CHAPITRE 1 : UN ETAT DE L’ART SUR DES APPROCHES DE CONCEPTION DE
1.2 Approches multiphysiques
1.2.4 Approches et couplages multiphysiques
1.2.4.1 Différentes approches multiphysiques
Différentes approches contribuent aujourd’hui à simuler, en partie, le monde réel.
L’intégration de l’aspect multiphysique permet aux chercheurs d’obtenir des résultats
toujours plus proches de la réalité. Mais si la complexité grandissante des systèmes
étudiés a donné lieu à l’émergence de nombreuses solutions industrielles de simulation
multiphysiques, les approches du problème diffèrent en fonction des éditeurs.
En effet, alors que la complexité des systèmes étudiés augmente, la nécessité
grandissante de pouvoir faire interagir facilement plusieurs modèles de physiques
différentes au sein d’un seul et même environnement de calcul a poussé de nombreux
éditeurs de logiciels à proposer des solutions de simulation dites multiphysiques.
Couplage Direct Applications
Pression-structure Acoustique, Sonar, SAW
Piézoélectrique Microphones, Capteurs
Piezorésistif Capteurs de Pression, Jauges de contraintes, Accéléromètres
Electromagnétique Moteurs, MEMS
Electrostatique-structure MEMS Electro-thermique-structure-magnétique Circuits Intégrés, Circuits Imprimés
Fluide-thermique Réseaux de Tuyauterie, Collecteurs
Couplages Séquentiels Applications
Thermique-structure Tout ce qui implique une structure, Turbines a gaz
Electromagnétique-structure Chauffage à induction, Radio Fréquence
Electrostatique-structure-fluide MEMS Electrostatique-particule chargée Optiquelonique, Technologies d’Afichage FED, Instruments Analytiques
Magnétique-structure Machines Electromagnétiques
Fluide-solide Aérospatial, Automobile, Systemes Hydrauliques, MEMS
Tableau 1.2 : Différents types de couplages directs et séquentiels, avec des exemples
d’applications associées
20.Mais si l’ensemble des solutions reposent sur des techniques similaires et bien
connues de résolution, elles différent de manière importante dans la mise en œuvre de
l’analyse multiphysique à proprement parler. Pour caricaturer, il existe deux manières de
traiter les couplages multiphysiques.
20 Cad.magazine nº 121. Novembre 2004.
La première solution consiste à résoudre de façon simultanée toutes les
équations couplées en combinant de façon monolithique l’ensemble des degrés de
libertés associés à chaque modèle au sein d’une seule et même matrice de résolution
multiphysique. Un tel couplage est alors qualifié de fort.
La seconde méthode consiste à résoudre les équations de manière séquentielle,
en fixant tour à tour l’ensemble des paramètres d’un modèle, durant l’itération de l’autre
modèle. C’est ce que l’on appelle un couplage faible. L’avantage de la première méthode
est qu’elle est susceptible de fournir des résultats plus précis, mais au prix de temps de
calcul plus élevés. La seconde méthode, quant à elle, permet de bénéficier de la vitesse
de calcul de solveurs spécialisés, mais avec des risques d’instabilité plus grands ainsi
qu’une précision sur les résultats plus aléatoire.
Ainsi dans le domaine électromagnétique, mais aussi dans d’autres disciplines
physiques, ces outils s’appuient principalement sur le formalisme des Éléments Finis qui
demandent une compétence particulière de l’utilisateur. Cependant, dans les phases de
prédimensionnement, il n’est pas nécessaire d’avoir des modèles précis. Souvent, un
modèle approché sous forme analytique permet de gagner du temps. Pour
l’électromagnétisme, un formalisme basé sur une représentation par circuit équivalent
permet d’élaborer de tels modèles. Mais l’optimisation tient également une partie
importante dans le processus de conception du produit, en particulier dans la phase de
prédimensionnement. Dans ce sens, des algorithmes peuvent être exploités.
