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Pour Smircich, la perspective change diamétralement quand on considère la culture comme une métaphore, c'est-à-dire quand on délaisse la perspective fonctionnaliste pour s'emparer de la perspective interprétative. Le tableau l, tiré de Smircich et Calas (1987), complète la figure 2, puisqu'il permet de faire les recoupements entre les thèmes du management et les deux principaux paradigmes utilisés pour analyser la culture (le fonctionnalisme renvoyant à culture comme variable; et l'approche interprétative à culture comme métaphore de base). La troisième colonne du tableau 1 permet même d'aller plus loin en ce qu'elle établit les liens entre les thèmes, les paradigmes et la perspective de la théorie de la connaissance habermassienne. Ainsi, les thèmes du management comparé ou inter-culturel et de la culture d'entreprise renvoient, d'une part, assez clairement au paradigme fonctionnaliste, mais aussi, d'autre part, à l'intérêt épistémologique technique, c'est-à-dire cet intérêt modelé d'après le concept de science et qui renvoie à la manipulation et au contrôle de l'environnement. Le tableau 1 peut donc se lire soit verticalement soit horizontalement.

L'approche interprétative voit les organisations elles-mêmes comme des cultures et non pas comme des entités stables produisant une culture qui serait extérieure à la structure, par ailleurs autonome. Les divers courants traversant cette perspective ne s'évertuent pas à nier que traiter du problème de la culture, c'est, explicitement ou non, traiter du problème de gestion du social dans le cadre de l'entreprise.

TABLEAU 1 Three Frameworks for Analyzing the Qrganizational Culture Literature

Paradigmatic Perspective Theory of knowledge perspective Culture as Variables

Comparative Management- Culture as external variable synonymous with country. Corporate Culture- Culture as internal variable, influencing systemic balance and performance.

Culture as Root Metaphor

Organizational Cognition- Organizations as structures of knowledge; shared frames of reference or rules.

Organizational Symbolism- Organizations as shared meanings; patterns of symbolic discourse. Unconscious processes and organization-

Organizations as reflections and manifestations of unconscious processes.

Functionalist Perspective

Organizational culture as a management tool.

Managers can control culture through controlling communication practices, and thus influence Organizational performance. Some research seeks to define a

relationship between objectified cultural events (for example, story telling, rituals, language) and objective circumstamces (productivity, turnover).

Interpretive Perspective

Organizations viewed as cultures; focus shifts to the processes of organizing as the enactment of cultural development. Culture is the process through which social action and interaction become constructed and reconstructed into an Organizational reality. The symbolic constitute what is taken for granted as Organizational life. Culture and communication are vehicles through which reality is constituted in Organizational contexts. Interpretive focus places communication at the center of Organizational culture.

The Technical Interest

Research guided by an interest in manipulation and control of the natural and social

environment. Based on a physical science model, features empirical testing of hypotheses and generalizable claims. Success of theory depends on ability to operate on the environment producing predicted effects. Technical

knowledge is traditionally what has been called science.

The Practical Interest

Research motivated by the desire to understand meaning in a specific situation so that a decision can be made and action taken. A specifie decision, not a generalizable rule, is the goal of knowledge seeking. Literary and historical analysis are models of the practical search for knowledge. Methodology involves the interpretation of the meanings manifest in human interaction. The ultimate claim to validity is consensusof the interested parties on the meaning of the situation.

The Emancipatory Interest

An interest in increasing the level of human autonmy and responsibility in the world. Builds on Freudian and Marxist perspectives in that it stresses the recovery of rationality and

responsibility from the blockages of ideology and false consciousness. Methodology of self-

reflection that questions assumptions in which the current situation is grounded. It addresses the appropriateness of shared meanings. The validity criterion is the contribution of such knowledge to the potential of autonomous, responsible human action.

Themes

SOURCES: Thèmes drawn from Smircich (1983). Paradigmatic perspective drawn from Sypher et al. (1985); derived from Burrell and Morgan (1979). Theory of knowledge perspective drawn from Stablein and Nord (1985); derived from Habermas (1971). / TIRÉ DE: Smircich et Calas, 1987: 234.

Mais, cette gestion est ici conçue selon une acception fort différente de l'approche managériale, à cause des buts poursuivis qui sont eux-mêmes différents; il s'agit de comprendre plutôt que d'agir (Chanlat, 1989: 388).

Comme Sainsaulieu et Segrestin (1986: 343) le précisent : «à ce stade, la culture comme élément de régulation sociale des systèmes productifs est un objet de recherche en soi, et non pas une technique déjà opératoire pour conduire au développement».

Les trois derniers concepts anthropologiques de la figure 2 s'inscrivent donc dans cette perspective moins réductionniste de la culture. Le thème des organisations en tant que système cognitif s'est inspiré de l'ethnographie de Goodenough qui conçoit la culture comme un système de connaissances, de standards appris, qui servent à juger, à agir, etc. «Dans cette perspective, l'organisation se présente comme un réseau de significations et de cadres de référence que se partagent ses membres. Mettre à jour cette culture revient à relever ces divers règles et cadres de référence qui expliquent les logiques d'action dans l'organisation» (Thévenet, 1984: 8; dérivé de Smircich, 1983: 348-350). La perspective de la théorie de la connaissance nous révèle que cette conception cognitiviste de la culture renvoie à un intérêt épistémologique pratique, c'est-à-dire motivé par le désir de comprendre la signification sous-jacente dans une situation de prise de décision et d'engagement d'une action (Smircich et Calas, 1987: 234- 235).

Le structuralisme de Lévi-Strauss a, lui aussi, inspiré un courant de la théorie des organisations. Les recherches organisationnelles qui en découlent se préoccupent des structures universelles immanentes et inconscientes qui sont à l'oeuvre dans les pratiques de gestion. Si le fond —les structures— est considéré universel, les formes que prend cette universalité peuvent, quant à elles, varier

considérablement et, conséquemment, être fort diverses (Smircich, 1983: 351-353). Pour bien illustrer la différence de la culture comme métaphore par rapport à la culture comme variable, précisons que, selon l'approche structuraliste de la conscience mythique, ce n'est pas l'homme qui pense le mythe, mais plutôt le mythe qui se pense lui-même à travers l'homme.

«Un autre secteur du management s'est inspiré de l'anthropologie symbolique de Geertz pour analyser les signes verbaux et non-verbaux qui font sens pour les membres d'un groupe occupationnel, leur permettent de se econnaître entre eux et sont transmis aux néophytes que l'on veut intégrer» (Garneau, 1985: 151). Pour ce courant, contrairement aux deux précédents, la culture ne se situe pas dans l'esprit des porteurs de culture, mais dans les produits de l'esprit, c'est-à-dire que les organisations sont considérées comme des «produits de l'interprétation que font les membres de leur expérience organisationnelle. Vues de cette façon, les organisations ne constituent pas des réalités concrètes et objectives; elles ne sont que des inventions sociales ou des constructions émergeant d'un décodage continuel par les acteurs des actions et interactions organisationnelles», tel que l'expliquent Allaire et Firsirotu (1988: 24).

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