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3.5 Approches de la RIC

3.5.1 Approches basées sur la médiation utilisateur

Les interfaces collaboratives (Hartmann et al., 2009; Rodriguez Perez et al., 2011; Morris and Horvitz, 2007) reposent principalement sur une médiation utili-sateur et fournissent principalement des outils de coordination et d’organisation afin de laisser les collaborateurs libres de leurs actions (Kelly and Payne, 2013). Nous présentons dans ce qui suit les principales caractéristiques des approches de médiation utilisateur ainsi que quelques exemples d’interfaces collaboratives.

3.5.1.1 Caractéristiques des approches de médiation utilisateur

La synthèse des points clés de la collaboration mise en évidence par Thomson and Perry (2006) et les conseils pour l’élaboration de systèmes de collaboration proposés par Shah (2012) nous permettent de dégager trois principaux compo-sants des interfaces collaboratives :

1. Un moyen de communication entre les utilisateurs. Un espace de communi-cation, tel une messagerie instantannée, permet aux collaborateurs d’établir les stratégies de recherche, de déterminer les rôles et les responsabilités de chacun ainsi que d’échanger sur la pertinence des documents visualisés (Go-lovchinsky et al., 2011; Kelly and Payne, 2013).

2. Un espace de visualisation des actions de la communauté. Cet espace fait ap-pel au paradigme de conscience de l’environnement collaboratif –awareness– (Morris and Horvitz, 2007), permettant également aux utilisateurs d’explorer de plus larges domaines à partir des recherches des collaborateurs. En effet, Joho et al. (2008) ont mis en évidence le besoin des utilisateurs de visuali-ser des résumés de la collaboration afin de donner du sens à leurs actions (Paul and Morris, 2009). Pour cela, le système peut inclure un historique de recherche (Diriye and Golovchinsky, 2012), des vidéos des différentes actions (Rodriguez Perez et al., 2011), une double interface qui recense les actions de l’individu et celles de ses collaborateurs.

3. Un espace de stockage collectif et individuel. Le système doit garantir le prin-cipe du bénéfice mutuel de la collaboration. Une des solutions proposées est d’intégrer un espace de travail privatif et collectif.

3.5.1.2 Exemples d’interfaces collaboratives

Une première catégorie d’interfaces (Erickson, 2010; Rodriguez Perez et al., 2011; Shah and González-Ibáñez, 2011a; Vivian and Dinet, 2008) propose un outil logiciel, souvent disponible sur le web, supportant la collaboration par des techniques de visualisation ou en proposant des espaces de travail partagé. Par exemple, Coagmento2 (Shah and González-Ibáñez, 2011a) est un système de collaboration reposant sur un plugin Firefox qui permet aux collaborateurs, tout en naviguant sur le Web, de sauvegarder des documents. Les utilisateurs peuvent alors collaborer selon différents scénarios : synchrone/asynchrone, pro-che/éloigné. Ce plugin est utilisé dans de nombreuses évaluations expérimentales sur l’analyse du comportement en situation de RI (González-Ibáñez et al., 2013; Shah and González-Ibáñez, 2011b), facilitées par la mise en ligne du code du plugin3.

Figure 3.7: Plugin Coagmento (Shah and González-Ibáñez, 2011a)

La Figure 3.7 présente les différents composants de Coagmento qui intègrent les fonctionnalités suivantes :

— Un espage de travail gérant plusieurs projets où chacun d’eux peut être administré de façon collaborative ou individuelle.

— Un plugin Firefox composé (a) d’une barre d’outils permettant aux collabo-rateurs d’annoter, de commenter ou sauvegarder les documents ou morceaux d’information pertinents ainsi que (b) d’une barre des tâches qui inclut un système de communication entre collaborateurs et de visualisation des actions réalisées par le groupe.

