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Les articulations entre le crédit scoring et la notation financière

Section 1 : Fondements du crédit scoring, principes de base et historique

1. Vue générale sur le crédit scoring

1.3. Les articulations entre le crédit scoring et la notation financière

La notation est un indicateur synthétique sous forme de note évaluant le risque de crédit d'un prêt ou d'un emprunteur, en se basant sur des critères qualitatifs et d’autres quantitatifs. Parmi ces derniers, les ratios financiers dont l’évaluation se fait par des méthodes statistiques de scoring, permettant la production d’un score de crédit afin de distinguer les entreprises saines de celles en difficultés.

Les notations externes (cf. Chapitre 1, section1) doivent être compatibles avec les probabilités de défaut des contreparties, de sorte que leur rôle croissant dans le cadre du troisième pilier de la réforme de Bâle II (Transparence et discipline de marché) soit encore plus efficace. Cette problématique à fait l’objet de nombreuses études (Carey et Hrycay, 2001 ; Godlewski, 2004).

75 Kharoubi, C. Thomas P. (2016). Analyse du risque de crédit : Banque et marchés. Paris. 2ème édition revue

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Parmi ces études, nous évoquerons celle de Carey et Hrycay (2001). Ces chercheurs ont examiné les méthodes utilisées par les institutions financières, principalement, le scoring et le

mapping76 pour estimer les probabilités moyennes de défaut.

Le crédit scoring est le deuxième modèle couramment utilisé après le mapping pour évaluer les notes, permettant l’estimation des probabilités de défaut des emprunteurs individuels, généralement, par l’utilisation des ratios financiers et d'autres indicateurs de gestion.

Leurs résultats montrent une corrélation satisfaisante entre ces notations et les probabilités de défaut obtenues à partir du modèle de scores utilisé.

Ainsi, l’utilisation du scoring pour déterminer les classes de notation internes (cf. Chapitre 1. section1.) donne des estimations cohérentes avec les taux de défaut observés.

Explicitement ou implicitement, l'attribution des notations et la quantification impliquent l'estimation des probabilités de défaut des emprunteurs en tant qu'étape intermédiaire.

L’un des avantages du modèle de scoring est que son architecture et son horizon prédictif peuvent être adaptés pour se conformer aux systèmes de notation interne.

Les modèles de scoring peuvent également être utilisés pour attribuer des notes, mais aussi pour quantifier n'importe quel système de notation indépendamment de la manière dont il est défini. Dans le même contexte, l’objectif de l’article de L. Ismaïel (2008) consiste à étudier la cohérence des notations de S&P et de Moody’s avec un modèle de défaut des banques dans les pays émergents par l’application de la méthodologie de scoring et de mapping, proposée par Carey et Hrycay (2001) et utilisée par Godlewski (2004a, 2008) sur des notations de Moody’s (BFSR77) et Fitch rating.

Comme cité précédemment, et d’après L. Ismaïel (2008), les modèles de score sont des outils permettant la mesure du risque par l’utilisation des données historiques et des techniques statistiques afin de déterminer les effets des différentes caractéristiques des emprunteurs sur leur chance de faire défaut. Ils attribuent une note ou un score à chaque emprunteur, ce qui revient à classer ces emprunteurs selon leur qualité d’endettement.

Ensuite, sur la base de cette classification et par l’intermédiaire d’un mapping, les emprunteurs ayant des probabilités de défaut, seront classés dans un système de notations internes. Au final,

76 D’après SEFFAR, M. (2016), la méthode du « mapping » consiste en la création d’une table de concordance

entre chaque classe de notation interne et l’échelle des notes des agences, et à l’utilisation du taux de défaut moyen à long terme de l’agence de notation afin d’identifier le risque interne. Cette méthode est courante en raison de sa simplicité apparente, et parce que les notes des agences sont familières à la plupart des participants du marché.

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le processus de mapping convertit, les notes en classes de risque et leur affecte des probabilités de défaut.

La probabilité de défaut calculée est définie entre 0% et 100% sur une échelle continue. Grâce à l’intermédiaire d’un mapping interne, un lien peut être effectué entre cette échelle continue et les mesures discrètes. Autrement dit, un mapping spécifique permet de relier le scoring continu et l’échelle de notation discrète.

En général, «l’échelle continue se trouve divisée en classes qui reflètent les différents niveaux de scores obtenus. Pour qu’un tel travail de correspondance puisse avoir du sens, il faut que les deux échelles utilisées fassent référence à un horizon temporel similaire ».78

Les méthodes de scoring et de mapping peuvent également être appliquées à la construction d’un système de notation interne pour les banques, d'autant plus que la plupart des banques prennent en compte les notations externes dans l'attribution des notations internes. La notation externe peut avoir un effet critique sur la notation interne ou servir comme un simple point de départ.

Le résultat de ces différentes études évoquées, montre qu'il existe une cohérence relative entre les notations des agences et le risque de défaut effectif de l'échantillon lorsque la quantification des classes de notation est mesurée par la méthode de scoring et à l’aide d’un mapping intermédiaire.

D’après W. S. Frame & L. Woosley (2004), les modèles de credit scoring ont révolutionné les prêts en alimentant directement les données des agences de notation dans des modèles statistiques qui prédisent la probabilité de défaut de l'emprunteur. Par conséquent, selon cette approche, les demandes de prêts sont traitées plus rapidement et les agents de crédit jouent souvent un rôle moindre dans le processus d’attribution de crédits.

Au cours de la dernière décennie, cependant, les banques (en particulier les grandes banques) se sont de plus en plus tournées vers les systèmes de crédit scoring pour évaluer la solvabilité des emprunteurs particuliers et des petites entreprises en plus des grandes – sur lesquelles le scoring était déjà appliqué.

L’une des possibilités de modélisation des probabilités de défaut est l’approche par les ratings qui consiste à associer une probabilité de défaut plus élevée à chaque mauvaise notation. Cette méthodologie est basée sur l'observation qu’un événement de défaut est séquentiel à une détérioration graduelle des ratings de l’émetteur. En outre, elle fait partie des fondements

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réglementaires du Comité de Bâle. Les approches possibles consistent à élaborer des notations en utilisant des opinions d’experts ou à utiliser des techniques de scoring.

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