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Nous pensons dans cette recherche avoir développé la conscience de notre travail et en particulier celle de notre agir. L’analyse de l’activité, à travers ses concepts, apporte une clé de lecture vraiment intéressante sur le travail, car elle participe dans le même temps aussi à le mettre en valeur.

Mettre en mots sa pratique est un véritable exercice, qui agit un peu comme une supervision professionnelle. En cela, nous avons appris sur notre fonction d’éducatrices et appris dans le même temps sur la méthode même de l’analyse de l’activité. Nous avons le sentiment d’être plus à l’aise, de mieux maîtriser notre pratique, car nous avons des hypothèses et des concepts pour en parler.

Ecouter l’autre parler de lui, à travers sa pratique, est aussi un beau moyen pour apprendre à le connaître. Il est vrai qu’alors que nous pensions connaître nos collègues, nous avons été parfois surprises par leurs discours. Les controverses professionnelles engagées mettent en lumière la hiérarchisation des valeurs de chacun. Autour d’un genre commun de valeurs, avec lequel nous sommes plus ou moins tous d’accord, il est intéressant d’écouter l’autre parler des priorités qu’il donne à l’une ou à l’autre, dans telle ou telle situation.

Cette meilleure compréhension de l’autre peut faire tomber des préjugés. Elle encourage à davantage de respect et nous permet de s’extraire du jugement de l’action de l’autre.

Parler de soi, se décrire, se regarder fonctionner, a mis en évidence que notre activité était aussi un moyen d’accomplissement de soi. En effet, on peut lire notre activité comme étant un lieu où se jouent de nombreux enjeux identitaires. Et à travers les notions de santé au travail, nous avons retenu certaines conditions qu’il nous semble importantes de soigner, telles que :

¾ L’expression de sa créativité et de sa subjectivité

¾ La construction de son propre style

¾ L’autonomie et la liberté dans ses actes professionnels

¾ Un cadre, un genre compatible à son style

Les travailleurs ont besoin de jouir d’une marge de manoeuvre dans la mise en œuvre de leurs prescriptions. Dans de telles conditions, meilleure est leur santé au travail et meilleures sont donc leurs interventions auprès des usagers ; les usagers qui sont, ne l’oublions pas, la finalité du travail social.

Nous sommes réalistes, notre travail de recherche ne peut pas se terminer réellement ! Il a induit chez nous de nouvelles questions ; questions sur l’apprentissage du travail social et le rapport au travail.

La difficulté à mettre en mots sa pratique soulève à notre avis la question de transmission du geste. Comment penser la formation des travailleurs sociaux, en regard de cette part de savoirs, énigmatiques et tacites ? Comment apprendre cette expérience, évoquée comme

5. Conclusions

indispensable par les éducateurs de notre recherche ? La question est lancée… et pourrait faire l’objet d’une autre recherche.

Il ne va pas aussi sans nous questionner sur le système qualité : comment penser les procédures de ce système ? Ou comment évaluer le travail social ? En effet, en regard des conclusions sur la part d’inintelligibilité inéluctable du travail, comment penser dès lors l’évaluation du travail social et les procédures du système qualité, par exemple ?

Même si nous pensons que le système qualité a certainement participé à clarifier des manières de faire un peu floues jusque là, nous sommes cependant forcées de nous poser des questions quant à sa pertinence en tant qu’outil d’évaluation du travail social. Le référentiel de compétences peut soulever d’ailleurs les mêmes interrogations.

En regard de ces désormais évidences, et au-delà de comprendre le décalage entre le travail prescrit et le travail réel, l’ambition de notre recherche se voulait aussi valoriser notre fonction et celle de nos collègues, au sein des foyers Alfaset. Nous espérons que l’exercice et l’état de nos conclusions sur la complexité de notre travail aura participé et participera encore au développement de la conscience de son travail.

Nous nourrissons l’espoir aussi que peut-être, un jour, ce travail servira à défendre notre fonction d’éducateur au sein de notre institution, ou aux yeux des politiques et des organes de contrôle qui nous entourent. Nous pensons en effet que la fonction peut être mal perçue, parce qu’elle mobilise, comme on l’a démontré, des savoirs tacites difficiles à mettre en mots.

Nous sommes conscientes que cette recherche offre une clé de lecture de notre travail particulière, qui a ses limites. Ce qui compte véritablement pour nous, c’est d’avoir découvert une nouvelle manière de penser ; nous espérons que nous avons su partager son attrait et susciter de l’intérêt.

« L’important, ce n’est pas de convaincre, mais de donner à réfléchir »

Bernard Werber, extrait de : Le père de nos pères.

BIBLIOGRAPHIE

LIVRES

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ARTICLES

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ANNEXES

ANNEXE 1 : Plan d’aide au lever, foyer de Peseux

aide au réveil départs aux ateliers but du travail moniteursd'atelier nom del'atelier phone del'atelier distribution médicaments contrôleappart / chambre contrôlevestimentaire réf.socio-éducatives

A****** M******* 7h30 9h15 Avondet Chx-de-Fds 6006 X X ANC

B****** J******* 6h30 7h30 Darmanger Cond.I 721 X KIR

******** ******** 8h40 9h00 Rohrbach Cond 710 PHG

******** ******** ** 13h00 Darmanger Cond.I 721 X YVL

******** ******** 6h30 7h30 Petermann PMP 6290 KIR

******** ******** 11h45 13h00 Engler Felco 6327 YVL

******** ******** X 13h00 Darmanger Cond. I 721 X YVL

******** ******** 6h35 7h30 Petermann PMP 6290 X PHG

******** ******** x 8h30 9h35 Pouly Atelier 2000 702 X YVL

******** ******** 7h00 7h30 Rohrbach Cond. 710 X X JUP

******** ******** 7h00 8h00 Julliard Cond.II 722 X JUP

******** ******** 6h45 7h30 Rognon Buanderie 700 X JUP

******** ******** X 8h30 9h00 Julliard Cond. II 722 X X X PHG

******** ******** X 7h30 8h00 Engler Felco 6327 X X X KIR

******** ******** 7h00 7h30 Darmanger Cond. I 721 X PHG

******** ******** X 7h30 8h00 Julliard Cond.II 722 X ANC

******** ******** 6h45 7h30 Huguenin Jardins 712 X X X ANC

******** ******** 7h00 7h30 Darmanger Cond.I 721 X X X KIR

*commence à 9h30 le mercredi / ** se lève et se rend au travail selon son état

Résidant

ANNEXE 2 : Plan de confection des repas, foyer de peseux

CONFECTION DES REPAS DE PESEUX

LUNDI MARDI MERCREDI JEUDI

A****

P****

X******

J***-F****

P*****

N******

M******

A******

A****

X******

S********

M******

X******

P****

A****

A*****

P*******

A******

J***-F******

A*** (1x/2sem)

P****

X*****

En rouge, les personnes qui préparent le repas En noir, les personnes qui y participent

LES PERSONNES QUI PREPARENT LE REPAS VIENNENT AU BUREAU A 17H30, AFIN DE PREVOIR LE REPAS ET LES COMMISSIONS.

UNE FOIS PAR SEMAINE, CHACUN A UN JOUR « LIBRE », IL DOIT DONC PREPARER SON SOUPER DANS SON APPARTEMENT AVEC LES 5.50.- DISTRIBUES PAR L’EDUC.