• Aucun résultat trouvé

4 Problématique de recherche et cadre théorique

4.2 Cadre théorique

4.2.3 Pourquoi les apprenants doivent prendre conscience des différences socioculturelles

La société actuelle, de plus en plus mondialisée, induit une forte augmentation de la mixité sociale. La société est donc en demande d’individus capables de gérer au mieux cette mixité. Le CECR reflète ce point de vue en expliquant qu’il faut considérer l’apprenant comme un acteur social.

4.2.3.1 Notion de conscience interculturelle

Le Cadre Européen Commun de Référence pour les langues (Conseil de l’Europe, 2001) introduit la notion de conscience interculturelle pour expliquer que lorsqu’une personne apprend une deuxième langue, elle porte toujours en elle les références à sa culture d’origine.

Le CECR (2001) présente la notion de conscience interculturelle de la façon suivante :

On doit cependant apporter une modification importante. L’apprenant d’une deuxième langue (ou langue étrangère) et d’une deuxième culture (ou étrangère) ne perd pas la compétence qu’il a dans sa langue et sa culture maternelles. Et la nouvelle compétence en cours d’acquisition n’est pas non plus totalement indépendante de la précédente. L’apprenant n’acquiert pas deux façons étrangères d’agir et de communiquer. Il devient plurilingue et apprend l’interculturalité. Les compétences linguistiques et culturelles relatives à chaque langue sont modifiées par la connaissance de l’autre et contribuent à la prise de conscience interculturelle, aux habiletés et aux savoir-faire. Elles permettent à l’individu de développer une personnalité plus riche et plus complexe et d’accroître sa capacité à apprendre d’autres langues étrangères et à s’ouvrir à des expériences culturelles nouvelles (p. 40).

Il évoque également une prise de conscience interculturelle :

La connaissance, la conscience et la compréhension des relations, (ressemblances et différences distinctives) entre « le monde d’où l’on vient » et « le monde de la communauté cible » sont à l’origine d’une prise de conscience interculturelle. Il faut souligner que la prise de conscience interculturelle inclut la conscience de la diversité régionale et sociale des deux mondes.

Elle s’enrichit également de la conscience qu’il existe un plus grand éventail de cultures que celles véhiculées par les L1 et L2 de l’apprenant. Cela aide à les situer toutes deux en contexte. Outre la connaissance objective, la conscience interculturelle englobe la conscience de la manière dont chaque communauté apparaît dans l’optique de l’autre, souvent sous la forme de stéréotypes nationaux (p. 83).

Pfizenmaier (2005 : 29) résume la notion de «conscience interculturelle» à ces trois points qui seront pertinents pour notre analyse :

- s’ouvrir à des expériences culturelles nouvelles, - acquérir une capacité de médiation,

4.2.3.2 Le modèle de compétences interculturelles

Byram et al. (2009) a rédigé une « Autobiographie de Rencontres Interculturelles » pour amener les enseignants de langue à « encourager les élèves à exercer un jugement critique et autonome y compris à porter un regard critique sur leurs propres réactions et attitudes face à d’autres cultures » (section 5.3, paragraphe 152).

Le modèle de compétences interculturelles comprend les quatre éléments suivants :

- Connaissances et compétences : avoir des connaissances sur les autres : connaître des faits sur les personnes qu’on rencontre, et savoir pourquoi elles sont ce qu’elles sont et comment elles le sont devenues ; prendre conscience des présupposés, des idées préconçues, des stéréotypes et des préjugés qui sont les nôtres.

- Comportement : adapter son comportement à de nouvelles situations et aux autres ; être sensible aux formes de communication.

- Attitudes et sentiments : être capable d’adopter le point de vue de quelqu’un d’autre, d’imaginer ses pensées et ses sentiments ; identifier les émotions positives et négatives et les relier aux attitudes et aux connaissances.

- Action : par suite de tout cela, vouloir et pouvoir s’associer à d’autres pour faire changer les choses dans le bon sens (p. 7).

Ce modèle apporte une proposition objective, concrète et détaillée pour faire face à un grand nombre de problèmes actuels de nos sociétés provenant des stéréotypes et de préjugés.

Par la suite, nous prévoyons d’utiliser cette liste de critères comme référentiel pour analyser les réactions des apprenants.

4.2.3.3 Le processus d’interculturation

Blanchet et Coste (2010) proposent une typologie du processus d’interculturation autour de quatre pôles :

- Le contact interculturel : prise de conscience de l’existence de personnes « alteritaires » (utilisant d’autres ressources linguistiques et culturelles) sans relations (sans interactions, sans dialogues, autres qu’extrêmement ponctuels).

- La rencontre interculturelle : relations sociales régulières avec des personnes « alteritaires » qui conduisent soit à une occultation de l’altérité (divergence : ignorance de la relativité des systèmes culturels, ethnocentrisme, assimilationnisme), soit (convergence) à une décentration, à une prise de conscience de la relativité des systèmes culturels, à une intégration progressive des repères interprétatifs d’autrui dans son propre répertoire linguistique et culturel.

- Le syncrétisme interculturel : la rencontre avec des personnes « alteritaires » conduit à une appropriation des repères et de ressources culturels (linguistiques inclus) sous la forme d’une juxtaposition peu maîtrisée, éventuellement insécurisée, éventuellement contradictoire, d’où notamment des retours vers le stéréotype ou vers des divergences. - La synthèse interculturelle : articulation consciente assumée en une identité culturelle et

linguistique « hybride » ou « métissée » de la pluralité de son propre système interprétatif (répertoire pluriculturel et plurilinguistique), et donc de la légitimité des pluralités portées par toute altérité. D’où une capacité accrue de vigilance et de remédiation aux malentendus interculturels.

4 Problématique de recherche

33

Notre objectif est de tester si cette typologie du processus d’interculturation peut être un outil intéressant pour un travail de réflexion qui permettrait d’aider les apprenants à développer cette sensibilité à l’altérité et les encourager à exercer un jugement critique et autonome.