à ces incom •. \:ents qu'on a créé tout. récemment les Com7Yrelle11sivr Sc/wots., des écoles qui ont pom·

l>11t. de reculer l'âge de la spécialisation et de faciliter le passage d'une branche

n

l'autre de l'enseignement. A.côté des écoles qui sont subyentionnées par l'Etat, existent des écoles privées qui ne subsistent que si elltis sont efficientes et viables

économiquement. :

Ce qui caractérise l'école anglaise au point de vue professionnel, c'est la liberté du directeur d'école : le 1ninislère de !'Education .n'a que ùes fonctions de coordination el d'aide aux autorités locales ou privée~. Ni programmes, ni horaires, nt manuels no sont prescrits pa1· le ministère. Le::i'inspecleurs de Sa

l\Ja-jesté ne visitent que les écoles suhvenlionnées ou celtes, quJ indépendantes,

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désirent l'être, mais s'ils peuvent critiquer le directeur, ils n'ont pas autorité pour lui donner des ordres. Cette qualité n'est même pas reconnue au Counci') Local qui, avec le conseil d'adminLstration des professeurs, contrôle chaque école, mais laisse toutefois au directeur les décisions de plus grande importance.

Dans British Education (édité par Longmans and Green), H.-C. Dent recon-nait une vingtaine de méthodes éducatives, mais on peut définir une éducation anglaise par la liberté professionnelle, l'autonomie de .l'école, la conception d'une école comprise comme moyen d'éducation non seulement de l'esprit, mals encore du caractère, pa1· la camaraderie qui exi-ate entre le corps enselgnnnt et les Glèves, et par la grande part qui est accordée aux nctivités récréatives.

Les anglais sont des gens qui ont horreur de l'abstraction. Réalistes, quand en pleine guerre, il s'est agi de réformer le régime i;colalre, ils ont discuté à la Chambre : 1°) des crédits que le nouveau régime a'1lait demander, y compris les livres lait, réfectoires et transports; 2°) comment mettre d'accord les Eglises existantes. Cette loi, votée pendant les travaillistes, est continuée sous les conservateurs.

Cette horreur de l'abstraction se rencontre dans les méthodes pédagogiques ; tes anglais n'enseiE,'llent pas la moitié des choses dont nous encombrons l'esprit de nos élèves, mais le principe f?énél'al est partout le même : agir, puis en Urer des lois. M. Clifford Harper écnt : u La science est ce qui sert. à élever les ani-maux, cultiver un jardin, ou construire une machine. Les mathématiq1,1es servent dans une usine, dans la cuisine, à l'arpentage, ou bien l.L comprendre le rapport aes trois vitesses de ta bicyclette; l'enseignement de 'l'anglais doit parvemr à ce que les enfants rédigent une lettre ou un journal de classe correctement n.

Le directeur d'une Modern disait plus paradoxalement encore : u Il serait Inconcevable qu'après tant d'années de classe on ne sache pas lire le compteur d'électricité ou celui. du gaz n.

Toutes les écoles sont autonomes, nous avons vu que ni manuels, ni pro-grammes, ni horaires ne sont dictés pnr l'administration. Ainsi, dans une Gramuwr du Kent, on enseigne jusqu'à trente et une matières : quelques ma-lières sont oblLgatoires : religion (qui o été maintenue, malgré la protestation ùc certaines lignes d'éducateurs, par le Minstry of Education), anglnis, histoire, géographie, mathématiques, une science, art et dessin, musique, éducation

phy-::.ique, ma~s on enseigne aussi le 'latin, l'allemand, l'espagnol, la physique, chimie, botanique, zoologie, travail manuel et danse. Les enfants mangent gé-11érnle1oent à l'école avec leurs maitres. La classe commence à 8 h. 45; elle est divisée en sept périods (la pérlod dure 40 minutes) avec un bref repos ivem 10 h. 20 et une interruption de 12 h. à 14 h. pour le diner.

