• Aucun résultat trouvé

5. MÉTHODOLOGIE

5.2 Mise en contexte et application des principes de la RAP à Kitcisakik

5.2.1 Application des sept particularités de la RAP selon Cave & Ramsden (2002)

L’origine du problème et les besoins sont identifiés dans la communauté

Comme déjà mentionné, cette recherche est issue d’une demande d’intervenants et d’un directeur de service de la communauté dans le cadre du processus d’implantation de l’école primaire et du retour des enfants dans la communauté. Les besoins liés à ce retour des enfants et à l’école ont été clairement identifiés par l’équipe de recherche lors de la Phase I de l’étude (voir Loiselle & coll., Rapport de recherche, 2008). Une collecte de données a été réalisée dans la communauté puis analysée, en phase I, afin de connaître les besoins de cette dernière en lien avec la thématique de la santé et du bien-être des enfants de retour à Kitcisakik.

La communauté participe de façon égalitaire, au contrôle à tous les niveaux du processus de recherche

L’équipe de recherche a fait appel à trois niveaux de participation des membres de la communauté comme suit :

1) Le Comité de suivi : consultation mutuelle, dialogue, conseil et pouvoir décisionnel partagé. Ce Comité, était composé de cinq (5) membres-partenaires et de quatre (4) membres de l’équipe de recherche. Parfois un invité occasionnel s’y greffait. Les membres partenaires ont tous été nommés par le Conseil des Anicinapek de Kitcisakik. Ils sont : le membre du Conseil des Anicinapek de Kitcisakik responsable pour le dossier éducation, la directrice adjointe de la communauté, le directeur de la santé, le directeur de l’Éducation, le coordonnateur des Services de 1ère Ligne et, à l’occasion, le chef du Conseil des Anicinapek de Kitcisakik. Les membres de l’équipe de recherche étaient : les deux chercheures, la coordonnatrice de recherche et l’assistante de recherche.

Le Comité a joué un rôle fondamental pour l’implication des membres de la communauté dans la RAP et un rôle important de pouvoir décisionnel. Les lignes directrices et méthodologiques d’une RAP, les propositions des chercheures, les décisions et actions, entreprises ou non et leurs répercussions, les bilans qualitatifs et quantitatifs du terrain, ont été régulièrement présentés et discutés au Comité de suivi. Il était impensable selon les chercheures de prendre des décisions

68 majeures sans en référer au Comité de suivi. Il s’est réuni une fois par trimestre. Le processus de la recherche a été ainsi contrôlé par le Comité de suivi.

2) Participation active de membres de la communauté et d’intervenants à des activités du programme d’intervention mis en place par la recherche (Groupe de Mobilisation de parents [GMP]; cours de langue et de culture algonquines; discussions en classe animées par les enseignantes et leurs fiches de renseignements, visites de reconnaissances dans les foyers, etc.). Ces personnes ont ainsi été sensibilisés à la recherche et à des éléments particuliers à développer dans leur travail et consultées en étant, par exemple, conviées aux réunions du Comité de suivi à titre de conseillers ou d’analystes.

3) Transmission de données recueillies par l’assistante de recherche avec l’apport d’intervenants des services de santé, de 1ère Ligne, communautaire et scolaire.

L’objectif de la RAP est d’améliorer la vie des personnes de la communauté

Comme cela a été mentionné antérieurement, la recherche est issue d’une demande d’intervenants de la communauté. De plus, des formations ont été dispensées à des intervenants concernant le lien d’attachement, l’animation de groupe, la gestion de classe, l’aide aux devoirs, la coordination d’un groupe de parents. La recherche a offert un soutien économique pour des interventions liées aux trois cibles retenues.

Les partenaires de la communauté sont des chercheures

La recherche a été définie en collégialité entre les chercheures universitaires et les partenaires de la communauté. À ce titre, les membres du Comité de suivi ont été considérés comme des personnes- ressources essentielles au déroulement de la recherche par leurs rétroactions et leurs propositions d’analyse lors de la présentation des données. Leur connaissance pointue du milieu et de la culture a permis des ajustements indispensables de compréhension à une lecture et une interprétation des données pertinentes et valides.

La RAP aide les communautés à avoir confiance et à agir

Selon les membres mêmes du Comité de suivi, la recherche a permis de clarifier et de qualifier les forces et les faiblesses de la communauté en ce qui a trait aux cibles visées. À partir des données discutées

69 régulièrement et des questions soulevées lors des rencontres du Comité de suivi, les membres œuvrant dans la communauté ont ainsi pu réaliser les actions qui fonctionnaient et réviser celles qui sont inadéquates. Cette rétroaction a été jugée fondamentale par les membres et leur a permis de travailler davantage en concertation et d’agir pour le bénéfice de toute la communauté.

Le soutien et le modeling effectués par l’assistante de recherche, auprès des intervenants dans certaines de leurs tâches, a été apprécié et a contribué à hausser le niveau de confiance en leur capacité d’initiative. En effet, tant auprès de l’intervenante en relations culturelles et scolaires qu’auprès de la responsable du cours de langue et de culture, l’assistante de recherche a joué un rôle de soutien continu en exerçant notamment le procédé du modeling, favorisant l’apprentissage et l’émergence de certaines compétences ou habiletés nécessaires à la réalisation de leurs tâches respectives et rehaussant leur confiance en leurs capacités.

Les chercheurs travaillent avec des populations opprimées

Ce point a été largement exposé par l’équipe de recherche dans son rapport de recherche Phase I (Loiselle & al., 2008). La communauté de Kitcisakik regroupe environ 430 Anicinapek (Algonquins) et est considérée comme la communauté des Premières Nations la plus pauvre du Québec, notamment parce qu’elle n’a pas le statut fédéral de « Réserve ».

Les chercheurs sont des apprenants et ils s’engagent pour le changement

Dans la ligne de pensée de Paolo Freire (1995, 1998, 2000, 2004), les membres de l’équipe de recherche ont fait preuve d’humilité et d’ouverture, afin de laisser une grande place à l’apport fondamental des connaissances issues des membres du Comité de suivi et des intervenants de la communauté et en optant pour un système de travail itératif. De plus, les chercheures, toujours à l’instar de Freire, sont convaincues que si la connaissance n’implique pas une « transformation de la réalité », ce n’est pas une vraie connaissance. Sans cette philosophie de recherche, la RAP n’aurait pas existé puisque sa définition implique que les chercheurs soient constamment en dialogue et en apprentissage pour cerner rigoureusement et au plus près de la réalité les enjeux et problématiques vécus dans la communauté partenaire, afin d’y apporter un changement bénéfique.

L’orientation de la RAP est ici plus technique que critique, selon Anadón et Couture (2007), car elle vise un changement mieux adapté au fonctionnement des organisations existantes, en travaillant étroitement

70 avec les acteurs concernés pour une application en accord avec les réalités du contexte politique, économique, social, culturel. À cet égard, la posture de l’équipe de recherche a été de concevoir que la production du savoir passe par l’action et l’expérimentation et par le rôle de la démocratie participative, soit de placer la recherche au centre de la condition humaine, posture indispensable pour espérer atteindre une amélioration des conditions de vie (Anadón & Savoie-Zajc, 2007).

Documents relatifs