2. http ://coagmento.org/

A l’inverse de la précédente interface qui stocke les actions des utilisateurs dans un espace partagé, Rodriguez Perez et al. (2011) proposent une interface de collaboration synchrone, appelée CoFox, qui repose sur la spécificité de résumer les actions des utilisateurs et les pages visitées dans un flux de vidéos. Les avantages de ce principe sont multiples : représentation visuelle des actions et des informations visitées, interface agréable, dynamique et facile d’utilisation. L’interface, illustrée dans la Figure 3.8, présente deux parties. Le volet de droite de l’interface est dédié à l’utilisateur local et à sa navigation tandis que le volet de gauche est dédié au collaborateur éloigné et permet à l’utilisateur local de voir ses actions, de dialoguer avec lui, de partager des liens et de regarder en temps-réel sa navigation.

Figure3.8: Interface CoFox (Rodriguez Perez et al., 2011)

La deuxième catégorie d’interfaces (Hartmann et al., 2009; Morris et al., 2006, 2010; Smeaton et al., 2006) reposant sur une médiation utilisateur propose des technologies plus évoluées, telles que les tables tactiles, qui s’appuient sur des espaces de travail communs, à taille humaine, permettant une interaction simul-tanée et en face-à-face entre utilisateurs ainsi que la coordination, conscience et visibilité des actions des collaborateurs. Par exemple, Smeaton et al. (2006) ont proposé un système de table tactile, appelé Fischlar-DiamondTouch dévoué à la recherche d’images. Comme illustré dans la Figure 3.9, les utilisateurs sé-lectionnent et organisent les documents en face-à-face, ce qui leur permet de communiquer et d’échanger sur le besoin en information.

Egalement sur la base d’une table tactile dévouée à la recherche d’images, Morris et al. (2006) ont réalisé une interface appelée TeamSearch, destinée à un groupe de quatre utilisateurs. Ce système, illustré dans la Figure 3.10, aide les petits groupes de collaborateurs par un système d’annotations qui permet de collecter et catégoriser les images. Au lieu de soumettre leurs requêtes dans un champ texte, les utilisateurs sélectionnent des éléments de catégories pour construire des requêtes, visualisées par un insigne de couleur différente pour chaque membre du groupe pour assurer la transparence des actions. Dans le même esprit, Morris et al. (2010) proposent une grande table de travail interactive permettant aux

Figure3.9: Système Fischlar-DiamondTouch (Smeaton et al., 2006)

Figure3.10: Système de collaboration reposant sur une table de travail inter-active, respectivement TeamSearch (Morris et al., 2006) et WeSearch (Morris et al., 2010)

utilisateurs de chercher sur le web en interagissant avec les autres utilisateurs. Ce système, appelé WeSearch, offre la possibilité aux utilisateurs d’avoir des espaces séparés mais visibles par l’ensemble des membres du groupe pour faciliter le paradigme de la conscience de l’environnement collaboratif. En outre, WeSearch intègre un générateur de fichier XML contenant les résultats de recherche des utilisateurs. Ce système est illustré dans la Figure 3.10.

3.5.1.3 Synthèse des caractéristiques des interfaces présentées

Les caractéristiques de l’ensemble des systèmes présentés dans la section précé-dente sont synthétisées dans le tableau 3.2 en tenant compte des dimensions, à savoir le niveau de la localisation, la concurrence, du paradigme d’awareness et de la taille possible du groupe de collaboration. Notons que la liste des

in-terfaces est non exhaustive. Nous avons privilégié les plus connues, mais il en existe d’autres tout aussi intéressantes (Haraty et al., 2010; Hopfgartner et al., 2008; Isenberg and Fisher, 2011).

Coagme nto CoF ox Fis chlar-DiamondT ouc h T eamSe arc h FourBySix Searc hT oge the r Localisation éloignée       proche       Concurrence synchrone       asynchrone      

Awareness espace de travail partagé      

affichage des actions      

tables tactiles      

Taille du groupe paire      

petit groupe (2-6)      

groupe plus large (2 et plus)      

Table 3.2: Synthèse des approches basées sur la médiation utilisateur