L'école est comprise comme moyen d'éducation du caractère, elle vise à faire acquérir aux jeunes la self-reliance, et elle a pour principe : la corporated life : l'éducation se fait à travers la socialisation, facilitée d'ailleurs par la préparation des maîtres, l'esprit de cordialité, de légèreté (au sens de contraire de pesanteur) qui circule dans l'ér.ole, ctons les grnnds bâtiments, les parcs étendus et soignés et les nombreux terrains de jeux. Les élèves de chaque école sont divisés en houses de 50 à 100 élèves qui concourent pour l'obtention de trophées (travail, sports, théâtres), à la tète de chaque maison un chef qui est aussi un conseiller pour des questions qui ne sont pas spécifiquement scolaires.

L'école secondaire anglaise et en particulier la Modern n'est pas une école d'élimination, l'élimination .se fait par la vie : l'école che1'che à reconnaître des aptitudes, à valoriser des tendances en faisant faire à chacun ce· qu'il veut et peut faire de son mieux selon ses inclinations et possibilités. 'L'enseignement,

diffé-1 encié avec les sets divisant l'école en groupes d'enfants d'âge différents mais de force égale, a une grande importance.

Tous les visiteurs ont été frappés par la cordialité avec laquelle les mattres

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faisalent-leul'·<:lasse, leur amabilité en Interrogeant leurs élèves et même l'humour riont fis ·faisaient preavc à l'occasion maigri l'emploi règlementaire dé la verge comme moyen de chàti.ment.

n

existe ceperldnnt un problème : c'est celui de

ra

formation des maîtres ; on trouve deux sortes de maîtres : le& dlplômh et les lauréats. Ils vlennept. tous rie la Grnmmar mats les tltj;l?:m~ (9Qflt des maitres·-de ~sin, d'art, ·éconoqlie domestique, travaux manuals) suivent des cours dans <tes Ecoles Normales ou des Collèges pen'dant deux arls. On y étudie l'anglais,

la

géographie, l'histoire, les mathématiques, les sciences, l'histoire de la pMagogiè\ .. la pédagogie générale, la pédagogte spéciale, l'art,

le

dessin, l'éducation phys que et la diction. Les lauréats viennent des instltlJ s pédagogiques annexés

i\J.I)(

Universités, où Us suivent des cours pendant trOis ans, plus un an de perfectionnement. Dans la Modern orr trouve surtout le~ diplômés, mals en vue de· l'uniflcat.lon des trole branch&S· .<fans les Comprel1ensive, on aurait tendance f.I. uniformiser fa for-mation .ctes maitres et s\Jrt.oQt à uniformiser leur traile!llent . . Cela ne va pas sans polémiques d'ailleurs.

. .

Tout ceci semble un tableau un peu J!lylllque de la situation de l'école secondaire anglaise. En fait, il y a des ombnis.

La première des ombres est que la Mo(lern est mal logée, si bien que les classes à ml-temps sont non1breuses, dans' la Modern, ttn protllème est aigu, C''est celui des retardés ; en' effet, les instituts pédagogiques ne prennent que les cns pathologiques, on a résolu la question en créant des .classes spéciales avec un seul- mattre, qui s'intéresse à ce genre

f

enseignement.

D'autre part, c'est l'une <les thèses du parti travailliste, l'école secondaire unglaise aboutit en fait à créer une école de classe : ne parlons pas de la Public SchooT, ma\s la Grammar mène à l'Université, chacun· sait. que les classes les f'lus pauvres ne peuvent se permP,Ure d'envoyer des enfants à l'Université, les 1arifs étant même très llùéra1:1x : les enfants pauvres ne pnienl pas l~urs repas, l'accès des Colleges leur esl oùvert puisque la redevance est proportionnelle au revenu familial. Nous avons vu d'autre part, que le passage, facile pour un élève de Ja Grammar vers la yodern, est plus difficile .en sens inverse, en raison

<les divergences de programmes. C'est pourquoi le parti trnvalllïste soutint les Comprehensive encore d'ailleµrs au stade ·expérimental, Réussiront-elles à faire descendre de leur piédestal les Public et les Grammar ? Mals les Anglais son~

conscients de î'espèce de lapyrinthe qu'est leur école secondaire, et il existe dans le pays une cc consclenc~ scolaire u, la meilleure preuve c'est qu'en pleine guerre, en 1942, Ils ont repris la réforme de leur école, et que par étapes, la scolarité qui est obligatoire jusqu'à 15 ans sera portée à 16 ans quancl-les conditions matérietles le PffmeUront. ·

)'raductlon de 1. BEI.LINA.

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