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I. Les nuisances sonores, description générale et impact en pratique

I.2. Le patient déficient auditif

I.2.2. La gestion de l’adulte déficient auditif au cabinet dentaire

I.2.2.1. Une approche humaine

Le handicap de la surdité entraîne souvent chez les patients atteints, une honte et une volonté de dissimuler par des stratagèmes leur déficience auditive. Il faut donc « apprendre » à soigner le patient malentendant et adapter nos habitudes de travail afin de ne pas le brusquer et d’éviter d’entraîner un sentiment d’humiliation et de méfiance.

Le devoir du chirurgien-dentiste est de veiller à ce que le patient se sente bien dans son cabinet ; c’est la base de la communication dentiste-patient, elle garantit la confiance et ainsi la réussite, ou du moins un risque moindre d’échec des traitements réalisés.

Identification du patient déficient auditif

Les patients arrivant dans notre cabinet ne nous disent malheureusement pas toujours les affections dont ils souffrent. Cela peut être le cas pour la déficience auditive ; pourtant sa connaissance nous permet de préparer notre intervention en amont afin de la faciliter et d’économiser du temps.

Voici quelques indices permettant de détecter une déficience auditive (Pouyssegur et Mahler, 2010) :

 Le patient ne répond pas et se plaint que le chirurgien-dentiste parle indistinctement.

 Le patient peut demander au praticien d’ôter son masque quand il s’adresse à lui.

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 Le patient demande plusieurs fois au praticien de répéter ce qu’il dit et distinctement.

 Dans le même ordre d’idée, le patient ne donne pas de réponse adaptée aux questions du chirurgien-dentiste. Il y a un manque de cohérence dans ses propos, signe d’une incompréhension de sa part.

 Lorsque le patient s’adresse au praticien, il peut parler avec une voix non ajustée, soit trop haute, soit trop basse et de timbre inégal (voix nasillarde).

 Si le praticien parle au patient derrière lui, en préparant son matériel par exemple, celui-ci ne répond pas.

 Le patient se plaint également des bruits inhérents à la salle opératoire et des bruits de fond qui peuvent le gêner.

Le praticien identifiant un de ces signes doit donc adapter la prise en charge du patient afin que ce dernier n’ait ni à donner d’explications ni à se justifier. Il est également du devoir du chirurgien-dentiste de prendre le temps, de ne pas s’impatienter, d’avoir une attitude positive et compréhensive à l’égard du patient (Binggeli et coll., 2009).

Vers une meilleure prise en charge

Plusieurs règles sont donc à suivre afin de répondre aux devoirs précisés par l’article R4127-233 du Code de déontologie du chirurgien-dentiste (ONCD, 2009) :

« Le chirurgien-dentiste qui a accepté de donner des soins à un patient s'oblige :

A lui assurer des soins éclairés et conformes aux données acquises de la science, soit personnellement, soit lorsque sa conscience le lui commande en

faisant appel à un autre chirurgien-dentiste ou à un médecin ;

A agir toujours avec correction et aménité envers le patient et à se montrer compatissant envers lui ;

A se prêter à une tentative de conciliation qui lui serait demandée par le président du conseil départemental en cas de difficultés avec un patient. ».

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Les règles sont les suivantes (Binggeli et coll., 2009 ; Cuminetti, 2012 ; Dupuis et Leonard, 2010 ; Pouyssegur et Mahler, 2010) :

 Lors de l’entretien avec le patient, il est nécessaire de se mettre au calme et d’éviter les nuisances sonores comme la sonnerie de téléphone, les interruptions de l’assistante… Il faut donc s’isoler et si besoin fermer la porte de la salle opératoire afin d’obtenir une acoustique optimale.

 Le praticien doit éviter de porter un masque lorsqu’il s’adresse à son patient. En effet, la déficience auditive peut entraîner une nécessité de lire sur les lèvres ; il faut donc s’organiser, expliquer d’abord la démarche thérapeutique et seulement ensuite, mettre le masque pour commencer le soin. Si l’information est nécessaire au cours de l’intervention, il faut d’abord arrêter le soin, enlever ou abaisser le masque et seulement parler au patient.

 De même, pour faciliter la lecture labiale, le praticien doit toujours privilégier la parole en face de son patient et non derrière lui.

 Toujours dans le même ordre d’idée, le praticien doit être bien éclairé, ne pas être dans l’ombre et ne pas être à contre-jour pour que le patient perçoive le mouvement de ses lèvres ainsi que ses gestes et ses expressions faciales.

 Si le patient ne comprend pas tout à fait ce qui a été dit, il peut être nécessaire de répéter plusieurs fois l’information en variant les mots et en utilisant des tournures de phrase les plus simples possibles.

 Une question test peut s’avérer utile afin de vérifier si le patient a bien compris l’information qui lui a été délivrée. Il faut privilégier les questions offrant des réponses concrètes autres que « oui » ou « non ».

 Avant le soin, il peut être utile de convenir d’une série de gestes simples comme des mouvements digitaux (index levé, tapotement d’épaule…) choisis pour prévenir de l’action de fraiser, d’aspirer, de souffler, de rincer…

 De plus, il est profitable de se mettre d’accord, avant le rendez-vous, de la manière à adopter pour communiquer, que ce soit par écrit, par gestes ou par lecture labiale.

 Lors du rendez-vous, le praticien peut faciliter la compréhension de son propos en l’étayant de schémas, de démonstrations et d’exemples imagés (dent en trois dimensions).

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 La gestuelle associée à la parole facilite grandement la compréhension de l’idée que l’on veut communiquer.

 Il faut également aller chercher directement le patient dans la salle d’attente et ne pas essayer de l’appeler afin d’éviter une situation gênante pour lui comme pour le chirurgien-dentiste.

 Pour éviter tout malentendu, il est impératif de fixer le prochains rendez-vous par écrit et de le remettre au patient.

 Un point important est le secret médical. Les patients déficients auditifs peuvent venir au cabinet accompagnés d’une aide, il est alors primordial de rechercher le contact direct avec le patient et de ne pas fuir la difficulté en s’adressant tout de suite à la personne accompagnante. Cette mesure, montrant les efforts effectués, ne pourra que renforcer la confiance du patient envers son dentiste.

 Concernant cette même confiance, il est évidemment déplacé et déconseillé de rire d’un patient malentendant ou sourd lorsqu’il a du mal à comprendre ce qui lui est dit.

 Pour une meilleure prévention, il est judicieux de noter l’affection dont souffre le patient dans son dossier dentaire.

I.2.2.2. L’impact de la surdité sur les possibilités

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