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Nous allons tenter de caractériser dans cette partie la tendance à l’augmentation ou à la diminution du volume de bois de chauffe moyen disponible par paysan pour chaque zone.

Nous nous appuierons sur l’équation bilan suivante qui exprime la différence entre le volume de bois de chauffe renouvelé annuellement (𝑽𝑩𝑪𝒑𝒓𝒐𝒅) et le volume de bois de chauffe consommé annuellement (𝑽𝑩𝑪𝒄𝒐𝒏𝒔𝒐).

𝑫𝒊𝒇𝒇 = 𝑽𝑩𝑪𝒑𝒓𝒐𝒅 - 𝑽𝑩𝑪𝒄𝒐𝒏𝒔𝒐

𝑽𝑩𝑪𝒑𝒓𝒐𝒅 : La connaissance du volume de bois de chauffe renouvelé annuellement suppose de connaitre l’accroissement volumique annuel des principaux arbres bois de chauffe (l’albizzia, le

bonara, le grevillea et le ranonminty).Le tableau 7 et la figure 32 présentent les accroissements

volumiques des principaux arbres bois de chauffe calculés à partir de l’âge et du volume de certains arbres inventoriés.

Tableau 6 Accroissement volumique moyen des principales espèces bois de chauffe (Auteur, 2015)

Au-delà de l’intérêt calculatoire des données d’accroissement volumique, la figure 32 nous montre que l’albizzia est l’arbre semblant avoir la vitesse de croissance volumique la plus importante. Rappelons que c’est également un arbre fixateur d’azote ayant un pouvoir fertilisant sur le sol. Cela en fait un arbre très intéressant pour d’éventuels programmes de plantation.

Accroissement volumique (m3/an) 0-3 ans 3-8 ans Albizzia 0,24 0,14 Bonara 0,135 0,095 Grevillea 0,135 0,123 Ranonminty 0,234

Figure 22 Volume de bois des principales essences bois de chauffe en fonction de l’âge (Auteur, 2015)

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Dans un souci de simplicité, ces accroissements volumiques ont été moyennés afin de calculer les résultats exposés dans le tableau 8.

En se référant à l’équation-bilan du différentiel de consommation de bois de chauffe, 𝑽𝑩𝑪𝒑𝒓𝒐𝒅 se définit comme le produit du taux d’accroissement volumique moyen et du volume moyen de bois de chauffe sur pied disponible par paysan.

Soit 𝑉𝐵𝐶𝑝𝑟𝑜𝑑= 𝑉𝐵𝐶𝐼𝑛𝑑* %Acc.vol

𝑽𝑩𝑪𝒄𝒐𝒏𝒔𝒐 est le volume de bois issu d’arbres bois de chauffe consommé annuellement pour la distillation. 𝑉𝐵𝐶𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜 est directement corrélé au nombre de distillations effectuées annuellement par le paysan distillateur. Rappelons la figure 33 qui nous montre que tout le bois consommé à l’alambic ne provient pas nécessairement d’arbres bois de chauffe mais aussi d’arbres fruitiers ou d’arbres bois de construction.

Nous avons vu qu’Ambatombary était le

fokontany le moins inquiété par la

diminution de bois de chauffe. On peut donc considérer que les 40% de bois

composant le fagot du distillateur qui proviennent d’arbres bois de construction ou d’arbres fruitiers (figure 33) sont le fruit d’un choix raisonné du paysan distillateur qui semble ne pas manquer d’arbres bois de chauffe pour s’approvisionner. Couper une telle proportion d’arbres bois de construction et d’arbres fruitiers ne serait alors pas nuisible à leur durabilité.

Le volume de bois idéal issu d’arbres bois de chauffe consommé pour la distillation pour ne pas porter atteinte à la durabilité des arbres fruitiers et arbres bois de construction serait alors 60% du volume de bois total utilisé pour une distillation soit 1,26 m3.

Finalement, on a :

𝑉𝐵𝐶𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜=∑ 𝑁𝑏𝐷𝐶𝑎𝑛

𝑁 ∗ 2,1 ∗ 0,6

Soit le produit de la moyenne du nombre de distillations effectuées annuellement par zone et du volume de bois issus d’arbres bois de chauffe consommés pour une distillation.

0% 20% 40% 60% 80% 100% Fruitiers Construction Bois de chauffe

Figure 23 Utilisation principale théorique des arbres utilisés pour la distillation selon les zones (Auteur, 2015)

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Les calculs de différentiel de consommation de bois de chauffe sont exposés dans le tableau 8

Ambatoharanana : Le volume de bois sur pied moyen par individu plutôt important en comparaison des autres zones (12,74 m3/ha) ne parvient pas à couvrir les besoins en bois de chauffe supérieurs à la moyenne des quatre zones au vu de la forte fréquence de distillation annuelle (4,67 DC/an). Cela explique pourquoi les paysans paysan distillateurs compensent en coupant plus d’arbres fruitiers. La tendance à la coupe d’arbres fruitiers pour complémenter est récente (2-3 ans) selon les enquêtés mais elle ne parait pas durable à moyen terme.

L’effort de plantation d’arbres bois de chauffe déjà important dans ce fokontany devrait être amplifié pour équilibrer la capacité de renouvellement avec les besoins annuels en bois de chauffe pour la distillation.

Vohipeno : Le différentiel de consommation de bois de chauffe est étonnement équilibré au vu des 80% d’enquêtés se déclarant peu satisfait de la disponibilité en bois de chauffe. On peut penser que ce fokontany a délibérément axé sa dynamique de plantation et de consommation autour de l’arbre bois de construction. Le différentiel exposé dans le tableau 8 aurait alors peu de signification puisque seuls les arbres bois de chauffe ont été intégrés dans le calcul.

Ambatombary : Le différentiel confirme l’impression issue de l’observation des pratiques : il n’y a actuellement pas de réel problème de disponibilité en bois de chauffe dans ce fokontany. Mahavane : Il y a actuellement plus de bois produit annuellement que de bois consommé pour la distillation. Cela s’explique par un faible nombre moyen de distillations annuelles par paysan. D’après les enquêtés de cette zone et la lecture du paysage, la disponibilité en feuilles de girofle semble être le réel facteur limitant le nombre de distillations annuelles.

La disponibilité actuelle de bois de chauffe est la résultante de la pression de prélèvement exercée par l’activité de distillation d’essence de girofle et la capacité de renouvellement des arbres bois de chauffe (directement liée à leur densité sur la parcelle). Jouer sur une de ces deux composantes fera donc varier le différentiel de consommation positivement ou négativement.

Volume de bois BC sur pied moyen/individu (m3) Accroissement volumique/an/individu (m3/an) Nb DC/an Différence de bois annuelle (m3/an) Ambatoharanana 12,74 4,97 4,67 -0,92 Vohipeno 10,93 4,26 3,18 0,26 Ambatombary 14,25 5,56 3,88 0,67 Mahavanona 9,87 3,85 2,59 0,58

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Si ce différentiel est négatif, il faudrait alors théoriquement réduire la pression de prélèvement en réduisant l’fréquence de distillation ou accentuer la capacité de renouvellement des arbres bois de chauffe en intensifiant les pratiques de plantation. La sous-partie suivante tentera de calculer l’effort de plantation idéal d’arbres bois de chauffe devant être réalisé par les paysans paysan distillateurs pour que ce différentiel reste équilibré.

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