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P ART DE L ’E UROPE DANS LES EXPORTATIONS DU M ERCOSUR Pays 1970-1974 1982-1985

Argentine 48,7% 26,2% 30,3% Brésil 43,6% 44,4% 27,7% Paraguay 47,4% 44,4% 35,9% Uruguay 57,8% 32,1% 28,0%

Source : CEPAL, Banco de datos del comercio latinoamericano (BADACEL)

Il reste tout de même que, en 1994, l’Europe est la deuxième destination des exporta- tions argentines, paraguayennes et uruguayennes, derrière le Mercosur, et la première pour le Brésil. L’Union européenne est donc le premier partenaire commercial du Mercosur, qui enregistre avec elle des excédents importants. Par ailleurs, l’Europe est le premier in- vestisseur dans le cône sud et le premier pourvoyeur d’aide publique au développement. Les liens économiques sont donc étroits, et chacun des membres du Mercosur a signé avec l’UE des accords dits de “ troisième génération ”, c’est-à-dire contenant une “ clau- se évolutive ” permettant de dépasser le simple domaine commercial.

Au plan politique, le dialogue avec le cône sud, après s’être singulièrement rafraîchi à l’oc- casion de la guerre des Malouines, a été renoué. L’UE a ainsi soutenu les initiatives di- plomatiques latino-américaines (groupe de Contadora, traitement de la dette, etc.) et a même encouragé la formation du groupe de Rio. Elle a aussi appuyé tous les processus d’intégration régionaux, notamment en Amérique centrale.

Dès la signature du traité d’Asunción en 1991, la Communauté européenne a porté un vif intérêt à cet effort d’intégration. En 1994, deux documents témoignent de cet intérêt : l’un, émanant de la Commission, intitulé “ Pour un renforcement de la politique de l’Union européenne à l’égard du Mercosur ”, se prononce pour la création à terme d’une zone de libre-échange, l’autre, approuvé par le Conseil, intitulé “ Document de base sur les rela- tions de l’Union européenne avec l’Amérique latine et les Caraïbes ”, esquisse un cadre politique général pour la coopération entre les deux continents.

De leur côté, les présidents du Mercosur, en vertu du “ multilatéralisme ” qui les anime, rappellent à chaque CMC leur attachement à une association avec l’Union européenne. Le 29 septembre 1995, l’Union européenne et le Mercosur signaient un important ac- cord-cadre, ouvrant une période d’une dizaine d’années de libéralisation des échanges et prévoyant une coopération accrue dans de multiples domaines. L’Organisation mon- diale du commerce (OMC) interdisant d’exclure des accords de libre-échange des pro- duits constituant l’essentiel des échanges, il est probable que les céréales et la viande viendront entraver les négociations. Mais la volonté politique, de part et d’autre, d’éviter à l’avenir un tête à tête commercial entre le Mercosur et les États-Unis pourrait permettre de trouver un compromis.

Remarques finales : le Mercosur, un accord du “ troisième type ” ?

Si on le compare aux accords d’intégration existants, le Mercosur semble relever d’une catégorie à part. N’étant déjà plus une simple zone de libre-échange, ni toutefois enco- re un marché commun, le Mercosur ne constitue pas seulement une étape intermédiai- re, au regard de la fameuse classification de Bela Belassa, il est d’une nature différente. Accord “ du troisième type ”, il se caractérise par une méthodologie de l’intégration qui re- pose sur la recherche d’un équilibre entre des positions qui peuvent paraître contradic- toires à un esprit trop accoutumé à l’exemple européen.

Équilibre tout d’abord entre son objectif ambitieux et les moyens modestes dont il s’est doté pour y parvenir. Équilibre notamment entre la dimension strictement intergouverne- mentale de l’échafaudage institutionnel et les comportements supranationaux qui ne man- queront pas de se multiplier, au GMC et à la CCM. Équilibre aussi entre l’intégration “ par le haut ”, sous l’impulsion des présidents réunis en sommets, et l’intégration “ par le bas ”, produit des initiatives des acteurs sociaux et agents économiques. Équilibre enfin entre l’approfondissement de l’expérience et l’élargissement tous azimuts, dans le but de faci- liter l’insertion à un marché mondial globalisé.

L’approche “ mercosurienne ” semble aussi se caractériser par un grand pragmatisme. Peu ou pas de débats prospectifs ou d’anticipations sur ce que peut ou ne peut pas pro- duire le schéma existant, le Mercosur est une réponse ad hoc à la convergence de stra- tégies entre quatre pays, dans une conjoncture donnée. Cette souplesse, couplée à une volonté politique sans faille, a permis que progresse une intégration “ vertueuse ”. Mais elle a aussi permis que soient prudemment écartés jusqu’à présent les points d’achop- pement. La politisation du processus, entendue dans le sens où tout dépend de la volonté des acteurs politiques, a fait la force du Mercosur ; elle pourrait lui devenir fatale le jour où de sérieux litiges commerciaux seraient relayés par des forces nationalistes et popu- listes. Le marché commun serait alors remis en question. Mais le redressement des éco- nomies, la rigueur macro-économique, l’intensification des échanges et la progression de l’interdépendance “ par le bas ” seront acquis. Avec ou sans Mercosur, le cône sud aura changé, définitivement.

Principaux sigles utilisés

ACE Accord de complémentarité économique

ALADI Association latino-américaine d’intégration

ALALC Association latino-américaine de libre-échange

ALCA Aire de libre-échange américaine

ALCSA Aire de libre-échange sud-américaine

CAUCE Convention argentine-uruguayenne de complémentarité économique

CCM Commission du commerce du Mercosur

CMC Conseil du marché commun

COMISEC Commission sectorielle du Mercosur

CPC Commission parlementaire conjointe du Mercosur

FCES Forum consultatif économico-social du Mercosur

GMC Groupe du marché commun

GRAN Groupe andin

MERCOSUR Marché commun du sud

PEC Programme d’expansion commerciale Brésil-Uruguay

PICAB Programme d’intégration et de coopération économique argentin-brésilien

SAM Secrétariat administratif du Mercosur

TEC Tarif extérieur commun