1.2.4.2 Différents types de couplage multiphysique
Le couplage physique entre deux phénomènes donnés est intrinsèque à leurs
comportements. Il est imposé par le niveau d’interdépendance entre les grandeurs
physiques mises en jeu. Par exemple, un couplage fort est mis en évidence à travers
des lois de comportement qui font apparaître des termes relatifs à chacun des deux
phénomènes. Un couplage faible correspond à une action unidirectionnelle d’un
phénomène sur un autre.
Les modèles de couplage sont des couplages de résolution numérique qui
consiste à adopter un certain « ordre » pour le calcul des grandeurs couplées. Un
modèle unidirectionnel est adopté quand l’influence d’un phénomène sur l’autre n’est pas
réciproque. Dans le cas où les deux phénomènes interagissent mutuellement, c’est le
modèle bidirectionnel qui permet d’évaluer l’incidence de cette interaction sur le
comportement global du système.
Trois modèles sont à distinguer:
Couplage faible ou unidirectionnel, appelé aussi modèle non couplé,
Couplage « mou » ou bidirectionnel,
Couplage fort.
Dans notre méthodologie de conception des machines électriques, l’étude des
différents couplages est sous-jacente à la modélisation des phénomènes
électromagnétiques régissant la conversion électromécanique. Nous nous intéressons à
deux formes d’interactions : magnéto-mécanique et thermique-électromagnétique.
1.2.4.3 Couplage unidirectionnel
Ce type de couplage est préconisé dans le cas où les propriétés physiques des
phénomènes considérés sont faiblement couplées. C’est le cas de l’interaction
magnétique-mécanique au sein d’une machine électrique. En effet, on considère que la
déformation des tôles (FeSi 3%) sous l’effet des forces magnétiques est suffisamment
faible pour ne pas modifier leurs propriétés magnétiques.
Il suffit alors de calculer séparément la distribution du champ magnétique, la
répartition des forces magnétiques et les déformations ou déplacements induits. La
figure 1.5 représente le synoptique du modèle de couplage unidirectionnel.
Le problème électromagnétique est résolu en premier temps pour déterminer la
distribution du champ magnétique et par la suite les forces qui en résultent. Ensuite, la
réponse mécanique de la structure de l’actionneur suite à l’excitation des forces
magnétiques est évaluée. Le champ de déformations est supposé être sans
conséquences sur l’état magnétique de la structure.
Fig. 1.5 : Synoptique du modèle de couplage unidirectionnel
1.2.4.4 Couplage bidirectionnel
Le couplage bidirectionnel est dit « fort » si les grandeurs physiques relatives aux
deux phénomènes sont calculées simultanément et il est dit « mou » si ces grandeurs
sont évaluées successivement. Dans le deuxième cas de figure, l’évaluation de leur
interaction est assurée par un processus itératif de calcul. La procédure itérative permet
la prise en compte de la variation d’une grandeur physique (par exemple le champ
magnétique) en fonction de l’autre (distribution de température). Le processus itératif
s’arrêtera lorsque l’une des grandeurs n’évolue plus.
Ce modèle est utilisé
21pour l’analyse numérique du phénomène de
magnétostriction. Le problème couplé magnéto-mécanique est résolu en deux étapes
parallèles mais séparées. A l’itération i les problèmes magnétique et mécanique sont
résolus en utilisant le jeu de paramètres déterminé à l’itération i-1.
1.2.4.5 Couplage fort
Le modèle de couplage fort consiste à calculer simultanément les grandeurs
relatives à chacun des phénomènes physiques mis en jeu. Le recours à ce modèle se
justifie quand l’interaction est importante. Par exemple, la prise en compte de
l’interaction électromagnétique-thermique suivant un modèle de couplage fort revient à
calculer les valeurs de champ magnétique, les pertes induites et la température des
21 AZOUM K., "Contribution à la modélisation numérique de phénomènes magnéto-élastiques, étude de dispositif à base de matériaux magnétostrictifs", Thèse de doctorat, juillet 2005, Université Paris XI
Résolution des équations de Maxwell Calcul de la distribution des forces magnétiques Résolution des équations de la Mécanique