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Articulation temporo-mandibulaire et occlusion

4.2. L ES CONSEQUENCES POUR LA ZONE ORO FACIALE

4.2.5. Articulation temporo-mandibulaire et occlusion

Figure 11 : Schéma d’un embout de détendeur

Source : Bruy, « Barotraumatismes et algies dentaires dysbariques », 2005

Après une plongée, la plupart des plongeurs rapportent qu’ils sentent que leurs « dents ne sont plus à leur place ». Le retour à leur occlusion habituelle va nécessiter un laps de temps non négligeable. Cette modification est due à l’ingression forcée et temporaire des dents dans leurs alvéoles. Cette ingression entraine une baisse de la vascularisation par compression du paquet vasculo-nerveux et une inflammation du ligament alvéolo dentaire peut survenir32. Cette ingression sera inversement

proportionnelle à la taille du plan de morsure du détendeur.

De plus, l’écran buccal de l’embout est une des principales causes de douleur chez le plongeur car le plus souvent, il ne respecte pas l’anatomie du plongeur au niveau des bosses canines ou des insertions des freins. Cependant, ce dernier doit être le plus recouvrant possible pour permettre une étanchéité suffisante.

Les troubles de l’ATM en plongée ou syndrome buccal sont très récurrents. Ils surviennent le plus souvent chez des plongeurs débutants 33. Cependant leurs prévalences restent floues, à savoir 24% à

68% selon différents auteurs.

Ce syndrome buccal de la plongée a été décrit dans l’article de Guinepin34. Le manque de calage des

dents postérieures et la protrusion constante mandibulaire entraine l’apparition du syndrome buccal. De plus, le fait que généralement les plongeurs vont venir serrer plus d’un côté que de l’autre va exacerber les symptômes du syndrome buccal.

Figure 12 : Mouvement à l’origine de l’apparition du syndrome buccal

Source : Guinepin, « Le syndrome buccal de la plongée sous-marine étiologie et prévention », 2012

Ces symptômes peuvent être :

- Toute la symptomatologie des ADAMs (algies dysfonctionnelles de l’appareil manducateur) : douleurs musculaires, douleurs articulaires, maux de tête, atteintes méniscales.

- Des douleurs au niveau des oreilles. - Une sensation d’oreille bouchée.

- Des bruits articulaires de type craquements.

- Un trismus et/ou des perturbations de la cinétique articulaire. - Des algies faciales.

33 Ihara et al., « Bonding durability of custom-made mouthpiece for scuba diving after water storage under pressure ». 34 Guinepin et al., « Le syndrome buccal de la plongée sous-marine étiologie et prévention ».

- Des troubles au niveau de la trompe d’Eustache qui peuvent engendrer un barotraumatisme de l’oreille moyenne.

- Une sensation vertigineuse.

Ces symptômes peuvent se limiter à la durée de la plongée ou devenir chroniques et permanents. Ils seront amplifiés chez le patient bruxomane.

Il est rapporté également que l’eau froide va jouer un rôle important dans la survenue de ces syndromes 35. En effet le froid va diminuer la capacité des lèvres à serrer l’embout buccal et le plongeur

devra amplifier la force qu’il exerce sur ses dents antérieures pour le serrer.

La fabrication d’embouts anatomiques est la solution de choix pour palier le syndrome buccal. Ils peuvent être :

- Semi personnalisés en réalisant un « mordu » sur une surface thermo formable

- Personnalisés avec une empreinte à l’alginate à partir de laquelle on coule un modèle en plâtre, l’embout sera réalisé grâce à la technique de la cire perdue.

Ces embouts permettent de diminuer la pression occlusale nécessaire de 39% à 53% grâce à une surface d’occlusion plus fine allant jusqu’à au moins les premières molaires et étant adaptés à l’anatomie dentaire. Ils permettent de placer la mandibule dans une position proche d’une position de repos physiologique.

De plus, même si la mise en place d’un dispositif orthodontique ne contre indique pas la pratique de la plongée sous marine, elle necessite la conception d’un embout buccal sur mesure.

Figure 13 : Visualisation des rapports inter arcades et de la position de la mandibule sur une téléradiographie de profil

a : en occlusion Flèche verte : abaissement de la mandibule b : avec un embout personnalisé Flèche rouge : protrusion de la mandibule c : avec un embout standard

Source : Guinepin, « Le syndrome buccal de la plongée sous-marine étiologie et prévention », 2012

L’apport d’un embout anatomique a également été abordé par Toshiaki. Son étude a permis de prouver l’efficacité d’un tel embout et un tableau comparatif a été réalisé36. Vingt personnes ont été

recrutées dans cette étude, ses résultats n’ont donc que très peu de valeur. Cependant nous pouvons quand même dire que les embouts anatomiques apportent un confort indéniable pour le plongeur.

Figure 14 : Comparatif entre un embout commercial et un embout anatomique

Source : Toshiaki, « Clinical application of newly developed custom-made mouthpiece for scuba diving », 2017

Les fabricants ont élaboré au fil des années des embouts buccaux plus adaptés respectant certaines caractéristiques :

- La plaque interdentaire doit faire moins de 4 mm d’épaisseur et 8 mm de largeur. Elle doit recouvrir les dents jusqu’aux premières voire aux deuxièmes molaires.

- Les écrans intra-buccaux vestibulaires et linguaux doivent être ébarbés pour prévenir les lésions des freins et ne pas interférer avec les insertions musculaires. La présence et l’ajustement d’un écran labial aux contours des dents sont aussi importants que ceux de l’écran vestibulaire.

- L’écran buccal ne doit pas dépasser la plaque interdentaire de plus de 2 mm vers l’arrière ; - Le silicone doit être préféré au caoutchouc.

Cependant il est a noté également que ces embouts standards ne tiendront pas compte des variations individuelles telles que la pente condylienne et la laxité ligamentaire au niveau de l’ATM 37.

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